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1524. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

À environ quatre pieds de terre, j’aperçus collé contre le tronc du saule une sorte de gros cocon à base élargie, et affectant la forme d’une petite bouteille ou plutôt d’une pomme de pin. […] » Et le religieux Channing, au contraire, dans le dernier été qu’il passa sur la terre, entendant agiter en sa présence la question de savoir quel était l’âge le plus heureux de la vie, disait en souriant que c’était à environ soixante ans ; il avait alors cet âge.

1525. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Pour un petit nombre d’arbres qui s’élèvent de quelques pieds au-dessus de terre et qui s’aperçoivent de loin, il y a partout, en littérature, de cet humus et de ce détritus végétal, de ces feuilles accumulées et entassées qu’on ne distingue pas, si l’on ne se baisse. […] Je laisse ces misanthropes et taupes cachées sous terre, et ensevelis de leurs bizarries, lesquels auront de par moi tout loisir de n’être point aimés, puisqu’il ne leur chaut d’aimer.

1526. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

En ce siècle de Louis XIV pourtant, Charles Perrault, chez nous, fit une chose considérable et neuve en réunissant dans une même publication les portraits des Hommes illustres dans les divers genres et en n’accordant pas plus de place dans ses notices aux grands de la terre, « aux hommes de la plus haute élévation », qu’aux gens de lettres, et à ceux-ci qu’aux artisans : c’est ainsi qu’on appelait encore ceux qui avaient excellé dans les beaux-arts. […] Qu’on se rappelle, au milieu même des joies, des accidents burlesques ou des turpitudes de Paris le soir, cette figure de femme au bras d’un jeune homme, et qui se baisse vers un groupe de pauvres petits mendiants couchés à terre et endormis, avec cette légende : « Le plaisir rend l’âme si bonne ! 

1527. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Printemps au dehors, jeunesse au dedans, soleil sur le gazon, sourire sur les lèvres, neige de fleurs à tous les buissons, blanches illusions épanouies dans nos âmes, pudique rougeur sur nos joues et sur l’églantine, poésie chantant dans notre cœur, oiseaux cachés gazouillant dans les arbres, lumière, roucoulements, parfums, mille rumeurs confuses, le cœur qui bat, l’eau qui remue un caillou, un brin d’herbe ou une pensée qui pousse, une goutte d’eau qui roule au long d’un calice, une larme qui déborde au long d’une paupière, un soupir d’amour, un bruissement de feuille… — quelles soirées nous avons passées là à nous promener à pas lents, si près du bord que souvent nous marchions un pied dans l’eau et l’autre sur terre ! […] La racine en couleuvres s’allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ; Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu’il fasse éclater le ventre du vaisseau.

1528. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Il ne faut point passer sur cette terre sans y laisser des traces qui recommandent notre mémoire à la postérité… » La seconde lettre se rapporte à un court intervalle entre des événements déjà bien sombres ; elle est écrite pendant l’armistice qui interrompit la campagne de 1813. […] « Les armes de la République triomphèrent sur mer et sur terre. — Je dégageai mes vaisseaux. — L’ennemi, en désordre, fut écrasé et obligé de tenir les vents que j’avais perdus pour aller couvrir l’Indomptable et le Tyrannicide. — Ce combat, commencé à dix heures du matin, finit à sept heures du soir.

1529. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Rien ne peut à Paris donner l’idée de ces solennités qui émeuvent ici la terre et les airs. […] — Mais si je me remets à regarder la terre, les transes me reprennent et, à la lettre, je crois tomber, et je glisse à genoux contre une porte ou contre la fenêtre.

1530. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

» On ne mérite jamais de tels éloges quand on ne s’amuse qu’à traduire : il faut oser plus et s’inspirer de l’esprit pour « faire tant qu’une langue, encore rampante à terre, puisse hausser la tête et s’élever sur pied ». […] Eût-il été plus précis, la terre propice et aussi le ciel clément, sans qui toute semence est vaine, auraient manqué.

1531. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pierre Corneille En fait de critique et d’histoire littéraire, il n’est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable, et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce, que les biographies bien faites des grands hommes : non pas ces biographies minces et sèches, ces notices exiguës et précieuses, où l’écrivain a la pensée de briller, et dont chaque paragraphe est effilé en épigramme ; mais de larges, copieuses, et parfois même diffuses histoires de l’homme et de ses œuvres : entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers ; le faire vivre, se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous les côtés à cette terre, à cette existence réelle, à ces habitudes de chaque jour, dont les grands hommes ne dépendent pas moins que nous autres, fond véritable sur lequel ils ont pied, d’où ils partent pour s’élever quelque temps, et où ils retombent sans cesse. […] Le bon Corneille y manqua de mesure et de convenance ; il insista lourdement là où il devait glisser ; lui, pareil au fond à ses héros, entier par l’âme, mais brisé par le sort, il se baissa trop cette fois pour saluer, et frappa la terre de son noble front.

1532. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

On sent encore ce que cette terre a d’attachant, mais on est plus près d’une félicité plus durable. » Cette sorte de station intermédiaire est précisément l’état dans lequel elle se plaisait à se dessiner alors, et dans lequel nous nous plaisions nous-même à la considérer, en nous prêtant à sa coquetterie à demi angélique. […] Plus la terre s’enfuit sous nos pas, plus je méprise, plus je hais ce que les hommes ambitionnent, et plus j’ai de pouvoir sur leur cœur. » La voilà telle qu’elle était dès l’origine : régner sur les cœurs, en se déclarant une misérable créature ; voir à sa porte servantes et duchesses, comme elle dit, et empereur ; se croire en toute humilité l’organe divin, l’instrument choisi, à la fois vil et préféré, que lui faut-il de plus ?

1533. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Une pendule devenait « la mesure du temps » ; la terre, « ce bas élément », etc. […] Puis le ton général : aucune familiarité ; point de scènes comiques où la dignité des grands de la terre pourrait se trouver compromise ; l’étiquette règne sur la scène comme à la cour.

1534. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Dûment porté en terre, le bon chevalier au cygne ne risque plus de déranger, d’ici longtemps sans doute, le « bedit gommerze » que vous savez. […] Et à ce héros de l’esprit les ailes étaient liées ; de misérables obstacles empêchaient son vol céleste et l’enchaînaient à terre !

1535. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

C’est lui encore qui, dans une comparaison aussi juste que spirituelle, a dit : Je compare l’ignorant et le savant à deux hommes placés au milieu d’une campagne unie, dont l’un est assis contre terre et l’autre est debout. […] Mais ce peu qu’il voit au-delà a si peu de proportion avec le reste de la vaste étendue de cette campagne, et bien moins encore avec le reste de la terre, qu’il ne peut entrer en aucune comparaison, et ne peut être compté que comme pour rien.

1536. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Le droit de résistance à la tyrannie a donc disparu de la terre ? […] Les plus beaux souvenirs de la race humaine se rattachent à ces époques glorieuses où les peuples qui ont civilisé le monde, et qui n’ont point consenti de passer sur cette terre en s’ignorant eux-mêmes, et comme des instruments inertes entre les mains de la Providence, ont brisé leurs fers, attesté leur grandeur morale, et laissé à la postérité de magnifiques exemples de liberté et de vertu.

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