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1033. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

La nouveauté est un élément nécessaire de l’idée géniale, mais ce n’est pas le seul. […] Ils sont en somme des faits très semblables à peu près en tout, sauf en un seul point. […] Le travail de création commence… Cette création va d’ailleurs se faire toute seule. […] L’analyse seule m’a prouvé que cette forme de rêverie était souhaitable. […] L’invention seule peut, à proprement parler, avoir un développement.

1034. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il est, entre nos grands écrivains, le seul qui soit pleinement « à cheval » sur deux mondes, le seul qui ait appartenu à l’ancien régime et au nouveau, le seul qui ait presque autant vécu dans l’un que dans l’autre, le seul aussi qui ait tant voyagé et qui ait vu tant d’aspects de la terre. […] c’est toi seul qui me fais me glorifier d’être homme ! […] » Il est « seul sur la terre ». […] C’est toi, Être suprême, source d’amour et de beauté, c’est toi seul qui me créas tel que je suis, et toi seul me peux comprendre ! […] Il est le seul illustre et le seul glorieux.

1035. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Ce qui fait à mes yeux une grande partie de l’intérêt des écrits de d’Argenson et ce qui doit les rendre précieux pour quiconque aime la vérité, c’est que tout y est successif et selon l’instant même ; il ne rédige pas ses mémoires après coup en résumant dans un raccourci plus ou moins heureux ses souvenirs ; il écrit chaque jour ce qu’il sait, ce qu’il sent ; il l’écrit non pas en vue d’un public prochain ou posthume, mais pour sa postérité tout au plus et ses enfants, et surtout pour lui, pour lui seul en robe de chambre et en bonnet de nuit. […] La seule vérité historique que je tiens à marquerk, c’est que les deux frères appartiennent à des familles d’hommes politiques toutes différentes et même opposées, l’un étant de ceux qui vont au fond des objets et aspirent à un but réel et constant, l’autre de ceux qui s’en tiennent en tout aux expédients, et s’inspirent uniquement de la circonstance. […] du seul archevêque de Bordeaux, mon oncle, lequel était un petit esprit, taquin et triste, grand économe, homme à vues bourgeoises, aimant sa maison avec orgueil, mais sans générosité, plein de lui et vide des autres, dur et sec, haïssable, et échappant seulement à la haine publique par son économie ; mais mon père et mes aïeux ont toujours passé dans leur temps pour gens francs, nobles, courageux et dignes de l’ancienne Rome, surtout de nulle intrigue à la Cour ; aimant la vie de province, ce qui est la vraie vie de la province ; riches ou pauvres, et cependant s’y faisant d’abord distinguer par les lumières de leur esprit et la bonté de leur cœur. […] [NdA] On a toujours, même quand on est seul, de ces amis-là. […] La seule vérité historique que je tienne à marquer

1036. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Il ne l’est pas seul : lui et d’autres compagnons d’infortune sont transportés par mer et déposés successivement sur certains points et en de misérables châteaux distants d’espace en espace le long de la mer Noire. […] Le mieux est de les laisser parler tout bas et toutes seules. […] En une seule semaine, par exemple, on comptait jusqu’à 220 voitures de bois vert de cette provenance, vendues en plein marché. […] Michel Nicolas ajoute que le Gouvernement trouva moyen de le punir de ce trop de zèle en le réduisant de commissaire général de quatre départements à n’être que préfet d’un seul. […] Le vent seul lui a donné l’avantage.

1037. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

On marchait en silence : le chef ne prononçait pas un seul mot, les guérillas ne parlaient entre eux qu’à voix basse. […] M. de Saint-Joseph, dans son enfance, s’était souvent amusé autour de la table de famille à disposer avec de petites bandes de papier des étoiles de différentes couleurs ; une épingle et des ciseaux étaient ses seuls instruments pour ce travail. […] Le général, souvent seul dans la sienne, s’occupait, lorsque la tristesse ne l’accablait pas, à des dessins, à des bas-reliefs : il était redevenu sculpteur. […] Il aimait sa jeune femme, qui devait elle-même mourir de sa mort. « Je ne souffre que pour elle » : c’étaient par moments les seuls mots qu’il pût prononcer. […] Mais non : une garde nombreuse, insolente, impitoyable, nous tourmentait sans cesse ; un seul mot, la moindre observation, quoique faite avec douceur, ne nous valait autre chose de ces cerbères que des injures et la baïonnette sur la poitrine.

1038. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Les personnages qu’elle construit se ressemblent presque tous, n’ont point cette variété et cette abondance de traits individuels et précis que recherche une autre poésie et que fournit seule l’observation de la réalité. […] Pour la même raison l’amour lui paraîtra le plus intéressant des sentiments, et de beaucoup, et même le seul digne d’intérêts. […] Le premier besoin nous a valu les meilleures, on pourrait presque dire les seules analyses de sentiments que M.  […] En somme, on ne peut dire que ce soient les croyances chrétiennes ou spiritualistes qui créent, et conservent seules la conscience morale : on dirait plus justement que c’est la conscience qui se crée ces appuis extérieurs. […] Donne-moi un soufflet, ça te fera plaisir, et à moi aussi. » Cette scène fameuse est de celles qui inquiètent et dont on peut se demander si elles sont puériles ou sublimes ; mais l’homme capable d’un pareil mouvement a certainement en lui un sentiment moral assez fort pour ne succomber qu’à des tentations exceptionnelles, et telles qu’un saint pourrait seul en triompher.

1039. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Au fond l’invention prime et commande le travail que seule elle rend possible. […] Cela seul vaut qui se vend ou est susceptible de se vendre beaucoup. […] Les seuls biens reconnus seront les biens communs, accessibles à l’intelligence et à la sensibilité de tous. […] Et cet effort matériel aura seul une valeur morale. […] Ou plutôt la seule, la vraie valeur était alors la personnalité belle, forte et harmonieuse, l’homme complet.

1040. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Descartes, à force d’abstraction, n’est pas loin de réduire l’homme à n’être plus qu’une intelligence servie par des organes, une âme qui a rencontré un corps par hasard, qui se trouve accouplée avec lui on ne sait comment et qui, en attendant d’en être délivrée, peut et doit raisonner comme si elle était seule. […] La Fontaine, à peu près seul, dans quelques-unes de ses fables188, croque d’un crayon rapide leur grosse gaîté, leur humeur narquoise, leur appétit d’argent et de ripaille ou burine en traits énergiques une sombre eau-forte où revit leur misère. […] D’autre part, la tendresse des parents pour les enfants ne peut se montrer en public, surtout s’ils sont de condition noble, et il est bien remarquable que, dans l’Andromaque de Racine, le petit Astyanax, autour duquel pivote toute l’action, n’apparaît pas un seul instant. […] Boileau adresse aux poètes ce conseil : Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix. […] Mais encore une fois, le tableau d’une époque peut être présenté de mille façons diverses et je me reprocherais la seule apparence de vouloir enfermer en un plan uniforme la libre inspiration de l’artiste que doit être l’historien digne de ce nom.

1041. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

» 157 voix sur 161 furent pour l’affirmative ; trois membres protestèrent et s’abstinrent ; une seule voix fut pour la négative et pour déclarer qu’il n’y avait pas eu attentat : c’était celle du duc de Broglie. […] Un roi est le maître, en tout temps, et par sa seule volonté, d’abolir le droit public de son pays, d’en substituer un autre, ou de n’en substituer aucun ! […] Je ne me permettrai d’exprimer qu’une seule critique pour la manière dont ces articles sont conçus et composés. […] Ce ne fut pas la seule preuve de vigueur qu’il donna. […] Ses amis particuliers auraient seuls le droit de dire si, sous une réserve un peu froide, sous une écorce un peu uniforme, ils n’ont pas souvent reconnu en lui toutes les délicatesses du cœur.

1042. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Cette pétulance gesticulante qui paraissait d’abord si curieuse à Paris, et qui le distinguait aussitôt, était vulgaire dans la rue de Tolède et aux environs ; Galiani manquait d’écouteurs et de cercle à lui tout seul : « Paris, s’écriait-il souvent avec l’accent du désespoir après l’avoir quitté, Paris est le seul pays où l’on m’écoutait. » Une fois retiré dans sa patrie, cette patrie qu’il aime pourtant, et dont il est une des curiosités vivantes, il se meurt de paroles rentrées et non écoutées. […] Mais bien des gens, ou du moins plus d’un, ont de ces saillies qui partent sur le temps, qui ne durent qu’un éclair, et qui sont suivies d’un long silence, et avec l’abbé Galiani il n’y avait pas de silence : il alimentait presque à lui seul la conversation ; il y répandait les imaginations les plus folles, les plus réjouissantes, et qui portaient souvent leur fin bon sens avec elles. […] Galiani avait écouté patiemment toute cette dissertation intrépide ; enfin, lassé de voir tout ce monde ne prendre qu’un seul côté de la question, il dit : Messieurs les philosophes, vous allez bien vite. […] Pour peu que le jeu dure, mon ami Diderot, qui perdrait ainsi son argent, dira sans hésiter, sans en douter un seul moment : “Les dés sont pipés, je suis dans un coupe-gorge.” […] Il fait des réductions, des suspensions, et cause la banqueroute du savoir, du plaisir et de l’esprit humain. » En philosophie, le vrai système de l’abbé Galiani est celui-ci : il croit que l’homme, quand il n’a point l’esprit alambiqué par la métaphysique et par le trop de réflexion, vit dans l’illusion et est fait pour y vivre : « L’homme, nous dit-il, est fait pour jouir des effets sans pouvoir deviner les causes ; l’homme a cinq organes bâtis exprès pour lui indiquer le plaisir et la douleur ; il n’en a pas un seul pour lui marquer le vrai et le faux d’aucune chose. » Galiani ne croit donc pas à la vérité absolue pour l’homme, à la vérité digne de ce nom : la vérité relative, qui n’est qu’une illusion d’optique, est la seule, selon lui, que l’homme doive chercher.

1043. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Les affaires secrètes auxquelles il avait été initié depuis son entrée dans l’empire musulman, et qui « ne se pouvaient révéler sans crime et sans péril », auraient seules demandé un gros volume. […] » Il est à regretter qu’il ait ainsi négligé la seule manière de rendre profitable à la postérité, à l’histoire, cette carrière si éparse et si brisée, et d’en faire absoudre les inconstances et les fautes mêmes par l’instruction ou l’agrément qui en jaillirait. […] Je ne fus pas le seul, mais peu s’y opposèrent, et en peu de mots. […] Faites donc réflexion à tout cela, mon cher maître, et que ma seule ambition est votre conservation, vous seul pouvant me rendre heureuse. […] Un de ses plaisirs était, lorsqu’il se trouvait seul, de s’habiller complètement à la française, y compris les souliers et les bas blancs : il n’était Turc de costume qu’en cérémonie.

1044. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Qu’on essaye d’isoler lesphénomènes nombreux dont se compose la vie d’un animal un peu élevé dans l’échelle, un seul d’entre eux supprimé, la vie disparaît. » C’est bien là, en effet, la plus grande objection que l’on puisse faire contre l’expérimentation physiologique. […] Il faut tenir compte de ces difficultés et les bien connaître pour ne pas se laisser tromper par de fausses apparences ; mais au fond il n’y a qu’une seule méthode pour les sciences naturelles comme pour les sciences physiques, et les premières ne feront de vrais progrès que lorsqu’elles seront largement et décidément entrées dans cette voie. […] Le logicien n’est pas le seul qui trouvera à s’instruire dans le livre de M.  […] Il ne comprend point un phénomène sortant du néant tout seul, spontanément, uniquement parce qu’il a été précédé d’un autre ; il ne comprend point un phénomène qui ne serait le phénomène de rien, ou qui ne serait produit par rien. […] Aussi la distinction objective des causes n’est jamais que relative à l’état de nos connaissances, et nul ne peut affirmer d’une manière absolue que deux ordres de causes ne se réduiront pas plus tard à un seul.

1045. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Un seul état d’esprit paraissait intolérable ; c’est ce qu’on appelait entre initiés “l’horrible certitude”. […] Il n’est point subjectif, proportionnée à la vision individuelle et étroite d’un seul, mais impersonnel. […] Lorsque le Symbolisme abdiqua lui-même, l’erreur de ces jeunes hommes apparut et, seuls, ceux d’entre eux que désignait leur tempérament, continuèrent à écrire. […] C’est par cet état seul de la littérature actuelle qu’il faut expliquer le succès qui accueille les femmes de plus en plus nombreuses et qui écrivent. […] Toute œuvre d’art est sociale, par cela seul qu’elle est vivante ; toute œuvre tendancieuse, si elle l’est entièrement et clairement, est artificielle.

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