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2593. (1923) Au service de la déesse

… « La plus simple réflexion psychologique nous incite, au contraire, à discerner un contraste profond entre tous les faits connus de sa vie et cette contemplation passionnée et clairvoyante du passé de l’Angleterre. » Eh ! […] … « et qu’un fossé profond, infranchissable, sépare le domaine de la science de celui de la religion, — la première ayant définitivement conquis le droit d’éliminer de ses considérations toute intervention de forces surnaturelles, — on ne s’expose plus, en attaquant ou en critiquant le darwinisme, à compromettre les principes scientifiques inscrits sur sa bannière et au nom desquels il combattait. […] Claudel, si le cœur lui en dit, ne balance pas d’appeler un cheval un « chevau » ; et, s’il a dessein de peindre la couleur « vitreuse » ou « vitrifiée » de la mer sous le soleil, il appelle la mer « le profond vitre ». […] Mais oui ; et, l’une et l’autre, confondues comme ceci : « Quelle profonde communion de toutes les parties de notre être, dans cette obéissance à la vie et à la mort, dernier commandement de la vie !

2594. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Sa longue expérience, son profond savoir des choses de l’histoire et de la politique, lui avaient appris que, si les deux principes sont nécessaires à la bonne conduite des gouvernements modernes, ils le sont inégalement, les exemples étant nombreux de sociétés qui ont été prospères sans la liberté politique, tandis qu’on n’en cite pas un seul d’une société qui ait subsisté, fût-ce un seul jour, sans autorité. […] Un sentiment domine tous les autres, les pénètre tous, et en rend l’accent plus profond, c’est le patriotisme. […] Or, vous nous l’avez dit, quand vous vîntes au monde, « Ce siècle avait deux ans » ; et si vous êtes né Mortel, au sort de tous comme moi condamné, Avant qu’il ait cent ans, ou la terre profonde Nous aura vu dormir notre dernier sommeil, Ou nous aurons connu par la mort le réveil.

2595. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

La proportion de ces éléments ne saurait rendre compte en aucune façon des différences physiologiques si profondes qui existent entre ces divers tissus. […] La veine est au milieu, elle se distingue aisément par la couleur bleuâtre, qu’elle doit au sang qui la remplit ; l’artère est plus profonde et plus en avant, on la reconnaît à ses pulsations. […] Pour obtenir ce liquide, le procédé est le même que pour les autres glandes ; seulement il est beaucoup plus laborieux à cause de la situation profonde du conduit. […] Ces différentes influences organiques ne modifient pas sensiblement les propriétés de la salive, tandis qu’elles font une impression profonde sur les actions digestives, et en particulier sur la sécrétion pancréatique, qui prend alors les caractères d’un liquide altéré. […] Sa respiration était profonde ; il but de l’eau qu’il vomit immédiatement.

2596. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

. — Et au chant II, cette autre comparaison d’Éloa, se mirant dans le Chaos, avec la fille des montagnes se mirant dans un puits naturel et profond où l’eau pure amassée réfléchit les étoiles : elle s’y voit, comme dans un ciel, le front entouré d’un brillant diadème. — Et dans le même chant, cette comparaison encore (car les comparaisons ici se succèdent et ne tarissent pas) de la jeune Écossaise, vaguement apparue au chasseur dans la nuée, au sein de l’arc-en-ciel, avec la belle forme vaporeuse de l’ange ténébreux aperçu de loin d’abord par Éloa ; — et au chant III, cette dernière image enfin, cette description si large et si fière de l’aigle blessé qui tente un moment de surmonter sa douleur, et qui ressemble plus ou moins au même archange infernal avec sa plaie immortelle : Sur la neige des monts, couronne des hameaux, L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies, Dont le vol menaçait ses blanches bergeries, Hérissé, l’oiseau part et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend, Regarde son soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire ; Dans un fluide d’or il nage puissamment.

2597. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

C’est qu’étant lui-même l’expression harmonieuse ou éloquente des joies, des douleurs, des désirs de son époque, il a fait vibrer à un moment la corde cachée qui aurait peut-être toujours sommeillé sans lui ; il a tiré du silence et du néant la note intime et profonde qui n’attendait que lui pour résonner, mais que lui seul pouvait apprendre à l’âme mystérieuse qui la contenait sans le savoir.

2598. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Tout le reste n’a été, en quelque sorte, que prélude et acheminement ; la vraie grandeur de l’idylle commence à cet endroit : « Mais moi et Eucrite, et le bel enfant Amyntas, ayant poussé jusqu’à la maison de Phrasidame, nous nous couchâmes à terre sur des lits profonds de doux lentisque et dans des feuilles de vigne toutes fraîches, le cœur joyeux.

2599. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Vers le milieu du siècle, le mari et la femme logeaient dans le même hôtel ; mais c’était tout. « Jamais ils ne se voyaient, jamais on ne les rencontrait dans la même voiture, jamais on ne les trouvait dans la même maison, ni, à plus forte raison, réunis dans un lieu public. » Un sentiment profond eût semblé bizarre et même « ridicule », en tout cas inconvenant : il eût choqué comme un a parte sérieux dans le courant général de la conversation légère.

2600. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — À présent, sous le nom de forces, les possibilités permanentes se ramènent sans difficulté à ce que nous nommons matière et corps ; nous ne répugnons pas à admettre que le monde dans lequel nous sommes plongés soit un système de forces ; du moins telle est la conception des plus profonds physiciens.

2601. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Un vaste bassin d’eau si azurée qu’elle en paraît noire, et si profonde que la sonde n’en atteint pas le fond, occupe toute l’étendue de l’antre.

2602. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Quittons donc un moment l’Europe et les Indes, terres de l’imagination, traversons le Thibet qui sépare d’une muraille presque perpendiculaire de glace les deux plus vastes empires du monde, et jetons un regard profond sur la Chine, ce pays de la raison par excellence.

2603. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Parmi ces grands esprits, morts ou vivants, il y en a dont le génie est aussi élevé que la voûte du ciel, aussi profond que l’abîme du cœur humain, aussi étendu que la pensée humaine ; mais, nous l’avouons hautement, à l’exception d’Homère, nous n’en avons lu aucun qui ait eu pour nous un charme plus inattendu, plus naïf, plus émané de la pure nature, que le poète villageois de Maillane.

2604. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

« La date du vendredi-saint, dit-il dans ce sonnet, était gravée en lettres de feu dans le cœur de Pétrarque ; dans mon cœur à moi c’est la date d’avril mil huit cent sept qu’on trouvera en traces profondes de feu, gravée par le jour où je t’ai connue !

2605. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

« S’il est ami ou ennemi, elle ne le sait pas ; la terreur et l’espérance agitent son cœur serré par le doute ; elle attend, immobile, la fin de cette aventure, sans ébranler de sa respiration l’air qui l’environne ; le chevalier se couche à demi sur le bord incliné du ruisseau, passe un de ses bras sous sa tête où s’appuie sa joue, et s’abîme tellement dans une profonde rêverie qu’il paraît transformé en une insensible pierre.

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