Patience précieuse dont ce jeune prince témoigne !
Pendant dix longues années ce sera la vie errante et difficile de l’émigration, les alternatives de détresse et d’espoir, le vagabondage mélancolique, des bords du Rhin, où se rassemble l’armée des Princes dans laquelle l’ancien dragon va prendre du service, jusqu’à Vienne en Autriche, où il finit par se réfugier et où il végète en taillant des sabots que l’on va vendre de porte en porte aux villageois des environs.
Seulement, il n’était pas tout à fait sûr de n’être pas lui-même un aristocrate ; de n’avoir pas une certaine indulgence pour les princes, qui honorent les poètes et qui leur fournissent une pension ; ce qu’il ne savait que trop, c’est que les camarades prolétaires buvaient, fumaient, sentaient mauvais, étaient sales ; et il ne pouvait pas s’empêcher de dire que si le peuple lui serrait la main, il irait la laver.
Ce qui faisait la différence de ces deux noms, ce n’était pas le plus ou le moins de qualités morales qui se trouvaient dans le souverain ; on n’appelait pas roi un bon prince et tyran un mauvais ; c’était principalement la religion qui les distinguait l’un de l’autre.
Et sur le fond vide du ciel se détache la redoutable et consolante figure de celle qui l’affranchira de tous les esclavages et le délivrera de tous les doutes : la Mort, Qui parcourt, comme un prince inspectant sa maison, Le cimetière immense et froid, sans horizon, Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne, Les peuples de l’histoire ancienne et moderne. […] Renan, toujours soucieux de corriger par un sourire même ses plus chères affirmations, a grand soin d’ajouter que le monstre de l’île devient un prince fort passable.
Nous n’avons pas dit abaissement social, parce qu’il nous importe peu que l’homme dont on décrit les passions soit un prince ou un banquier retiré dans le faubourg Saint-Marceau comme le père Goriot. […] Il a pu entasser feuilletons sur feuilletons, écrire trois cents volumes, faire jouer trente drames, comédies ou tragédies, entre-temps parcourir le monde et raconter au monde ses voyages, suivre les princes en Espagne et se faire l’historiographe de la cour, tenir tête à ses adversaires, tour à tour les intimidant par son audace ou les désarmant par ses saillies, comparaître et se défendre devant les tribunaux où d’autres citent des éditeurs récalcitrants, où lui, au contraire, était appelé par des éditeurs se disputant judiciairement sa prose.
Elle a eu ce que n’auront jamais les princes de la pensée.
Il est très vrai que l’aristocratie portait la tête haute dans les premières années du règne de Louis XIII ; mais elle résistait à Richelieu en levant des armées, et lorsqu’elle avait une grâce à demander, elle ne se présentait pas escortée comme un prince du sang.
Dans ce royaume privilégié, et très voisin du pays d’Eldorado, règnent un bon prince et une délicieuse facilité de vivre.
Il y avait des fanfares, des princes, les quatre facultés en grand costume, et son fils était si joli !
Or, dès que le prince apparaît, le cœur de Miranda est à lui. « Tu t’imagines, dit Prospero à la jeune fille, qu’il n’y a pas au monde de figures pareilles à la sienne, parce que tu n’as vu que Caliban et lui.
Mais ces quatre poëtes — et même le premier qui, s’il se plut à jouer dans la vie un rôle, ne le fit guère qu’à la façon d’un prince, pour passer le temps, jouant la comédie — furent des étrangers dans leur siècle, des rêveurs solitaires que les événements ne touchaient pas. […] Il a, comme un prince des ténèbres, tracé dans l’Art un rayon de lumière noire, — « révélé la psychologie morbide de l’esprit qui a atteint l’octobre de ses sensations ; raconté les symptômes des âmes requises par la douleur, privilégiées par le spleen ; montré la carie grandissante des impressions, alors que les croyances, les enthousiasmes de la jeunesse sont taris, alors qu’il ne reste plus que l’aride souvenir des misères supportées, des intolérances subies, des froissements encourus par des intelligences qu’opprime un sort absurde63 ».
Il y a les développements plus ou moins considérables de l’industrie ; il y a les chefs-d’œuvre des différents arts ; il y a le règne de tel ou tel culte, de telle ou telle législation, les grands événements de tout genre qui se produisent dans les conseils des peuples ou des princes et la plupart du temps sur les champs de bataille. […] Il y avait derrière le Rhin des trônes absolus, mais paternels ; une noblesse belliqueuse, qui venait de se couvrir de gloire dans la guerre de sept ans ; un clergé instruit, jouissant d’une autorité méritée ; des peuples honnêtes, industrieux, guerriers, obéissant à leurs princes par le libre mouvement de la sympathie et de l’amour.