et d’abord, à quel poète la pensée serait-elle venue d’illustrer un roi d’Yvetot ? […] M. de Wildenbruch, poète favori de Guillaume II, est mal vu, à ce titre, de l’opposition libérale. […] » L’histoire de la réputation en Allemagne de Du Bartas, poète français, a pour pendant celle de la réputation en France de Gessner, poète suisse. […] Homère, Dante et Shakespeare sont, par elle, les poètes les plus vivants de toute la littérature. […] Ce fut donc par calcul plus que par vocation qu’il fut d’abord poète comique.
À cet égard, presque toutes nos Chansons pourraient être du même poète, et tous nos Fabliaux du même conteur. […] Et, en effet, prosateur ou poète, aucun grand écrivain n’avait encore eu l’audace d’en troubler le cours. […] [A. de Montaiglon, dans le Recueil des poètes français, de Crépet.] […] Sans doute, il y a Villon, François Villon, « né de Paris emprès Pontoise », vrai gibier de potence, mais vrai poète aussi, grand poète même, oserait-on dire ; et quelques-unes de ses Ballades ne sont assurément pas pour démentir ce que ce nom de poète, quand il est mérité, signifie de grâce et de force de style, de sincérité d’émotion, d’originalité de sentiment et d’idées. […] Qu’il a en effet toutes les qualités d’un grand poète et d’un poète lyrique ; — et même celles d’un homme d’esprit ; — quoique son esprit soit généralement de bien mauvais ton ; — et qu’on plaisante comme lui dans les bouges [Cf. la ballade de la Belle Heaumière et celle de la Grosse Margot]. — Mais il est touchant dans l’expression de son repentir [Cf.
[L’Année des poètes (1893).] […] Ces syllabes forment le nom d’un grand poète, et unique en son genre, au point que les échos n’en sont pas encore fatigués ; toutes les gloires passent et s’en vont mourir, murmurer sous la paix des forêts ; Borrelli sonne et rebondit de montagne en montagne. […] Philippe Gille De chaudes poésies patriotiques, de charmants sonnets, d’autres pièces en vers, voilà ce que contient le volume qu’un vrai poète, le vicomte de Borrelli, vient de publier sous ce titre : Les Dactyles.
Remy de Gourmont La fréquentation des poètes lyriques anglais, allemands, russes, le tourment d’une âme qui ne veut pas désespérer, quoiqu’elle sache l’inutilité des révoltes et combien sont précaires, puisqu’elles sont limitées, les réalisations humaines, — et le désir de rythmer de telles émotions et de se les rendre sensibles, il y aurait bien là de quoi faire un poète, même en négligeant d’autres causes, le don naturel, la sensibilité native, l’orgueil de se vouloir égaler à son propre idéal. Mais ce petit livre est aussi écrit, et surtout, nous dit le poète, pour prendre congé des douces choses, Des choses sans pitié, des choses sans retour, pour dire le chant vespéral de l’angélus, irrévocable clôture de la bonne ou mauvaise journée.
Victor-Émile Michelet La conception de ce drame (Le Miracle de Judas) est très haute à la fois et très ingénieuse, œuvre de vrai poète. […] Le poète s’en est tiré à son honneur. […] Stéphane Mallarmé « Merci, Monsieur et poète, pour un des premiers très beaux aboutissements de la pensée magique à la poésie intègre et pure que j’ai lus.
Je déplore seulement que ce poète ait rompu avec la majuscule initiale du vers. […] Il est vrai que cette prosodie est facultative, que certains poètes l’emploient de préférence et que l’on en cite même des exemples chez Lamartine. […] Il voit en artiste et sent en poète.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).] […] Distincts par le rythme et par l’étendue, mais reliés entre eux par le même objet d’observation et d’attendrissement qui est l’enfance en Bretagne, chacun des morceaux qu’il contient contribue à former un charmant ensemble qui fait honneur à la sincérité du poète, à son esprit et à son cœur. […] [Cite dans l’Année des poètes (1893).]
Ce Poëte agreable, qui fit de la Poésie son amusement plutôt que son occupation, attachoit si peu de prix à ses Ouvrages, qu’il dédaigna de les mettre en ordre : on les eût même brûlés, si l’on eût exécuté ses dernieres intentions. […] Cette édition demandoit donc un homme de Lettres laborieux, intelligent, Poëte lui-même, en état de remplir les lacunes, de lier les morceaux séparés, de deviner l’Auteur, de disposer de son bien comme du sien propre, de faire en un mot avec lui société d’esprit & de talens, en lui cédant tout l’honneur du succès ; M. de Tresseol qui a réuni toutes ces qualités, mérite de partager la gloire de M. Desmahis, à laquelle il nous paroît avoir encore ajouté, par l’Eloge historique qu’il a mis à la tête de la Collection des Œuvres de ce Poëte, trop tôt enlevé aux Gens de goût & de bonne Compagnie.
On se persuade que faire autrement, c’est faire mieux, et on se laisse aller au plaisir de redire, dans une langue nouvelle, la pensée tour à tour si naïve et si raffinée, si gracieuse et si terrible, du poète gibelin. […] Il lui faisait d’ailleurs la grâce d’y reconnaître, sans doute sur parole, « une foule de beautés de style et d’expressions qui devaient être vivement senties par les compatriotes du poète, et même quelques morceaux assez généralement beaux pour être admirés par toutes les nations. » On en était là au commencement de ce siècle. […] Dante y tient une grande place ; Ginguené l’analyse, l’explique, le loue ou le critique en toute connaissance de cause ; et, sans rompre ouvertement en visière avec la façon légère et irrévérente du xviiie siècle, il tend à la détruire par l’exposé même des faits, et à nous transporter peu à peu et comme par une montée unie dans l’intelligence de ce difficile poète. […] Antoni Deschamps en 1829 avait cueilli, pour les répandre, un choix de fleurs sévères. — En ce même temps, un autre poète du groupe31 essayait de rendre en vers quelques-uns des accents et un mémorable passage de cette Vita nuova de Dante, dont M. […] Mais comme Dante est un génie compliqué et qui pense toujours à plus d’une chose à la fois, il n’est pas moins vrai qu’en même temps que l’apothéose de Béatrix, de la femme aimée, est le but principal de La Divine Comédie, le poète, pour mieux parer et honorer cette âme céleste, lui a prêté bien des traits allégoriques par lesquels il tend à la transformer insensiblement et à la confondre dans la plus noble et la plus lumineuse des sciences selon le Moyen Âge, dans la Théologie elle-même.
nous-même autrefois, en notre verte jeunesse, nous nous en sommes permis bien d’autres : Le premier qui se présente (entre les beaux esprits vivants) est leur poète célèbre, l’auteur des satires, qui balaye le Parnasse français et en chasse la foule des beaux esprits qui le sont à faux titre. […] L’art et le travail s’y trouvent joints à des talents de nature, et le poète a su employer heureusement les plus beaux traits des poètes anciens et s’en parer. […] Il semble souvent employer son bon sens et son esprit séparément, et l’un au défaut de l’autre, plutôt que de se servir de l’un et de l’autre conjointement, pour mettre dans leur jour les sentiments du cœur qui font le poète. […] Ils font sentir que le tout n’est qu’un jeu, que le poète n’a d’autre vue que de s’égayer et de remporter l’approbation du public, du grand nombre qui prend goût à ces malignités. C’est encore ce qui lui a donné lieu à se jeter sur des matières générales plutôt que sur les défauts de sa nation, et par cet endroit aussi bien que par son caractère d’esprit, il ne fait pas aux Français tout le bien qu’un poète satirique pouvait leur faire.
C’est précisément alors, si l’on en croit un bruit assez généralement répandu depuis une centaine d’années, que commença de briller un poëte illustre, notre grand lyrique, comme disent encore quelques-uns. […] Qu’est-ce donc qu’un poëte lyrique ? […] Un poëte lyrique, c’est une âme à nu qui passe et chante au milieu du monde ; et selon les temps, et les souffles divers, et les divers tons où elle est montée, cette âme peut rendre bien des espèces de sons. […] De telles choses ont suscité le poëte qui les devait célébrer ; l’ode politique a été véritablement fondée en France ; les Funérailles de Louis XVIII en sont le chef-d’œuvre. […] Une jolie comparaison du poëte avec l’abeille, vers la fin de la pièce, est empruntée et affaiblie d’Horace.
Ceux qui veulent des larmes et ceux qui veulent de l’esprit, les amoureux d’extraordinaire et les quêteurs de modernité, les simples, les raffinés, les femmes, les poètes, les naturalistes et les stylistes, M. […] Quel autre que cet incorrigible poète de petit Chose serait capable d’écrire des histoires aussi chimériques, aussi peu arrivées que les Aventures d’un Papillon et d’une Bête à bon Dieu, le Roman du Chaperon rouge, les Rossignols du cimetière et les Ames du Paradis, mystère en deux tableaux ? […] Voyez encore, dans les Femmes d’artistes, le ménage de ce pauvre poète marié à une Italienne du peuple, jadis belle, maintenant empâtée et vulgaire, qui mène son mari comme un petit garçon et qui tout à coup, au milieu d’une discussion intéressante, lui crie d’une voix bête et brutale comme un coup d’escopette : « Hé ! […] Alphonse Daudet et Sully-Prudhomme, l’un dans ses petits tableaux d’historien pittoresque, l’autre dans ses méditations de poète philosophe. […] Zola : on le montrerait poète à sa façon ; poète pessimiste et fataliste ; on parlerait de sa morosité brutale et de sa lenteur puissante.
Mais il y a le Ducis homme et caractère, poète au cœur chaud, d’autant plus poète qu’il parle en prose et non en vers, et qu’il a le langage plus naturel, écrivant à ses amis des lettres charmantes, toutes semées de mots simples et grandioses, de pensées qui sentent la Bible, le livre de la Sagesse, et où résonne pourtant comme un lointain grondement du tonnerre tragique. […] Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements. […] N’ayant pas eu la force et l’art de se créer une langue poétique à son usage, il n’y a qu’en prose, et dans ce qui saute du cœur sur le papier, que le poète s’est montré tout à fait lui-même. […] C’est ce que je me dis toutes les fois que j’ai douceur et surabondance de mélancolie. » Notez qu’il n’écrivait ainsi en prose que parce qu’il était foncièrement poète par l’imagination et par le cœur. […] Mais Rotrou poète reste incomparablement au-dessus : c’est le Corneille de Ducis.