Ce fut moins une pièce qu’une série de tableaux d’une réalité si simple et si profonde que, dépassant le réalisme, ils atteignaient à l’épique parfois. […] Maeterlinck aura choisi les traits, groupé les personnages, ordonné les scènes en tableaux successifs, avec un tact et un art admirables, et jusqu’ici je ne saurais trop le louer. […] Grâce à un vœu d’accord constant, chaque moment de l’action fait tableau et comble l’attente. […] Va-t-il directement épouser la légende, quand tant de peintres l’ont déjà retracée, dont les tableaux tapissent sa mémoire ? […] La Samaritaine, présentée comme un « évangile en trois tableaux », a été créée le 14 avril 1897.
Ainsi, en cette épître, d’après le sentiment dominant qui l’affectait, et que nous avons indiqué déjà, elle s’écrie : Souvent les yeux fixés sur ce beau paysage Dont le lac avec pompe agrandit les tableaux, Je contemplais ces monts qui, formant son rivage, Peignent leur cime auguste au milieu de ses eaux : Quoi ! […] » Marie-Joseph Chénier aurait dû se souvenir de tant de passages inspirés par le libre génie de ces années d’espérance, plutôt que de se prendre, comme il l’a fait (Tableau de la Littérature), à un mot douteux échappé sur Condorcet. […] Dans Delphine, le tableau heureux de la famille Belmont ne représente pas autre chose que cet Éden domestique, toujours envié par elle du sein des orages. […] Chénier (Tableau de la Littérature), ont analysé et apprécié l’ouvrage, de manière à abréger notre tâche après eux : « Corinne, dit Chénier, c’est Delphine encore, mais perfectionnée, mais indépendante, laissant à ses facultés un plein essor, et toujours doublement inspirée par le talent et par l’amour. » Oui, mais la gloire elle-même pour Corinne n’est qu’une distraction éclatante, une plus vaste occasion de conquérir les cœurs : « En cherchant la gloire, dit-elle à Oswald, j’ai toujours espéré qu’elle me ferait aimer. » Le fond du livre nous montre cette lutte des puissances noblement ambitieuses ou sentimentales et du bonheur domestique, pensée perpétuelle de Mme de Staël. […] Mais, à part même l’honneur d’une initiative dont personne autre n’était capable alors, et que Villers seul, s’il avait eu autant d’esprit en écrivant qu’en conversant, aurait pu partager avec elle, je ne crois pas qu’il y ait encore à chercher ailleurs la vive image de cette éclosion soudaine du génie allemand, le tableau de cet âge brillant et poétique qu’on peut appeler le siècle de Goëthe ; car la belle poésie allemande semble, à peu de chose près, être née et morte avec ce grand homme et n’avoir vécu qu’une vie de patriarche ; depuis, c’est déjà une décomposition et une décadence.
A ces banales insultes l’auteur oppose le tableau de ce qu’était ce gouvernement modéré et paternel : il montre en Savoie le clergé et la noblesse ne formant pas de corps séparé dans l’État ; les libertés de l’Église gallicane observées par opposition à ce qui avait lieu en Piémont ; le haut clergé sans faste, exemplaire de mœurs ; le bas clergé (expression qui était inconnue) jouissant de toute considération, et la noblesse elle-même paraissant assez souvent dans cette classe des simples curés. […] Le 27, Eugène, se trouvant avec sa compagnie au sommet de la Saccarella, qui domine le Col-Ardent, marche à l’attaque de ce dernier poste, et y reçoit une balle à la jambe ; ses grenadiers l’emportent ; trois semaines après, à Turin, il succombe des suites de sa blessure. — Au moment de sa mort, « son âme, naturellement chrétienne, se tourna vers le Ciel… Il pria pour ses parents, les nomma tous et ne plaignit qu’eux. » Un passage du récit rend avec beauté ce tableau des morts chrétiennes dont on était désaccoutumé depuis si longtemps en notre littérature, et que le génie de M. de Chateaubriand, quelques années après, devait remettre en si glorieux et si pathétique honneur : « L’orage de la Révolution avait poussé jusqu’à Turin un solitaire de l’ordre de la Trappe. […] C’est d’abord tout un tableau de la Terreur en sa malheureuse patrie. […] Si j’avais sous les yeux le tableau des ordinations, je pourrais prédire de grands événements…. » En effet, sur ce tableau des ordinations, il aurait trouvé, parmi les noms de la noblesse française qu’il y cherchait, celui de l’abbé-duc de Rohan.
La fortune de chaque combat roule presque toujours sur un seul homme ; et Homere obscurcit à dessein toutes les figures du tableau, pour faire sortir davantage celles qu’il veut exposer en vûë. […] Par exemple, pour ne point sortir d’Homere, quand il me peint Achille occupé à préparer lui-même le repas qu’il veut donner aux ambassadeurs d’Agamemnon ; quand il me le représente dans les fonctions d’un cuisinier, je suis blessé du desagrément de l’image, sans sçavoir gré d’ailleurs au poëte d’une imitation aisée, qui ne consiste que dans la propriété des termes ; au lieu que le tableau d’Achille en cet état, tout ridicule qu’il seroit pour le choix, pourroit néanmoins être admirable, par la vérité du dessein et des couleurs, où il est si difficile et si rare que les peintres atteignent. […] Ce ne seroit pas assez que la composition d’un tableau fût sage, ni que le dessein fût exact, si le coloris n’achevoit de donner aux objets toute leur ressemblance. […] Pour les diverses actions des mêmes figures, diroit-on qu’elles étoient répétées sous différentes formes, en plusieurs tableaux séparés ; mais cela ne feroit qu’augmenter la confusion ; il vaut mieux avouer franchement qu’Homere a abusé de la puissance de Vulcain, et qu’après lui avoir fait faire des trépieds qui marchent seuls aux assemblées des dieux, et des statues d’or qui parlent et qui pensent, il n’a cru que suivre ce systême, en lui faisant faire encore un bouclier mouvant, comme ces tableaux que nous avons vûs en France depuis quelques années.
Déjà tout amusé lui aussi, monseigneur se penche vers moi : « regardez-le, il m’apporte l’encyclique pascendi, qu’il a juré, ce matin, de mettre en tableau synoptique. « c’était bien cela, en effet. […] Mettez l’iliade en tableau synoptique, — rien de plus facile ; et, quand vous aurez fini, dites hardiment : « elle est toute là. » le reste, le concert, la couleur, l’émotion, la poésie, c’est nous qui l’ajoutons au poème, nous, dis-je, si nous avons invité à le lire nos puissances de vision, de sentiment et d’intuition. […] La pensée est une chose sotte et triste (non : abstraite)…le rythme est une chose noble et grande et participe à la dignité des forces naturelles, dans lesquelles il est répandu…. etc : quelque chose de divin, non pas seulement chez certains, mais chez tous les poètes, quand ils parlent en poètes. même chez ceux-et c’est le grand nombre — dans les paroles desquels nous pensons reconnaître « le jeu des ressorts ordinaires du cerveau », en d’autres termes, même chez ceux dont on peut mettre les œuvres en « tableaux synoptiques ». […] ainsi le « contrôle humain » s’entendrait du prosaïsme le plus plat ; et l’« inconnu », d’une abstraction qui nous jetterait hors du tableau, hors de toute plastique. […] Une statue, une cathédrale, un tableau, une sonate, ont aussi deux sens : l’un prosaïque, accessible à tous, (en particulier par le « sujet » de notre peintre provençal) ; l’autre, mystique, ouvert seulement aux privilégiés, d’ailleurs très nombreux qui, par l’intermédiaire magique des lignes, des couleurs, des notes, parviennent à l’expérience que nous avons dite.
C’est un tableau impossible à rendre. […] Tous ces gens-là sont sujets non-seulement à préférer leur gloire à leurs amis, mais à ne voir dans leurs amis, dans la nature, dans les événements, que des récits, des tableaux, des réflexions à faire et à publier. » Nous croyons que Constance se trompe pour Racine, La Fontaine et Fénelon ; nous craignons qu’elle ne fasse que reporter un peu trop en arrière ce qui était vrai de son siècle, ce qui l’est surtout du nôtre234. […] Il y disait : « Ce n’est qu’une bagatelle, assurément ; mais c’est une très-jolie bagatelle ; mais il y a de la facilité, de la rapidité dans le style, des choses qui font tableau, des observations justes, des idées qui restent ; mais il y a dans les caractères cet heureux mélange de faiblesse et d’honnêteté, de bonté et de fougue, d’écarts et de générosité, qui les rend à la fois attachants et vrais ; il y a une sorte de courage d’esprit dans tout ce qu’ils font, qui les fait ressortir, et je soutiens qu’avec une âme commune on ne les eût point inventés ; mais il y a une très-grande vérité de sentiments : toutes les fois qu’un mot de sentiment est là, c’est sans effort, sans apprêt ; c’est ce débordement si rare qui fait sentir qu’il ne vient que de la plénitude du cœur, dont il sort et coule avec facilité, sans avoir rien de recherché, de contraint, d’affecté, ni d’enflé… » 223.
Sans cesse elle fait naître le souvenir des Vierges maternelles de Raphaël et des plus beaux tableaux de la Charité ; — sans efforts elle est posée comme elles ; comme elles aussi, elle porte, elle emmène, elle assied ses enfants, qui ne semblent jamais pouvoir être séparés de leur gracieuse mère ; offrant ainsi aux peintres des groupes dignes de leur étude, et qui ne semblent pas étudiés. […] « J’avais désiré et j’ai obtenu que cet ensemble offrît l’aspect sévère et simple d’un tableau flamand, et j’ai pu ainsi faire sortir quelques vérités morales du sein d’une famille grave et honnête ; agiter une question sociale, et en faire découler les idées de ces lèvres qui doivent les trouver sans effort, les faisant naître du sentiment profond de leur position dans la vie. […] « Un jour qu’ils étaient posés comme cela, je leur dis : « — Savez-vous, mes petits amis, que nous faisons un tableau de famille comme nous voilà ?
Et, en effet, à cette hauteur, on a des fenêtres le délicieux coup d’œil de la vallée, animée de tableaux variés ; la Saale serpente à travers les prairies ; en face, du côté de l’est, s’élèvent des collines boisées ; le regard se perd au-delà dans un vague lointain ; il est évident que de cette position on peut très facilement observer, pendant le jour, les nuages chargés de pluie qui passent et vont se perdre à l’horizon, et, pendant la nuit, l’armée des étoiles et le lever du soleil. […] Vous devez avouer que cette conclusion, où l’âme sauvée s’élance au ciel, était très difficile à composer ; et au milieu de ces tableaux suprasensibles, dont on a à peine un pressentiment, j’aurais pu très facilement me perdre dans le vague, si, en me servant des personnages et des images de l’Église chrétienne, qui sont nettement dessinés, je n’avais pas donné à mes idées poétiques de la précision et de la fermeté. » XVI À la fin du mois, il parle mal de Victor Hugo, auquel il a rendu avant une enthousiaste justice. « C’est un beau talent, dit-il, mais il est tout à fait engagé dans la malheureuse direction romantique de son temps, ce qui le conduit à mettre à côté de beaux tableaux les plus intolérables et les plus laids.
Je ne ferai pas ici, après tant d’autres, le tableau de ces persécutions. […] Mon but n’est pas en effet, de refaire pour mon compte personnel, le tableau mille fois tracé des rigueurs dont furent victimes, au xviie siècle, les Réformés de France. […] Beaucoup y forcèrent ; la plupart animèrent les bourreaux, forcèrent les conversions et ces étranges convertis à la participation des divins mystères, pour grossir le nombre de leurs conquêtes, dont ils envoyaient les états à la Cour pour en être d’autant plus considérés et approchés des récompenses. » Tel est le tableau présenté par un contemporain.
Ainsi il nous paraît évident qu’on éprouve une douleur plus intense à se sentir arracher une dent qu’un cheveu ; l’artiste sait, à n’en pas douter, qu’un tableau de maître lui procure un plaisir plus intense qu’une enseigne de magasin ; et point n’est besoin d’avoir jamais entendu parler des forces de cohésion pour affirmer qu’on dépense moins d’effort à ployer une lame d’acier qu’à vouloir courber une barre de fer. […] C’est précisément ce qui arrive, comme on s’en convaincra sans peine, en jetant un coup d’œil sur les deux tableaux dressés par M. […] Il s’est demandé si certaines sensations ne nous apparaissaient pas immédiatement comme égales, quoique différentes, et si l’on ne pourrait pas dresser par leur intermédiaire un tableau de sensations doubles, triples, quadruples les unes des autres.
Forcez un peu plus le coloris, dessinez plus nettement tel caractère, prolongez telle situation, transformez enfin le vaudeville en comédie ; au lieu d’une esquisse gracieuse ou piquante, vous aurez un tableau, mais commun, faux ou maussade. » Et M. […] Magnin prenait occasion de tracer tout un tableau magistral et d’exposer une histoire abrégée de l’art (architecture et sculpture) pendant plusieurs siècles ; il en déroulait les transformations graduelles et en décrivait les manières successives avec une science, un goût, une précision qui supposaient vraiment une longue pratique : c’était à faire illusion.
Mais toutes ces critiques incontestables se taisent devant de petits tableaux achevés comme celui-ci, où se résument au naturel les mille gracieuses versatilités et contradictions d’amour : Je vis, je meurs ; je me brusle et me noye ; J’ai chaud extresme en endurant froidure ; La vie m’est et trop molle et trop dure ; J’ai grands ennuis entremeslés de joye. […] Œuvres de Louise Labé. — A Lyon, de l’imprimerie de Boitel (1845). — Ce portrait serait à joindre à ceux que nous avons tracés des principaux poëtes de la même époque, à la suite de notre Tableau de la Poésie française au xvie siècle (édition de 1843).
Désaugiers excelle à nous faire voir en raccourci, par le bout rapetissant de la lorgnette, les mœurs et le tableau d’un temps déjà si loin de nous. […] Le vaudeville de Monsieur et Madame Denis, tableau conjugal en un acte, fut représenté pour la première fois aux Variétés en juin 1808.