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774. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Y a-t-il, à cet égard, des différences fondamentales et premières qui tiennent à la race même et aux dispositions physiologiques originelles, de telle sorte qu’une certaine race n’eut guère d’aptitude que pour agglutiner et pétrir des mélanges de matériaux, telle autre pour empiler industrieusement des pierres, tandis qu’une autre encore, supérieure aux deux précédentes, eut l’idée de bonne heure d’employer le bois et de construire, à l’aide de la charpente, quelque chose de plus savant ? […] Viollet-Le-Duc montre que les Grecs, plus souples, plus avisés que les Romains, et surtout que les imitateurs des Romains, ne s’y soumettaient pas rigoureusement, et que cette symétrie, pour eux, cédait quelquefois à des raisons fines et d’un ordre supérieur.

775. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

J’ai cru remarquer pourtant que de ces deux parties de Don Quichotte, toutes deux si agréables dans leur diversité et qui se complètent si bien, les lecteurs d’un goût difficile et d’un jugement plus froid estiment la seconde supérieure, tandis que les esprits plus poétiques ou qui accordent davantage à la fantaisie, continuent de donner la préférence à la naïveté de la première. […] Bouterwek avait commencé, et il attribuait à Cervantes une idée plus haute que celle d’avoir voulu décréditer les mauvais romans de chevalerie, bien qu’il lui reconnût aussi cette dernière intention, mais seulement comme occasionnelle et secondaire ; il la réduisait au point de la subordonner tout à fait à je ne sais quelle vue supérieure : « On ne saurait supposer, disait-il, que Cervantes ait eu l’absurde pensée de vouloir prouver l’influence fâcheuse des romans sur le public, par la folie d’un individu qui aurait pu tout aussi bien perdre la tête en lisant Platon ou Aristote.

776. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Les réflexions de Machiavel sur Tite-Live sont bien supérieures à son Prince. […] L’émulation philosophique peut se communiquer des pays étrangers en Italie, et produire quelques écrits supérieurs ; mais la nature des gouvernements et des préjugés qui les dirigent, s’oppose à ce que cette émulation soit nationale ; elle ne peut avoir son mobile dans les institutions du pays.

777. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Le bon ton avait réglé d’avance toutes les grandes et petites démarches, la manière de se déclarer à une dame et de rompre avec elle, d’engager et de conduire un duel, de traiter un égal, un subordonné, un supérieur. […] Les amoureux de la Nouvelle Héloïse échangent, pendant quatre volumes, des morceaux de style, et là-dessus une personne, « non seulement mesurée, mais compassée », la comtesse de Blot, dans un cercle chez la duchesse de Chartres, s’écrie « qu’à moins d’une vertu supérieure une femme vraiment sensible ne pourrait rien refuser à la passion de Rousseau304 ».

778. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

La comtesse Diane Celui de mes amis dont je rapporte quelquefois ici les propos, voyant sur ma table un de ces mignons recueils de « pensées » et de « maximes » que publie l’éditeur Ollendorff, eut une moue dédaigneuse d’homme supérieur — cette moue de Pococurante qui faisait dire à Candide : « Quel grand génie que ce Pococurante ! […] Tantôt elle déroule des phrases et des tirades entières sur une seule note, sans une inflexion, reprenant certaines phrases à l’octave supérieure.

779. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

» Il lui a permis de dire de ces hommes, soi-disant supérieurs à elle, qu’ils étaient paresseux, indélicats, mal élevés, égoïstes et braillards, — car c’est ce qu’ils sont. […] En tous cas ils eussent dû depuis longtemps battre les mondains et les gens « de bon sens » sur leur propre terrain en se montrant plus corrects, plus élégants et plus rangés qu’eux-mêmes, en leur donnant là encore une leçon de beauté, en les contraignant à l’admiration ; et s’ils s’étaient voulu permettre une singularité, analogue aux tenues de Schaunard, et peut-être inhérente à la puérilité secrète qui semble compenser chez certains la gravité exceptionnelle de l’âme, elle eût dû être tellement raffinée, rare, étudiée par un dandysme précautionneux, que son impeccabilité fût supérieure à toute attaque, comme la toilette d’une femme luxueuse qui décide un soir de ne pas suivre la mode.

780. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Mais il est déplorable qu’ils n’y trouvent pas un suffisant bonheur et que, par besoin de soulagement supérieur, ils imposent la contagion de leurs accès. […] Puis on le vit s’éloigner vers les bateaux plus vermoulus mais de plus haut bord, lesquels l’abritent aujourd’hui avec un confortable supérieur.

781. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

C’est le journal instructif d’un esprit supérieur qui prend intérêt avant tout aux choses de l’administration et de l’organisation sociale, et qui tient à les faire comprendre ; mais ces remarques positives et spéciales n’absorbent pas le voyageur, et le récit perd, en avançant, toute sécheresse. […] C’est, en général, une des vertus de ceux qui sont placés en présence de l’immensité : l’homme qui est soumis à l’action d’une force supérieure, accoutumé à reconnaître son impuissance, se soumet, facilement à l’empire de la nécessité.

782. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il apporta dans ce domaine les qualités d’un cerveau supérieur et parfois même son admirable génie éclate encore, en cet ordre, par des vues de devin : le premier en botanique il a émis l’idée que la fleur était la reproduction de la feuille, perçant ainsi sous le voile des diversités superficielles l’unité du plan physiologique. […] Il est inhabile aux tâches les plus médiocres, et il sait qu’il, est des tâches supérieures.

783. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

De bons écrivains, sachant de quoi il s’agit, se fâchent de voir divulguer les secrets d’un art qui ne serait supérieur que parce qu’il est inexplicable. « On n’apprend pas à écrire », disent-ils. […] Un style peut avoir des perfections supérieures à l’harmonie, mais l’harmonie sera toujours une perfection du style.

784. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Si vous portez des talents supérieurs au milieu des passions humaines, vous vous persuaderez bientôt que ces talents mêmes ne sont qu’une malédiction du ciel ; mais vous les retrouverez comme des bienfaits, si vous pouvez croire encore au perfectionnement de la pensée, si vous entrevoyez de nouveaux rapports entre les idées et les sentiments, si vous pénétrez plus avant dans la connaissance des hommes, si vous pouvez ajouter un seul degré de force à la morale, si vous vous flattez enfin de réunir par l’éloquence les opinions éparses de tous les amis des vérités généreuses.

785. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Si j’ai bien compris l’auteur de Marfa, il voudrait qu’après la psychologie des personnes on tentât l’étude de ce qu’il y a en nous d’étranger et de supérieur à nous, des influences fatales dont nous n’avons pas clairement conscience et qui ne deviennent intelligibles qu’à la condition de les observer, non plus dans des individus isolés, mais dans des successions ou des groupes d’êtres humains.

786. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

Mais, le jour où il écrivait la Fille de Roland, cet honnête homme a, à force de sincérité, écrit, si je puis dire, une œuvre supérieure à son propre talent… Sans doute, le génie d’expression épique et lyrique n’est pas tout à coup descendu en lui par une grâce divine.

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