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16. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Dès 1674, il sentit qu’il lui convenait de se rapprocher des personnes dont on avait pu le croire éloigné. […] Cette femme était madame Deshoulières, personne de beaucoup d’esprit et de talent. […] On suit que cette épitre ne désigne personne comme admirateur de Pradon. […] Elle écrivait à madame de Grignan : « Les personnes innocentes qui chantent les malheurs de Sion (dans les chœurs) sont une convenance qui charme dans cette pièce. […] Vigueul-Marville rapporte qu’il disait à ses amis : « Vous voyez la manière dont je parle : sachez que je suis toujours sur mes gardes et que personne n’observe mieux que moi les longues et les brèves. » T. 

17. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Elle ne parlait à personne, personne ne songeait à elle, son histoire était évidemment oubliée. […] Il n’y avait nulle honte à y être ; car on y avait connu les personnes les plus respectées. […] Le vicaire était la seule personne de son rang qu’elle vit, s’il est permis de parler de la sorte. Ce jeune prêtre était avec cela une personne très attrayante. […] Avant cela, il n’était venu à la pensée de personne que la fille de Kermelle fût folle.

18. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

La demoiselle Le Couvreur était de ces personnes extraordinaires qui se créent elles-mêmes. […] On n’avait jamais si bien entendu l’art des scènes muettes, l’art de bien écouter et de jouer encore de toute sa personne et de son attitude expressive, tandis qu’un autre parlait. […] Tout nous le dit déjà : Mlle Le Couvreur n’était pas simplement une personne de talent, elle était une personne distinguée par l’intelligence, par le cœur et les plus solides qualités. […] Sa physionomie annonce d’abord son esprit : un air du monde, répandu dans toute sa personne, le rend aimable dans toutes ses actions. […] Il n’est pas difficile d’imaginer quelle était cette personne si attendue : le comte de Saxe revenait, à cette date, d’un de ses voyages de Courlande à Paris.

19. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

En second lieu il est interessant par rapport à certaines personnes seulement, c’est-à-dire que tel sujet qui n’est capable que de s’attirer une attention mediocre du commun des hommes, s’attire cependant une attention très-serieuse de la part de certaines personnes. Par exemple, un portrait est un tableau assez indifferent pour ceux qui ne connoissent pas la personne qu’il répresente ; mais ce portrait est un tableau précieux pour ceux qui aiment la personne dont il est le portrait. […] Je ne parlerai pas plus au long de cet interêt de rapport et particulier à certains hommes comme à certains tems, d’autant qu’il est facile aux peintres et aux poëtes de connoître si les sujets qu’ils entreprennent de traiter interessent beaucoup les personnes devant lesquelles ils doivent produire leurs ouvrages. […] Combien de livres de parti doivent leur premiere vogue à l’interêt particulier que prennent à ces livres les personnes attachées à la cause pour laquelle ils parlent. […] D’ailleurs il est des interêts de rapport qui subsistent long-tems et qui peuvent concilier à un ouvrage durant plusieurs siecles l’attention particuliere d’un grand nombre de personnes.

20. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Ses parents ne lui envoyèrent pas moins que Massillon en personne pour la réduire. […] De tout temps, elle fut la personne qui demanda le moins à son voisin ce qu’il fallait penser. […] Elle s’accommodait finalement de lui, comme l’eût fait une personne sensée dans un mariage de raison. […] Le trait distinctif de son esprit était de saisir la vérité, la réalité des choses et des personnes, sans illusion d’aucun genre. […] Je n’insisterai pas ici sur les portraits qu’elle a tracés des personnes de sa société.

21. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Après 1645, quand la société de Rambouillet commença à se dissoudre, comme nous l’avons vu, il s’en forma de nouvelles de l’élite des personnes qui la composaient ; il s’en forma de son rebut, il s’en forma de mêlées ; il s’en forma même des partis opposés de la cour et de la ville ; la pruderie et la galanterie se mêlèrent. […] Ici l’ordre des faits amène sur la scène une personne dont le nom rappelle les plus agréables souvenirs, c’est madame de Sévigné. […] » Le 7 octobre 1655, à propos de l’estime que M. de Turenne lui avait témoignée pour elle : « … Il faut que je vous dise, madame, que je ne pense pas qu’il y ait au monde une personne si généralement estimée que vous… On s’accorde à dire qu’il n’y a point de femme de votre âge plus vertueuse et plus aimable que vous. […] Huet, évêque d’Avranches, était attaché à sa personne ainsi que Segrais. […] On peut ajouter aux femmes de bonne compagnie de cette période madame de Scudéry, personne si différente de sa belle-sœur Madeleine et de Georges de Scudéry son mari, âgée de 19 à 29 ans.

22. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Vaugelas est moins une personne, un esprit individuel et original, qu’un esprit, si cela peut se dire, collectif. […] Le même trait caractérise, en Vaugelas, l’homme et le critique ; la personne ne se montre pas plus dans l’un que dans l’autre. […] Quelle place y a-t-il là pour le talent de la personne ? […] On ne voit là aucun de ces artifices de style où ne brille que l’esprit de la personne. […] Il faut une langue individuelle, et comme le don n’en a été accordé qu’à des personnes extraordinairement douées, ces personnes impriment à leurs écrits une marque qui les fait reconnaître de loin, y attire le lecteur.

23. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

Par le second j’exprime son rapport aux personnes, les sentiments qu’il leur inspire, ou peut, ou doit leur inspirer, — sa valeur. […] Centres d’action et de passion, mesures de toutes valeurs et valeurs elles-mêmes absolues, nous posons les personnes humaines comme seules véritables causes et fins : à elles seules, par suite, les notions de devoir et de droit nous paraissent pouvoir s’appliquer, C’est pourquoi nous déclarons que les choses sont « utilisables », et les personnes « respectables » : la notion de à valeur des choses n’entraîne que celles de nos prétentions et de nos pouvoirs sur elles ; la notion de la valeur des personnes entraîne celles de nos devoirs envers elles. […] On ne saurait les égaliser sans tenir compte de ce fait qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire des centres d’activité indépendants et originaux. Et c’est justement le sentiment de la valeur propre à la personne qui interdit de parquer les personnes en des groupes d’inégale valeur.

24. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Mademoiselle, personne d’imagination, de fantaisie et d’humeur, mais de peu de jugement, réalisa beaucoup de ce type en elle : elle y ajouta tout ce qui était propre aux préjuges de sa race et aux superstitions de sa naissance. […] Dans un temps où Richelieu dominait et « où la tyrannie régnait si hautement, même sur les personnes royales », elle garda en elle le culte intact et la haute idolâtrie de sa propre race. […] Elle était particulièrement mal avec la reine et avec le cardinal Mazarin, et dès lors aussi peu disposée à être sage et sensée dans ces troubles naissants qu’aucune autre personne de la Cour. […] Mademoiselle s’offrit pour aller en personne à Orléans et pour maintenir la ville. […] Elle s’aperçut donc un jour que ce petit homme, capitaine des gardes, Gascon à la mine fière, au ton spirituel et ironique, avait un je ne sais quoi qu’elle n’avait encore remarqué dans personne.

25. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

et de quelle autre personne s’agit-il ? […] Il n’emprunte les idées ni les expressions de personne ; ce qu’il voit, ce qu’il dit, il le voit et il le dit pour la première fois. […] À la manière dont elle parle d’elle et de sa personne, on serait par moments tenté de lui croire des charmes médiocres et de chétifs agréments. […] C’était aussi une très-grande dame dans toute sa personne. […] Personne ne s’adresse à elle pour demander des grâces au vieux maréchal…  » (Lettre XI.)

26. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

La pauvre Mlle de Lespinasse s’intéresse à ces personnes, à l’une surtout, et elle essaie de se glisser entre les deux. […] Je ne voudrais point celle de cette malheureuse personne, elle est mécontente de vous ; et je ne voudrais point non plus celle de cette autre personne, vous en êtes mécontent. […] aux aimables personnes de notre nation : c’est une simple remarque que d’autres ont exprimée avant moi. […] Que de moqueries fines en passant sur le bon Condorcet, sur le chevalier de Chastellux, sur Chamfort, sur les personnes de la société ! […] En arrivant à Aix, les personnes qui étaient dans la voiture trouvèrent les gens de l’hôtel sur la porte tout inquiets et les interrogeant.

27. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Avenel, avait jour et nuit auprès de sa personne quelques secrétaires intimes, mais n’avait point de bureaux. […] En un mot, Richelieu était porté à faire seul la besogne des autres plutôt qu’à laisser personne empiéter sur la sienne et sur sa direction absolue. […] Richelieu n’avait que vingt ans et quelques mois : il fallut bien des instances pour obtenir les bulles ; lui-même il alla en personne à Rome, et y fut sacré le 17 avril 1607. […] Les lettres de consolation qu’il adresse à certaines personnes qui ont perdu de leurs proches sont alambiquées, subtiles, et sentent encore moins le contemporain que le devancier prétentieux et un peu arriéré de Balzac. […] C’est lui qui a écrit, à la dernière page de son Testament politique : « Beaucoup se sauveraient comme personnes privées, qui se damnent en effet comme personnes publiques. » Permis à Voltaire de rire de ces maximes et d’y voir la trace d’un petit esprit !

28. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Il y a des moments même où l’on dirait qu’elle charme ; mais, dès qu’on la quitte, ce charme ne tient pas, et l’on reprend de la prévention contre sa personne. […] Cependant la jeune personne commençait dans ses voyages à Paris à voir le monde, et ses premiers pas furent des succès. […] Elle avait besoin d’être singulièrement distinguée et admirée de ceux auprès de qui elle vivait, quels qu’ils fussent, et qu’on dît d’elle : C’est une personne unique. […] Il y eut trois ou quatre personnes, y compris son confesseur, qui l’appelèrent Votre Majesté à huis clos : c’était assez pour son orgueil. […] Elle fut la personne essentielle, conseillante et consolante, raisonnable et tout à la fois agréable de cet intérieur royal au milieu de toutes les affaires et les afflictions.

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