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1046. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Selon nous, ces lettres éteignent toute illusion et nous tachent, dans l’esprit, les deux beaux portraits que l’Imagination y avait peints et suspendus !

1047. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

C’est à lui encore aujourd’hui, à Jean Gerson, dont ils ont fait un grand portrait, trop flatté, dans leur introduction, que MM. 

1048. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Dumas, c’est que, malgré l’approbation donnée par les supérieurs de son Ordre au livre, revu et corrigé, des Conférences du Père Didon, on espère mieux, pour l’avenir de ce dominicain, qui se dit le successeur de Lacordaire et qui fait sa méditation ordinaire devant le portrait de Savonarole.

1049. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Il y est pour bien des raisons, mais surtout parce que cette forme du roman est un excellent mur d’exposition sur lequel on peut accrocher, pour qu’on les voie mieux, ses portraits.

1050. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Il ne fait donc point de ces portraits brillants dont Salluste le premier donna des modèles, et que le cardinal de Retz, par ses mémoires, mit si fort à la mode parmi nous ; il fait mieux, il peint en action ; on croit voir tous ses grands hommes agir et converser ; toutes ses figures sont vraies et ont les proportions exactes de la nature ; quelques personnes prétendent que c’est dans ce genre qu’on devrait écrire tous les éloges : on éblouirait peut-être moins, disent-elles, mais on satisferait plus ; et il faut savoir quelquefois renoncer à l’admiration pour l’estime.

1051. (1900) Molière pp. -283

Prenez par exemple la pièce de Sganarelle ; rien de plus simple : une jeune fille laisse tomber un portrait, un mari jaloux le ramasse, toute la pièce tourne là-dessus, la voilà tout entière. […] Quelquefois, c’est un portrait que Molière met dans la bouche d’un personnage. […] Tel est le portrait de M.  […] Ce n’est pas seulement le médecin systématique qui est peint ici : ce portrait, devenu, tout en restant particulier, si général, c’est celui de l’esprit de système : il s’y trouve peint, saisi, exprimé en toute chose. […] Vous pouvez voir aussi ce qu’en dit Boileau dans sa dixième satire, et le portrait qu’il trace du directeur de conscience : Bon.

1052. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Et jamais anachorète tenté n’a fait si plaisante mine que le vénérable Hermocrate quand il se décide à poser devant la suivante Corinne qui peint pour sa maîtresse le portrait du vieux philosophe. […] Je crois que ce détail n’ennuiera point, il entre dans le portrait de la personne dont je parle. […] » Cependant Iza s’est endormie sur un canapé, dans une aimable pose ; Pierre, saisi, crayonne son portrait. […] Chambre presque nue ; meubles piteux d’hôtel garni ; au mur, pourtant, une icône d’un travail précieux, et le portrait du comte, — sans cadre. […] Il est riche ; il a chez lui des tableaux, des bronzes, des étoffes d’Orient, et son portrait partout.

1053. (1905) Propos littéraires. Troisième série

De très jolis portraits, çà et là : celui de Pozzo di Borgo, celui de Talleyrand, celui de Molé, celui de Thiers. […] Ils devraient s’intituler « scènes et portraits de la vie contemporaine » ou, presque, « notes sur la société de notre temps ». […] Ils se composent tous : 1º d’un portrait fort intéressant : MM. de Goncourt ont vu quelqu’un, homme ou femme, et reproduisent ses traits, gestes et démarches avec une scrupuleuse fidélité ; 2º de scènes, également vues, également exactes, rattachées plus ou moins adroitement à ce personnage. […] Sœur Philomène a des parties exquises ; Manette Salomon, meilleur comme peinture du « milieu » que comme portrait, a, cependant, même comme portrait, quelques crayons bien vigoureux ; Madame Gervaisais, quoique décidément trop ennuyeux, n’est point négligeable, je ne dis pas comme analyse psychologique, il n’y en a guère, mais comme sensation qu’a pu et dû produire une mystique observée avec intérêt et avec un peu d’effroi. […] Dans le portrait il met une vie, un peu factice peut-être, mais après tout, c’est toujours cela.

1054. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

C’est un portrait changeant, d’une beauté extraordinaire. […] Le reste, c’est ce qu’un dramaturge appellerait remplissage et ce que le connaisseur appelle essentiel ; à savoir portraits des deux principaux personnages ; portraits de dix, douze ou quinze personnages, figurant dans la pièce ou extérieurs à la pièce ; tableaux de la société du temps. […] J’ai dit, paraît-il, que ce n’est qu’un « portrait dramatique ». […] Trois portraits d’Alceste : le caractère d’Alceste tracé par lui-même ; tracé défavorablement, mais poliment par Célimène ; tracé favorablement et amicalement par Eliante ; et tous les traits concordent. […] Je trace un portrait ; je ne raconte pas une anecdote. » Il me semble que Molière crie cela.

1055. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Roger Marx avait acquis le concours de Carrière pour un buste de Verlaine qui eut été digne du beau portrait qu’il a peint. […] Après l’acte de Vaillant, un journal boulevardier, celui qui règne sur les élégances, le Gaulois, crut bon de réunir dans sa salle des dépêches les portraits des anarchistes intellectuels. […] Aussi vous dirais-je seulement que ce livre, les Poètes maudits, contient six portraits littéraires où Verlaine découvre ou explique ceux qu’il admire et aime. […] Paul Bourget réunit en deux massifs volumes des notes de voyage et des portraits d’écrivains. […] Portraits Ces portraits parurent à la Revue Blanche, à la Société Nouvelle, à la Nouvelle Revue.

1056. (1888) Portraits de maîtres

Ouvrir cette galerie de portraits, c’était dans notre conception faire appel et rendre service à ces recrues de la France, à ces jeunes hommes qui viennent remplacer ou assister leurs aînés. […] Ses derniers Portraits contemporains trahissent tant de gêne et d’embarras que, pour parler des poètes uniquement, ses Nouveaux lundis viennent contredire tous ses jugements de cette époque. […] Médiocres portraits, mais ressemblants, naïves, imparfaites images, dessinées à la hâte par des amis ardents qui tremblaient de les perdre et d’avance volaient à la mort une ombre de ces hommes adorés. […] Qui ne reconnaîtrait le plus grand poète de notre siècle dans ce portrait de l’homme de génie « le plus accessible de tous, plus peuple que le peuple, plus simple que le simple » ? […] Voir Sainte-Beuve, Portraits contemporains, 1869, t. 

1057. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Lui-même il a pu servir au portrait de Tartuffe, ce fameux cardinal-ministre, Richelieu : Richelieu, amoureux de la reine-mère, et la chassant de ce royaume qui appartient à son fils ! […] » Précepte excellent dont nos peintres de portraits se devraient souvenir un peu plus. […] Cette société à part dont Molière a fait surtout le portrait dans Le Misanthrope, est morte pour ne plus revenir ; elle a été égorgée sur l’échafaud, elle s’est perdue dans l’exil ; ses derniers représentants ont disparu presque tous, et les faibles débris qu’elle a laissés se sont perdus, engloutis dans la démocratie envahissante. […] Quant à ceux qui aiment un peu de coquetterie dans les femmes, qui trouvent que cela leur va bien et que c’est un utile assaisonnement de l’amour, ils liront avec joie le terrible portrait de la prude, tracé de main de maître. […] À cette question qu’il s’adressait à lui-même, il se sera fait cette terrible réponse : le portrait de la prude !

1058. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

La conduite de gens ordinairement si prudents pourrait rappeler, il est vrai, un mot célèbre du plus grand de ces hommes de génie qu’ils prétendent si burlesquement honorer par leurs homélies périodiques, mais génie si libre en ses écarts, si peu respectueux envers le ridicule, que pendant un siècle l’Académie refusa d’admettre non sa personne, mais son portrait. […] Molière, dans le Misanthrope, a cent fois plus de génie que qui que ce soit ; mais Alceste n’osant pas dire au marquis Oronte que son sonnet est mauvais, dans un siècle où le Miroir critique librement le Voyage à Coblentz, présente à ce géant si redoutable et pourtant si Cassandre, nommé Public, précisément le portrait détaillé d’une chose qu’il n’a jamais vue et qu’il ne verra plus. […] A qui a été chargé de plaisanter cet homme célèbre sur le soin qu’il prend de nous faire connaître qu’il est fort gai, et d’orner de son portrait, comme il dit, chaque nouvel ouvrage qu’il donne au public. […] Il citait, comme exemple de la belle manière de faire parler les héros de la tragédie, un discours de lord Falstaff, chef de la Justice, qui, dans la tragédie de Henri IV, présentant au roi un prisonnier qu’il vient de faire, lui dit avec autant d’esprit que de dignité : — Sire, le voilà ; je vous le livre ; je supplie Votre Grâce de faire enregistrer ce fait d’armes parmi les autres de cette journée, ou… je le ferai mettre dans une ballade avec mon portrait à la tête… Voilà ce que je ferai, si vous ne rendez ma gloire aussi brillante qu’une pièce de deux sous dorée ; et alors vous verrez dans le clair ciel de la renommée ternir votre gloire comme la pleine lune efface les charbons éteints de l’élément de l’air, qui ne paraissent autour d’elle que comme des têtes d’épingles.

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