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265. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Rabattez de ces éloges ce qu’il vous plaira, faites la part de la politesse et de l’hospitalité, et il en restera toujours quelque chose. […] Necker, dans les intervalles de ses graves affaires, s’égayait de ces saillies de sa fille, et se plaisait à les exciter. […] Forte de son exemple, des vertus et de la religion de toute sa vie, elle vient plaider pour l’indissolubilité du mariage ; elle ne conçoit pas qu’on livre ainsi une institution fondamentale à la merci des caprices humains et des attraits : Car le premier attrait de la jeunesse n’est, dit-elle, qu’un premier lien qui soutient deux plantes nouvellement rapprochées jusqu’à ce qu’ayant pris racine l’une à côté de l’autre, elles ne vivent plus que de la même substance. — Dans l’âge mûr, pense-t-elle délicatement, la femme qui doit plaire le plus est celle qui nous a consacré sa jeunesse. […] La nature, qui devient ainsi le garant et l’interprète de l’amour conjugal, se plaît à consacrer de son inimitable pinceau les chastes sentiments d’une femme fidèle ; et tous les regards que jette un père attendri sur des fils qui lui ressemblent, retombent sur leur mère avec une nouvelle douceur.

266. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Que si les justes sont le spectacle de Dieu, il veut aussi à son tour être leur spectacle : comme il se plaît à les voir, il veut aussi qu’ils le voient : il les ravit par la claire vue de son éternelle beauté, et leur montre à découvert sa vérité même dans une lumière si pure qu’elle dissipe toutes les ténèbres et tous les nuages. […] » Trois choses contribuent ordinairement à rendre un orateur agréable et efficace : la personne de celui qui parle, la beauté des choses qu’il traite, la manière ingénieuse dont il les explique : et la raison en est évidente ; car l’estime de l’orateur prépare une attention favorable, les belles choses nourrissent l’esprit, et l’adresse de les expliquer d’une manière qui plaise, les fait doucement entrer dans le cœur ; mais de la manière que se représente le prédicateur dont je parle, il est bien aisé de juger qu’il n’a aucun de ces avantages. […] À Dieu ne plaise, répond ce grand homme, que je mêle la sagesse humaine à la sagesse du Fils de Dieu ; c’est la volonté de mon maître, que mes paroles ne soient pas moins rudes, que ma doctrine paraît incroyable224 : Non in persuasibilibus humanæ sapientiæ verbis… Saint Paul rejette tous les artifices de la rhétorique. […] Une puissance surnaturelle, qui se plaît de relever ce que les superbes méprisent, s’est répandue et mêlée dans l’auguste simplicité de ses paroles.

267. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Sans doute, cette composition, comme tout ce qui sort de Carle Vernet et de l’école, manque de liberté ; mais, en revanche, elle a beaucoup de sérieux, une dureté qui plaît, une sécheresse de manière qui convient assez bien au sujet, le jeu étant une passion à la fois violente et contenue. […] Il ne s’agit pas de peindre, de dessiner d’une manière originale les laideurs morales de la sacristie ; il faut plaire au soldat-laboureur : le soldat-laboureur mangeait du jésuite. Dans les arts, il ne s’agit que de plaire, comme disent les bourgeois. […] s’il vous plaît. — Repassez ce soir, on a déjà donné à votre père ce matin. » On dirait vraiment que la dame est un portrait.

268. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Je conçois que les chants attribués au fils de Fingal plaisent aux imaginations sensibles. […] Son entreprise doit plaire à tous, et n’alarmer personne ; car il s’occupe encore plus d’attacher l’âme que de forcer la conviction. […] Les hommes les moins crédules aiment ces images dans la peinture : elles doivent donc leur plaire aussi dans une description éloquente. […] Ces Dieux qu’elle enfanta se prêtent à tous ses caprices, et se multiplient même quand il lui plaît. […] Sénèque, dit Quintilien, plaisait à ses admirateurs par les vices de son style.

269. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Elle-même se plaît à le reconnaître, en leur empruntant fréquemment ses épigraphes ; seulement, chez elle, tout vestige de système a disparu, et rien ne lui échappe qui n’ait passé par son cœur. […] Hugo ne s’élève pas jusqu’aux hauteurs de l’ode, il se délasse souvent dans les rêveries les plus suaves, dont nul souffle étranger n’altère la fraîcheur : il se plaira, par exemple, à montrer à son amie le nuage doré qui traverse le ciel, à le suivre de la pensée, à y lire ses destinées de gloire ou d’amour, puis tout à coup à le voir s’évanouir en brouillard ou éclater en tonnerre.

270. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

La chimérique mélancolie qui alanguissait les esprits aux environs de 1890, et depuis une dizaine d’années, les passe-temps où ils se plaisaient, aucune de leurs occupations ni des émotions dont ils s’ampoulaient, n’étaient susceptibles de convenir à de frémissants écrivains auxquels leurs pères ont su transmettre un peu de ces haines généreuses qui les animaient avec force pendant la guerre et après la Commune. […] En conséquence, cette époque nous contente, bien qu’elle nous plairait davantage si des batailles la bouleversaient, si d’héroïques batailles en troublaient l’apathie.

271. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Cependant vingt critiques, sous des titres différens, couroient dans Athènes, afin de prouver qu’Aristophane n’avoit pas dû plaire ; mais cet excellent comique avoit aussi ses enthousiastes. […] Qu’on juge combien devoir plaire à la multitude ce fonds de comédie exécuté par un excellent comique, qui peignoit tout du pinçeau le plus animé, le plus brillant, le plus hardi, le plus fort ; qui chargeoit toujours ses portraits, prodiguoit des allusions grossières.

272. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Mort jeune encore, et lorsque la réputation commençait à lui venir, c’est un de ces talents distingués qui plaisent à la moyenne des âmes comme s’ils étaient vulgaires. […] Mais nous l’avons dit déjà, c’est par cette infériorité très réelle et que la Critique doit indiquer, que Topffer plaira davantage à cette moyenne d’âmes pour lesquelles il a écrit, et qui ne comprendraient rien d’ailleurs au troisième dessous du génie.

273. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Cet homme aimable, que tout le monde appelait Monselet tout court dans une chaleureuse et flatteuse sympathie et parce qu’il plaisait à tout le monde, ce nonchalant de mœurs, fait, à ce qu’il semblait, pour se chauffer, lazzarone d’esprit, au soleil de tous les printemps et au feu de toutes les cuisines, cette gloire de tout festin et que toute la terre qui sait dîner eut voulu avoir à sa table, hospitalité intéressée ! […] III Ainsi, un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui-là qui plaît davantage, — le plus pénétrant et le plus pur… Certes !

274. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

A Dieu ne plaise. […] A Dieu ne plaise que j’excuse de pareils torts. […] Boileau l’a bien dit, il n’y a que le vrai & l’uni qui plaît, & encore, ne faut-il pas l’effectuer. […] plut au ciel ! […] … Alte-là, s’il vous plaît : chacun en recevroit chaque mois à proportion de son état.

275. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Ce rosier te faisait plaisir ; tu te plaisais à le voir, à penser d’où il venait. […] La diversion fait l’intérêt des yeux et de l’esprit, car nous ne nous plaisons qu’en curiosité. […] Il y a un cercueil entre le monde et moi ; c’est fini du peu qui m’y pouvait plaire. […] Tout m’était riant en lui, tout me plaisait, jusqu’aux peines : mon Dieu ! […] Hugo soit un puissant écrivain, mais il ne me plaît pas toujours.

276. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Je leur en donnerai leçon quand il me plaira. […] — Au fond donc, le but de l’artiste est de plaire, et la fin de l’art est de plaire, et l’œuvre d’art est faite pour plaire ? […] Reste donc qu’il se plaise à lui-même et non pas qu’il plaise aux autres. Le devoir de l’artiste est de se plaire, de créer une œuvre dans laquelle il se plaise. Le but de l’art n’est pas de plaire ; il est de se plaire en se réalisant, sans aucune autre préoccupation.

277. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Quelquefois favori emporte l’idée de puissance, quelquefois seulement il signifie un homme qui plaît à son maître. […] Etre galant, en général, c’est chercher à plaire par des soins agréables, par des empressemens flatteurs. […] ) dans les personnes, dans les ouvrages, signifie non-seulement ce qui plaît, mais ce qui plaît avec attrait. […] Il plaît par des beautés fortes. […] Il veut dire plus qu’agréable ; il indique l’envie de plaire : des manieres gracieuses, un air gracieux.

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