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295. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

Nous montrerons en même temps comment le Tout-Puissant a fait servir les conseils de sa Providence, qui dirigeaient la marche des sociétés, aux décrets ineffables de sa grâce. […] Ces signes servaient à assurer les propriétés, et le plus souvent indiquaient les droits seigneuriaux sur les maisons et sur les tombeaux, sur les troupeaux et sur les terres.

296. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Les Indiens, en effet, se servent du curare comme poison sous la peau et comme médicament dans l’estomac. […] L’homme, qui a le droit de se servir des animaux pour ses usages domestiques et pour son alimentation, a également le droit de s’en servir pour s’instruire dans une science utile à l’humanité. […] Pendant que cet organe sert ainsi à la construction et au développement du corps tout entier, il s’accroît et se développe lui-même. […] On peut ainsi dire que jamais la même matière ne sert deux fois à la vie. Lorsqu’un acte est accompli, la parcelle de matière vivante qui a servi à le produire n’est plus.

297. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Voici le sucre qui a été extrait des urines de diabète et qui nous a servi à titrer notre réactif. […] La substance sucrée reste dans l’organisme, il faut dès lors qu’elle serve à quelque chose. […] Le thermomètre qui nous a servi était un thermomètre métastatique de M.  […] Ainsi, la chair de bœuf et de mouton qui avait servi à nourrir les chiens dans les expériences de M.  […] L’expérience que nous ferons devant vous servira à l’établir, et nous en apprendrons ensemble le résultat.

298. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Plaute et Apulée se sont servis de ces mots ou surannés, ou provinciaux, que nos langues ont adoptés. […] Il est là dans sa langue naturelle ; il s’en sert pour écrire à des femmes, à Béatrix, à Mathilde. […] En me le rendant, il ne se fera point tort ; car je suis prêt à l’honorer et à le servir. […] Ce soin des étrangers pour l’apprendre, dut servir à le perfectionner. […] Thibaut n’observe pas souvent cette règle, mais il la devine et s’en sert à propos.

299. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Nisard, reprenant l’éloge de Voltaire que le récipiendaire avait fait avec chaleur pour ses services rendus à l’esprit de tolérance et d’examen, l’a accepté sous bénéfice d’inventaire en quelque sorte, et en le réduisant par les seuls côtés où ce grand esprit a trop blessé en effet ce même genre humain qu’il prétendait servir. […] Je n’ai voulu ici, pour me servir de l’expression même de M. 

300. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

On peut ajouter que sa Poétique n’est nullement propre à servir de guide aux jeunes Auteurs qui voudront se former le goût. […] Marmontel a cependant lui-même de quoi servir de modèle, en un genre ; &, après tous les grands essais auxquels il s’est attaché, on aura peine à croire que ce genre se réduise à des Contes.

301. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Ces déformations, qui sont très régulières, si elles ne peuvent plus servir d’exemples pour l’incorporation actuelle des mots étrangers, enseigneront cependant le mépris de ce qu’on appelle les lettres étymologiques. […] Paul Passy se sert de 42 signes dans sa Méthode phonétique élémentaire ; c’est suffisant, mais non scientifique52.

302. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Le temps que Mazarin avait perdu à mal régner, Colbert l’employait à bien servir le roi. […] L’esprit de faction, de fureur et de rébellion, si vivace depuis François II, devint, dit Voltaire, une émulation de servir le prince. […] Pourquoi tient-on à croire que Louis XIV a fait asseoir Molière à sa table, et l’a servi lui-même ? […] On lui parlait la langue de son âge ; on se servait de son imagination pour mûrir sa raison. […] Il se servit de son caractère et de ses grandes lumières pour diriger les travaux de rassemblée de 1682 ; il se servit de sa main pour tracer les prérogatives de l’Eglise gallicane.

303. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

La véritable personne de goût, c’est cet homme poli ou mieux encore cette femme aimable, qui se sert de son intelligence sans savoir comment, de même qu’elle respire sans y penser. […] À quoi voulez-vous qu’elles me servent ? À quoi voulez-vous qu’elles servent aux poètes, qui, pour la plupart, écrivent par inspiration, ou qui, s’ils sont assez grands pour composer avec réflexion, sont assez grands aussi pour puiser leurs réflexions en eux-mêmes ?

304. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Ce mépris, qui, lorsqu’il n’a pas la paresse pour cause, sert beaucoup à l’élévation des âmes, inspirait à Jésus des apologues charmants : « N’enfouissez pas en terre, disait-il, des trésors que les vers et la rouille dévorent, que les larrons découvrent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où il n’y a ni vers, ni rouille, ni larrons. […] On ne peut servir deux maîtres ; ou bien on hait l’un et on aime l’autre, ou bien on s’attache à l’un et on délaisse l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon 485.

305. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Je vous servirai de second, et après avoir en toute humilité recueilli la tête de Votre Grâce, j’irai la déposer en offrande sur la tombe du seigneur Takumi. » Kotsuké ne se rendant pas à l’invitation qui lui était faite, Kuranosuké lui coupait la tête avec le petit sabre qui avait servi à son maître à s’ouvrir le ventre. […] Et je me mis à fouiller mes albums, et je trouvai le recueil qui porte pour titre : Sei tû Guishi deu (Les Chevaliers du devoir et du dévouement), ou le peintre Kouniyoshi nous représente les ronins dans l’action de l’attaque du yashki de Kotsuké : l’un portant une bouteille d’alcool « pour panser les blessures et faire de grandes flammes afin d’épouvanter l’ennemi », l’autre « tenant deux chandelles et deux épingles de bambou pour servir de chandeliers », celui-ci éteignant avec de l’eau les lampes et les braseros, celui-là ayant aux lèvres le sifflet « dont les trois coups prolongés » doivent annoncer la découverte de Kotsuké ; et presque tous dans des poses de violence et d’élancement, brandissant à deux mains des sabres et des lances, et tous enveloppés d’un morceau d’étoffe de soie bleue, avec leurs lettres distinctives sur leurs uniformes, leurs armes, leurs objets d’équipement, et tous ayant sur eux un yatate, écritoire de poche, et dans leur manche un papier expliquant la raison de l’attaque57.

306. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

L’histoire du journalisme en France, c’est-à-dire l’histoire de toutes les idées, de toutes les passions, de tous les partis qui se sont servis du journalisme comme d’une arme bonne à toute main, est, en effet, à cette heure, cruellement difficile, et qui l’entreprend doit avoir plus de froideur de tête et plus de mépris des préjugés contemporains que pour écrire toute autre histoire. […] Hatin la pomme de Newton qu’il a la bonté de nous servir dans sa préface ; mais cet article, qui pourrait nous faire croire que l’admiration est aussi aveugle que l’amour, car Μ.  […] Hatin, aucun principe souverain ne s’élève et n’éclaire la route dans laquelle il va tout à l’heure s’avancer, et l’auteur n’a, pour nous faire voir clair dans cette histoire à travers laquelle il veut nous conduire, que de vieilles phrases éteintes depuis longtemps à force d’avoir servi.

307. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Mais comment servir la France dans la Lorraine ? […] Puisse la leçon de cette belle vie d’un grand intellectuel, qui a su être un bon citoyen, servir de modèle aux jeunes gens de la génération qui vient et qui ont à servir la France dans la victoire, comme ce magnanime aîné l’a servie si longtemps dans la défaite. […] Il se servait de sa plume comme d’une arme, attiré, avant tout, par l’action. […] Avoir ajouté de belles pages, au trésor littéraire du pays, c’est l’avoir servi et bien servi. […] La valeur des idées que sert ce talent en est une autre.

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