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1706. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’ancienne critique se promenait à l’aise, tenant en main sa règle des trois unités : la nouvelle a un rôle moins commode : à défaut d’un code écrit, il lui faut une conscience plus délicate.

1707. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Kant a établi, comme Reid et comme nous, l’existence des principes universels et nécessaires ; mais, disciple involontaire de son siècle, serviteur à son insu de l’école empirique dont il se porte l’adversaire, il lui fait cette concession immense que ces principes ne s’appliquent qu’aux impressions de la sensibilité, que leur rôle est de mettre ces impressions dans un certain ordre, mais qu’au-delà de ces impressions, au-delà de l’expérience, leur puissance expire. […] Le sentiment joue un si grand rôle dans le mysticisme que notre premier soin doit être de rechercher la nature et la fonction propre de cette partie intéressante et jusqu’ici mal étudiée de la nature humaine. […] Cependant, si le sentiment n’est pas un principe, c’est un fait vrai et important, et après l’avoir bien distingué de la raison, nous allons nous-même l’élever bien au-dessus de la sensation, et mettre en lumière le rôle considérable qu’il joue dans la perception de la beauté. […] Notre grande philosophie du xviie  siècle s’est quelquefois un peu trop complu en des hypothèses où Dieu joue le principal rôle et écrase la liberté humaine. […] Ici commence le rôle de la philosophie.

1708. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Edgar Quinet remarque combien la France est heureusement placée pour remplir ce rôle de médiatrice et d’interprète, et pour entrer dans un système de critique comparée, qui semble lui appartenir par la nature même des choses. « La variété de ses provinces ne correspond-elle pas à celle des littératures modernes, et, quelle que soit la diversité des instincts de l’Europe, n’a-t-elle pas autant d’organes pour en saisir le caractère ? […] Car, quelquefois, derrière une femme qui écrit, il y a un homme qui l’inspire : les rôles d’Égérie et de Numa sont renversés, et alors l’œuvre de la femme trahit une influence masculine ; ce qui faisait dire à Mme Delphine de Girardin, parodiant le mot de Buffon : « Le style est l’homme. » Par exemple, dans le développement du talent littéraire de George Sand, ne serait-il pas facile de reconnaître les influences successives de Jean-Jacques Rousseau, de Byron, de Sénancour, de Jules Sandeau, d’Alfred de Musset, de Michel de Bourges, de Lamennais, de Pierre Leroux, de Chopin, et de plusieurs autres, — outre le fonds très individuel, très local, très berrichon, de ce génie ? […] Il se trouve presque toujours que c’est la femme qui a le beau rôle, et l’homme le rôle inférieur. […] Nos avocats ont la robe, le rabat et le bonnet : le bonnet joue le rôle que jouait le bâton, et leur sert à faire mille singeries — de vivacité ou de majesté. — Les prédicateurs ont des surplis blancs, dont les ailes voudraient simuler des anges. — Ainsi tout signe a son effet dans la grande mascarade humaine.

1709. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il y aura toujours la différence du spectateur à l’acteur, et le spectateur peut si bien savoir le rôle et le comprendre qu’à un certain égard il soit identique à l’acteur ; mais, à un autre égard, il sera toujours inférieur à celui qui et sait le rôle et le comprend et le joue. […] Le rôle de celui qui instruit sera donc un rôle d’excitateur et aussi de modérateur ; car s’il faut faire trotter devant soi le jeune esprit, aussi faut-il parfois l’arrêter et le faire douter de lui-même. […] Tel fut Socrate, avec cette réserve que peut-être il était trop ironiste et taquin et prenait dans son rôle d’éducateur ou dans son attitude de questionneur ignorant surtout un prétexte à se moquer des hommes. […] Il veut que les beaux rôles y soient réservés à des personnages qui excitent l’admiration, dont la conduite puisse faire leçon.

1710. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Deux sujets peu dignes de lui, et qui prouvent que les vraies sources de l’inspiration étaient taries et que son rôle était fini. […] C’est grâce, sans doute à un comédien de beaucoup de verve, et de gaieté, Poisson, qui en jouait le principal rôle.

1711. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Ils se donnaient innocemment le vertige qu’ils voulaient faire éprouver aux autres ; cela leur constituait une sorte de sincérité bizarre, qui les soutenait dans leur rôle et agissait sur le public. […] Il commence par des considérations sur le rôle de la critique, qui seront toujours actuelles. […] Boyer qui, dans le rôle du Vieillard, avait déjà triomphé à Orange et à Paris, vient de trouver ici sa consécration. […] Prodiguant à ses camarades ses solides conseils, sachant leur communiquer son propre diable au corps, il trouvait encore, au milieu de tout cela, le temps d’approfondir toujours davantage son rôle écrasant d’Agamemnon.

1712. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Tout se trouvait jeté dans le baquet aux injures : son étude nouvelle de l’homme physiologique, le rôle tout-puissant rendu aux milieux, la vaste nature éternellement en création, la vie enfin, la vie totale, universelle, qui va d’un bout de l’animalité à l’autre, sans haut ni bas, sans beauté ni laideur ; et les audaces de langage, la conviction que tout doit se dire, qu’il y a des mots abominables nécessaires comme des fers rouges, qu’une langue sort enrichie de ces bains de force ; et surtout l’acte sexuel, l’origine et l’achèvement continu du monde, tiré de la honte où on le cache, remis dans sa gloire, sous le soleil. […] Une jeune fille simplement, la demoiselle moderne, qui fait la demoiselle avant que d’avoir fait toutes ses dents, comme Mme Avril est la femme moderne uniment, la femme du monde qui ne se résout à son rôle de mère qu’avec les cheveux gris et la patte d’oie. […] « Comme il ne s’agissait pas d’envelopper seulement la forêt de Bourgon, mais les bois d’Hermet et tout le pays de Jublains à Deux-Évailles, les brigades s’ébranlèrent de minuit à deux heures du matin, selon que tel ou tel rôle leur avait été assigné.

1713. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Par acquit de conscience, et comme dans le jeu d’un rôle, une de ces femmes laisse-t-elle échapper : « C’est bien triste !  […] C’est un rôle que Celui de là-haut nous donne. […] Elle est là, se plaignant, avec des éclats de voix, du théâtre qui a pris l’habitude de ne plus payer que les premiers rôles, du théâtre qui donnait à Berton 300 francs par soirée dans Le Marquis de Villemer… Je n’ai pas vu de corps d’état où la revendication de l’argent se fasse avec plus de violence que chez les acteurs et les actrices.

1714. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Ce petit pays, qui n’est pas un démembrement du nôtre, a tenu dès lors un rôle très-important par la parole ; il a eu son français un peu à part, original, soigneusement nourri, adapté à des habitudes et à des mœurs très-fortes ; il ne l’a pas appris de nous, et nous venons lui dire désagréablement, si quelque écho parfois nous en arrive : Votre français est mauvais ; et à chaque mot, à chaque accent qui diffère, nous haussons les épaules en grands seigneurs que nous nous croyons.

1715. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Les premiers, il leur arrive toujours malheur ; les seconds ne succombent presque jamais : c’est pour cela qu’on a vu réussir tous les prophètes armés, les prophètes désarmés finir misérablement. » On voit qu’à l’inverse du sophisme de ce temps-ci, qui attribue plus de force à la parole qu’au glaive, il donne à la force le rôle si vrai que Dieu lui a donné, grâce à la lâcheté du cœur humain.

1716. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Byron, par la nature particulière de son génie, par l’influence immense qu’il a exercée, par la franchise avec laquelle il a accepté ce rôle de doute et d’ironie, d’enthousiasme et de spleen, d’espoir sans borne et de désolation, réservé à la poésie de notre époque, méritera peut-être de la postérité de donner son nom à cette période de l’art : en tout cas, ses contemporains ont déjà commencé à lui rendre cet hommage.

1717. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Cette loi joue dans l’expression un rôle capital.

1718. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Devoir, honneur, patrie, humanité, liberté civile et politique, égalité, fraternité, voilà des concepts abstraits qui n’ont pas été, croyons-nous, sans avoir quelque rôle dans l’histoire.

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