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1018. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

… Je me demandais ce qu’un livre intitulé, sournoisement ou hardiment, La Tentation de saint Antoine, par Gustave Flaubert, pourrait bien être, et je me disais qu’avec la volonté acharnée de l’homme qui y travaillait, depuis si longtemps il serait au moins quelque chose, quoi que ce fût : histoire ou invention, poème ou roman, étude d’analyse ou de synthèse. […] Quinet, qui n’est un Gœthe que pour sa femme, mais qui n’est qu’un Allemand pour qui ne l’a pas épousé, débuta dans la célébrité par son poème en prose d’Ahasvérus, lequel n’a pas plus de composition, d’unité, de cohérence, que La Tentation de saint Antoine, mais a réellement plus de richesse de détails, d’étendue, d’intérêt, par la très bonne raison qu’Ahasvérus (le Juif errant) parcourt le monde, qu’il reflète ou qui le réverbère, tandis que saint Antoine est bloqué dans un cercle de tentations qui ne sont pas très variées.

1019. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Victor de Laprade dans ses poèmes, d’autres à son exemple dans leur ligne également élevée, tels que M. 

1020. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Un poème qui, lu sans prévention, produit sur des juges délicats, sur des amateurs éclairés et sensibles, un tel effet d’intérêt gradué, d’action successive et de magnifique accomplissement, attestera toujours, quoi qu’on puisse dire, et sauf les parties plus ou moins accessoires, la main et le génie principal d’un seul.

1021. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Delille, dans son poème de L’Homme des Champs, s’est servi d’un mot nouveau, inspiratrice, la lampe inspiratrice , etc.

1022. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Pour bien raconter cette brûlante existence, si vite foudroyée, il semble qu’on aurait besoin du sentiment du poète qui a écrit les poèmes les plus chers à l’imagination contemporaine.

1023. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Et si, dans ses autres poésies, — Les Recueillements, Jocelyn, La Chute d’un ange, où le poète fut l’ange même dans sa chute, le Dernier chant de Child-Harold, dans lequel il lutta avec ce Byron qui avait affecté de ne pas l’entendre, quand il avait parlé de lui en termes dont une fierté si royale et si satanique même qu’elle fût, aurait dû être reconnaissante, La Mort de Socrate, où la beauté du texte de Platon est vaincue et divinisée par une forme inconnue aux Grecs, — si enfin partout, dans tous ses poèmes, Lamartine se sentit au niveau du poète des premières Méditations, jamais il ne monta plus haut que dans les Harmonies.

1024. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Le poème épique est mort.

1025. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Il avait composé des mémoires grecs sur son consulat, qui peuvent passer pour un éloge historique ; et de plus, il s’était célébré lui-même dans un poème latin en trois chants, et qui n’est pas non plus parvenu jusqu’à nous.

1026. (1908) Jean Racine pp. 1-325

C’est un poème latin — fort élégant — du médecin Claude Quillet, publié en 1655, sur les moyens d’avoir de beaux enfants : Callipedia, sive de pulchræ prolis habendæ ratione. […] À propos de ces mots d’Ulysse : « Permettez-moi de souper à mon aise, tout affligé que je suis, car rien n’est plus impudent qu’un ventre affamé. » Notre langue, dit Racine, ne souffrirait pas, dans un poème épique, cette façon de parler, qui semble n’être propre qu’au burlesque : elle est pourtant fort ordinaire dans Homère. En effet, nous voyons que, dans nos poèmes et même dans les romans, on ne parle non plus de manger que si les héros étaient des dieux qui ne fussent pas assujettis à la nourriture : au lieu qu’Homère fait fort bien manger les siens à chaque occasion, et les garnit toujours de vivres lorsqu’ils sont en voyage. […] Il affirme que Dieu lui-même lui a dicté les derniers chants de son poème épique de Clovis.

1027. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Si jamais héros de roman ou de poème fut le fils légitime de son auteur, ce fut bien ce don Quichotte que, dans le prologue de son livre, Cervantes présente si plaisamment au lecteur. […] Ces infinitifs métaphysiques pourraient avoir leur charme comme personnages d’une allégorie ; mais, dans un poème ou dans un drame, ils n’ont de valeur que par le temps ou le mode qui leur imprime une personnalité. […] J’ai raffolé de bien des héros de poèmes et de romans qui sont maintenant effacés de mon esprit comme les affections oubliées. […] Certes, la forêt obscure dans laquelle Dante s’égare au début de son poème est à peine aussi épouvantable qu’un tel inextricable fourré de jugements préconçus, floraison stérile de la paresse d’esprit et floraison malfaisante de l’esprit de système ou de secte. […] Au fond, toute prière, toute contemplation est un poème vivant, et tout poème est d’autant plus beau et plus parfait qu’il se rapproche davantage de la prière et de la contemplation.

1028. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Mais quand s’en est-on aperçu, sinon à l’heure où les poèmes de Lamartine et de Victor Hugo ont montré avec évidence que la plénitude du lyrisme ne se trouvait ni chez Malherbe, ni dans les chœurs d’Esther et d’Athalie ? […] Edouard Grenier68, en me promenant avec Lamartine dans le petit jardin du Chalet, je le voyais s’approcher de la grille sous prétexte de voir le mont Valérien ou les cimes du bois de Boulogne ; il ne lui déplaisait pas, — et c’était visible, de s’exposer à la curiosité et à l’admiration des promeneurs qui passaient sur le boulevard. » Cependant, il y a des poètes qui pensent, et Lamartine tout le premier estimait, sans aucun doute, que le vrai et suprême plaisir n’est point qu’on sache que nous avons fait un poème exquis, c’est d’avoir fait ce poème. […] Comment ne voit-on pas que la doctrine étroite sur l’adaptation nécessaire du poème dramatique à l’état présent de l’esprit public n’irait logiquement à rien de moins qu’à l’abolition de tout l’ancien répertoire ? […] Les poèmes antiques furent d’abord les cris d’effroi ou d’espérance poussés par l’homme devant le spectacle de l’univers, et les systèmes du monde sont composés avec les signes qui manifestèrent ces passions. […] Mais un système philosophique est, d’un bout à l’autre, un poème complet, une construction idéale de l’esprit, où l’artiste crée tout, son objet et sa forme.

1029. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Poèmes anciens et romanesques. […] Restait une partie de ces poèmes plus sévère que les autres ; empruntant le titre au vers célèbre du poète, MM.  […] Poèmes. — 1888. […] Demais), des Poèmes d’Edgar Poe ; la traduction est faite par M.  […] Poèmes lyriques

1030. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Ces poèmes ont terriblement voyagé. […] Son cœur, épanoui d’espérance, défiait la force des choses de vaincre jamais la puissance invincible de son amour… L’exégèse de l’historien, élégante et sobre, vraiment digne d’un tel sujet, suivait, sans la troubler, la musique du divin poème. […] Si, maintenant, nous montons les degrés qui mènent au stylobate, et si nous regardons les bas-reliefs qui décorent la frise intérieure du portique, nous apprendrons, comme dans les chants successifs d’un poème, l’histoire héroïque d’Héraklès, fondateur des jeux Olympiques. […] Ce coffret est une théogonie, un poème épique ; il faut le lire comme un livre sacré. […] Le vieil auteur du poème homérique appelé Hymne à Hermès serait content s’il voyait cette statue, et un Athénien penserait à ces vers du poète Euripide : Atlas qui, de ses épaules d’airain, soutient le ciel, demeure antique des dieux, engendra une déesse, Maïa, qui m’a enfanté, moi Hermès, messager de Zeus, le plus grand des Daimones.

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