Il y a dans chaque esprit une action élémentaire qui, incessamment répétée, compose sa trame et lui donne son tour : à la ville ou dans les champs, cultivé ou inculte, enfant ou vieillard, il passe sa vie et emploie sa force à concevoir un événement ou un objet ; c’est là sa démarche originelle et perpétuelle, et il a beau changer de terrain, revenir, avancer, allonger et varier sa course, tout son mouvement n’est jamais qu’une suite de ces pas joints bout à bout ; en sorte que la moindre altération dans la grandeur, la promptitude ou la sûreté de l’enjambée primitive transforme et régit toute la course, comme dans un arbre la structure du premier bourgeon dispose tout le feuillage et gouverne toute la végétation88. […] Il donne un abrégé de motifs, le sommaire des événements, la suite des raisons affligeantes, la suite des raisons consolantes89. […] Il faut, pour qu’il comprenne, que la seconde idée soit contiguë à la première, sinon il est dérouté et s’arrête ; il ne sait pas bondir irrégulièrement ; il ne va que pas à pas, par un chemin droit ; l’ordre lui est inné ; sans étude et de prime abord, il désarticule et décompose l’objet ou l’événement tout compliqué, tout embrouillé, quel qu’il soit, et pose une à une les pièces à la suite des autres, en file, suivant leurs liaisons naturelles. […] Il entra en la chapelle où il y avait une petite huisserie et basse, et était bien petite la chapelle ; et alors devint la porte si grande qu’il semblait que ce fût la porte d’un palais. » Il s’arrête, se reprend, veut mieux s’expliquer pour les auditeurs d’outre-Manche, et dit en anglais : « Et quand Mahomet entra dans la chapelle, laquelle était chose petite et basse, et n’avait qu’une porte petite et basse, alors l’entrée commença à devenir si grande, si large et si haute, que c’était comme si c’eût été l’entrée d’un grand monastère ou la porte d’un palais108. » Vous voyez qu’il amplifie, et se croit tenu d’assener et d’enfoncer trois ou quatre fois de suite la même idée pour la faire entrer dans un cerveau anglais ; sa pensée s’est allongée, alourdie, et gâtée au passage.
Mettez dans ces œuvres d’une forme si pure, d’une fantaisie si vraie, d’une fraîcheur si ravissante, d’autres hommes plus vivants et plus généreux, et de suite vous verrez comme tout y prendra du charme. […] Mais laissons ce sujet sur lequel nous aurons plus d’une occasion de revenir dans la suite. […] De suite on le ressent, de suite on se plaît dans cet air plus vif et plus franc, et bien qu’on se trouve porté à considérer cette jolie nouvelle comme une inspiration un peu directe de Manon Lescaut, on doit reconnaître que l’auteur y a apporté beaucoup du sien. […] À la suite, assez de gens ont brûlé leur encens devant les productions littéraires de ce temps-là pour qu’il soit inutile de les louer à mon tour.
Le portrait est fait d’une suite d’instantanés, comme disent les photographes, et c’est ce qui lui donne cette apparence de surprise dans la vie qu’une étude longtemps prolongée eût peut-être atténuée. […] Sa vie n’a été qu’une suite d’actes de dévouement destinés à rester ignorés. […] Suite à quelques paragraphes Du philosophe artiste et flâneur intelligent qu’est Eugène Vivier nous recevons, de Nice, un nouveau volume de pensées et d’observations, intitulé : Suite à quelques paragraphes. […] Le roman prend bien un peu sa place dans cet ouvrage, mais il ne sert que d’armature à un revêtement de scènes vraies, de cadre à une suite de tableaux et de croquis faits d’après nature. […] Et ainsi de suite, un nouveau conseil par couplet.
Deux bonnes fortunes attendaient Pocquelin au collège : il y suivit le cours des classes d’Armand de Bourbon, premier prince de Conti, qui dans la suite devint son protecteur, et il y fut accueilli par le célèbre Gassendi. […] Si l’on jugeait du mérite d’un ouvrage par le nombre de ses représentations, nous trouverions celui-ci excellent ; il en eut quarante de suite, en été, saison toujours contraire au spectacle, et dans un temps encore où le mariage de Louis XIV attirait le beau monde hors de Paris. […] Elmire portait un bouquet, qu’on critiqua peut-être trop légèrement ; une femme peut aimer les fleurs assez pour ne pas craindre qu’à la suite d’un mal de tête étrange à concevoir ; d’une fièvre et d’une saignée, elles agacent ses nerfs. […] Le succès du Tartuffe fut tel, qu’on le représenta trois mois de suite, et les comédiens décidèrent qu’à l’avenir Molière aurait double part toutes les fois qu’on jouerait un de ses ouvrages. […] , et à la suite duquel les convives, pris de vin, résolurent d’aller se jeter dans la rivière, autant pour se débarrasser, disaient-ils, d’une vie toujours orageuse, que pour avoir le plaisir de mourir ensemble.
Pareillement le lion de La Fontaine sait les affaires ; il est prévoyant, calculateur ; il administre, enrégimente, organise, et sait même se passer d’un Louvois. « Il tient conseil de guerre, envoie ses prévôts39 », assigne à chacun son poste, « connaît les divers talents et tire usage de ses moindres sujets. » La Fontaine dresse un catalogue de l’armée, comme il y en avait au ministère ; la fable imite à l’occasion le style40 de la chancellerie et le vieux langage officiel, copie les passe-ports comme tout à l’heure les circulaires, parle de défrayer « les députés eux et leur suite. » Il est vrai que le passe-port ne les protégera guère, et que les convives au lieu de manger le souper le fourniront. […] Le pédant, de sa grâce, Accrut le mal en amenant Cette jeunesse mal instruite, Le tout, à ce qu’il dit, pour faire un châtiment Qui pût servir d’exemple et dont toute sa suite Se souvînt à jamais comme d’une leçon. […] 102 Voyant l’enfant dans l’eau, il le sermonne, il développe les suites fâcheuses de l’imprudence et plaint les parents et leur condition ; « Ayant tout dit, il mit l’enfant dehors. » Et remarquez que, s’il bavarde ainsi, ce n’est pas par amour-propre, puisqu’il est seul et qu’il n’y a personne pour l’entendre ; la harangue est maintenant sa forme d’esprit ; il ne peut parler qu’en sentences. […] De par le roi des animaux, Qui dans son autre était malade, Fut fait savoir à ses vassaux Que chaque espèce en ambassade Envoyât gens le visiter, Sous promesse de bien traiter Les députés, eux et leur suite, Foi de lion, très bien écrite, Bon passe-port contre la dent, Contre la griffe tout autant.
Déjà dans l’Assommoir, il avait dépeint, avec complaisance et amples détails, l’ivrognerie et ses suites. […] L’auteur, ayantperdu de vue cette circonstance, se trouve dans la suite en pleine contradiction avec lui-même. […] Nous rencontrons aussi les milieux gras, les rires gras, les froideurs grasses, les colères grasses et ainsi de suite. […] Le roman est déjà un mode de lecture inférieur, plus propre à égarer l’esprit qu’à l’éclairer, soit qu’il dépeigne la vie en rose, soit qu’il la représente en noir ; il développe chez les uns, le goût des intrigues amoureuses ou d’une sentimalité outrée ; chez les autres, le besoin de sensations et d’émotions violentes, ne considérant l’existence qu’autant qu’elle fournit une suite de péripéties variées.
Telle est l’idée générale de ce volume qui se compose d’une suite de petits Mémoires, et dans lequel l’auteur semble n’avoir pris son sujet principal que comme un prétexte à quantité de remarques nouvelles, à des dissertations curieuses, et, ainsi qu’on aurait dit autrefois, à des aménités de la critique.
Nous voguions le soir hors du port, nous allions rentrer : une musique sortit, elle était suivie d’une quarantaine de petites embarcations qu’elle enchaînait à sa suite et qui la suivaient en silence et en cadence.
Une certaine fraction du public paraissait s’attendre à un genre d’extraordinaire qui n’est pas venu ; cette sorte d’attention, nécessairement fort défavorable, lorsqu’elle a cherché à se porter et à se faire jour sur certains mots du dialogue, a été bientôt déjouée, car la suite ne répondait en rien à l’intention qu’on supposait voir percer et qu’on introduisait plus sottement encore que malignement.
On voit aisément dans l’Institution 180 et dans toute la suite de l’œuvre de Calvin, comment cette réforme française qui semble s’opposer à la Renaissance, qui du moins la contient, en sort cependant, et en est le produit.
La suite de pensées et d’impressions qui a conduit M.
Mais c’est rue de Vaugirard, dans un confortable hôtel tout proche de l’Odéon, où il avait été installé, dans la suite, sous les auspices de Maurice Barrès, que les mercredis de Verlaine battirent leur plein.
Vient après cela l’intrigue, l’action, c’est-à-dire la suite et l’enchaînement des événements où les personnages sont intéressés.