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1039. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il sait les faibles et les défauts de son bienfaiteur, mais il insiste sur ses belles qualités, et il plaide pour sa mémoire. […] — Mais nous mettrons un peu d’ordre dans notre étude, et avant d’arriver à l’archevêque, qui est notre sujet principal, nous dirons de son biographe ce qu’il importe de savoir. […] On saura désormais, grâce à son utile travail, tout ce qu’on peut savoir au juste sur les deux légendes qu’on est sujet à confondre, sur le Père Le Jeune de l’Oratoire, le Père Senault, et autres précurseurs plus ou moins oubliés. […] Cette vénérable Compagnie lui en sut tant de gré qu’elle lui demanda copie de ce discours aussi éloquent que prudent, pour le faire transcrire et le garder dans ses Archives. […] C’était, on le savait, le choix agréable au roi.

1040. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

É. de Barthélémy est atteint, on n’en saurait douter, de cette maladie courante. […] Je sais qu’il y a, chemin faisant, dans vos notice et préface, d’assez bons jugements de détail. […] Il est bon de savoir aussi que, quelque brave qu’il pût être de sa personne, il n’avait pas le génie de la guerre. […] On sait comment La Rochefoucauld adopta cette forme et ce genre de sentences morales. […] Chacun sait ce beau mot du lieutenant général d’artillerie, Saint-Hilaire, au moment où le coup de canon qui tuait M. de Turenne lui emportait le bras.

1041. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Qui sait ? […] On saurait à quoi s’en tenir sans écouter les calomnies et les noirceurs délatrices qui de tout temps se sont attachées aux agapes secrètes, mais qui alors appelaient à leur aide le geôlier et le bourreau. […] Il se mêlait à l’ivresse des coupes je ne sais quel parfum et quelle soif de poésie. […] L’avenir de bonheur du comte Herman et de son Isabelle est désormais assuré, s’il sait être sage et s’il tient compte mieux que par le passé des conseils de Noirmont. […] Tout immensément riche, qu’il est, qu’il se crée des devoirs, des obligations, des gênes ; qu’il devienne député, diplomate, ambassadeur, administrateur d’une grande ligne de chemins de fer, que sais-je ?

1042. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Pour les réfléchir et les montrer fidèlement, l’histoire ne saurait trop ressembler à un grand fleuve. […] Savez-vous quand ? […] Nous faisons travailler le docteur, Dieu sait ! […] Mais, dès que je t’ai su au Calvados, j’ai repris ma tranquillité. […] Qui sait ?

1043. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

On sait les suites. […] Mais il faut plus que jamais penser que toutes les classes d’hommes, quand ils sont honnêtes, sont nos sujets également, et savoir distinguer ceux qui le sont, partout et dans tous les états. […] Il règne et circule dans son récit comme un rayon venu on ne sait d’où. […] Quand Mirabeau sut que la reine avait eu de lui cette pensée, il changea de visage. […] Mes chagrins s’augmentent, mon cher frère, de l’état de votre santé ; je ne saurais vous dire combien j’ai été touchée de la bonne longue lettre que vous m’avez écrite de votre lit de souffrance.

1044. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Le père de Jasmin, qui ne savait pas lire, faisait d’instinct la plupart des couplets burlesques chantés aux charivaris si fréquents dans le pays. […] » — « Mon fils, dit le vieillard, je vais à l’hôpital ; c’est là que les Jasmins meurent. » Cinq jours après, il n’était plus ; et, depuis ce lundi-là, l’enfant, pour la première fois, sut qu’ils étaient pauvres. […] Il dit tout cela, mais il sait aussi, avec sérieux, qu’il est du peuple et pauvre, qu’il l’a été tout à fait d’abord, et que d’autres le sont, pour qui il chante. […] pauvret, répondit-elle, tu y vas pour rien. » L’enfant s’applique ; six mois après, il sait lire ; six mois après, il sert la messe ; six mois après, enfant de chœur, il entonne le Tantum ergo. […] Qu’elle ne soit pour lui, du moins, qu’un encouragement bien intelligible à persévérer dans la voie où il l’a su conquérir !

1045. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Je demandais à une d’elles : « Moi, je ne sais rien ; mais vous qui savez, voyons, l’Aventure de Saint-Alais, par exemple, est-ce que c’est cela, le monde   Mais pas du tout, me fut-il répondu. […] Le monde n’a su défendre ni ses frontières ni ses traditions. […] Rabusson voit sans illusion la populace mondaine, on ne saurait dire non plus qu’il nous ait surfait ses héros. […] Il sait très bien quels sentiments il devrait avoir ; il les simule et il croit les éprouver. […] On ne saurait douter qu’il n’ait mis dans le Roman d’un fataliste sa propre philosophie.

1046. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Il sait quel lien l’attache à la marquise, et il essaye de l’embrouiller pour le bon motif. […] Il saura lira aussi bien qu’un autre. […] Celui qu’il attaque n’a jamais ménagé l’invective à ses adversaires ; il ne saurait se plaindre de la subir à son tour. […] On ne saurait mieux rendre l’élan d’une âme honnête mordue par un soupçon outrageant. […] La baronne, qui sait ses auteurs, répète très finement ce duo spirituel.

1047. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Et c’est ainsi que, dans ces charmants volumes de La Mare au diable, je trouve en tête la page que j’ai citée, et, tout à la fin, je ne sais quelle brochure socialiste qui vient s’ajouter là, on ne sait pourquoi. […] On n’a pas affaire ici à un peintre amateur qui a traversé les champs pour y prendre des points de vue : le peintre y a vécu, y a habité des années ; il en connaît toute chose et en sait l’âme ; il sait le vol des grues dans le nuage, le babil de la grive sur le buisson, et l’attitude de la jument au bord de la haie, « pensive, inquiète, le nez au vent, la bouche pleine d’herbes qu’elle ne songeait plus à manger ». […] Mais, moralement, non moins que poétiquement, il y avait des qualités et des vertus que l’âge nouveau, avec ses inventions et ses recettes industrielles ou philosophiques, n’a pas su remplacer encore. […] Dans La Petite Fadette elle essaie de ressaisir ce je ne sais quoi et de le raviver. […] qu’un poète sait donc de choses, surtout quand il lui a été donné d’être tour à tour homme et femme, comme à feu le devin Tirésias !

1048. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Causant avec un des officiers de son hôtel, qu’il savait l’ami intime du saint, il le prit un jour à partie et, le serrant de près, lui demanda : « Lequel aimez-vous davantage, ou lui ou moi ?  […] Celui-ci ne savait trop d’abord ce qu’on voulait lui dire, et trouvait merveilleux d’avoir fait ainsi un livre sans en avoir eu la moindre pensée. […] Un jour, une dame mariée lui adresse une question de ce genre, à savoir comment on pouvait accorder l’autorité du pape et celle des rois. […] De telles pages n’entrent point dans la littérature et ne sauraient être soumises même à l’admiration. […] Voici une retraite toute propre à bien servir Dieu et son Église avec notre plume : savez-vous, notre père prieur ?

1049. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Mercredi 14 janvier Aujourd’hui, je reste toute la journée triste de la visite d’un cousin dans le malheur, qui a le teint des gens qui ne mangent qu’incomplètement, et qui est par là-dessus entouré de je ne sais quoi de piteux des gens, sans chance — et cela avec une espèce de satisfaction de son sort, qui m’agace. […] Puis, pendant que nous sommes encore seuls, il se met à parler de la vie qu’il va mener dans six semaines, de son habitation, de la soupe à la poule, l’unique plat que sait faire son cuisinier, et des conférences qu’il a sur un petit balcon, presque au ras de terre, avec les paysans, ses voisins. […] Ma foi, il n’hésitait pas, et le voici en France, dont il ne sait rien, où il ne connaît personne. […] pendant quelque temps, un trouble de mon individu, dans lequel je ne savais pas ce que je faisais, et dans quelle ville je roulais en voiture. […] * * * — X à Y… — Mon livre est paru, vous le savez ?

1050. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Il ne l’est pas, il est vrai, au point où il pourrait et devrait l’être, mais enfin il l’est, et, qui sait ? […] C’est là ce que je ne sais ni ne vois assez. […] C’est un Rivarol soleillant qui sait s’éteindre à temps dans un Henri Heine clair de lune, et qui a appris le latin des lutins dans Shakespeare. […] Il ne sait pas entasser la vie et l’action, comme la lumière du diamant, dans le petit espace d’une facette. […] Il allait au marivaudage, à la préciosité, que sais-je, moi ?

1051. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais je ne sache pas que la condamnation judiciaire qui l’a frappé ait supprimé le livre ; je ne sache pas qu’elle puisse l’ôter des mains qui l’ont acheté et de la mémoire de ceux qui l’ont lu ; je ne sache pas, enfin, que cette condamnation doive empêcher la Critique littéraire de rendre son jugement aussi, non sur la chose jugée, qu’il faut toujours respecter pour les raisons sociales les plus hautes, mais sur les mérites intellectuels d’un poète au début de la vie4 et aux premiers accents d’un talent qui chantera très ferme plus tard, si j’en crois la puissance de cette jeune poitrine. […] Jésus-Christ », les gueux ne pouvaient pas ne point tenter l’imagination de ceux-là qui savent où se trouve la Poésie dans les choses humaines. […] Il sait s’incarner dans les gueux qu’il peint. […] Richepin sait le secret des sensualités et des intempérances du pauvre. Je ne lui reproche pas de le savoir, et même de le dire ; mais ce que je lui reproche, c’est d’avoir trié tous ses gueux sur le volet du diable.

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