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432. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Le soleil, il est vrai, avait toute liberté de mûrir la vendange en ce lieu, où il n’existait qu’un seul arbre. […] Du soleil on n’aperçoit plus qu’un mince fragment de disque échancré par la silhouette noire des affûts brisés. […] La lumière petille, le soleil darde ses flèches de feu, et le lourd silence des heures brûlantes pèse sur l’atmosphère. […] Rentré dans les brumes du Nord, il garda toujours dans l’œil le soleil de là-bas. […] On y sent passer le souffle orageux du Khamsin et ruisseler les rayons fondus du soleil d’Égypte.

433. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il aperçoit le Carmel « une tache rende au-dessous des rayons du soleil ». […] On l’a imposée ; le féli brige n’a reculé devant rien ; on s’est acclimaté à son soleil ; la séduction a conquis tout le monde. […] La nature de René était si féconde que, l’orage une fois passé, elle refleurissait au premier rayon de soleil. […] Le génie éblouit ; mais si on le regarde trop longtemps, comme le soleil, il perd ses rayons. […] L’œuvre de Chateaubriand est sombre comme une cathédrale gothique au soleil couchant.

434. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

. — Soleils d’hiver (1897). — Douceur de croire, pièce en trois actes et en vers (1899).

435. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre III. La Phèdre de Racine. »

et je soutiens la vue De ce sacré soleil dont je suis descendue !

436. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans » pp. 64-66

Il place dans un de ces livres une dissertation faite à l’occasion des présages du soleil, et il traite avec toute l’invention dont la poësie est capable, le meurtre de Jules Cesar et les commencemens du regne d’Auguste.

437. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Vois partir du côté d’Espagne Un soleil qui vient te chercher. […] Ailleurs, parlant d’un bel œil malade, il dit de l’œil resté sain : Le cher frère, obligé de ce que son pareil Luy va donner moyen d’estre appelé soleil. […] Quant à l’autre couplet, j’y reprends la nature, Qui des corps azurés a formé la structure, De n’avoir su placer à ce haut firmament Qu’un soleil seulement. La comtesse en a deux : c’est au ciel une honte Qu’un visage ici-bas en soleils le surmonte. […] Faudra-t-il de sang-froid, et sans être amoureux, Pour quelque Iris en l’air faire le langoureux, Lui prodiguer les noms de Soleil et d’Aurore, Et, toujours bien mangeant, mourir par métaphore ?

438. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Dans quelques minutes en roule, le soleil en avant, bras dessus, bras dessous, avec ma bonne étoile ! […] En effet, le soleil parut, et au même moment un long nez au bout duquel se trouvait un visage ; ce visage était sous un parapluie jaune et noir et surmontait un grand corps pris dans une petite redingote. […] … Plus je reviens sur les émotions qu’elle m’a fait éprouver, plus elles prennent de force, et je me sens tout jeune. » Si la verve et l’enthousiasme, si le mouvement naturel de poésie, si le coup de soleil de l’imagination n’est pas là sensible, je ne sais plus où les trouver.

439. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Provençal, il a décrit la Provence, son soleil, ses paysages, depuis le caricatural Tartarin jusqu’au très réel Roumestan. […] Dans des œuvres sincères, en un style étrangement vibrant et intense, Loti a dit quelques-unes des impressions qu’il a recueillies en ses campagnes : dans le Spahi, les soleils du Sénégal ; dans Mon frère Yves, les vastes paysages de pleine mer, quand le vaisseau fuit et que « l’étendue miroite sous le soleil éternel », des coins de Bretagne pluvieuse rendus avec une singulière délicatesse ; dans Pêcheurs d’Islande, la Bretagne encore, et la mer boréale, et le Tonkin, et les mers tropicales.

440. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il faisait un beau soleil d’hiver. […] Un jour que, dans une de ses lutineries, elle était montée, au couchant du soleil, jusque dans les sculptures gothiques de la cathédrale de Cologne, elle se donnait le plaisir d’écrire à la mère de Goethe : « Madame la conseillère, que cela vous eût fait peur de me voir, du milieu du Rhin, assise dans une rose gothique !  […] Je me couche sur le gazon vert en l’embrassant… » Elle lui répète trop souvent : « Tu es beau, tu es grand et admirable, et meilleur que tout ce que j’ai connu… Comme le soleil, tu traverses la nuit… » Elle lui parle dans ces moments comme on parlerait à Jéhovah.

441. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

En, regardant un visage, ce n’est pas seulement la forme plastique de ce visage que nous percevons, c’est, sa grimace ou son sourire, vibrant dans le rayon du soleil qui met en mouvement nos nerfs optiques. […] Un simple rayon de soleil ou de lune nous touche s’il évoque dans notre pensée les figures souriantes des deux astres amis. […] Pour comprendre le rayon de soleil, il faut vibrer avec lui ; il faut aussi, avec le rayon de lune, trembler dans l’ombre du soir ; il faut scintiller avec les étoiles bleues ou dorées ; il faut, pour comprendre la nuit, sentir passer sur nous le frisson des espaces obscurs, de l’immensité vague et inconnue.

442. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Il a, lui aussi, au-dessus de sa tête, la chauve-souris qui vole éventrée, et à ses pieds la science, la sphère, le compas, le sablier, l’amour, et derrière lui à l’horizon un énorme soleil terrible qui semble rendre le ciel plus noir. […] Versez l’hypocrisie sur le point du jour, vous éteindrez le soleil. […] Toute la terre était alors mystérieuse ; représentez-vous cette époque : le temple de Jérusalem est encore tout neuf, les jardins de Sémiramis, bâtis depuis neuf cents ans, commencent à crouler, les premières monnaies d’or paraissent à Égine, la première balance est faite par Phydon, tyran d’Argos, la première éclipse de soleil est calculée par les chinois, il y a trois cent douze ans qu’Oreste, accusé par les Euménides devant l’Aréopage, a été absous.

443. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Pradel, etc… Ils ne dédaignaient pas les grands mots : « Nous ne sommes pas une coterie, nous n’organiserons pas des congrès, nous ne nous estomaquerons pas d’éloges réciproques, nous ne nous offrirons pas de mutuelles frairies, nous n’avons pas de grand homme de neige à pousser au soleil de la renommée, nous ne tenterons pas de restaurer sur des tréteaux de baladins les tables saintes de Cana, dans la secrète espérance d’y voir surgir entre la poire et le fromage quelque nouveau messie qui nous ferait participer, sur le vain Thabor de la gloire humaine, au resplendissement de son éventuelle divinité. […] Car il y a deux sens au mot classique, ainsi que l’a marqué Sainte-Beuve : « Le mot classicus se trouve employé dans Aulu-Gelle et appliqué aux écrivains ; un écrivain de valeur et de marque, classicus assiduusque scriptor, un écrivain qui compte, qui a du bien au soleil… Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque ou ressaisi quelque passion éternelle… qui a rendu sa pensée, ou son observation, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi, qui a parlé à tous dans un style à lui, et qui se trouve celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges. […] Il n’y en a eu, disait gaiement Mme de Sévigné, que pour un déjeuner de soleil.

444. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Ainsi dans le sonnet : Sous les derniers soleils de l’automne avancée, où je reconnais le Joseph Delorme à l’ardeur physique des derniers vers, à ces fermentations d’un matérialisme que l’Imagination colore… Mais en ces pièces nouvelles, ce qui rappelle et ressuscite, pour une minute, l’ancien Joseph Delorme est fort rare, dans cette proportion du moins. […] Sainte-Beuve, en ces Pensées d’août qu’aucun soleil d’août n’avait besoin de brûler pour les rendre arides. […] Sainte-Beuve a planté son fauteuil d’Académie sur son « coteau modéré » pour s’y chauffer au petit soleil de trois heures et demie, comme on se chauffe à la petite Provence, quand, dans la vie, ou est à six heures du soir !

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