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1501. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 2-5

Après avoir fait voir les deux armées aux prises, & avoir peint d’une maniere énergique la défaite du Duc, il lui adresse ainsi la parole : Grand Héros, qu’un excès d’amour & de valeur Engage aveuglément dans le dernier malheur, Tous tes autres exploits ont mérité de vivre ; Ils vivront à jamais sur le marbre & le cuivre : Tes sublimes vertus, dignes d’un meilleur sort, Effacent, à nos yeux, la honte de ta mort ; Et les siecles futurs, francs de haine & d’envie, Ne doivent pas juger de l’état de ta vie, Par l’instant malheureux qui surprit tes beaux jours D’une éclipse fatale au milieu de leur cours.

1502. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 540-543

Auroit-il eu enfin la simplicité d’assurer, qu’il n’est rien sorti des mains de M. de Voltaire, qui ne respire l’amour du vrai, si l’Auteur de l’Histoire générale, du Siecle de Louis XIV, du Siecle de Louis XV, & de cent autres Histoires, n’eût dirigé sa plume, ou plutôt ne l’eût aveuglé sur la sottise qu’il avançoit ?

1503. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

L’esprit & la raison se disputent la préférence dans tout ce qui est sorti de sa plume ; par-tout on y reconnoît l’Ecrivain judicieux, plein de finesse & de pénétration.

1504. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

C’est pour sortir de cette impasse, entre des créanciers qui pressent et des acheteurs qui s’éloignent, que mes excellents amis ont ouvert une souscription dont le succès aurait été pour moi un honneur et pour d’autres un salut. […] La littérature ne fait pas acception de parti ; je suis sorti tout entier de la politique, et la France m’apprend assez à n’y rentrer jamais. […] L’iniquité est partout ; la mémoire humaine n’est pas démocratique, ou plutôt elle est trop étroite et trop fragile pour contenir et pour garder les peuples tout entiers dans ses annales ; elle s’attache à quelques figures grandioses, pittoresques, pathétiques, culminantes, qui sortent à ses yeux de la foule, et elle en fait l’aristocratie privilégiée de l’espace et du temps. […] Elle voit qu’on ne présente à l’empereur que des Mémoires écrits dans le style le plus savant et le plus relevé ; que ses édits et ordonnances sont des modèles de compositions ; qu’il reprend publiquement les gouverneurs de province des erreurs qui se trouvent dans leurs placets et les plus habiles docteurs des fautes qui leur échappent dans leurs ouvrages ; qu’il parle en maître dans des préfaces raisonnées sur les ouvrages qu’il fait faire et qu’il fait publier, et que tout ce qui sort de son pinceau est marqué au coin de l’immortalité. […] Mon cœur flétri se glace et saigne de douleur à chaque fin d’automne, lorsque vient le moment de décider du sort des criminels.

1505. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Il n’y a pas à prétendre que la métaphysique n’est point de mise dans une telle matière ; car Descartes, Newton et même Laplace ont dû sortir du domaine propre des mathématiques. […] Socrate, malgré sa catastrophe, n’a pas gémi sur son sort ; et il n’a pas douté de la justice de Dieu, même en ce monde, parce qu’il y a fini par la ciguë. […] C’est de son corps, de ses passions et de ses besoins diversifiés à l’infini, que lui viennent ces assauts d’où il sort si rarement victorieux ; c’est d’un principe contraire à celui de son âme que lui viennent ces combats, terminés le plus ordinairement par des défaites. […] Mais, en morale, il est bien loin de son maître ; et il est sorti de ces régions sereines où pendant vingt ans il avait pu être guidé par lui. […] Aussi Aristote eut une mort humaine qui n’intéressa pas le sort futur de l’âme ni le Dieu de l’univers.

1506. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Eckermann sortait de la plus humble extraction ; son père était porte-balle, et habitait un village aux environs de Hambourg. […] « Je sors d’avec vous, dit-il ; toute la matinée, j’ai lu votre écrit, il n’a besoin d’aucune recommandation, il se recommande de lui-même. » Il me dit que les pensées y étaient claires, bien exposées, bien enchaînées, que l’ensemble reposait sur une base solide, et avait été médité avec soin. […] Ce qui m’a fait écrire, ce qui m’a mis dans cet état d’esprit d’où est sorti Werther, ce sont bien plutôt certaines relations, certains tourments tout à fait personnels et dont je voulais me débarrasser à toute force. […] Je lui laisse le titre de tout cœur, et je me console en pensant que bien d’autres ont eu le même sort que moi. […] Plus tard commence la lutte avec le monde, et cette lutte n’est intéressante qu’autant qu’il en sort quelque chose.

1507. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Tous les romans, par exemple, semblent sortis du même moule. […] Je ne reconnais plus ces enfants un peu indécis, d’une imagination chaste et gracieuse ; ce sont des personnages rassis et sans illusions, sortis d’un cerveau satirique. […]   Le Roman de la Rose eut le sort de tous les livres qui font faire aux esprits un pas en avant : il fut vivement attaqué. […] Il n’imite pas le Roman de la Rose ; il laisse ces froides allégories et ce savoir indigeste : presque toutes ses pensées sortent de son fonds Les vers de Villon lui sont inspirés par sa vie, par ses malheurs, ses amours, ses vices, il faut bien le dire ; par les châtiments auxquels il s’est exposé, par les dangers de mort qu’il a courus. […] Ne nous effarouchons pas de l’étrange berceau d’où sort notre poésie ; d’autres viendront, qui feront de cette fille du peuple la muse charmante et sévère du dix-septième siècle.

1508. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il sort de tout cela une première morale, plus forte et plus efficace peut-être que toutes les prescriptions particulières : c’est un sentiment profond de la misère de l’homme et de l’impossibilité pour nous de n’en pas chercher le remède. […] Rien d’avancé qui ne dût être prouvé ; point de termes sans définition ; des repos ménagés avec un art admirable, l’uniformité qui enchaîne l’attention préférée à la variété qui la disperse ; nul scrupule de se répéter pour être plus clair ; — voilà ce qui fit goûter si fort ces sermons, d’où l’on sortait avec le plaisir d’avoir été ému, tout en ne se rendant qu’au raisonnement. […] Pendant que le dialecticien échoue devant la raison de tel petit esprit opiniâtre qui, du doute où vous l’avez laissé, passera bientôt au mépris, Bossuet, en attaquant l’homme par tous les points sensibles, abat toute contradiction, et jette l’âme la plus rebelle dans un trouble d’où sortira peut-être la foi, d’où ne sortira jamais le mépris. […] C’est donc bien de son fonds, c’est de son cœur ingénu qu’est sorti le premier jugement supérieur, exprimé au dix-huitième siècle, sur les grands auteurs du dix-septième.

1509. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

« Heure d’angoisse, heure d’ivresse, qui, pour jamais, vas fixer notre sort… » (71). […] Comme on le comprendra par la suite, cette division est extrêmement importante, car le motif énoncé est comme la formule impassible de l’idée du Drame, indépendamment du Drame lui-même, ou, si l’on veut, du Gral avant et après Parsifal : et il contient en germe tous les éléments de l’action musicale qui en sortiront par des altérations successives de son impassibilité et de sa précision. […] Enfin, à gauche toujours, sortent du motif E, motif d’apaisement et de rédemption : M. 23 (p. 35). […] Du motif a sort un rameau de 12 motifs, dent la plupart sont ascendants, et puis descendants, selon des pentes plus ou moins faibles dans les premiers, très brutales dans les derniers. […] Du motif E sortent enfin huit derniers motifs : M. 58 (p. 2. 48. 49. 50. 52. 53. 76. 115. 157. 165. 166. 167. 168. 172. 173. 213. 234. 248).

1510. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Cette relation est essentielle, tant pour l’individu que pour l’espèce ; elle est un fait ultime, irréductible aux autres et sans parenté à nous connue avec les autres, quoiqu’il en soit inséparable : nous ne pouvons jamais sortir ni de cette dualité du sujet et de l’objet, ni de cette unité du sujet et de l’objet, qui sont des nécessités de notre nature. […] La loi nécessaire et universelle de notre pensée devient donc pour nous une loi nécessaire et universelle des choses ; et, comme nous ne pouvons sortir de nous-mêmes, l’universalité pour nous revient pratiquement à l’universalité pour nos objets : quant aux objets qui ne sont pas les nôtres, ils sont un x dont nous n’avons rien à dire. On peut, si l’on se plaît à ces jeux d’esprit, supposer de cet x qu’il est l’identité des contraires ; on peut prétendre que le principe de contradiction est seulement valable pour nous ; et de fait, comme c’est toujours nous qui faisons la supposition, nous roulons dans un cercle dont il est impossible de sortir. […] De plus nous ne sommes pas encore sortis de l’idée de temps. […] De ce que les mêmes principes ont les mêmes conséquences, on peut encore déduire le vieil axiome : ex nihilo nihil, selon lequel l’être, ou plutôt le phénomène ne peut sortir du néant. « Qu’il y ait un moment où rien ne soit, éternellement rien ne sera. » En effet, au premier instant idéal nous avons, par hypothèse et construction, pour principe le néant et pour conséquence le néant ; au second instant, nous avons toujours pour principe le néant, mais nous avons pour conséquence le contraire du néant.

1511. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Eh bien, pour le livre, sorti de cette collaboration, pour L’Art du xviiie  siècle, les articles, sauf un article de Banville, d’ordinaire très lyrique à l’endroit de ses amis, tous les articles sont des appréciations fadement bienveillantes, et telles que le journalisme en consacre au livre d’un agent de change, qui dresse le catalogue de sa galerie de tableaux. […] Autrefois un désir, une ambition, une espérance me sortaient, un jour, violemment de cet état d’âme. […] Jeudi 1er octobre Il y a des jours où la fatigue, au sortir du lit, est écrasante, où ma vie se traîne comme dans une courbature. […] Là, est le métier à tapisserie, où elle se jette au sortir du dessin et de l’aquarelle. […] Il ne dit pas un mot, mais m’indique, d’un bras théâtralement tendu, la porte… Je ramasse mon carton, tout en me disant à moi-même : puisqu’il la fait à la noblesse, il faut la continuer… Et le père me voit, une main devant les yeux, la colonne vertébrale, secouée de mouvements de désespoir, sortir de la pièce, avec la marche de Levassor, dans la parodie de Lucie de Lammermoor.

1512. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

si l’on pouvait tenir registre des rêves d’un fiévreux, quelles grandes et sublimes choses on verrait sortir quelquefois de son délire !  […] C’est l’orgueil de l’artiste qui songe à son moi plus qu’à la vérité et à la beauté ; qui se manifeste par l’affectation du savoir, par le besoin de se singulariser et de sortir du commun, par la subtilité, par la déclamation ; c’est la recherche du plaisir avec tous ses raffinements, avec son mélange d’amertume et de volupté. […] Faire effort pour se trouver un sens à soi-même, c’est en réalité en donner un à la nature, de laquelle nous sommes sortis au même titre que tout ce qui est en elle, que tout ce qui la compose. […] Seulement, pour qui veut explorer la nuit, autre chose est de poser à terre sa lanterne, tout près de ses pieds, où elle ne fera sortir de l’ombre qu’un certain nombre de grains de sable ; autre chose de la diriger à droite et à gauche, de projeter sa clarté au loin et en avant, à chaque pas. […] Et voilà pourquoi nous ne saisirons jamais le sens de vers tels que ceux-ci : La lune plaquait ses teintes de zinc     Par angles obtus ; Des bouts de fumée en forme de cinq Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus.

1513. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

        Mais les larmes sont aussi vaines, Lorsque, par le destin, nous sommes poursuivis, Que ces tristes accens d’une femme éplorée, Qui croit, dans la douleur dont elle est pénétrée, Faire, à sa voix, sortir les morts de leur sommeil. […] Terrasson avoit été de l’oratoire : il en étoit sorti avec trois de ses frères. […] On voit, dans ses écrits, qu’il croyoit toucher au moment où les grands modèles de l’antiquité éprouveroient le sort de la philosophie péripathéticienne ; mais il ne s’appercevoit pas qu’en reprochant à madame Dacier son culte fanatique pour Homère, il faisoit de La Mothe une autre divinité. […] Il déplora le sort de la France d’être inondée de tant de frivolités, & n’oublia rien pour les faire tomber. On voit qu’il étoit si pénétré de cette matière, que de toutes celles qu’il a traitées aucune n’a fait plus sortir ses talens & son esprit.

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