/ 1531
238. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

As-tu vu comme il a replié sa serviette aussitôt que le patron lui a dit : nous nous retrouverons ce soir à la noce ? […] Son abstinence de ce matin nous annonce qu’il engloutira le festin de ce soir.

239. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Ainsi : Et dans le soir on voit passer des formes grêles, Leurs pas ne pèsent pas au sable fin des grèves : Âmes d’adolescents qu’aimèrent les Sirènes, Et que tourmentent les angoisses éternelles. […] Telles les assonances, telles les âmes — dans le soir — passent, s’éloignent et ne plane plus alors qu’un souvenir très pâle.

240. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Or, ce soir-là, Boileau vient rendre visite à Corneille. […] Devant de « sales riches », l’autre soir, cela n’avait pas d’inconvénients. […] Et le vieux roi lui dit : « Toi qui ne parlais pas, comme tu parles ce soir !  […] Puis, c’est la fête du soir. […] Nous verrons bien ce soir.

241. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Le soir, en se déshabillant, elle lès décousait elle-même. […] On le rencontre souvent dans les chemins, surtout après l’angélus du soir, à la première « brume de nuit ». […] Le soir de la Toussaint, après vêpres, on fait la « procession du charnier ». […] Tous les soirs, au Vaudeville, on a pu voir un Napoléon signé Sardou, parmi des officiers empanachés et des dames décolletées. […] Comme tous ceux qui ne croient plus à rien, ils étaient, du matin au soir, sur le point de croire à tout.

242. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Ce soir, chez Goethe, j’étais seul avec lui ; nous avons causé de différentes choses, tout en buvant une bouteille de vin ; nous avons parlé du théâtre français, en l’opposant au théâtre allemand. […] Vers le soir j’allai chez Goethe, qui m’avait invité à une promenade en voiture. […] Ils ont leur tir dans des cabarets, comme nous y avons des jeux de quilles, et ils se réunissent d’habitude vers le soir dans ces endroits où je les ai regardés souvent avec le plus grand plaisir. […] Un soir, j’étais seul avec elle, prenant le thé, lorsque les deux princes arrivent en sautant, pour prendre le thé avec nous. […] Mais le quatrième ou cinquième soir, je ne peux plus résister, et, avant d’y avoir pensé, je pars et je suis devant sa demeure.

243. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Le soir, il en redescendait plus ou moins chargé de plantes ou de pauvres papillons épinglés, dont il grossissait sa collection. La seule distraction qu’il se permit après souper, le chapelet et la prière du soir, était un air de flûte, joué au bord de sa fenêtre donnant sur les prés de Tresserves. […] Je fus témoin, le soir, de cette entrée séditieuse et triomphale de la révolution dans Naples. […] Le chevalier de Médici, premier ministre du roi de Naples avant l’explosion des carbonari, réfugié momentanément à Rome par crainte de l’assassinat dont il avait été menacé, nous y charmait, tous les soirs, par l’agrément de sa conversation napolitaine, la plus spirituelle et la plus voltairienne des conversations. […] Un soir que les deux époux devaient aller ensemble au théâtre, le prince était parti le premier et se croyait suivi dans une seconde voiture par sa femme, retardée sous un spécieux prétexte ; mais il l’attendit en vain dans sa loge ; il l’avait vue pour la dernière fois : un couvent inviolable avait reçu la comtesse et l’avait soustraite aux droits et aux recherches de son royal époux.

244. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

« Alors pourra venir celle-là : et l’amante au seuil très noblement s’alanguira, comprenant, sa rougeur d’ange exquisement éparse parmi le doux soir, l’Hymen immortel mêlé d’oubli et d’appréhension qui de son murmure visible emplira le site créé. » Cela veut dire, sauf erreur : — Supposons que le poète veuille, pour que l’amante y dorme le soir, un paysage digne d’elle et qui fasse rêver d’amour. […] En réalité, il note sans dessein, sans nul souci de ce qui les lie, les sensations et les sentiments qui surgissent obscurément en lui, un soir, en regardant le ciel rouge encore du soleil éteint. «… Crépuscule ; souvenir… Il rougeoie ; espérance… Il fleurit ; dahlia, lis, tulipe, renoncule ; treillis de serre ; parfums chauds… On pâme, on s’endort… ; souvenir ; crépuscule… » Ni le rapport entre les images et les idées, ni le rapport des images entre elles n’est énoncé. […] D’être l’agneau sans cris qui donne sa toison, D’être l’enfant vêtu de lin et d’innocence, D’oublier ton pauvre amour-propre et ton essence, Enfin, de devenir un peu semblable à moi…, Et, pour récompenser ton zèle en ces devoirs Si doux qu’ils sont encor d’ineffables délices, Je te ferai goûter sur terre mes prémices, La paix du cœur, l’amour d’être pauvre, et mes soirs Mystiques, quand l’esprit s’ouvre aux calmes espoirs ».. […] Ce sera comme quand on ignore des causes : Un lent réveil après bien des métempsycoses Les choses seront plus les mêmes qu’autrefois Dans cette rue, au cœur de la ville magique Où des orgues moudront des gigues dans les soirs, Où des cafés auront des chats sur les dressoirs, Et que traverseront des bandes de musique.

245. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Pendant trois mois donc, elle fit successivement l’école aux petits garçons et aux petites filles : aux premiers, de sept heures à dix heures du matin, et de une heure à quatre du soir ; aux petites filles, de dix heures à midi, et de quatre à sept heures du soir. […] Au moment des révolutions, le soir des journées sanglantes, elle allait, inaperçue, ramassant les blessés des divers partis et les cachant dans son magasin à paille. […] Vous qui ouvrez un journal, ou si le journal vous paraît chose trop légère, vous qui lisez ces recueils qu’on appelle des Revues, représentez-vous bien ce que vous devez, les longs soirs d’hiver au logis ou les après-midis d’été à la campagne, à ces esprits charmants, faciles, élevés, inépuisables, qui, depuis trente ans et plus, vous ont donné, dans des récits variés, de continuelles jouissances et des surprises de lecture devenues pour vous une habitude, — et qui vous les donnent sans trace d’effort, comme l’arbre donne ses fruits, comme la source verse l’onde.

246. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Dimanche 7 avril Le soir nous allons dîner avec Saint-Victor, au passage de l’Opéra. […] * * * — Ce soir, à la répétition d’une pièce, sur un petit théâtre du boulevard, une pièce pleine de femmes. […] 11 juillet Après avoir fait des dépôts de Sœur Philomène, toute la journée, je dîne ce soir chez Charles Edmond, qui vient de passer quelques jours avec Hugo, à Bruxelles. […] Ces minutes d’angoisses, comme ce soir, où l’on interroge la fortune de son livre aux étalages, et où je ne sais quoi de poignant vous mord à la vitrine d’un libraire, où vous n’êtes pas exposé.

247. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Ayant vu des Orientaux à Venise, l’envie le prend de les reproduire : Je vais quelquefois au Café-Turc (aux Arcades-Saint-Marc) ; j’y ai vu ce soir deux Orientaux admirables. […] et c’est toujours après ces bonnes journées, pendant les dernières heures, que je suis le mieux dispos. » Tous les jours de travail ne se ressemblaient pas ; il y avait les jours de succès, il y avait ceux de tâtonnement, de résistance et de lutte : « Les soirs, disait-il, quand je ne suis pas content de ma journée, je n’ai d’autre idée que de réussir mieux le lendemain et de penser aux moyens d’y parvenir. […] Un soir, le dernier jour de l’année 1832, Léopold Robert était sorti avec son frère pour remettre des cartes chez le gouverneur et chez le comte de Cicognara : Nous sommes entrés ensuite, raconte-t-il dans l’église Saint-Marc, où il y avait une cérémonie : nous avons reçu la bénédiction.

248. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Je le voyais tous les soirs de cinq heures à minuit. […] Il est en action du matin au soir ; il n’a d’autre récréation que de passer d’une étude à l’autre ; il n’aime rien de ce qu’il voit ici, et cependant il désire rester plus longtemps, quoiqu’il ait passé déjà toute une quinzaine avec nous. […] [NdA] Dans une lettre écrite dans le même temps (6 janvier 1770), Bonstetten rendait compte ainsi de ses études à un ami : Je suis dans l’agitation du matin au soir.

249. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

En regard, une belle soirée : Et le soir s’abaissait. […] Douze à quinze garçons, du matin jusqu’au soir, Nu-jambes et nu-pieds, dansent dans le pressoir. […] La Harpe et Fréron avaient un soir soupé ensemble.

250. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le début de la pièce a du charme : Je te lisais souvent au bord de ma fontaine, Quand la brise du soir vient fraîchir votre haleine, Quand le soleil se couche au loin dans un ciel bleu, Et qu’un dernier rayon de vie et de lumière A cette heure d’amour glisse sur la paupière,         Comme un dernier adieu. […] » Enfin un soir, après avoir erré sur les montagnes une grande partie de la journée, il se trouva au seuil d’un monastère, d’une chartreuse, et il frappa, comme on le raconte de Dante dont il évoque le souvenir, en demandant la paix, pace. […] dût le chemin qui mène à ma patrie Être plus rude encore, et ma tête meurtrie Ne pas trouver de pierre où se poser le soir ; Dussé-je n’avoir pas une table où m’asseoir, Pas un seul cœur ému qui de moi se souvienne, Pas une main d’ami pour étreindre la mienne ; Comme le lépreux d’Aoste, au flanc de son rocher, Dussé-je cultiver des fleurs sans les toucher, N’avoir pour compagnon, dans ma triste vallée, Qu’un chien, et pour abri qu’une tour désolée, Et quand je souffre trop pendant les longues nuits, Qu’une sœur pour me plaindre et bercer mes ennuis, Une sœur qui, souffrant de la même souffrance, Prie et veille avec moi jusqu’à la délivrance…, Je veux aller revoir les lieux que je chéris, De mon bonheur au moins retrouver les débris ; Si ce ne sont les morts qui dorment sous la pierre J’embrasserai leurs fils, hélas !

/ 1531