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852. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Nous pouvons comprendre maintenant, par ce qui précède, à quelles conditions les sciences particulières encore adhérentes à la philosophie pourront s’en rendre indépendantes. […] C’est la rendre incomplète sans doute, mais le progrès est à ce prix. […] Entre autres avantages, je n’en veux signaler que deux : elle introduit dans la psychologie l’idée de progrès, elle rend possible une psychologie comparée. […] La même méthode rendait impossible toute tentative de psychologie comparée : car s’il n’y a point d’autres procédés à suivre que la réflexion, on ne peut étudier les phénomènes psychiques des diverses races animales. […] Une bonne collection de monographies et de mémoires sur des points spéciaux serait peut-être le meilleur service que l’on puisse maintenant rendre aux études psychologiques.

853. (1927) Approximations. Deuxième série

Le second article est un compte rendu de l’hommage de la critique anglaise à Proust. […] Tout leur effort s’est concentré, — s’est crispé parfois, — sur le problème de « bien rendre » ce qu’ils avaient « bien senti ». […] Mais rendre ça ! […] Scrupuleusement sincère, Blaise estime qu’il ne doit rien recevoir qu’il ne puisse rendre dans la même mesure ; il s’éloigne. […] Est-il en droit au retour de se rendre ce témoignage ?

854. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

Chrysopolis, capitale de l’empire du Couchant, est, depuis de longs jours, assiégée par les Barbares ; le peuple demande qu’on se rende, et peut-être l’empereur Héklésias, affaibli par l’âge et les travaux, aurait-il cédé, si sa fille Hérakléa n’était là, sans cesse, pour le rappeler à l’effort et à la résistance. […] Priscus, prince du Sénat, l’invite à se rendre ; Xéniclès, préfet des légions, lui annonce que l’armée refuse de sortir ; Chrysès, le grand-prêtre, vient proclamer que les Dieux ordonnent d’ouvrir aux Barbares : Hérakléa renie les Dieux, qui conseillent la lâcheté, et l’empereur, après un moment de défaillance, repousse ceux qui veulent la reddition.

855. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

Cet Ouvrage, le plus riche, le plus complet, le plus décisif qu’on ait en matiere de Religion, réunit à la multitude des preuves historiques, un ordre & une force de style qui en rendent la lecture intéressante. […] Huet les présente tous sans déguisement ; il y joint les autorités propres à les appuyer ; il en rend la conséquence facile & victorieuse à tout esprit juste & dégagé du préjugé des passions.

856. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Après avoir tâché de se rendre utile au Public par des Ouvrages, tels qu’une Traduction de la Siphylis de Fracastor ; l’Histoire des Révolutions de l’Empire de Russie ; l’Histoire de Christine, Reine de Suede ; l’Abrégé chronologique de l’Histoire Ancienne, celui de l’Histoire du Nord ; le Dictionnaire portatif des Beaux-Arts, & la Poétique de M. de Voltaire ; de l’amour des Lettres, il est passé à celui de la Librairie. […] Lacombe auroit pu rendre des services plus réels aux Lettres, en usant avec plus de fermeté de la surintendance qu’il s’étoit établie sur un grand nombre de nos Journalistes ; car il a su soumettre au joug de sa presse, non seulement tous les petits Journaux, mais encore le Mercure.

857. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Si quelque chose pouvoit justifier M. l’Abbé Prévot, de s’être abaissé à des Ouvrages, qui, pour le plus grand nombre, captivent l’imagination pour l’égarer, parlent à l’esprit sans le rendre plus éclairé, agirent le cœur sans le corriger & le former ; ce seroient l’art singulier, l’imagination vive & féconde, le sentiment tendre & profond, la touche mâle & vigoureuse, qui dominent avec tant de richesse dans tout ce qu’il a écrit. Il ne falloit rien moins que le talent de captiver, d’émouvoir, d’attendrir, porté au plus haut degré, pour rendre la lecture de ses Romans aussi attachante qu’elle l’est pour le commun des Lecteurs, & sur-tout pour les jeunes gens.

858. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d’exemples qu’on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l’homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience. […] Elles ont dans leur existence un certain abandon qu’elles font passer dans la nôtre ; elles rendent notre caractère d’homme moins décidé ; et nos passions, amollies par le mélange des leurs, prennent à la fois quelque chose d’incertain et de tendre.

859. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Allegrain » p. 322

Il ne l’a point imaginé, il l’a vu : mais comment l’a-t-il rendu si juste ? […] Que de choses que l’on sent et qu’on ne peut rendre !

860. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Jacques Colonna osa se rendre à Rome et y afficher la bulle d’excommunication, sous les yeux des Allemands et du faux pontife. […] Cette terreur rendit la paix à la campagne romaine et à la ville. […] Il se rendit à Parme, son Vaucluse italien, pleurant à la fois sur la perte de ses amis les Colonne et sur la perte de Rome. […] Son âme, prête à quitter sa belle demeure, rassemblant en elle-même toutes ses vertus, semblait avoir rendu l’air plus serein. […] elle s’est obscurcie, notre aurore, et m’a rendu à moi-même plus insupportable le poids de mon existence !

861. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais cette antique figure de Tristan, le dieu ou le porcher, était si imposante de simplicité et de vérité, que les futiles adjonctions qu’elle subit ne parvinrent jamais à la rendre entièrement méconnaissable. […] Mais sa fonction dans l’économie de l’œuvre est celle-ci : d’augmenter la sonorité musicale de la phrase, de la rendre plus mélodieuse, à mesure que son accentuation diminue. […] Et c’est surtout l’accumulation des incidentes qui rend la signification logique de la phrase de plus en pins vague90. […] Dans le chant, des dessins sur un mot le rendent purement un instrument pour la voix (exemples : page 151). […] D’après Challemel-Lacour, mais rendu littéral.

862. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Cet art nouveau qui rend la vie en ce qu’elle est par essence une transition, un écoulement, une lente combustion aux mille figures de braises peu à peu cendrées, se manifeste avec une perfection encore inférieure dans le grand œuvre de Tolstoï, La Guerre et la Paix ; rien n’y est plus merveilleusement identique au réel que la croissante, la graduelle transformation des âmes, toujours pareilles à elles-mêmes, toujours nouvelles dans un devenir déployé pli à pli. […] L’œuvre de Tolstoï présente des individus reproduits avec leur caractère essentiel d’êtres uniques, qui n’ont ni ne sont des modèles et des pareils ; saisis ainsi par de merveilleux dons d’observation directe dans ce qu’ils ont de différent et de particulier, ils sont rendus de même et excellemment dans les caractères généraux par lesquels ils participent à la vie, le nombre infini des manifestations, les variations de ces manifestations selon le temps et l’occasion. […] Ceux qui l’ont suivi, que cette création d’art a saisis par son aspect aussi original que le vrai, par sa cohérence intérieure, par l’abondance, la variabilité et la constance des êtres, par sa complexité, et ce caractère de présentation immédiate et illogique qui la rend égale et aussi incontestable que ce qui existe, séduits ainsi au point de transposer en ces livres quelques instants de leur vie, hésitent déconcertés devant ce dédain et ce souci d’autres choses. […] Que l’on écarte toute idée de mièvrerie, de sensiblerie vertueuse, d’embellissement factice de la vérité ; il n’y a là aucune de ces effusions doucereuses, de ces feints attendrissements qui rendent odieux dans la littérature française les tableaux de la vie en famille ; mais la simple vérité virile et saine, comprenant les froissements, les conflits, les ridicules, le prosaïque de l’existence à plusieurs ; mais donnant aussi sa sûreté, sa dignité, sa douceur, sa gaîté, son aspect archaïque et patriarcal. […] Enfin Tolstoï sait rendre avec un puissant réalisme le patriotisme instinctif des masses et des chefs.

863. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Abel, mort en 1873, vécut jusqu’en 1815 presque toujours auprès de son père : il ne pouvait donc rendre sa mère responsable de l’ultra-royalisme qui se révéla subitement dans ses écrits après la chute de l’Empire. […] Ses vers que les amplifications oiseuses et des comparaisons étourdissantes rendent d’ordinaire si froids, s’animent et vibrent de passion. […] Leur pudibonderie les empêche de reconnaître les services que ce pamphlet enragé rendit et rend encore aux conservateurs de toute provenance. […] Comment la bourgeoisie bourgeoisante ne s’extasierait-elle pas devant cet homme, qui avait su rendre l’exil si doux et si profitable ? […] Ils n’avaient qu’à rester les maîtres du pouvoir, pour que Hugo conservât jusqu’à sa quatre-vingt-troisième année, la foi au Dieu des prêtres : mais il dût se rendre à l’évidence et suspendre son culte pour ce Dieu qui cessait de révéler sa présence réelle par la distribution de pensions.

864. (1903) La renaissance classique pp. -

Pourtant une justice à leur rendre, c’est qu’ils ont accompli cette besogne avec une observation plus sagace, une exactitude plus scrupuleuse que leurs devanciers, les romantiques. […] Remercions-les pourtant de nous avoir rendus plus circonspects par leurs imprudences mêmes, et disons-nous que si leur littérature doit sombrer presque toute entière, l’énorme effort qu’elle représente n’aura pas été inutile. […] Si nous ne considérions que les services qu’elle a rendus et qu’elle continue à rendre, nous devrions déjà estimer la Poésie à un prix infini. […] Amoindrir ou supprimer en nous la faculté poétique, c’est rendre incomplète ou impossible la seule communication que nous puissions avoir avec la réalité. […] Rendre la santé au pays comme à l’esprit public, voilà la tâche présente !

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