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1798. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

L’horizon n’est que brouillard et poussière, avec quelques fumées blanches, qu’on suppose des fumées de coups de canon. […] Il se pourrait bien que ce grand 89, que personne, même parmi ses adversaires, n’aborde dans un livre, qu’avec toutes sortes de salamalecs, ait été moins providentiel pour les destinées de la France qu’on ne l’a supposé jusqu’ici.

1799. (1864) Le roman contemporain

Jules Janin, qui recommande vivement la lecture de ce volume aux jeunes femmes représentées par madame Armande Bernard, personnage supposé, il imagine, qui a devancé son conseil. […] C’est précisément ce que répond Mürger au lecteur qu’il suppose ennuyé de l’histoire de la pipe de son ami Jacques, modeste héritage que le poète a recueilli. — « Pardon, dit-il, c’est la pipe de mon ami Jacques qui m’a entraîné dans cette digression. […] Si en colère et si riche que soit une jeune fille, il ne faut pas supposer qu’elle soit complètement absurde, et l’évidence demeure l’évidence même pour une héritière de deux cent mille livres de rente. […] Un livre, quelque éloquent qu’on le suppose, c’est un bien petit secours. […] Supposons que le conventionnel, plus difficile encore à contenter que madame Séguier, dont les emportements firent, dit-on, beaucoup souffrir le grand évêque, objectât à cela que c’étaient les gens de qualité que l’on traitait avec cette douceur, et qu’on n’avait pas ces ménagements pour le peuple, pour les petites gens ; Mgr Myriel lui aurait riposté par cette autre anecdote : Sept ou huit cents protestants, hommes ou femmes, s’étaient réunis à Lizy, et avaient commencé une émeute à main armée.

1800. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Et je suppose dans tout ce que je dis là que l’historien a sous les yeux des témoignages certains, tandis qu’en réalité on le trompe et qu’il n’accorde sa confiance à tel ou tel témoin que par des raisons de sentiment. […] Voici, en effet, ce qu’on y trouve : On a supposé qu’en accueillant les offrandes civiques la Convention avait proscrit le culte catholique.

1801. (1876) Romanciers contemporains

Le travail que supposent ces deux volumes exquis est prodigieux, et on ne saurait trop admirer la discipline sévère à laquelle Mérimée a dû soumettre les dons précieux qui lui ont été départis. […] Nous ne supposons pas que M.  […] Quant aux autres, nous supposons que M.  […] Il est plus juste de supposer que M. 

1802. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Depuis 1850, Ernest Renan vivait avec sa sœur Henriette ; leur communauté de sentiments et de pensées s’était encore accrue par cette communauté d’existence et de labeur, et Henriette, qui pensait que son frère, en quittant l’Église pour la science, n’avait fait que changer de prêtrise, ne supposait pas que cette union pût jamais être dissoute. […] Un enterrement catholique, d’autre part, eût supposé un acte d’adhésion et une sorte de désaveu de ses doctrines. […] Je dis d’un sage et non pas d’un saint, car la sainteté suppose quelque chose d’excessif, d’enthousiaste, d’ascétique et de surhumain que Taine pouvait admirer, mais à quoi il ne prétendait pas.

1803. (1897) Aspects pp. -215

Il suppose que l’Église, débarrassée alors des soucis mondains, redeviendra une grande force morale et pourra conclure avec les Pauvres une nouvelle alliance pour la fondation d’un ordre de choses où tous auraient part au bien commun sous la suprématie paternelle de Dieu représenté par la papauté. […] Je suppose qu’il s’y attendait. […] Supposez un éléphant qui voudrait se balancer sur une toile d’araignée, vous aurez l’image de leurs prétentions.

1804. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Entraîné par mon sujet, par les préoccupations qu’il comporte, par les certitudes qu’il suppose, je n’ai dit qu’une partie de ma pensée sur certains des écrivains dont j’ai parlé. […] De telles révolutions s’opèrent dans un laps de temps indéterminé, plus court ou plus long, selon la rapidité avec laquelle on se développe  Supposez maintenant un homme plongé dans la littérature, surtout dans la littérature d’une seule époque, la nôtre ; qui ne la fréquente pas pour son bon plaisir seulement, mais par profession, en y cherchant des impressions et des idées ; qui demande aux livres qu’il lit, non de le distraire pour une soirée, mais une occasion d’exprimer sa propre personnalité ; qui, déjà exceptionnellement sensible aux émotions de la lecture ou du théâtre, s’applique encore à les aiguiser et à les multiplier, parce qu’il sait que ses articles bénéficieront de leur richesse et de leur acuité : est-ce qu’un tel homme ne découvrira pas dans les œuvres littéraires des nuances qui échappent au commun du public, comme un musicien entend dans une symphonie mille sons que nous n’entendons pas ? […] À peine est-il besoin d’ajouter qu’ils sont unanimes à repousser la doctrine de l’art pour l’art, que même, non contents de la repousser, ils la condamnent, ils la poursuivent, ils la flétrissent. — De même, ils ont rompu avec le culte que les négatifs avaient voué à la science : ils la respectent, c’est vrai ; ils ne se posent pas vis-à-vis d’elle en adversaires déclarés, mais ils n’acceptent ses déductions que sous réserves, ils demeurent méfiants de ses affirmations et de ses négations ; surtout, ils recherchent des vérités que la science n’a ni la prétention, ni le pouvoir de donner : en deux mots, ils travaillent en dehors d’elle, en lui refusant l’empire universel que les autres ont tenté de lui donner  En revanche, ce qu’ils refusent à la science, ils sont bien près de le donner à la religion, quand bien même ils ne sont peut-être parfaitement au clair ni sur ses fondements, ni sur ses dogmes ; quoique quelques-uns d’entre eux restent hors de l’Église, quoiqu’ils soient peut-être pour la plupart (je n’en sais rien, je suppose) de médiocres fidèles, peu assidus aux cultes, rétifs à la confession ; si, dans un coin de leur cœur encore mondain ou de leur cerveau qui est tout de même un cerveau d’hommes de lettres, ils conservent peut-être les doutes les plus graves sur les plus importants des articles de foi, cependant ils s’efforcent à la soumission, ils font de leur mieux ployer l’orgueil de leur esprit, quelques-uns même, à force de volonté, parviennent à se donner l’illusion de la foi.

1805. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Cette illustration, supérieure à l’illustration des autres romans publiés cette année, pourrait faire supposer que les dessins d’Hokousaï, qui ont été gravés en 1807, sont, quelques-uns, de plusieurs années antérieurs à cette année et que ces dessins attendaient un éditeur. […] Ce sont la première femme et les filles du descendant chinois, renseignées sur l’existence de leur mari et père par les fiches qu’il a laissées, pendant ses trois ans de pèlerinage, dans tous les temples bouddhiques, et, de temple en temple, ces femmes ont été amenées au temple de Niô où la fiche déposée dans les autres temples, manquant, elles ont supposé qu’il habitait dans le voisinage. […] C’est le Shashin gwafou, Études d’après nature 15, publié en 1814, avec une préface de Hirata, sans nom d’éditeur, ce qui ferait supposer qu’il a été dessiné et gravé en couleur pour une société d’amateurs.

1806. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Gower, un des plus savants hommes de son temps225, suppose « que le latin fut inventé par la vieille prophétesse Carmens ; que les grammairiens Aristarchus, Donatus et Didymus réglèrent sa syntaxe, sa prononciation et sa prosodie ; qu’il fut orné des fleurs de l’éloquence et de la rhétorique par Cicéron ; puis enrichi de traductions d’après l’arabe, le chaldéen, et le grec, et qu’enfin, après beaucoup de travaux d’écrivains célèbres, il atteignit la perfection finale dans Ovide, poëte des amants. » Ailleurs, il découvre qu’Ulysse apprit la rhétorique de Cicéron, la magie de Zoroastre, l’astronomie de Ptolémée et la philosophie de Platon.

1807. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Leur intelligence n’avait supposé aucune intelligence dans l’arrangement du globe ; tout y était dispersé sans dessein, sans ordre, et les sublimes harmonies de l’univers échappaient à leur admiration.

1808. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Enfin, au moment néfaste où les imaginations s’éteignent, où les suprêmes pressentiments du Beau se dissipent, où la fièvre de l’Utile, les convoitises d’argent, l’indifférence et le mépris de l’Idéal s’installent victorieusement dans les intelligences même lettrées, et, à plus forte raison, dans la masse inculte, il n’y a plus de poètes populaires, il est insensé de supposer qu’il puisse en exister.

1809. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Le pourquoi de l’emploi de cette poudre, que toutefois je ne supposais pas offerte pour mon usage, m’intriguait, quand aujourd’hui, Hayashi me donne l’explication de ladite poudre, appelée au Japon : dosha.

1810. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Supposons en effet un de ces promoteurs irréfléchis de la nature absolue, de la nature vue hors de l’art, à la représentation d’une pièce romantique, du Cid, par exemple. — Qu’est cela ?

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