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916. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Pareillement, rien de plus fréquent que les souvenirs faux, chez les fous, surtout chez les monomanes. […] Il sera tenté de les attribuer à un interlocuteur invisible, surtout si la religion environnante et sa croyance propre l’autorisent à s’en forger un. […] « Je suis porté à croire, écrivait un halluciné, qu’il y a toujours eu en moi une double pensée, dont l’une contrôlait les actions de l’autre. »« Il y a, dit un second malade, comme un autre moi-même qui inspecte toutes mes actions, toutes mes paroles, comme un écho qui redit tout. » Un troisième, convalescent après une fièvre, « se croyait formé de deux individus, dont l’un était au lit, tandis que l’autre se promenait ; quoiqu’il n’eût pas d’appétit, il mangeait beaucoup, ayant, disait-il, deux corps à nourrir74 ». — D’autres fois, la seconde série est rapportée à un autre, surtout lorsque les idées qu’elle contient sont hors de proportion avec celles qui composent la première série. […] Il faut donc une grande accumulation de forces pour lui arracher à tort quelque fragment qui lui appartient ou pour insérer en lui quelque pièce qui lui est étrangère. — En effet, ces transpositions sont rares ; on les rencontre surtout lorsqu’un changement organique, comme le sommeil ou l’hypnotisme, relâche les mailles du réseau ; lorsqu’une passion invétérée, dominatrice, fortifiée par des hallucinations psychiques ou sensorielles, finit par user un fil du tissu, lui substituer un autre fil, et, gagnant de proche en proche, mettre une toile factice à la place de la toile naturelle. […] L’enfant s’irrite contre un ballon ou un duvet qui vole capricieusement et ne se laisse pas saisir. — Aux époques primitives, l’homme considéra le soleil, les fleuves, comme des êtres animés. — Le sauvage prend une montre qui fait tic-tac et dont l’aiguille marche, pour une petite tortue ronde. — Le mouvement, en apparence spontané, surtout s’il semble avoir un but, suggère toujours l’idée d’une volonté.

917. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Je voyais avec plaisir, je l’avoue, le petit nombre des tribuns qui ne voulaient point rivaliser de complaisance avec les conseillers d’État ; je croyais surtout que ceux qui précédemment s’étaient laissé emporter trop loin dans leur amour pour la république, se devaient de rester fidèles à leur opinion, quand elle était devenue la plus faible et la plus menacée. […] Plusieurs hommes, qui tenaient des places de lui, étaient désignés pour servir la révolution qui devait briser son pouvoir, et il lui importait que désormais tous ses agents se crussent perdus sans ressources, si leur maître était renversé ; enfin, surtout, ce qu’il voulait, au moment de saisir la couronne, c’était d’inspirer une telle terreur que personne ne sût lui résister. […] « Ce qui est vraiment divin dans le cœur de l’homme ne peut être défini ; s’il y a des mots pour quelques traits, il n’y en a point pour exprimer l’ensemble, et surtout le mystère de la véritable beauté dans tous les genres. […] La poésie dramatique est admirable dans nos premiers écrivains ; la poésie descriptive, et surtout la poésie didactique a été portée chez les Français à un très-haut degré de perfection ; mais il ne paraît pas qu’ils soient appelés jusqu’à présent à se distinguer dans la poésie lyrique ou épique, telle que les anciens et les étrangers la conçoivent. […] « La pureté naïve et pathétique, qui est le principal charme du poëme de Woss, intitulé Louise, se fait sentir surtout, dit-elle, dans la bénédiction nuptiale du pasteur allemand en mariant sa fille.

918. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Mais deux fois surtout elle a été en avance sur l’évolution politique et elle a préparé la transformation des institutions par la transformation des intelligences. […] L’histoire contemporaine a servi de clef pour pénétrer dans l’histoire ancienne, surtout dans celle des républiques antiques ou des communes du moyen âge. […] Mais aussi et surtout, si l’on pénètre jusqu’à l’âme des œuvres en qui le souffle populaire se fait sentir, quel élargissement ! […] L’histoire n’était guère que le récit monotone des hauts faits et surtout des méfaits ayant pour auteurs des princes, des conquérants, des gens de cour. […] Les alliances, les guerres surtout réagissent sur la littérature.

919. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

C’est surtout en mathématiques que toutes les vérités sont identiques ; toute la science du calcul n’est que la répétition de cet axiome, un et un font deux ; et toute la géométrie n’est que la répétition de celui-ci, le tout est plus grand que sa partie. […] Il importe surtout qu’ils soient excellents moralistes, condition sans laquelle ils deviendront des corrupteurs dangereux. […] Mais surtout Du choix et de la place des mots, par Denys d’Halicarnasse77, ouvrage profond. […] Appareil employé surtout par les alchimistes. […] « Ce qui est surtout évident, c’est que, faute d’un instant de réflexion, Diderot a pris ici la proposition sous un point de vue tout à fait faux.

920. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

C’est de cela surtout que nous cherchons l’explication. […] Voilà d’où nous vient surtout notre expérience des symboles. […] Qu’est-ce surtout que cette Béatrix qui le mène au terme de sa dure épreuve ? […] Mais elle se manifestera surtout dans la représentation de la forme humaine. […] Mais il n’en faut pas abuser, surtout en sculpture.

921. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

À propos de Lycophron, je regrette surtout que M.  […] Ensuite et surtout, il n’y a de pleinement intellectuel que l’unique souci et le respect absolu de la vérité. […] Le procès de Socrate fut surtout politique. […] Billy reconnaît, mais sans insister, que ce fut surtout un artiste. […] D’abord il a surtout voyagé dans les idées, ce qui peut suffire.

922. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Je l’achetai sur-le-champ et cet ouvrage me plut extrêmement ; le premier volume surtout. […] Jal, Auguste Jal, n’est peut-être pas né officier de marine, surtout à l’âge de 3 ans, comme le prétendent les petits journaux dont M.  […] C’est surtout à le voir sans le connaître qu’on doit être trompé. […] On le dit aussi fort avare, et surtout peu obligeant malgré sa position si haute et son influence si efficace, s’il le voulait. […] Pour nous il ne peut y avoir de réputations de convention, ni surtout de réputations de portefeuille, comme on m’en a cité quelques-unes.

923. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

C’est une centaine de membres qui tiennent fortement aux mœurs antiques et surtout à la religion. […] Young a surtout cherché à donner à ses méditations le caractère de la tristesse. […] Son existence est surtout prouvée par la parole, que l’homme n’a pas pu trouver, et qui lui a été enseignée. […] L’évangile de saint Matthieu est surtout précieux pour la morale. […] Ne manquez à aucun de vos devoirs, surtout envers Dieu.

924. (1876) Romanciers contemporains

Partout l’humble surtout lui a tendu la main. […] Dans les Voyages de Nils surtout, M.  […] Là encore, là surtout il est homme. […] La nuit surtout, ces lieux ont une horreur sacrée. […] Mais qu’il soit surtout affranchi de lui-même.

925. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

« Pour moi, disait Vaugelas, je révère la vénérable Antiquité et les sentiments des doctes ; mais, d’autre part, je ne puis que je ne me rende à cette raison invincible, qui veut que chaque langue soit maîtresse chez soi, surtout dans un empire florissant et une monarchie prédominante et auguste comme est celle de France. » Vaugelas, bien d’accord en cela avec lui-même, pensait que « la plus grande de toutes les erreurs, en matière d’écrire, était de croire, comme faisaient plusieurs, qu’il ne faut pas écrire comme l’on parle. » Il est vrai que cette maxime d’écrire comme l’on parle doit être entendue sainement, selon lui, et moyennant quelque explication délicate. […] Il s’attache à en énumérer les principales sortes, à en dénombrer les sources les plus fréquentes : les mauvais tours, les transpositions de mots et les entrelacements maladroits, les constructions que l’on appelle louches, « parce qu’on croit qu’elles regardent d’un côté, et elles regardent de l’autre. » Notez ici que l’écrivain devient spirituel à force de propriété et de justesse, comme il sied à un grammairien. — La longueur des périodes est encore un des vices les plus ennemis de la netteté du style : Vaugelas entend parler surtout de celles qui suffoquent et essoufflent par leur grandeur excessive ceux qui les prononcent, « surtout, ajoute-t-il avec esprit, si elles sont embarrassées et qu’elles n’aient pas des reposons, comme en ont celles de ces deux grands maîtres de notre langue, Amyot et Coëffeteau. » Reposoir est fort joli. […] Tout cela est bien et irréprochable pour le fond : mais lui-même, on ne saurait en disconvenir, il a une manière de dire bien peu propre à persuader ; il abonde en termes et locutions déjà hors d’usage et dont le français ne veut plus ; il dit translations pour métaphores, allégations grecques et latines pour citations ; il dira encore en style tout latin : « La lecture est l’aliment de l’Oraison », Quoiqu’il contînt, on le voit, de bonnes idées, bien du sens et de la doctrine, ce traité de l’Éloquence de La Mothe-Le-Vayer péchait donc de bien des manières, et surtout en ce qu’il naissait arriéré, sans à-propos, sans rien de vif ni qui pût saisir les esprits. […] Il continua toute sa vie de balancer les opinions des Anciens, de les équilibrer les unes par les autres, de dire : « Ceci est juste, cela ne l’est pas ; il y a un milieu ; dans le doute il est bon de s’y tenir. » — Mais ce n’est point avec ces balancements et ces alternatives qu’on agit sur le public et qu’on entre dans les esprits, surtout quand le style est aussi neutre et aussi peu tranchant que la pensée.

926. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

La première édition renferme surtout incomparablement moins de portraits que les suivantes. […] La dialectique de ce chapitre est forte et sincère ; mais l’auteur en avait besoin pour racheter plus d’un mot qui dénote le philosophe aisément dégagé du temps où il vit, pour appuyer surtout et couvrir ses attaques contre la fausse dévotion alors régnante. […] Né chrétien et Français, il se trouva plus d’une fois, comme il dit, contraint dans la satire ; car, s’il songeait surtout à Boileau en parlant ainsi, il devait par contre-coup songer un peu à lui-même, et à ces grands sujets qui lui étaient défendus. […] Quoique ce soit l’homme et la société qu’il exprime surtout, le pittoresque, chez La Bruyère, s’applique déjà aux choses de la nature plus qu’il n’était ordinaire de son temps. […] Il en a sur le cœur et les passions surtout qui rencontrent à l’improviste les analyses intérieures de nos contemporains.

927. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

On aime à voir, à quelque retour de Fontainebleau ou de Chambord, le royal promoteur de toute belle et docte nouveauté, et de la nouveauté surtout qui servait la cause antique, s’en aller à cheval en la rue Saint-Jean-de-Beauvais jusqu’à l’imprimerie de Robert Estienne, et là attendre sans impatience que le maître ait achevé de corriger l’épreuve, cette chose avant tout pressante et sacrée. […] En toutes choses, il faut surtout demander à ce prince généreux de nature le premier mouvement et l’intention. […] Mais, dans le dernier cas, l’extrême infériorité du ton tient surtout à une autre espèce d’entraves. […] Mais, dira-t-on, c’est surtout l’école érudite, celle de la seconde moitié du xvie  siècle, qui procède ainsi ; la génération antérieure, qui se rattache à Marot et à l’époque de François Ier, est moins sujette à cette préoccupation constante et à cet artifice. […] Elle le loue de sa clémence envers les révoltés de La Rochelle ; elle l’admire avec exaltation surtout pour sa loyale conduite et ses chevaleresques représailles envers Charles-Quint, son grand ennemi, lorsqu’il le fêta si royalement durant ce hasardeux passage à travers la France : L’Ytalien à grand peine l’a creu, Car la bonté, qui de Dieu est venue, De l’infidelle est tousjours incongnue.

928. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Or, c’est surtout à cette multitude anglaise que l’art dramatique doit le maintien des bonnes et naturelles traditions théâtrales : car n’ayez peur qu’elle tolère des productions qui dépasseraient la portée de son intelligence, des beautés dont elle ne se sentirait pas immédiatement frappée. […] Du moins Shakespeare sait quelquefois imprimer à ces êtres surnaturels un heureux caractère : son Ariel a je ne sais quoi d’aérien dans ses discours comme dans sa démarche ; et ce qui révèle surtout sa céleste origine, c’est qu’il est empressé à soulager les souffrances ; c’est un ange de bien ; au lieu que les autres démons de la Grande-Bretagne et de la Germanie, ne servent que le crime, n’encouragent que le vice ; leur présence dans une tragédie lui donne presque toujours un vernis d’indécence et d’immoralité. […] Ni Shakespeare ni surtout Schiller ne se sont prescrit des règles si rigoureuses. […] Il se garde bien surtout de recourir aux périphrases : il eût dit crûment un espion, plutôt Qu’un mortel dont l’État solde la vigilance 10 ; et nommé peut-être la poule au pot, s’il n’y avait eu moyen de s’en abstenir qu’en écrivant : Je veux enfin qu’au jour marqué pour le repos L’hôte laborieux des modestes hameaux, Sur sa table moins humble ait, par ma bienfaisance, Quelques-uns de ces mets réservés à l’aisance11. […] en effet Molière jouait les rôles à manteau, il remplissait celui du Malade imaginaire peu d’heures avant sa mort, et il y avait longtemps que Boileau lui reprochait de se donner ainsi en spectacle, et surtout de venir livrer son dos aux coups de bâton.

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