… Femme pieuse, toi que je vénère à l’égal de ma propre mère ; épouse chaste et dévouée à tous les devoirs, toi que les dieux m’ont envoyée pour être mon amie, toi que tes parents m’ont accordée pour compagne de ma demeure, toi mon souverain bien, toi mère de mes enfants, je ne puis te livrer à la mort, ô toi qui es si bonne, si tendre, si innocente de tout mal ! […] La Bibliothèque du roi possédait bien à la vérité un essai informe de grammaire, un manuscrit composé, à ce que je crois, par quelque missionnaire portugais, mais ne renfermant que le simple paradigme du verbe substantif, le tableau des déclinaisons, une partie du vocabulaire d’Amara, et une liste des dhatous ; le tout fourmillant d’erreurs les plus grossières, et beaucoup plus propre à effrayer qu’à inspirer l’envie de déchiffrer cet horrible fatras, et de chercher la lumière dans cet écrit ténébreux. […] L’entretien de ces jeunes filles entre elles, que le prince entend sans être vu, est une scène de pastorale qui égale Théocrite, l’Aminte, ou Gesner, ce Théocrite des Alpes : « Chère Sacountala », dit une des jeunes compagnes de la fille de Canoua, qui arrose les plantes du jardin de l’ermitage ; « chère Sacountala, ne dirait-on pas que ces jeunes arbustes, ornements de l’ermitage de notre père, te sont plus chers que ta propre vie, quand on voit la peine que tu prends à remplir d’eau les bassins creusés à leurs pieds, toi dont la délicatesse égale celle de la fleur de malica nouvellement épanouie ? […] Quand je réfléchis sur la puissance de Brahma et sur les perfections de cette femme incomparable, il me semble que ce n’est qu’après avoir réuni dans sa pensée tous les éléments propres à produire les plus belles formes, et les avoir combinés de mille manières dans ce dessein, qu’il s’est enfin arrêté à l’expression de cette beauté divine, le chef-d’œuvre de la création. […] Se souvenant avec quel soin tu lui faisais manger dans ta propre main les grains savoureux du syamoca, il ne peut abandonner les traces de sa bienfaitrice.
je sens tout mon cœur incliner vers cet enfant, comme s’il était mon propre fils. […] C’est ma propre histoire », se dit le héros à lui-même. […] Les brahmanes, prêtres de la religion et gardiens des mœurs, n’auraient pas permis sans doute qu’on donnât en spectacle à la multitude, comme on l’a fait malheureusement en Grèce, à Rome et chez nous, des passions féroces et des attentats odieux reproduits en langage et en action sur la scène, et propres à dépraver les imaginations d’un peuple religieux. […] Cette poésie ne reconnaît de véritable grandeur que dans la domination du héros sur ses propres passions. […] Je vois en eux ma propre image, et non pas seulement ma ressemblance ; mais, en beaucoup de traits, ils ont de l’air de ma chère Sita.
Vos sens s’émoussent un à un comme de mauvais outils incapables de creuser même vos propres pensées. […] On pourrait faire plus aujourd’hui, on pourrait, en quelques instants, parcourir soi-même ces différents climats intellectuels du globe, et se rendre compte par sa propre sensation des sensations différentes des races et des peuples qui vivent ou qui meurent sous les différentes latitudes de la pensée, — « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », — s’écriait le religieux Pascal lui-même en sondant cet horrible mystère des opinions et des doutes des mortels ! […] Job remonte bientôt, comme nous remontons toujours, tous tant que nous sommes, de cet abîme, si nous sommes sensés ; oui, comme nous remontons jusqu’à la foi, qui est la réverbération du Dieu vivant sur notre âme, jusqu’à la résignation qui est le sacrifice, le sacrifice méritoire de la volonté propre à la suprême volonté, enfin jusqu’à la joie dans les larmes, qui est l’anticipation de l’immortalité par la foi en Dieu sur la terre. […] XXII Nous avons voulu, dans nos voyages, nous rendre compte une fois à nous-même, par nos propres impressions, des impressions du spectacle du désert sur l’âme de l’homme. […] « Un espace des cieux, par d’autres limité, « Emprisonnerait donc ma propre immensité ?
Nous adaptons ainsi, soit les animaux, soit les plantes, à notre propre utilité ou même à notre agrément. […] Comme chaque espèce, en vertu de la progression géométrique de reproduction qui lui est propre, tend à s’accroître désordonnément en nombre, et que les descendants modifiés de chaque espèce se multiplieront d’autant plus qu’ils se diversifieront davantage en habitude et en structure, de manière à pouvoir se saisir de stations vastes et nombreuses dans l’économie de la nature, la loi de sélection naturelle a une tendance constante à conserver les descendants les plus divergents de quelque espèce que ce soit. […] Nous n’avons plus à nous émerveiller de voir l’aiguillon de l’Abeille causer sa propre mort ; de ce que de faux Bourdons soient produits en si grand nombre pour accomplir un seul acte générateur et pour que la plupart d’entre eux soient tués par leurs sœurs stériles ; de la haine instinctive de la reine pour ses propres filles fécondes ; de l’énorme quantité de pollen perdue par nos Pins ; de ce que l’Ichneumon se nourrisse du corps vivant de la Chenille, et de tant d’autres cas semblables. […] Cependant, lorsque des variétés arrivent dans une zone, elles assument parfois quelques-uns des caractères qui lui sont propres. […] Quand nous ne regarderons plus un être organisé comme un sauvage regarde un navire, c’est-à-dire comme quelque chose qui surpasse notre intelligence ; quand nous considérerons chaque production de la nature comme ayant eu son histoire ; quand nous regarderons chaque organe et chaque instinct comme la résultante d’un grand nombre de combinaisons partielles dont chacune a été utile à l’individu chez lequel elle s’est produite, à peu près comme nous voyons dans toute grande invention mécanique la résultante du travail, de l’expérience, de la raison et même des erreurs de nombreux ouvriers ; je puis dire, d’après mes propres expériences, que d’un pareil point de vue l’étude de chaque être organisé et de la nature tout entière nous semblera bien autrement intéressante.
Montluc ne se donne pas pour un historien, c’est un écrivain spécial de guerre ; il semble qu’il tienne à justifier ce mot de Henri IV lisant ses Commentaires, que c’est la Bible du soldat : « Je m’écris à moi-même, et veux instruire ceux qui viendront après moi : car n’être né que pour soi, c’est à dire en bon français être né une bête. » Il commence par établir une bonne police dans la ville ; il la divise en huit parties, dont chacune est sous la surveillance et les ordres d’un des huit magistrats nommés les « huit de la guerre » : dans chacune de ces sections, il fait faire un recensement exact des hommes jusqu’à soixante ans, des femmes jusqu’à cinquante, et des enfants depuis douze, afin qu’on voie quels sont ceux qui peuvent travailler aux choses de siège et à quoi ils sont propres ; dans le travail commun, les moindres ont leurs fonctions ; chaque art et métier, dans chaque quartier, nomme son capitaine, à qui tous ceux du même métier obéissent au premier ordre. […] À ce siège devant Thionville, il inventa un perfectionnement dans la pratique des tranchées ; c’était d’y faire, de distance en distance, et tantôt à droite, tantôt à gauche, des espèces de retours ou arrière-coins propres à loger des soldats qui défendraient au besoin la tranchée, si l’ennemi y sautait pour la détruire. […] Quand on a lu cette partie des mémoires de Montluc et qu’on a surmonté l’impression d’horreur que causent et ses propres cruautés et celles qu’il prétend punir, on reconnaît mieux comment, en de pareils temps, les édits de L’Hôpital durent manquer leur effet ou en produire un qui, bientôt traduit et dénaturé au gré des passions, ne serait pas resté profitable et conforme à la pure idée de tolérancee.
Veuillot quand il sort de chez lui, quand il perd de vue le clocher desa paroisse, et qu’il vit aux dépens de l’ennemi, fut-ce à nos propres dépens. […] Le propre du talent de M. […] Malgaigne), est si plaisamment singé pour le geste et noté pour l’accent : journée unique où, au milieu de ses graves préoccupations, la Chambre entière fut prise d’un fou rire, d’un rire homérique, et où, pour un moment, il n’y eut plus amis ni ennemis sur tous les bancs, « il n’y eut que des gensde bonne humeur. » Mon métier ici n’est pas de mettre les noms propres : comme cependant en pareille matière rien ne vit que par là, et que le recueil des Mélanges est bien gros à feuilleter tout entier, MM.
De Flers eut le courage et la constance d’y maintenir son armée immobile, malgré les motions téméraires des clubs de Perpignan, malgré les projets des nouveaux représentants du peuple récemment arrivés, qui croyaient que l’enthousiasme suffit à tout, malgré les murmures de son propre État-major et les soupçons de trahison qui circulaient alors si aisément. […] C’est dans cette guerre de montagnes à laquelle il était singulièrement propre, malgré son âge, que Dagobert s’illustra véritablement. […] Demandant pour lui le grade de général de brigade, il écrivit au Comité de salut public ces propres mots : « Récompensez et avancez ce jeune homme, car, si on était ingrat envers lui, il s’avancerait tout seul.
On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière. […] Mais sachons du moins de quels éléments il disposait à l’origine, afin d’être à même de juger ce qu’il en a fait et ce qu’il y a ajouté de son propre fonds. L’an de Rome 507, de Carthage 605, et avant Jésus-Christ 241, la première guerre punique étant terminée, les Carthaginois, qui avaient été contraints, par leurs dernières défaites, de signer avec les Romains un traité désavantageux, eurent à soutenir une autre guerre contre leurs propres soldats, les Mercenaires, qui avaient servi sous leurs généraux en Sicile.
Ainsi dans la pièce au jeune Charles Hugo, pour lui conseiller de rester enfant bien longtemps et de ne pas s’émanciper aux chants trop précoces, l’auteur, livrant son propre secret, nous dit : Oh ! […] Ce que je préfère pourtant dans le volume, ce que j’y ai cherché d’abord avec une curiosité pleine d’intérêt, c’est ce qui touche à la femme et à ses propres émotions, aux tristesses voilées, si distinctes de tant d’autres aujourd’hui qui s’affectent et vont s’affichant. […] Dans une brochure récente imprimée à Berlin et sur notre propre poésie.
C’est la gloire propre de Bernardin de Saint-Pierre d’avoir, le premier, reproduit et comme découvert ce nouveau monde éclatant, d’en avoir nommé par leur vrai nom les magnificences, les félicités, les tempêtes, dans sa grande et virginale idylle. […] Celui qui fit Werther domine sa propre émotion et semble, du haut de son génie, regarder sa sensibilité un moment brisée, comme le rocher qui surplombe regarde à ses pieds l’écume de la cascade insensée. […] Sous une forme détournée, il y caressait encore le souvenir de ses propres douleurs.
Enfin, l’esprit de parti, doit être de toutes les passions celle qui s’oppose le plus au développement de la pensée, puisque, comme nous l’avons déjà dit, ce fanatisme ne laisse pas même le choix des moyens pour assurer sa victoire, et que son propre intérêt ne l’éclaire point, quand il est entièrement de bonne foi. […] L’esprit de parti est la seule passion qui se fasse une vertu de la destruction de toutes les vertus, une gloire de toutes les actions qu’on chercherait à cacher, si l’intérêt personnel les faisait commettre ; et jamais l’homme n’a pu être jeté dans un état aussi redoutable, que lorsqu’un sentiment qu’il croit honnête, lui commande des crimes ; s’il est capable d’amitié, il est plus fier de la sacrifier ; s’il est sensible, il s’enorgueillit de dompter sa peine : enfin, la pitié, ce sentiment céleste, qui fait de la douleur un lien entre les hommes ; la pitié, cette vertu d’instinct, qui conserve l’espèce humaine, en préservant les individus de leurs propres fureurs, l’esprit de parti a trouvé le seul moyen de l’anéantir dans l’âme, en portant l’intérêt sur les nations entières, sur les races futures, pour le détacher des individus ; l’esprit de parti efface les traits de sympathie pour y substituer des rapports d’opinion, et présente enfin les malheurs actuels comme le moyen, comme la garantie d’un avenir immortel, d’un bonheur politique au-dessus de tous les sacrifices qu’on peut exiger pour l’obtenir. […] Tout homme extrême dans son parti n’est jamais propre à gouverner, les affaires de ce parti, lorsqu’il cesse d’être en guerre ; et la haine que les opposants portaient à la cause, prend la forme du mépris pour ses plus criminels défenseurs.
Il est évident que les bonnes et dignes feuilles solennelles d’autrefois sont mortes, et que le reportage et l’afflux d’informations télégraphiques poussent tous les journaux à devenir des feuilles d’annonces et de nouvelles rapides, en sorte que les choses propres à faire penser lentement doivent en être exclues : il y a là de quoi décourager les esprits critiques soucieux de dignité, de quoi aussi encourager les directeurs à les renvoyer aux revues mensuelles. […] Brunetière qui, il y a cinquante ans, eût déformé les idées de bien des gens selon les siennes propres. […] S’ils tentent, en travaillant, de s’apprécier eux-mêmes et de réunir les éléments les plus propres à influer, ils altèrent leur conception et glissent vite sur une pente dangereuse.
« Loin que l’éducation ait pour objet unique ou principal l’individu et ses intérêts, elle est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence. […] Comme il y a plusieurs mémoires, il y a plusieurs intelligences, et chacune de ces intelligences modifiée par les physiologies propres, détermine les individus intellectuels. […] Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte.