Il en ressort… nous nous regardons… un regard mutuel et profond, où chacun tâte l’autre… Du sang plein la figure, plein l’œil. […] Une profonde tristesse de cette ligue du silence. […] Gautier fils me jette dans un profond, soupir : « Voilà encore mon père lancé ! […] Au sortir du déjeuner, comme je lui faisais mes excuses, en lui témoignant la profonde affection que j’avais pour elle, et que, malgré moi, en le bête d’état nerveux où je suis, des larmes tombaient de mes yeux sur ses mains que je baisais, mon émotion la gagnant, elle me prit dans ses bras, et m’embrassant sur les deux joues me dit : « Mais comment donc ! […] Le profond sentiment de tristesse qu’on éprouve à revoir ces bords de la Seine, qu’on a vus plein de santé et de force productive, à repasser dans ces sentiers, le pas traînant, sans que la nature parle au littérateur qui est en vous !
Plus il est grand, plus le tressaillement est profond et invincible. […] Autrement, comment concevoir l’immense popularité des drames les plus profonds de Shakespeare ? […] Croit-on que dans ce vaste empire tout ce qui mérite le nom de peuple ne nourrit pas une profonde haine contre les bourreaux, une profonde sympathie pour les victimes ? […] Il y a, dans les prédictions du prêtre Pierre, une légende profonde dans sa naïveté. […] Il fait aux courtisans des plaies plus profondes avec son vers incisif et mordant, qu’ils n’en ont fait à leurs victimes avec les knouts.
Il peut y avoir aussi des causes plus profondes à cette évolution. […] Il peut y avoir à cela des raisons profondes, que le Saint Augustin de Bertrand n’explique pas. […] Ils gardaient avec la campagne des attaches profondes. […] Foi profonde au début. […] De tous les romanciers de la jeune génération, c’est un de ceux qui se renouvelle le plus, qui va le plus profond.
Elle décompose toute la création, et, avec les matériaux amassés et disposés suivant des règles dont on ne peut trouver l’origine que dans le plus profond de l’âme, elle crée un monde nouveau, elle produit la sensation du neuf. […] Je disais que j’avais entendu, il y a longtemps déjà, un homme vraiment savant et profond dans son art exprimer sur ce sujet les idées les plus vastes et cependant les plus simples. […] Evidemment il voulut être plein d’indulgence et de complaisance ; car nous causâmes tout d’abord de lieux communs, c’est-à-dire des questions les plus vastes et les plus profondes. […] Quoi de plus simple et de plus compliqué, de plus évident et de plus profond ? […] Mais combien peu de peintres pourraient rendre, par une exécution mieux appropriée, la solidité d’une nature opulente et pure, et le ciel si profond de cet œil avec sa large étoile de velours !
Mais les causes vraies et profondes de division étaient celles que la vie portait en elle. […] Mais à cette différence s’en rattache une autre, déjà plus profonde. […] Mais fixité et mobilité, à leur tour, ne sont que les signes superficiels de tendances plus profondes encore. […] La cause profonde de ces dissonances gît dans une irrémédiable différence de rythme. […] De là, il est vrai, des différences profondes de structure interne entre l’instinct et l’intelligence.
Il avait le sentiment filial très profond, très développé : Le respect filial a été dès mon enfance, disait-il, un sentiment sacré pour moi. […] Les premières lectures firent sur lui une impression profonde : C’est à l’ouvrage d’Abbadie intitulé L’Art de se connaître soi-même, que je dois mon détachement des choses de ce monde. […] L’âge mur, celui des vastes et profondes connaissances ? […] [NdA] Ainsi encore, il a lu dans un Discours sur les ordres sacrés, de Godeau, évêque de Vence, que la première division des temples, celle qui contenait l’autel, s’appelait βῆμα : « Ce nom Béma, dit-il aussitôt, sonne trop bien à mon oreille par ses rapports avec mon chérissime Boehm, pour que je ne m’expose pas au ridicule d’en faire la remarque. » Si ce n’est qu’une rencontre fortuite et une assonance qu’il prend plaisir à noter à la façon des poètes et rimeurs, il n’y a rien à dire, mais je crains qu’il n’y ait vu des sens profonds.
Tous ses personnages sont si patiemment étudiés, qu’en faisant saillir tous les détails de leur individualité, il dégage les traits profonds qui en font des types puissants et compréhensifs. […] La leçon, grave et profonde, c’est le danger du romantisme : nous voyons ce que les grandes aspirations lyriques, les vagues exaltations, transportées dans la vie pratique par des âmes vulgaires, peuvent produire d’immoralité, de chutes et de misères sans grandeur. […] Dans tout cela, pas de philosophie profonde : dans l’air ambiant, Maupassant a pris la doctrine de l’écoulement incessant des phénomènes ; elle dispense de philosopher, et il s’en tient là. […] Si l’on veut avoir une idée de la simplification hardie par laquelle Maupassant dégage le caractère de la réalité complexe et touffue, on devra prendre de préférence Une vie : une pauvre vie de femme, vie de courtes joies et de multiples déceptions, de misères médiocres et communes qui font de profondes blessures, vie d’espérance obstinée, indéracinable, qui, trompée par un mari, trompée par un fils, se reporte avec une navrante candeur sur le petit enfant destiné peut-être à lui fournir la dernière leçon de désillusion, si la mort ne vient pas avant.
L’activité économique n’engage pas le for intérieur, la vie profonde de la pensée et du sentiment. […] Par exemple une discussion entre protectionnistes et libre-échangistes ne sera généralement pas aussi passionnée, ne mettra pas en branle des sentiments aussi profonds ni aussi intimes que l’opposition d’un croyant et d’un athée, d’un partisan de la morale traditionnelle et d’un libertaire. […] Ici, les haines suscitées sont profondes, tenaces, implacables. […] Le conflit est donc profond, en économie comme ailleurs, entre l’action individuelle et l’action collective, entre l’idée de solidarité et l’idée de liberté, entre le désir d’égalité et le désir de différenciation.
Messieurs, c’est avec un profond regret que je prononce ces paroles. […] Notre théâtre est devenu non seulement le témoignage éclatant de tout le dévergondage et de toute la démence auxquels l’esprit humain peut se livrer quand il est abandonné sans aucun frein, mais il est devenu encore une école de débauche, une école de crimes, et une école qui fait des disciples que l’on revoit ensuite sur les bancs des cours d’assises attester par leur langage, après l’avoir prouvé par leurs actions, et la profonde dégradation de leur intelligence et la profonde dépravation de leurs âmes. […] C’est bien, c’est ingénieux, c’est profond, mais c’est un peu dense ; il y manque du jour et de la lumière, quelques éclaircies par-ci par-là.
Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures. […] Mistress Félicia Hemans, poète anglais d’une grande distinction, d’une moralité profonde, d’une sensibilité naturelle, toujours revêtue d’imagination et voilée de modestie, a voulu exprimer aussi ce moment amer et cruel, deux fois amer pour un poète et pour une femme, où le cœur déplore la fleur première d’espérance et d’illusion qui s’est à jamais flétrie. […] Respirons le sentiment discret et profond qui fait l’âme de cette admirable plainte, recueillons la moralité qui en sort, et passons. […] À certains jours, le moraliste en Mme de Girardin rencontre plus vrai, et il ne tiendrait qu’à lui d’être profond.
Volney n’est pas un peintre, c’est un grand dessinateur ; dans ses descriptions de l’Égypte à laquelle il se montre sévère, il lui refuse absolument d’être pittoresque ; après l’avoir tant étudiée, il l’aime peu ; il l’exprime dans tous ses contours et dans sa réalité visible, sans en embrasser la grandeur profonde et sans en pénétrer peut-être le génie ; il n’a pas l’amour de son sujet. […] Décrivant la naissance de l’Orbe, le lieu d’où la source jaillit au pied du rocher, puis son cours à travers une vallée profonde, « couverte de sapins dont la noirceur est rendue plus frappante par la brillante verdure des hêtres qui croissent au milieu d’eux », il dira : On comprend, en voyant cette source, comment les poètes ont pu déifier les fontaines ou en faire le séjour de leurs divinités. […] Chez Saussure, selon l’éloge que lui accorde sir Humphrey Davy, on sent un dessin aussi animé que correct, et des traits qui, autant que le langage en est capable, éveillent les peintures dans l’esprit : il offre une alliance parfaite d’une imagination puissante associée avec le plus froid jugement, quelque chose des sentiments du poète joints à l’exacte recherche et à la profonde sagacité du philosophe. […] On n’a pas besoin d’être un profond croyant pour cela ; « on pense à l’église de son village, a dit quelqu’un, et l’on redevient enfant, et l’on se met à genoux ».
Heine confesse dans sa correspondance la profonde impression que lui fit la lecture du Wunderhorn d’Arnim (recueil de chansons enfantines et populaires), et, plus tard, d’une anthologie de Schnaderhupfl, petits quatrains à chute ironique, que l’on chante dans les Alpes allemandes, en dansant. […] Aux ballades vulgaires, il prit la simplicité, la brièveté, le tour naïf et pénétrant de ces petites épopées, la malle émotion, les légendes pieuses et charmantes, et, comme la chanson populaire, il sait décrire en quelques couplets lyriques, des scènes d’intérieur mystérieuses ou souriantes, ayant le relief, les ombres profondes et la lumière blondissante des vieilles eaux-fortes : Il pleut, il vente et il neige. […] Avec ces éléments, en puisant au trésor poétique de toute une race, il a composé ses œuvres les plus pures, les plus impersonnelles, les plus lues en Allemagne, des lieds vagues et charmants que pénètre toute la songerie diffuse et la mélancolie des populations du Nord, de merveilleuses petites pièces, d’un dessin moins arrêté que les quelques joyaux de l’Anthologie, mais plus émues et d’un chant plus profond. […] Quand on se rappelle que cette qualité est si rare en Allemagne, qu’il ne la partage qu’avec Lessing, que Goethe lui-même gâte ses romans par d’interminables suites, que le second Meister fait regretter la vérité sereine et profonde du premier, que Jean Paul est illisible, et Immermann incohérent, Hoffmann diffus et lâche, on aperçoit combien est rare et d’emprunt le mérite que s’est acquis Heine par la juste mesure de ses écrits.
Desmazis cadet, qui accompagnait Bonaparte, étant son camarade de chambrée et devant occuper un des deux lits, le vit prendre un crayon, c’est Desmazis qui a raconté le fait, et dessiner au-dessous des inscriptions qu’il venait de lire une vague ébauche figurant sa maison d’Ajaccio, puis, à côté de cette maison, sans se douter qu’il rapprochait de l’île de Corse une autre île mystérieuse alors cachée dans le profond avenir, il écrivit la dernière des quatre sentences : Tout finit sous six pieds de terre. […] Profond grief. […] Le profond souffle du génie, qui est la respiration de Dieu à travers l’homme. […] La vertueuse femme en qui le peuple anglais, royaliste, comme on sait, voit et vénère sa personnification actuelle, cette digne mère, cette noble veuve, vient, avec le respect profond qui convient, incliner la majesté matérielle devant la majesté idéale ; la reine d’Angleterre salue Shakespeare ; l’hommage de Victoria répare le dédain d’Élisabeth.