Il y a sans doute de la sublimité dans une tête de Jupiter ; il a fallu du génie pour trouver le caractère d’une Euménide, telle que les Anciens nous l’ont laissée ; mais qu’est-ce que ces figures isolées en comparaison de ces scènes où il s’agit de montrer l’aliénation d’esprit ou la fermeté religieuse, l’atrocité de l’intolérance, un autel fumant d’encens devant une idole ; un prêtre aiguisant froidement ses couteaux, un préteur faisant déchirer de sang-froid son semblable à coups de fouet, un fou s’offrant avec joie à tous les tourments qu’on lui montre et défiant ses bourreaux ; un peuple effrayé, des enfants qui détournent la vue et se renversent sur le sein de leurs mères, des licteurs écartant la foule, en un mot, tous les accidents de ces sortes de spectacles ? […] Mais alors ce n’est plus la scène réelle et vraie qu’on voit ; ce n’en est, pour ainsi dire, que la traduction. […] Le poète dispose son sujet relativement aux scènes dont il se sent le talent, dont il se croit tirer avec avantage. […] Quelle différence encore entre ces amis qui tendent les mains au ressuscité de Deshays et cet homme prosterné qui éclaire avec un flambeau la scène de Jouvenet ! […] Au milieu d’une scène atroce, deux animaux se caressent, comme s’ils se félicitaient d’être d’une autre espèce que la nôtre.
Le dénouement nous est donc révélé dès la première scène. […] La scène est d’une tendresse délicieuse. […] Oui, sans doute, la scène est atroce. […] Il a pris à Térence la scène de Scapin et d’Argante. […] Il a pris à Tabarin la scène du sac.
Mon seulement on y trouve des scènes qui seront plus tard développées dans George Dandin, mais des scènes qui passeront avec quelques modifications dans le Mariage forcé (scènes de Sganarelle et Pancrace et de Sganarelle et Marphurius). […] La scène de Sganarelle et Alcantor est filée avec une rare perfection. […] La première partie de cette phrase vise sans doute une scène, très courte, ou deux scènes, très courtes, de Don Juan. […] Voltaire rapporte la scène du pauvre : « A la première représentation du Festin de Pierre, il y avait une scène entre Don Juan et un pauvre. […] Molière a usé plusieurs fois de ce procédé : il a mis en scène directement des médecins ridicules et il a mis en scène un paysan madré et spirituel qui fait le médecin ; il a mis en scène directement les précieux (ou les précieuses) et il a mis en scène les valets raillards qui font les précieux.
Le terrible, le sombre pathétique regne tellement dans ses tragédies, que dès qu’il parut sur la scène, il fut décidé qu’il avoit un genre à lui. […] Il y a du pathétique dans certaines scènes, mais point de poésie, point de coloris dans le style, point d’imagination dans l’expression. […] Bientôt sur la tragique scène, L’art tragique s’éclipsera. […] La destinée de Quinault, le premier Poëte qui travailla avec succès pour la scène lyrique, fut bien différente. […] M. de Voltaire a aussi composé des opéra ; mais les lauriers qu’il a recueillis sur la scène lyrique, n’ont point la fraicheur de ceux dont il a été couronné plusieurs fois sur la scène tragique.
La naissance, le progrès, les divers temps de ce mal de jalousie chez Roger, ses soupçons tantôt irrités, tantôt assoupis, et que le moindre mot réveille, son horreur du partage, l’exaspération où il s’emporte à cette seule idée, tous ces degrés d’inquiétude et de torture jusqu’à la fatale et horrible scène où il a voulu n’en croire que ses yeux et être le témoin de sa honte, sont décrits avec un grand talent, avec un talent qui ne se refuse aucune rudesse métallique d’expression, qui ne craint pas d’étreindre, de violenter les pensées et les choses, mais qui (n’en déplaise à ceux qui n’admettent qu’une manière d’écrire, une fois trouvée) a certainement sa forme à lui et son style. […] Les scènes proprement dites y sont peu dessinées, même les scènes de société, car il n’est pas question de paysage ni du sentiment de la nature. Dans les premières scènes d’aveu, d’épanchement entre Ellénore et Adolphe, celui-ci, voulant exprimer la douceur de leurs entretiens, nous dit : « Je lui faisais répéter les plus petits détails, et cette histoire de quelques semaines (les semaines d’absence qui avaient précédé) nous semblait être celle d’une vie entière. […] Voilà une des jolies scènes d’Adolphe et des plus vives, voilà un souper d’autrefois. […] Ainsi j’étais pour lui un assez futile instrument dont il caressait les cordes, en se jouant, du bout des doigts… Telle est (et encore adoucie par ce que j’en ai supprimé) une des scènes de Fanny, un des tableaux d’intérieur, comme l’auteur les entend et les exécute, fermes, solides, peints en pleine pâte, diraient les gens du métier, et éclairés en toute lumière.
Le troisième et le quatrième acte ont paru parfois languir à la scène. […] Ponsard, à travers la scène, pour voir si ce n’était pas lui qu’on demandait, mais le parterre criait toujours tout en applaudissant. […] Un incident burlesque a prêté dès le début aux railleurs qui, au milieu des nombreux amis, ne manquaient pas : un chat gris en personne a paru on ne sait d’où sur la scène.
Mais sans parler de Térence, où nous trouverions des scènes aussi touchantes & aussi pathétiques que dans les Pieces de M. de la Chaussée, on ne peut pas nier que les Poëtes qui ont précédé Corneille & Moliere n’aient composé une infinité de Drames de cette espece, qui ont toujours trouvé des contradicteurs parmi les gens de goût. […] Qu’on ne dise pas que c’est un nouveau présent qu’on a fait à notre Scène. […] Ce seroit avilir le Cothurne, ce seroit manquer à la fois l’objet de la Tragédie & de la Comédie ; ce seroit une espece bâtarde, un monstre né de l’impuissance de faire une Comédie & une Tragédie véritable. » Quoique M. de Voltaire ne fasse pas loi dans le genre comique, par le peu de succès de toutes ses Comédies, il grossit donc la foule de tous nos bons Littérateurs qui se sont élevés contre ces esprits médiocres, qui s’efforcent de rembrunir la Scène, ne pouvant l’égayer.
Scène unique ABDUL-THÉO, BERNAR-MED-LOPEZ, VILLEMOT-PACHA, MÉRY-ACHMET, CHAMPFLEURY-PACHA […] En une scène folle, J’aime, au Palais-Royal, Que Ravel batifole Près d’Aline Duval, Et qu’ardent et farouche, Trouvant cela très louche, Hyacinthe se mouche Pour troubler son rival ! […] j’ai besoin de tes consolations, Bernar-med… Dès ce soir nous coulerons la troisième scène.
De tant de scènes auxquelles la vie nous a fait assister et qui pourtant nous avaient émus, que gardons-nous dans notre mémoire ? […] Voilà que ces fictions, dont la simple représentation mentale nous enchantait, sont transportées sur la scène. […] Il est rare que la mise en scène puisse réaliser pleinement la conception du poète. […] Il n’est personne qui n’ait éprouvé cette impression, ayant lu une pièce de théâtre et la voyant à la scène, d’être en un sens déçu. […] Que reste-t-il, dans la mise en scène la plus ingénieuse, de la féerie des drames wagnériens ?
Si dans quelques pièces précédentes qui roulaient à peu près sur les mêmes personnages, et dont les situations étaient empruntées à un monde au moins très voisin de celui-là, la nature même des scènes et des tableaux nuisait à la leçon qui en pouvait résulter ; si l’exemple avait sa contagion à première vue, et son rapide attrait avant que le dégoût eût opéré, il n’en est pas ainsi de la nouvelle pièce, où l’auteur a su très bien observer et saisir, pour le lui mieux enlever, le faux vernis d’honnêteté dont se couvre précisément ce monde limitrophe, qui voudrait bien par moments s’incorporer à l’autre et s’en faire reconnaître. […] À propos du second acte et de cette scène parfaite entre Raymond et Olivier chez Mme de Vernières, il a été remarqué, et par les juges les moins soupçonnés d’être complaisants, qu’il y avait là une leçon en même temps qu’une définition, une leçon donnée sur place, au cœur du camp ennemi, de la façon la plus insultante, la plus neuve et qui se retient le mieux. […] Et le mérite de cette scène n’est pas seulement dans un ou deux jolis traits que l’on en peut détacher, il consiste aussi dans un jet qui recommence et redouble à plusieurs reprises, toujours avec un nouveau bonheur et une fertilité d’images, une verve d’expressions comme il s’en rencontre chez les bons comiques. C’est une de ces scènes, enfin qui méritent de rester dans la mémoire et qui justifient cette définition de la bonne comédie, qu’elle est l’œuvre du démon, c’est-à-dire du génie de la raillerie et du rire.
Le grand Corneille sembloit avoir fixé sur lui tous les suffrages, & épuisé l’admiration par la force, la hauteur & la fécondité de son génie, qui, comme un souffle impétueux, avoit tout fait plier devant lui ; Racine ne craignit pas de paroître sur la Scène, &, prenant une autre route, il se montra bientôt digne de le remplacer : la tendresse, l’harmonie, une connoissance profonde du cœur humain, furent les nouveaux ressorts de sa Muse tragique, & le conduisirent rapidement aux mêmes succès. […] Il a banni de la Scène cette noble simplicité qu’on est forcé d’admirer dans Sophocle & Euripide. […] On dira peut-être que l’amour sur la Scène tragique, conduisant aux malheurs, aux crimes, & aux remords, cesse d’être dangereux, & devient un principe fécond pour développer avec succès les différentes impressions dont l’ame humaine est susceptible. […] Corneille n’a rien non plus de comparable à la Scène où Phédre déclare son amour à Hippolyte.
Quel morceau d’éloquence que celui de la fameuse scène d’Agrippine & de Néron ! […] La première scène de Bajazet, chef-d’œuvre en fait d’exposition, étoit, selon lui, totalement manquée. […] On gâta des scènes entières. […] C’est ce même esprit qui fut cause du peu de succès d’Athalie, un des chefs-d’œuvre de la scène Françoise.
Scène première Omer-Dinochau, Monselet-Pacha […] Scène II MONSELET-PACHA […] Scène III MONSELET-PACHA, OMER-DINOCHAU, VILLEMOT-PACHA, PUIS MÉRY-ACHMET, CHAMPFLEURY-PACHA, etc.