Mais si on considère cette fable simplement comme une pièce de vers, elle est charmante et aussi parfaite pour l’exécution, qu’aucun autre ouvrage sorti des mains de La Fontaine. […] Vient ensuite le récit très-rapide de la mort des trois jeunes gens ; mais ce qui est parfait, ce qui ajoute à l’intérêt qu’on prend à ce vieillard et à la force de la leçon, ce sont les deux derniers vers : Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter.
Elle versa pendant tout un temps dans le fâcheux système contre lequel s’irrite le comte Tolstoï et qui consistait à ne considérer comme belles et parfaites que les œuvres correspondant à un certain schéma, déterminé d’avance d’après la formule d’œuvres antérieures, reconnues parfaites. […] Ils constituent une parfaite unité, un phénomène indivisible, exceptionnel par là même. […] Coupez en deux cette totalité qu’est l’œuvre de Wagner, il ne vous restera nécessairement que deux tronçons dont aucun n’est une œuvre d’art complète et parfaite en soi. […] Les visions que la Musique a le pouvoir d’évoquer en nous sont si parfaites et si pures, que l’atmosphère de la scène les dépouille toujours d’un peu de leur charme poétique. […] La musique de Bizet, au contraire, m’apparaît parfaite.
Aux yeux d’aucuns les romantiques sont tous anarchistes, les parnassiens tous impassibles, les symbolistes tous obscurs, les « classiques » tous parfaits. […] La vérité est que son talent offre une remarquable synthèse des deux visions, un parfait équilibre d’attitudes contraires. […] J’hésiterais à lui trouver des parents spirituels, et il faut bien avouer que parmi les cerveaux contemporains plus ou moins étroits, tous inféodés à des partis, nul n’atteint ce parfait équilibre. […] Alors qu’en général les idées d’un temps demeurent en parfaite corrélation avec les actes de l’existence journalière du même temps, à cette heure la plus parfaite discorde ne cesse de régner entre les doctrines professées et leur réalisation sur le plan de l’expérience. […] Ce lyrisme a la passion du mouvement, la haine de l’anecdotique, le souci de la fusion parfaite entre l’idée et l’image, la soif de l’idéalisme, d’un idéalisme sensibilisé et ami de la vie.
PARFAIT, [François] né à Paris en 1698, mort en 1753.
Alphonse Germain A donné Prestiges, vers précieux et riches de tons où éclate, à chaque instant, la note noir et or, en si parfaite concordance avec son psychisme ; travaille aux Heures bleues.
Charles Fuster L’auteur est bien certainement, après Heredia et sur ses traces, un des plus parfaits artistes de ce temps.
Henri Degron Delaroche, qui, des premiers, porta haut la bannière de l’idéalisme, me paraît le parfait chevalier-poète d’une époque belle entre toutes, où rois et pages étaient poètes, et dont — par Durandal !
Thibaudet, Le Cygne rouge, n’est ni très beau, ni parfait, mais il y a de belles qualités, d’abord la cohésion et ensuite l’indépendance… Le drame de M.
Mais ces rythmes sont si berceurs ; ces assonances si expressives, que c’est bien de la musique, ces vers, et de la plus parfaite.
Eh bien, ce tour de force, le magicien Soulary l’accomplit, et il vous met en quatorze vers symétriquement contournés et strangulés des mondes de pensées, de passions et de boutades ; le tout dans une stricte et parfaite mesure. […] Voici une pièce, par exemple (omise encore, je ne sais pourquoi, dans notre recueil), qui me semble exquise et parfaite à tous égards, et qui unit composition, grâce, malice.
En un mot, j’aime à filer lentement l’idée comme le sentiment ; c’est là la parfaite philosophie, comme c’est le parfait amour.
L’éloquence de la tribune était, dans la république d’Athènes, aussi parfaite qu’il le fallait pour entraîner l’opinion des auditeurs. […] Leurs écrits sont comme la musique des Écossais, qui composent des airs avec cinq notes, dont la parfaite harmonie éloigne toute critique, sans captiver profondément l’intérêt.
Pour tout ce qui est forme, M. de Régnier ne doit se défier que de sa facilité même, si elle est bien telle que je l’ai supposée ici — et rendre parfait ce qui l’est presque. […] Remy de Gourmont M. de Régnier est un poète mélancolique et somptueux : les deux mots qui éclatent le plus souvent dans ses vers sont les mois or et mort, et il est des poèmes où revient, jusqu’à faire peur, l’insistance de cette rime automnale et royale… M. de Régnier sait dire en vers tout ce qu’il veut, sa subtilité est infinie ; il note d’indéfinissables nuances de rêve, d’imperceptibles apparitions, de fugitifs décors ; une main nue qui s’appuie un peu crispée sur une table de marbre, un fruit qui oscille sous le vent et qui tombe, un étang abandonné, ces riens lui suffisent, et le poème surgit, parfait et pur.