Seulement, les caprices du goût, dans ces derniers temps, ont assez altéré cette image pour qu’il soit nécessaire de la rétablir, afin de nous y reconnaître de nouveau. […] Il est bon de le reconnaître, pour ne pas nous estimer au-delà de notre prix ; mais il ne faut pas le regretter, ni surtout vouloir nous compléter par l’éducation. […] Je sais que ce désordre, chez les écrivains habiles, n’est qu’une interversion calculée et savante de l’ordre naturel ; mais encore, pour s’y reconnaître, faut-il que l’esprit passe par deux états. […] Parce que la France se reconnaît dans les premiers, et qu’elle ne se reconnaît pas dans les seconds. […] Dans les unes, elle ne s’est pas reconnue ; dans les autres, elle s’est reconnue, soit à certains traits soit tout entière.
Pour les uns, reconnaître une perception présente consisterait à l’insérer par la pensée dans un entourage ancien. […] Alléguerons-nous qu’on reconnaît souvent un objet sans réussir à l’identifier avec une ancienne image ? […] Il ne reconnaissait plus sa femme et ses enfants il pouvait dire cependant, en les apercevant, que c’était une femme, que c’étaient des enfants. […] Reconnaître un objet usuel consiste surtout à savoir s’en servir. […] Réunis, ces deux courants forment, au point où ils se rejoignent, la perception distincte et reconnue.
Mais la Commission, en rendant toute justice et à ces talents et à ces efforts, a dû se demander si l’objet principal du programme, aux termes duquel elle était convoquée, si le but moral entrait le moins du monde dans l’inspiration de ces pièces, ou s’il ressortait de l’effet qu’elles produisent ; et il lui a été impossible de l’y reconnaître, et par conséquent de le couronner. […] En un mot, il est un point élevé où l’art, la nature et la morale ne font qu’un et se confondent, et c’est à cette hauteur que tous les grands maîtres dramatiques que l’humanité aime à reconnaître pour siens se sont rencontrés. À des degrés inférieurs, il est encore d’honorables places à saisir ; et, quoique le talent se laisse peu conseiller à l’avance, quoiqu’il appartienne à lui seul, dans ce fonds tant de fois remué, mais non pas épuisé, de l’observation naturelle et sociale, de découvrir de nouvelles formes et des aspects imprévus, qu’on nous permette d’exprimer ce seul vœu : c’est qu’il revienne enfin et qu’il s’attache désormais à étudier une nature humaine véritable, une nature saine et non corrompue, non raffinée ou viciée à plaisir, une nature ouverte aux vraies passions, aux vraies douleurs, sujette aux ridicules sincères, malade, quand elle l’est, des maladies générales, et naturelles encore, que tous comprennent, que tous reconnaissent et doivent éviter. […] Aujourd’hui, la Commission n’a pu faire en quelque sorte que reconnaître le terrain, et surtout bien établir l’esprit de la fondation en vertu de laquelle elle était convoquée : elle a mieux aimé être sobre et négative sur bien des points que de fausser cet esprit dès l’origine, en l’interprétant avec trop de facilité et de complaisance. La littérature dramatique a été prise au dépourvu ; on lui demande presque le contraire de ce qu’on était accoutumé à désirer d’elle depuis longtemps ; on lui demande des émotions vives, profondes et passionnées, mais pures s’il est possible, et, dans tous les cas, salutaires et fortifiantes ; on lui demande, au milieu de toutes les libertés d’inspiration auxquelles le talent a droit et qui lui sont reconnues, de songer à sa propre influence sur les mœurs publiques et sur les âmes, de se souvenir un peu, en un mot, et sans devenir pour cela trop sévère, de tout ce qui est à guérir parmi nous et à réparer.
En examinant l’état actuel des lumières, l’on reconnaît aisément que nos véritables richesses ce sont les sciences. […] Il est plus difficile de faire reconnaître l’évidence dans les questions politiques ; les passions ont plus d’intérêt à les dénaturer68. […] La philosophie, dans ses observations, reconnaît des causes premières, des forces préexistantes. […] La consolante idée d’une Providence éternelle peut tenir lieu de toute autre réflexion ; mais il faut que les hommes déifient la morale elle-même, quand ils refusent de reconnaître un Dieu pour son auteur. […] Il est néanmoins certain qu’il est des vérités morales reconnues, et que leur nombre doit toujours augmenter avec le temps.
Il fallut un long temps pour reconnaître celui de M. de Montesquiou. […] Il n’y a personne qui n’en reconnaisse l’excellence. […] Quoique nous nous soyons attardé sur la critique, nous nous plaisons à reconnaître que les qualités de M. […] Nous le reconnaissons sans difficulté, quoique nous ne l’aimions guère. […] Ce caractère et ces attraits sont exactement ceux que l’on va reconnaître dans les romans de M.
Mais quel degré d’importance relative faut-il attribuer à ces trois fonctions universellement reconnues et quelle est celle qui constitue par essence le souvenir ? […] Maudsley, Huxley Taine, et Ribot vont jusqu’à dire que la conscience, qui reconnaît les idées conservées et se reconnaît elle-même à travers le temps, est un simple « accompagnement » des fonctions nerveuses ; aussi est-elle incapable de réagir sur elles, pas plus que l’ombre n’agit sur les pas du voyageur qu’elle escorte. […] Il est reconnu par l’expérience que nous localisons la cause du son affaibli tantôt dans le milieu extérieur, tantôt dans le milieu cérébral. […] On reconnaît encore là les deux éléments essentiels : émotion et motion. […] Quand elle rouvrit les yeux, elle ne reconnaissait plus personne ; elle était privée de l’ouïe, de la parole, du goût et de l’odorat.
On lui a consenti du talent ; mais ce n’est pas le talent qui est dans la litière et qu’il est pourtant aisé de reconnaître, dans le livre de Vacquerie, sous le déguisement de son nom. […] , s’il n’avait pas spéculé sur l’idée qu’il serait immédiatement reconnu ? […] Et cela seul, — ce petit bout d’oreille de lion échappé par hasard de la peau de Vacquerie, — ferait reconnaître que là-dessous il n’y a que Hugo ! […] Vous pouvez prendre Mes premières années de Paris pièce par pièce, page par page, vers par vers, mot par mot, et vous reconnaîtrez partout l’ubiquité de Victor Hugo, dans ce livre rempli de son omniprésence ! […] et à nous le rendre dans un livre, non pas copieusement, mais intégralement, tel qu’on l’aurait avalé, absorbé, fondu en soi ; je n’en conviendrai pas, et je ne la reconnaîtrai, cette capacité, qu’à la dernière extrémité, dans Vacquerie !
Or, malgré toutes les différences que ses espèces peuvent présenter, quels sont les caractères principaux de cette gens que les historiens reconnaissent partout à l’origine de notre civilisation ? […] Il faut reconnaître, d’ailleurs, que celle-là entraîne le plus souvent celle-ci. […] Par exemple, la loi renouvelée laissera valoir, en matière religieuse, la compétence de « comices » qu’elle ne reconnaît plus en matière politique. […] La Cour de Cassation reconnaît à toute société autorisée, sinon la capacité de recevoir des libéralités, du moins la capacité d’ester en justice, — d’où suit la capacité de contracter. […] — Et il faut reconnaître que souvent la même dignité suit l’homme à travers les cercles les plus variés, et qu’ainsi, changeant de groupe, on peut dire qu’il ne change pas de classe.
De l’art de reconnoître la main des peintres Le public écoute avec plus de prévention les peintres qui font le procès à un tableau, que les poëtes qui font le procès à un poëme. […] On voit bien qu’en suivant ce principe je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges ausquels il faut s’en rapporter, quand on veut sçavoir autant qu’il est possible, quel peintre a fait le tableau, mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. […] Vasari raconte, comme témoin oculaire, que Jules Romain, après avoir fait lui-même la draperie dans un tableau que peignoit Raphaël, reconnut pour son original la copie qu’André Del Sarte avoit faite de ce tableau. En effet, quoiqu’il doive être plus facile aujourd’hui de reconnoître la plume d’un homme que son pinceau, néanmoins les experts en écriture se trompent tous les jours.
Il faudrait se persuader que c’est plaisir et profit de tous les âges, et ne pas le réserver exclusivement pour celui où je reconnais qu’il est plus à sa place qu’à tout autre. […] dit la dame, vous ne me reconnaissez pas ? […] » C’est précisément ce qu’il faut dire, mais sans méchanceté, et c’est la vérité même, devant un site ou un livre que l’on ne reconnaît plus. […] C’est un fâcheux qui fut douloureux, et qui revient, et qu’on ne reconnaît pas d’abord et qu’on reconnaît, à sa voix, un instant après, avec désespoir.
Il se reconnaît vaincu, et prête serment d’allégeance à l’Amour, auquel il laisse son cœur en gage. […] Il n’est donc pas difficile de les reconnaître sous ce travestissement un peu froid. […] Je reconnais Tartufe se couvrant de la simplicité d’Orgon et de madame Pernëlle. […] A quoi reconnaît-on l’invention dans un poème ? […] Il en est plus d’une autre ; par exemple, cette vieille qui scandalise si fort Gerson ; j’y reconnais la Macette de Regnier, comme j’ai reconnu dans Faux-Semblant le Tartufe de Molière.
Si nous pouvions nous replacer dans le courant des idées qui régnaient de leur temps, nous reconnaîtrions que beaucoup de ces vieux géomètres étaient analystes par leurs tendances. […] Dans celle vaste construction, dont chaque pièce, pourtant, est due à l’intuition, nous pouvons encore aujourd’hui sans trop d’efforts reconnaître l’œuvre d’un logicien. […] Cela vous permettrait seulement de reconnaître que chaque coup a été joué conformément à ces règles et cet avantage aurait vraiment bien peu de prix. […] Il faut d’abord qu’il reconnaisse l’analogie de cette question avec celles qui ont déjà été résolues par cette méthode ; il faut ensuite qu’il aperçoive en quoi cette nouvelle question diffère des autres, et qu’il en déduise les modifications qu’il est nécessaire d’apporter à la méthode. […] Reconnaîtrait-on avec un peu d’attention que cette intuition pure elle-même ne saurait se passer du secours des sens ?
Je le devinai plutôt que je ne le reconnus aux traits de son visage, tant l’ombre était noire dans la caverne du pauvre innocent. […] tu ne reconnais pas Fior d’Aliza, lui dis-je à demi-voix, parce qu’elle a changé d’habits et qu’elle a coupé ses cheveux pour te rejoindre ! […] Je compris par là qu’on m’avait cherchée et que, sans doute, on me cherchait encore, et que je devais plus que jamais éviter de me laisser reconnaître pour ce que j’étais. […] Comment, si elle était jamais reconnue par un des pèlerins ou des sbires extasiés de sa beauté, quand ils l’avaient aperçue sur notre porte, échapperait-elle aux poursuites du chef des sbires qui avait commis tant de ruses pour l’obtenir de sa tante ? […] Et vous me croirez encore, si vous avez de la foi, j’ai reconnu, tout comme je reconnais votre voix à tous les deux à présent, la vraie voix et le vrai air de la zampogne de votre frère et de votre mari, mort des fièvres en revenant des Maremmes ; et, bien plus encore, ajouta-t-il, l’air que j’ai entendu si souvent jouer dans la grotte par vos deux enfants, pendant que je montais ou que je descendais par votre sentier !