Chaque soir, on couvrait les charbons de cendre pour les empêcher de se consumer entièrement ; au réveil, le premier soin était de raviver ce feu et de l’alimenter avec quelques branchages. […] Le brahmane a son foyer qu’il doit entretenir jour et nuit ; chaque matin et chaque soir il lui donne pour aliment le bois ; mais, comme chez les Grecs, ce ne peut être que le bois de certains arbres indiqués par la religion. […] Elle se réunit chaque matin pour adresser au foyer ses premières prières, chaque soir pour l’invoquer une dernière fois.
Comme il ne sait jamais où en sont les affaires de sa vie morale, il les relève en partie double presque tous les soirs, pour essayer de s’y reconnaître. […] Voilà ce qu’il faudrait faire tous les soirs, et ce que je ne fais jamais. » Ou encore : « Voilà quatre cents jours sur lesquels il y en a cent soixante-quatorze où je n’ai rien fait… « Il est impossible de tenir une comptabilité plus régulière du dérèglement, et de constater plus rigoureusement son déficit.
Voici par exemple un lapin auquel nous avons coupé hier soir les deux nerfs pneumogastriques. […] Ils sont à jeun depuis hier soir.
Son Atayde ses amis n’étaient plus : il ne lui restait qu’un serviteur indien qui descendait chaque soir quêter dans l’ombre pour la nourriture de son maître. […] Toi, répété quatre fois, en suspend la construction par un accent plus sensible, et la poésie en les mouillant de larmes, les finit par canebat, non pour dire qu’Orphée pleurait la nuit et qu’il pleurait le jour, mais pour exprimer que, gémissant du matin au soir, les lamentations du poète étaient des chants encore.
Alors il lui faudrait s’arrêter pour toute éternité ; cloué à la déception et devenu lui-même l’hôte de pierre, il aura le désir d’un repas du soir de la connaissance, repas qui jamais plus ne lui tombera en partage ! […] Un bonheur du déclin et du soir, un bonheur de bergers, prêché à des Barbares, à des Germains !
Pour bien achever un jour si saintement commencé, les vieillards de la paroisse viennent, à l’entrée de la nuit, converser avec le curé, qui prend son repas du soir sous les peupliers de sa cour.
Qui de nous, en effet, ne serait curieux de ce qui se passe dans ces intérieurs si bien clos, où chacun — quand le soir arrive, et que la nuit, de ses ombres et de son silence a enveloppé la grande ville — dépouille son visage officiel, son personnage avec son costume, et redevient jusqu’au lendemain ce que la nature l’a fait ? […] Lorsque parut la troisième partie de Marianne, quelqu’un fit observer que c’était beaucoup peut-être qu’un volume tout entier pour conduire l’héroïne depuis midi jusqu’à six heures du soir.
I. — Le genre littéraire du voyage1 Le voyage est devenu (et les raisons en sont assez claires pour que je ne les dise pas) un genre florissant et facile. Comme tous les genres, il comporte des chefs-d’œuvre qui servent de modèle et que l’imitation diversifie. Plus qu’aucun, M. Barrès est de ceux qu’on imite aujourd’hui. Il appela jadis Marie Bashkirtseff Notre-Dame du Sleeping, et dans le même lieu son icone à lui se montre maintenant en bonne place.
Et il alla à l’Allemagne modeste, douce et humble, non pas à l’Allemagne des grandes villes, mais à l’Allemagne exclusivement scolaire, familiale et patriarcale, et très tendre et pieuse, à Heidelberg, le joli village savant, la grande université dans la petite ville pittoresque, le μουσειον discret et calme, où l’on fait de l’érudition toute la journée, et le soir, selon la saison, de si bonne musique ou de si fraîches promenades.
Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. Quatrieme partie. Des sciences. Aristotélisme. C ette espèce d’enforcellement a été générale en Europe pendant deux mille ans : on ne juroit que par Aristote : on vouloit qu’il eut tout pensé & tout dit.
Quelques grands vers de Leconte de Lisle : Le vent respectueux, parmi leurs tresses sombres, Sur leur nuque de marbre errait en frémissant, Tandis que les parois des rocs couleur de sang, Comme de grands miroirs suspendus dans les ombres, De la pourpre du soir baignaient leur dos puissant, … quelques pages de Flaubert, — le Comice agricole d’Yonville-l’Abbaye, dans Madame Bovary, la description de la forêt de Fontainebleau dans L’Éducation sentimentale ; — quelques pages de Taine ou de Renan, entre lesquelles on n’aurait que l’embarras du choix, nous ont rendu la sensation du « définitif » et de l’« achevé ».
Avant-Propos Ce troisième volume est le dernier de la série que j’ai intitulée Politiques et Moralistes du dix-neuvième siècle. Dans un premier volume j’ai étudié les penseurs qui avaient vu la Révolution française et qui avaient conçu pour l’avoir connue, soit une profonde aversion pour les nouveautés, soit une vive et tenace espérance, soit un besoin de consolider et d’organiser les conquêtes. C’étaient les de Maistre, les de Bonald, les Staël, les Constant, les Royer-Collard, les Guizot. Dans un second volume j’ai groupé tous les philosophes politiques qui ont cru à la nécessité et à la possibilité d’organiser un « pouvoir spirituel » nouveau, pour guider les consciences et éclairer les volontés, soit que ce nouveau pouvoir spirituel ne fût que l’ancien, rafraîchi en quelque sorte et rajeuni et rendu capable de porter le monde moderne, soit qu’il fût un pouvoir spirituel vraiment nouveau et constituant dans l’esprit des fondateurs, non une renaissance religieuse, mais une création de religion. Et ce second volume, par la nature même du sujet, est celui des trois qui a le plus d’unité, tous les penseurs qui y figurent ayant du moins ceci de commun qu’ils concentrent leurs pensées et leurs vœux sur l’idée d’un pouvoir spirituel à restaurer ou à créer, mais considéré par tous comme nécessaire.
La manière dont nous comprenons Bérénice affligerait Racine, et Molière soufflerait volontiers les chandelles les soirs qu’on s’ennuie tant au Misanthrope.