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1347. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il est encore tout entier dans cette lettre à un jeune homme triste, souffrant, entravé dans ses goûts, et à qui il dit pour le consoler : « Ne vous laissez pas aller aux longues et secrètes douleurs : Dieu le défend à notre nature… J’ai connu tout cela, Monsieur, voilà pourquoi je me permets de vous en parler. […] Écrivez, écrivez… » C’est, sous une autre forme, le conseil que se donnait également Nicole, et la recette qu’il avait trouvée pour se délivrer l’esprit quand il était obsédé de pensées qui lui ôtaient le sommeil : il se hâtait de les jeter sur le papier ; — et Gœthe, le grand poëte, disait aussi, dans une bien vivante image ; « Mettez au monde cet enfant qui vous tourmente, et il ne vous fera plus mal aux entrailles. » Un autre jour, lisant avec admiration les trois volumes de Philosophie de Lamennais, et l’en louant à son tour et même à outrance, Béranger fait cependant une réserve sur un point bien important ; c’est à propos de l’espèce d’analyse que le philosophe a essayé de donner de l’idée de Dieu : « Je me suis toujours élevé vers Dieu, lui dit Béranger, autant que mes ailes fangeuses me l’ont permis, mais toujours les yeux fermés, me contentant de dire : “Oh !

1348. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Qui de nous ne s’est permis des légèretés et un sourire au moins sur le grand roi ? […] Quelques cas singuliers, quelques anecdotes citées et répétées sur la foi des premiers auteurs, suffisent-elles pour permettre de tirer une conclusion aussi générale et aussi défavorable à la faculté judicieuse du grand roi, faculté si véritablement judicieuse en effet, qu’elle l’a conduit à discerner les hommes les plus capables, en chaque genre, et à les employer à propos ?

1349. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

S’il m’est permis d’émettre un avis et de proposer un jugement, je dirai que M.  […] Montaigne, en voyage, était tout appliqué avoir, à regarder ; à peine s’il se permet une réflexion ; il les réserve pour plus tard.

1350. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Ce fils, le sombre et jaloux Philippe II, était alors dans les Pays-Bas ; Charles-Quint se permet une seule fois de lui donner des conseils. […] Mais Charles-Quint se permettait peu de sourire.

1351. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Il ne tient qu’à vous d’y ajouter encore en me permettant de cultiver l’honneur de votre correspondance… » Ainsi Ducis ne savait pas l’anglais, et le progrès en toute chose est si boiteux, que l’idée ne lui vint jamais de l’apprendre ; mais il sentait de ce côté de Shakespeare un « attrait inexplicable » qui n’est pas la moindre singularité de cette nature candide. […] l’empêchèrent de faire le voyage qui lui aurait permis d’aller s’éclairer face à face et d’allumer sa torche tragique non plus à la lanterne sourde de Le Tourneur, mais au tonnerre même ; il n’était pas homme à se dire à la manière d’Épaminondas : « J’ai deux filles immortelles, Juliette et Lady Macbeth !

1352. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il a fait des découvertes réelles, bien qu’il les ait un peu exagérées dans le principe ; mais à lui tout est permis, et il a, par son talent d’écrivain et par ses retouches successives, des manières de compenser ou de réparer, et, une fois averti, des empressements à rentier dans le vrai, qui ne retirent rien aux effets d’un premier éclat. […] Battu en politique et en intrigue, malheureux à la guerre, finalement malheureux en amour, étant allé de mécompte en mécompte, M. de La Rochefoucauld n’avait plus de ressource véritable que du côté de l’esprit, et il demanda, en effet, au sien, tout ce qu’il put lui offrir de consolation, de dédommagement et de vengeance permise.

1353. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Ceci est une parenthèse que j’ouvre sur Gavarni, et je me la permets parce que je la crois aussi intéressante que neuve. […] À côté de la vie qui dans sa jeunesse lui permettait de semblables rêves, il en avait une autre, une double et toute visible.

1354. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Leys, à qui il était si aisé, pour sa manière archaïque, de dénier l’originalité en le déclarant un disciple pur et simple d’Albert Durer, Théophile Gautier s’y prend avec plus de ménagement ; il a toute une théorie pour le cas particulier, et il entre dans les explications les plus appropriées comme les plus favorables : « S’il est permis, dit-il, de ressembler à quelqu’un, c’est sans doute à son père, et M.  […] C’est la plus grande impertinence qu’on se soit permise en faveur des genres foudroyés par Boileau.

1355. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

On me permettra de les citer, car je les crois inédites, et elles ajoutent au portrait ; on y verra de plus, par l’exemple d’un des oracles académiques du jour, que la langue avait encore passablement à faire pour se polir. […] Vaugelas, en terminant sa Préface, prend soin de tracer le programme d’un nouvel ouvrage qui serait à faire sur la langue, et que le sien n’a pas la prétention de suppléer : ce serait, après avoir célébré l’excellence de la parole en général, de tracer un historique de notre langue en particulier, de la suivre dans ses progrès et ses âges divers, depuis ses premiers bégayements jusqu’à « ce comble de perfection » où elle est arrivée, et qui permet de la comparer aux nobles idiomes de l’antiquité : témoin tant de belles traductions de cette même antiquité, dans lesquelles nos Français ont égalé quelquefois leurs auteurs, s’il ne les ont surpassés.

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Son railleur favori, le bachelier Samson Carrasco, qu’il introduit dans la dernière partie de son Don Quichotte et qui est une invention caractéristique de cette seconde moitié, n’exerce ses doutes et sa moquerie que dans le cercle des choses permises, et l’on sent qu’il n’a aucun effort à faire pour s’y renfermer. […] Celle de Filleau de Saint-Martin, en 1678, vint permettre enfin à tout le monde de le lire dans une langue facile et agréable.

1357. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine ; et puisqu’il faut bien, sous peine de monotonie, varier la louange par quelque chicane, je me permettrai de venir le contrarier un peu sur ce point. […] On prit cette envie de sa part pour un caprice bizarre, car sa santé dès lors ne lui permettait guère de se déplacer.

1358. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Elle n’était ni une pédante, ni une précieuse et un bas bleu, pas le moins du monde ; et bien qu’il y ait dans ce qu’elle a écrit et ce qu’on a sous les yeux des pages qui, à distance et avec un peu de mauvaise volonté, permettraient de juger d’elle autrement, je reste persuadé et je soutiens que ces taches ou ces roideurs ne sont pas essentielles, qu’elles n’allaient pas en elle jusqu’à affecter et gâter la femme vivante ; c’est de la littérature écrite imitée, un pli de la mode, rien de plus. […] Il n’est donné qu’à une Caylus, née et nourrie dans les élégances de Cour et dans la politesse de Saint-Cyr, de se jouer ensuite dans l’urbanité légère et de se permettre les grâces négligées.

1359. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Je me permettrai, là où j’en puis juger, d’exprimer parfois un désir et un doute. […] Mais il y a des hypothèses permises aux savants et qui se font moyennant des inductions scientifiques et naturelles.

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