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844. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

À quelques années de là, en 1869, je crois me rappeler, Lachaud se présente dans l’arrondissement de Saint-Denis. […] Zola. — Moi… ……………………………………………………………………………………………………… J’étais rappelé en Russie, reprend Tourguéneff, je me trouvais à Naples, je n’avais plus que cinq cents francs. […] … Je ne me rappelle pas, en ma vie, avoir été plus amoureux, plus excité, plus pressant… La femme se coucha sur une grande tombe… ……………………………………………………………………………………………………… — Tout ça, qu’est-ce auprès de ceci, s’exclame Flaubert, son coude se serrant contre sa poitrine — qu’est-ce auprès d’un bras de femme aimée, qu’on presse une seconde contre son cœur, en la menant à table. […] Et je me rappelle dans ce temps, où l’on ne se servait pas de verre mousseline, il buvait son bordeaux dans un verre qu’aurait brisé, en le touchant, une main grossière.

845. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Nonchalant et régulier, son vers éminemment plastique, rappelle parfois Samain et Heredia. […] Nous en rappellerons ces strophes de l’Hymne à Jupiter : Vide sur leurs cités ton carquois insondable                         Apollon furieux ; Toi qui vis sur ma bouche et t’assieds à ma table Lève sur eux l’égide ô Pallas formidable ! […] De petits tableaux de genre qui rappellent Heine, de larges apostrophes qui rappellent Ronsard nous avertissent que ce n’était là que l’abandon partiel d’un instant.

846. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Du coureur qui tombe au naïf qu’on mystifie, de la mystification à la distraction, de la distraction à l’exaltation, de l’exaltation aux diverses déformations de la volonté et du caractère, nous venons de suivre le progrès par lequel le comique s’installe de plus en plus profondément dans la personne, sans cesser pourtant de nous rappeler, dans ses manifestations les plus subtiles, quelque chose de ce que nous apercevions dans ses formes plus grossières, un effet d’automatisme et de raideur. […] On se rappelle le passage si amusant de Tartarin sur les Alpes où Bompard fait accepter à Tartarin (et un peu aussi, par conséquent, au lecteur) l’idée d’une Suisse machinée comme les dessous de l’Opéra, exploitée par une compagnie qui y entretient cascades, glaciers et fausses crevasses. […] On se rappelle la réponse de Sganarelle à Géronte quand celui-ci lui fait observer que le cœur est du côté gauche et le foie du côté droit : « Oui, cela était autrefois ainsi, mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle. » Et la consultation des deux médecins de M. de Pourceaugnac : « Le raisonnement que vous en avez fait est si docte et si beau qu’il est impossible que le malade ne soit pas mélancolique hypocondriaque ; et quand il ne le serait pas, il faudrait qu’il le devint, pour la beauté des choses que vous avez dites et la justesse du raisonnement que vous avez fait. » Nous pourrions multiplier les exemples ; nous n’aurions qu’à faire défiler devant nous, l’un après l’autre, tous les médecins de Molière. […] S’asseoir au milieu d’une tirade serait se rappeler qu’on a un corps.

847. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

. — Mettant à profit ce qu’il a vu en 1792, et écrivant, comme il le dit, non d’imagination, mais de mémoire, il rappelle les principes auxquels on ne revenait qu’avec lenteur, car les révolutions aussi ont vite leur routine ; il montre le nouveau pouvoir exécutif tel qu’on l’a conçu avec méfiance, incomplet, démembré, mutilé : Il était très bon sans doute d’ôter les forces à un mauvais gouvernement, disait-il, mais il est absurde de n’en pas donner à celui qu’on travaille à rendre bon. — Le Directoire exécutif, tel que le projet l’annonce, est un berceau, qu’on nous passe ce mot, un nid de factions ennemies ; et sa destinée serait de ressembler bientôt à tous les conseils de gouvernement que nous avons vus en France depuis trois ans, où Roland et Pache, Robespierre et Billaud se sont tour à tour arraché la puissance… Je n’entre pas dans le détail des voies et moyens, des remèdes plus ou moins efficaces qu’il proposait ; je ne fais qu’indiquer la ligne générale de Roederer en ces années. […] je ne me rappelle pas… » — « Si fait, c’est au sujet des contributions levées en pays ennemi. […] » Roederer, qui, sans être proprement un idéologue, était très au fait et assez imbu des doctrines philosophiques courantes, rappela alors au général plusieurs points, d’ailleurs incontestables : que les signes des idées abstraites et des modes mixtes sont nécessaires pour les arrêter, pour les enregistrer dans notre tête et pour nous donner les moyens de les comparer, etc., etc.

848. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Les amateurs, mais eux seuls, se rappelaient ces articles signés ces extraits exacts qui n’étaient bien souvent que d’excellentes notes développées. […] Boissonade le rappela à la bonté et à l’équité par une lettre qui est un modèle d’humaine sagesse : « Ceux que vous nommez, que vous accusez, sur lesquels vous appelez le ridicule ou peut-être quelque chose de plus sévère (car les révolutions, faciles et humaines à leur origine, sont quelquefois suivies de violentes réactions), ceux de qui vous riez, d’un rire bien amer et bien cruel, sont d’honnêtes gens, séduits d’abord par des illusions très-séduisantes, menés ensuite plus loin qu’ils ne l’avaient pensé. […] Puisque nous y sommes, je rappellerai qu’il y a de Moncrif un de ces vers monosyllabiques les plus jolis : Qui plaît est roi, qui ne plaît plus n’est rien.

849. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux. […] Vous qui avez souci du peuple, rappelez-vous des temps, même très-récents, auxquels vous avez assisté et pris part. […] Le 24 novembre 4 865, M. de Beaumont m’écrivait : « Vous vous rappelez peut-être qu’il y a cinq ans environ il a paru deux volumes de Tocqueville, intitulés : Correspondance et Oeuvres diverses inédites.

850. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Je me rappelle avoir été témoin, certain soir et dans un hôtel de la meilleure compagnie, d’un drame domestique réel très-imprévu, et qui justifiait tous ceux de Dumas. […] L’introduction qui précède le roman, et qui m’a rappelé un peu le vieux Cévenol de Rabaut-Saint-Étienne, rassemble avec vivacité les diverses phases de la persécution. […] Je me rappelle avoir lu dans le Journal des Savants (décembre 1835), à l’article Nouvelles littéraires qui termine, une simple petite note indiquant la publication de l’Histoire de la Marine française, par M.

851. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Moins d’un an après cet exil, Côme fut rappelé par l’inconstance ordinaire du peuple. […] Leur rencontre et leurs entretiens rappellent les doux loisirs de Boccace pendant la peste qui consterna Florence. […] XIII Pendant que Florence jouissait ainsi de la paix philosophique sous un citoyen digne de rappeler Périclès, le reste de l’Italie était bouleversé par des crimes et des assassinats.

852. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

J’ai rappelé ensuite quelle est l’origine de la distinction que nous faisons entre les changements de position et les changements d’état. […] Je n’insiste donc pas davantage et je rappelle l’hypothèse que je viens de faire : je suppose que j’aie constaté que les impressions que j’attribue à B me sont transmises à l’instant β par ces mêmes fibres tant optiques que tactiles qui, à l’instant α, m’avaient transmis les impressions que j’attribuais à A. […] Mais il n’en est pas ainsi ; je ne discuterai pas ici complètement la question, je me bornerai à rappeler l’exemple frappant que nous donne la mécanique de Hertz.

853. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Mais l’article où ils se sont le plus déchaînés sur mon compte, c’est l’article Critique ; il y en a mille autres que je ne me rappelle pas et mille autres que je n’ai pas lus. […] [NdA] Autre trait de nature : il aimait les enfants ; une personne aimable et distinguée, après avoir lu cet article dans Le Constitutionnel, me fait l’honneur de m’écrire quelques-uns des souvenirs que réveille en elle cette lecture : Je me rappelle qu’un jour ce noble vieillard tenant par la main une petite fille de cinq ans, et se promenant, avec elle dans les jardins de Malesherbes, lui proposa de jouer à la cachette, et que cette petite fille croyait que son vieil ami y prenait autant de plaisir qu’elle-même. Je me rappelle encore que, deux ans plus tard, cette même petite fille se trouvant à Lausanne et jouant avec les petits-enfants de M. de Malesherbes, le grand-père fut établi président de questions grammaticales dont une des principales était de savoir si le mot ténèbres était masculin ou féminin.

854. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

À cette première époque de sa vie, le jeune écrivain, bien qu’émigré, n’avait épousé de cœur aucune cause politique ; on se rappelle son mot sur Chamfort : « Je me suis toujours étonné qu’un homme qui avait tant de connaissance des hommes, eût pu épouser si chaudement une cause quelconque. » Un tel mot donne la mesure des convictions de M. de Chateaubriand au moment où il l’écrivait. […] Que de fois il nous a rappelé ce vers, qui semble fait pour lui à la lettre : Le vicomte indigné sortait au second acte ! […] La France pourra les rappeler, quand leurs talents, lassés d’être inutiles, seront sincèrement convertis à la religion et à la légitimité.

855. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

C’est ici que je rappelle que, même dans Clymène, il avait nommé Horace, ou l’avait fait nommer par Apollon, qui figure comme personnage de Clymène, et il l’avait fait nommer avec honneur. […] Vous vous rappelez la fable de ce chat-huant devenu impotent, qui entretient, qui nourrit des souris dans son trou d’arbre comme une provision pour sa vieillesse ; il les nourrit avec des grains qu’il leur donne en abondance. […] Vous vous rappelez la célèbre fable où l’on voit un paysan, un rustre, un sauvage, presque, qui crible de coups de cognée son arbre parce qu’il a vu un autre émonder le sien.

856. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

À cet âge fatal, la plupart des femmes se courbent sous les ruines qu’elles portent et n’ont plus, pour toute beauté, que le front triste des cariatides écrasées ; mais Mlle Eugénie de Guérin, si Dieu ne l’avait pas rappelée à lui, eût porté sur le sien les ruines de la vie aussi légèrement que les canéphores portaient autrefois leurs corbeilles ; car elle avait tout ce qui allège le poids des années, — la pureté du cœur, l’ingénuité de la pensée, la fleur d’imagination éternelle, et cette confiance en Dieu qui en sait encore plus long que le Génie, et qui, en regardant la terre, voit le ciel. […] Sa vie, qui n’a franchi que de quelques pas le seuil de cette chambre où, trois fois par jour, elle revenait prier, rappelle, en immobilité et en calme, les derniers jours du vieux Milton, éternellement assis sur une pierre à sa porte, et n’allant de cette pierre qu’à ce petit orgue placé dans le fond de la maison et dont les sons éclairaient sa cécité. […] Des circonstances, inutiles à rappeler, suspendirent et semblèrent définitivement empêcher la réalisation d’un projet arrêté et qui a été réalisé depuis.

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