Un chant ou deux, — et par exemple le plus beau de tous, Le Combat, — ne suffiraient point pour avoir la mesure de cette main puissante, sur les octaves de son clavier !
Dans ces poèmes naïfs, épouvantés et mystérieux, l’expression ne défaille presque jamais, mais elle défaillerait, que le sentiment intérieur qui y circule et qui les anime suffirait pour nous toucher et pour nous saisir.
Mais pour débattre les hautes questions qui leur seraient soumises, ne suffit-il pas d’un cerveau puissant, d’un sens profond de justice et d’humanité ?
Elles dorment aussi les tribus des oiseaux qui déployaient leurs ailes58. » Ne suffit-il pas de ce fragment de quelques vers, comme d’un débris d’inscription mutilée, pour donner à l’esprit curieux qui nous lira l’idée de cette poésie perdue ?
Si le second volume ne paraît pas, l’épilogue du premier suffira, à toute rigueur. […] Cela suffit. […] Félix ne le voudrait pas. — Il suffit que vous le vouliez ! […] Il ne leur suffit pas d’être pieux tout uniment. […] Suffit-il de critique savante ?
Une niaiserie qui me revient suffira pour en juger. […] Elle n’était point d’avis du tout qu’entre les divers asiles qui s’offraient à Jean-Jacques il choisît la Prusse et Berlin : « Une très forte raison devrait suffire à vous en éloigner, lui disait-elle ; c’est l’accueil indistinct qu’on y fait à tout homme de lettres : fripon ou honnête, tout est fêté, pourvu qu’il soit subjugué et qu’il loue le maître. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que tout ce que vous me dites de vous m’affecte et me pénètre ; que je vous plains, que je sens vos malheurs comme les miens et que je voudrais que vous eussiez autant de plaisir à vous épancher avec moi que j’en goûte à m’épancher avec vous, et que je n’eus jamais d’attachement plus solide, plus vrai, et qui fît plus la consolation de ma vie, que celui que vous m’avez inspiré. » (29 juin 1763.) — Et le 10 septembre, même année : « Si je pouvais trouver en France un coin où vivre en paix et vous voir quelquefois, je serais heureux… » — Et le 30 octobre : « Je vois chaque jour mieux quelle amie m’est restée en vous, et j’oublie presque toutes mes pertes quand je songe à ce qui m’est laissé. » — Le 6 janvier 1765 ; « Daignez m’écrire plus souvent, je vous en supplie ; un mot me suffit, mais j’ai besoin d’un mot. » — Tant de passages significatifs que je pourrais multiplier encore montrent assez la vérité et la vivacité de ce sentiment dans l’âme de Rousseau avant qu’elle s’altérât.
Cette disposition somnolente et rêveuse de l’Allemagne la rend prompte à l’idée, lente à l’action ; penser lui suffit, peu lui importe de conclure, encore moins d’agir ; aussi la lenteur un peu lourde de l’Allemagne est-elle passée en proverbe. […] ce flacon : trois gouttes de ce breuvage suffiront pour que la nature s’endorme doucement en un sommeil profond. […] Monstre, ne vois-tu pas combien cette âme fidèle et sincère, toute remplie de sa foi, qui suffit à la rendre heureuse, souffre saintement de se sentir forcée à croire perdu l’homme qu’elle chérit entre tous ?
C’est l’opulence de la contrée ; cela suffit pour vivre dans l’aisance relative, en y surajoutant le produit en nature du petit jardin, du champ réservé, de la vigne, du moulin, du verger en pente, qui donnent le blé de l’année, les pommes de terre, le maïs, les châtaignes conservées, les noix cassées par les maîtres et les serviteurs pendant les veillées d’hiver, sur la table solide de la cuisine ; le vin, les légumes, les fruits, cueillis par la servante et les enfants, et soigneusement encaissés et visités dans le fruitier ; tout ce qui est strictement nécessaire, en un mot, pour vivre largement et pour donner libéralement aux malades, aux infirmes, aux pauvres du village, aux mendiants errants et réguliers des villages voisins. […] Quand le père trouvait dans ces volumes certains passages qui pouvaient être dangereux à l’imagination d’une jeune personne, il lui suffisait d’y mettre une marque pour en interdire la lecture ; l’épée de l’ange exterminateur n’aurait pas été plus sûre d’être obéie ; la jeune fille s’arrêtait et passait aux pages non interdites. […] Il suffit d’ailleurs d’un peu de piété dans le cœur, d’un peu d’amour de Dieu pour renoncer bien vite à ces idolâtries, car une jolie femme s’adore.
Mais il ne suffit pas toujours d’en sentir les finesses pour les rendre ; j’ai fait de mon mieux. […] Mais, comme si la crainte de ce coup inévitable n’eût pas suffi à elle seule pour répandre une affreuse amertume sur les fugitives douceurs qu’il me restait à savourer, la fortune ennemie voulut y joindre sa dose cruelle pour me rendre plus chère encore cette éphémère consolation. […] « Je restai à Pise jusqu’à la fin d’août 1785, mais sans y rien écrire depuis ces notes ; je me bornai seulement à faire recopier les dix tragédies imprimées et à mettre à la marge beaucoup de changements qui alors me parurent suffire.
Les mêmes forces ne suffisant pas aux deux tâches, la même vie ne suffit pas aux deux devoirs, et il est trop juste que le plus grand dispense du plus petit. […] Beaucoup d’esprit suffit pour nous faire connaître l’homme en général, et Rousseau a beaucoup d’esprit ; notre caractère seul nous apprend les hommes tels qu’ils sont. […] Sans aller fouiller dans ce qu’il nous autorise à appeler les ordures de sa vie, il suffit de noter le trait qui en marque toute la suite ; ce trait, c’est le dégoût du devoir.
Si l’on doutait de la marche parallèle des deux arts, ce qui se passe lors de la Renaissance suffirait à la mettre hors de contestation. […] Mme de Staël, dans sa façon de marcher, de parler, de discuter, a une vivacité, une fougue, une exubérance qui suffit à prouver qu’elle a brillé au temps du régime impérial. […] Il suffit de considérer sa fille, la belle Delphine.
Ces lignes auront suffi à indiquer quelle puissante impulsion le génie de Wagner doit à ce séjour à Zurich, et combien merveilleuses pour une production artistique étaient les conditions qu’il y trouva réunies72. […] Mais il suffit de connaître un peu à fond l’Allemagne et ses tristes défectuosités artistiques, et de connaître en même temps Wagner qui sous tant de rapports fut l’artiste le moins allemand qu’on puisse rêver, pour se dire que cela doit avoir été pour lui la délivrance d’un vrai cauchemar, de pouvoir créer une œuvre sans se préoccuper de cet excellent peuple ! […] Ces trois mots suffisaient.
J’imagine qu’un succès pareil doit suffire aux plus ambitieux, sinon aux plus difficiles. […] Mais je crois bien que l’on trouverait sans peine le moyen de rendre le Musée Œsterlein vraiment utile et précieux : il suffirait d’adjoindre à M. […] Cette seule phrase de l’avant-propos, page ix, suffirait à montrer l’extraordinaire ignorance de Wagner dont témoigne M.