L’autre question est celle-ci : les procédés qui ont suffi à l’analyse du composé humain suffiront-ils à la synthèse ?
La philosophie ne suffit pas au grand nombre. […] Nos seules lois sur l’exercice illégal de la médecine eussent suffi pour couper court à sa carrière.
S’il ne suffit pas toujours, en critiquant un philosophe, de vouloir avoir raison contre lui pour se paraître à soi-même raisonnable, il suffit trop souvent, dans l’art, de vouloir ne pas être touché ne pour pas l’être ; on est toujours plus ou moins libre de se refuser, de se renfermer dans son moi hostile, et même de s’y perdre.
Un mot suffit parfois. Quatre vers de Racine ont suffi pour empêcher Louis XIV de faire le saltimbanque dans des mascarades du carrousel et le ramener à ses fonctions de roi.
… Quelques pages suffisaient, quand même on n’aurait pas été Tacite, et si elles n’avaient pas suffi, c’était l’histoire de Gibbon (rien de moins !)
Mais une conscience, même doublée de science, ne suffisait pas pour écrire l’histoire de cet homme, qui fut un si beau et si héroïque jeune homme, de ce brillant roi de batailles et de pas d’armes qui avait du François Ier avant François Ier, et dont l’Histoire, qui l’a trop bonhomisé, ne se souvient que comme d’un « roi d’intérieur » et d’un vieillard occupé de frivolités littéraires et de bric-à-brac artistique. […] Des femmes suffisaient.
Est-ce que cela ne suffisait pas ? Cela n’a pas suffi cependant.
ni d’élévation, ni d’impartialité, ni de justesse ; mais est-ce assez, avec Saint Louis, que les qualités qui suffiraient avec un autre ? Pour un être surnaturel et de cette splendeur morale divine, il semble qu’il ne suffise plus d’être juste, et que la justice serait l’enthousiasme !
La Saint-Barthélemy, évocation moins impuissante, où un peu d’esprit, emprunté aux mémoires ou aux pamphlets protestants, pétille, tisonné par les pincettes d’un vieux bonhomme qui, comme Guizot, montre à ses petits-enfants la lanterne magique historique — comme on leur montrerait les vaches noires dans le feu — pour les amuser, mais aussi pour nous montrer, à nous, que, pour écrire des scènes historiques, un peu d’esprit ne suffit pas. […] un amené sans scandale suffit !
Cela suffirait bien ! […] L’exposer suffira, car elle est justement de ces doctrines auxquelles la meilleure réponse qu’il y ait à faire est celle qu’on leur fait… seulement en les exposant.
À ce qu’il me semble, cela suffisait bien ! […] Il suffit d’avoir, au berceau, étouffé des serpents, et André Chénier, dès le berceau de sa poésie lyrique, en a étouffé… Supposez que cette tête rêveuse de pasteur grec n’eût pas été tranchée par l’un des derniers coups de la guillotine de Thermidor, et qu’André Chénier, mort à trente et un an, eût échappé à l’échafaud et eût pu répandre dans des vers plus nombreux, dans des pièces de plus longue haleine, la masse d’indignation et d’horreur qui s’était entassée en lui, et qui aurait fait, en ces vers vengeurs, avalanche, la littérature n’aurait peut-être pas, en poésie, d’œuvre plus belle !
Il suffit, et c’est assez beau, d’avoir transmué en non-vérité, une vérité. […] La nature ne s’inquiète pas du plaisir ; l’acte lui suffit. […] Cinq ou six ans de ces inhalations méthodiques suffisent à dompter les natures les plus sauvages. […] Il suffirait seul à montrer combien la jeune fille de France est restée naïve et saine. […] A cela eût suffi l’accouplement.
Cette intention suffisait à me dicter mon programme ; et, comme elle explique le choix des pièces que j’y ai inscrites, elle vous rend compte aussi des lacunes que vous y avez remarquées. […] il lui suffira de ménager le roi. […] Molière aura d’autres qualités, plus tard ; il ne retrouvera plus cette allégresse qui suffirait toute seule à dater son premier chef-d’œuvre. […] Il suffit, Messieurs, que vous ayez vu que la part de Le Sage est assez belle dans l’histoire du théâtre français pour nous obliger à nous poser deux questions encore. […] Cette observation pourrait presque suffire.