Pendant sept ans, toutes les semaines, il fit un cours de catholicisme à l’Athénée, à propos de toutes les questions philosophiques, politiques, sociales.
Or, cet Eilert, ce pilier de taverne et de mauvais lieu, elle le retrouve corrigé, rangé, auteur d’un livre de philosophie sociale qui a fait sensation, aimé d’une autre femme, la blonde et douce Théa Elvsted, et paraissant l’aimer lui-même. […] Le jeune homme est à peu près abandonné à lui-même pour résoudre le cruel problème qu’impose à sa conscience notre état social. […] Ce qu’il rêve vaguement, c’est un théâtre qui serait démocratique et évangélique et qui essayerait d’embrasser dans toute son étendue la réalité humaine et sociale. […] Mais les grands sujets, — mœurs et questions politiques, questions sociales, problèmes religieux, révolutions profondes de la conscience, — restent à peu près interdits à la comédie. […] Il aura été peu délicat sur les moyens ; mais on aura beau faire, les cadres du vieil état social (que je n’aime pas, quoique mon égoïsme de bourgeois et de lettré se laisse aller parfois à dire le contraire) ne peuvent être brisés que par des violences individuelles ou collectives.
Il domine selon les dieux ; il domine selon la loi religieuse, il domine selon la loi sociale ; il n’a pas l’air de dominer selon lui-même. […] Ce qu’il y a de remarquable et d’inquiétant, c’est que des arts qui sont très mêlés à la vie sociale, à la vie active, à la vie vraiment humaine sont exactement, ou croient être dans le même cas que l’art du sculpteur ou du peintre. […] Il n’y a pas d’autre cause de la naissance de l’État social. […] Tout de même l’homme juste, quand il s’applique à la cité, maintient l’équilibre social par un souci scrupuleux de donner à chaque force sociale la mesure d’exercice qu’elle doit avoir pour bien de l’État ; car cette mesure d’exercice ainsi fixée est son droit, et il est juste que ce droit soit assuré. […] Et enfin, de cette morale fausse et de cette morale débile, faire le fondement d’une politique, c’est concevoir déjà une politique fausse aussi, débile aussi, antinaturelle, énervant et paralysant de parti pris les forces naturelles de l’humanité et en particulier du corps social.
Il oublie ses soixante ans, ébloui par la jeunesse qui s’offre à lui et, dédaigneux des lois sociales, s’unit à celle qui vient à lui. […] Yves Guyot explique nettement sa doctrine, et dans son livre je trouve cette profession de foi : Je considère toujours que c’est par l’étude et l’observation des lois de la science sociale que l’humanité peut réaliser des progrès. […] La question des dîmes au pays de Galles et l’agitation non conformiste, le chapitre intitulé : Un parlement ouvrier, la relation d’un procès criminel, la partie consacrée à l’immigration étrangère en Angleterre et au péril économique et social qui s’ensuit pour elle, sont traités par un écrivain qui a voulu constater de ses yeux la situation actuelle. […] Les exemples cités dans l’enquête sont effroyables ; celui-ci entre autres : On avait constaté qu’au bas de l’échelle sociale, l’oisiveté, la débauche et l’ivrognerie avaient altéré les meilleurs instincts, transformé les êtres en brutes féroces. […] Kant à Königsbergk, Fichte, Hegel et Schelling après lui, Auguste Comte en France ne se doutaient guère en assemblant leurs élégants théorèmes, que ces hypothèses reprises et adaptées aux besoins sociaux par la logique implacable d’un Proudhon ou d’un Marx menaceraient toute l’organisation actuelle.
Le succès d’un volume se fait surtout sous forme de conversations, de relations sociales. […] Un roman évidemment a toujours une portée philosophique ou sociale. Quelle œuvre eut plus d’influence sociale que Werther et René ? […] Ferrero nous a montré dans Rome la crise économique et sociale, trop négligée chez Mommsen ; et Saint-Évremond, par sa seule observation piquante, a mérité le titre de prédécesseur de Montesquieu. […] Il ne s’agit pas ici d’intérêts littéraires, mais d’intérêts sociaux, d’intérêts mondains, car un livre peut très bien réussir sans la critique et même contre elle, et la critique ne contribue guère à la formation des réputations.
Telle est la tragédie morale et sociale que M. […] Ses vertus (la patience, la régularité, l’économie, la combativité, l’optimisme, l’équilibre mental, le respect de soi-même uni à l’instinct de la discipline sociale) sont les qualités moyennes de sa nation. […] L’Australie est un véritable laboratoire de science sociale, où la vieille Europe travaillée par tant de malaises, peut s’instruire d’exemple. […] » Ces coutumes nuisent à la vie sociale. […] Munissez-vous de quelques bons ouvrages, capables de vous renseigner sur le progrès économique et social de notre pays.
Passé ces glorieuses époques qu’enfante un concours de circonstances, ménagées souvent durant des siècles, l’intérêt général et social se dissémine, se retire de plus en plus des œuvres distinguées de poésie, que multiplient pourtant l’éducation, l’exemple, le caprice des imaginations précoces et surexcitées. […] Trois histoires successives, Laurette, la Veillée de Vincennes et le Capitaine Renaud, nous amènent, à travers un savant labyrinthe concentrique et par de délicieux méandres, à un but philosophique et social élevé.
Il était à craindre que le public ou les critiques d’une génération renouvelée ne se montrassent volontiers ingrats, légers (c’est si facile), en raison même de l’écho fameux, contre l’œuvre déjà ancienne d’un auteur très-vivant, et arrivé par les voies les plus honorables aux dignités littéraires et sociales. […] Sous le ministère Villèle, l’Académie française avait pris, comme toutes choses, une couleur politique ; de très-légitimes choix y purent se faire sans doute sous la faveur royaliste, mais il y avait exclusion d’autres choix non moins légitimes, plus populaires, et c’était fâcheux pour l’Académie, ajoutons aussi pour la constitution sociale des lettres.
Du milieu social où elle naquit, comme de celui où se forma son aînée, Mlle Pauline de Meulan, on peut dire (et je m’appuie ici pour plus de facilité sur des paroles sûres) que « c’était une de ces familles de hauts fonctionnaires et de bonne compagnie, qui sans faire précisément partie ni de la société aristocratique, ni même de la société philosophique, y entraient par beaucoup de points et tenaient du mouvement du siècle, bien qu’avec modération, à peu près comme en politique M. de Vergennes, qui contribua à la révolution d’Amérique, fut collègue de Turgot et de M. […] L’intimité qui s’ensuivit eut un effet durable sur l’esprit de Mme de Rémusat, et détermina en quelque sorte le milieu social où elle passa sa vie.
Ils pouvaient vouloir une république dictatoriale, que je ne voulais pas, moi ; mais ils ne pouvaient vouloir un accès de guerre populaire qui servirait de prétexte au renversement de la république légale, représentative et conservatrice de l’ordre social en France et de la paix en Europe. […] Des souliers sans boucles, des semelles de clous, un pantalon d’étoffe grossière et taché de boue, la veste courte des artisans, la chemise ouverte sur la poitrine, laissant à nu les muscles du cou ; les mains épaisses, le poing fermé, les cheveux gras sans cesse labourés par ses doigts : il voulait que sa personne fût l’enseigne vivante de son système social. » Les Girondins essayent de reporter sur Marat toute la responsabilité des journées de septembre.
Mais, en dépit de toutes les menaces et de toutes les injures, l’opinion préparait ce retour salutaire, et secondait les pensées du génie qui veut reconstruire l’édifice social. […] Des tentes, des maisons à moitié bâties, des forteresses commencées, des défrichements couverts de Nègres, des groupes de Blancs et d’indiens, présentaient, dans ce petit espace, le contraste des mœurs sociales et des mœurs sauvages.
Par eux, les aptitudes poétiques de la race celtique, engourdies sous la domination romaine par l’élégant rationalisme de la littérature savante, comme par la pression monotone de la protection administrative, furent réveillées : les âmes, préparées déjà par le christianisme, violemment secouées par l’instabilité du nouvel état social, recouvrèrent le sens et le don des symboles merveilleux ; et dans la famine intellectuelle que produisit la ruine des écoles, l’aristocratie gallo-romaine, sujette des rois francs et compagne de leurs leudes, associée aux fêtes comme aux affaires, quitta sa délicatesse et ses procédés raffinés de pensée et de langage : elle retourna à l’ignorance, au peuple ; elle se refit peuple, avec toute la rudesse, mais avec toute la spontanéité du génie populaire. Il y eut assez d’unité morale, d’homogénéité sociale, pour que l’épopée, cette expression synthétique des époques primitives, se développât puissamment.
que Racine est bien le poète des femmes, et des plus douces, des plus sages, des plus tendres, aussi bien que des plus folles et des plus détraquées… Après Phèdre, lisez Bérénice, le drame par excellence du sacrifice de l’amour au préjugé social ; sujet éternel comme les autres. […] Ces conventions sociales, si fortes, on n’y croit qu’à moitié : pourtant il faut les subir.