Et d’ailleurs, celle qui croirait posséder l’ami le plus parfait et le plus sensible, l’amie la plus distinguée, sachant mieux que personne tout ce qu’il faut pour obtenir du bonheur dans de telles relations, serait d’autant plus éloignée de conseiller comme la destinée de tous, la plus rare des chances morales. […] Mais un tel dévouement n’a presque point d’exemple entre des égaux, il peut exister, causé par l’enthousiasme ou par un devoir quelconque ; mais il n’est presque jamais possible dans l’amitié, dont la nature est d’inspirer le funeste besoin d’un parfait retour ; et c’est, parce que le cœur est fait ainsi, que je me suis réservé de peindre la bonté comme une ressource plus assurée que l’amitié, et meilleur pour le repos des âmes passionnément sensibles.
Dans la région de l’Inde au Caucase, le zend, avec ses mots longs et compliqués, son manque de prépositions et sa manière d’y suppléer au moyen de cas formés par flexion, le perse des inscriptions cunéiformes, si parfait de structure, sont remplacés par le persan moderne, presque aussi décrépit que l’anglais, arrivé au dernier terme de l’érosion. […] Or, les procédés par lesquels la langue vulgaire s’est élevée à la dignité de langue littéraire sont ceux-là mêmes par lesquels on peut en acquérir la parfaite intelligence.
L’état quelconque du mouvement qu’il immobilise apparaît sous le regard de la conscience, comme le seul état parfait ; il emporte la foi absolue en lui-même et fait tenir le nombre illimité des possibles dans les limites qui le définissent. « Je suis, dit-il toujours, la vérité et la vie. » Et la force avec laquelle ce pouvoir d’arrêt s’affirme sous forme de vérité dans le monde moral traduit expressément le degré du pouvoir de réalisation dont il est l’interprète. […] La discussion qui s’éleva entre Napoléon et Volney, lorsque l’empereur résolut de rétablir en France le culte catholique, offre un exemple parfait d’une attitude de connaissance opposée à une attitude de fanatisme vital.
Nicolas Despréaux, qui d’ailleurs était le plus parfait maroufle et le plus sot butor de son siècle, eut un jour une trouvaille de génie (l’attribuer à son tempérament bilieux) dans ce vers : Aux Saumaises futurs préparer des tortures. […] Actuellement, au contraire, on la tient pour ce qu’elle est, c’est-à-dire pour un des moyens d’expression de la pensée les plus parfaits.
Il ne demande ni devoirs ni scrupules extraordinaires ; aussi éloigné, quant à la morale, des préventions des parfaits contre leurs vertus mêmes, que des complaisances des relâchés pour leurs faiblesses. […] Chrétien orthodoxe, il tient compte de tous les états du chrétien, et, en particulier, de la vie solitaire et contemplative, qui est de tradition ; des parfaits, dont les chefs ont été de grands saints. […] il aspirait à réunir en lui tous les caractères et toutes les dispositions, à être à la fois le docteur de la tradition et le mystique de l’expérience propre, le chrétien actif et le parfait. […] L’un abandonnait les actes comme inutiles ; l’autre les discréditait comme insuffisants pour les parfaits. […] Celui à qui l’abbé de la Trappe donnait raison contre Fénelon ne peut être accusé d’avoir fait la part trop petite aux solitaires et aux parfaits.
Un harmonisé parfait serait un être bien peu intéressant, en tout cas improductif au point de vue artistique. […] J’imagine que les femmes poètes trouvent dans leur poésie leur plus parfaite eurythmie. […] Mais on peut définir sa poésie, une tentative d’adaptation, d’identification parfaite avec la nature. […] que cherche donc cette femme, au-delà de l’accord parfait des étreintes et des spasmes ? […] C’est que l’amour, en ses minutes de mutuelle concordance, donne à la chair, à l’être tout entier, un rythme parfait.
Ces choses ne sont pour le parfait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit. […] Il y aurait évidemment un immense danger à traduire en fresque le délicieux et le plus parfait tableau de genre. […] En le supposant parfait, il pourrait révolter. […] On crut voir le vrai Charles IX ; c’était une parfaite résurrection. […] Ou bien le poëte espère-t-il persuader à ce gros public de petites gens que les deux époux vivront dans une chasteté parfaite ?
Mon père était pasteur ; c’était l’image parfaite d’un prêtre de campagne. […] Georges Woodberry, qui s’est chargé de les présenter aux lecteurs de la Century, les déclare « amplement suffisantes pour établir la vérité parfaite et la parfaite bonne foi de Griswold ». […] Pater a su y adapter avec une vraisemblance parfaite l’âme de son héros. […] Ruskin, parmi les plus parfaits poètes de la prose anglaise. […] Ce système parfait, c’est, d’après M.
qu’elle est bonne, qu’elle est noble, qu’elle est belle, qu’elle est parfaite ! […] Le marquis, à force d’avilir et de tyranniser ceux qui l’entourent, a fini par haïr et mépriser l’homme ; il n’a plus de goût que pour les scélérats parfaits. […] Les sottises parfaites, les mésaventures complètes, les méchancetés achevées, sont choses rares. […] Elle est parfaite en son genre, pareille à un cheval dangereux et superbe qu’on admire en le redoutant. […] Cette parfaite imitation ne se borne pas à quelques scènes choisies ; elle embrasse tout le volume.
Il y a des pièces, en effet (et ce sont les plus parfaites), où la beauté est dans le tout. […] Il lui reste longtemps des besoins d’expression plus parfaite qu’il cherche involontairement à jeter dans sa nouvelle forme. […] Cette pure et sévère splendeur des marbres au sein de la verdure tranquille du paysage nous offre un parfait emblème de l’art virgilien. […] Oui, mais pour que cette perfection soit parfaite, il faut qu’elle soit originale. Or, dans l’Énéide, Virgile n’est pas Virgile, il n’est que le plus parfait des imitateurs.
Les œuvres qu’on tentait étaient monstrueuses, au lieu d’être parfaites ; et elles valaient moins encore, s’il est possible, que le système hautain et vide qui prétendait les inspirer. […] La variété des œuvres n’était pas moins grande que leur perfection ; et le philosophe n’avait pas besoin, quand même il l’aurait pu, de sortir de la Grèce ; elle lui offrait en tout genre des modèles accomplis, aussi divers que parfaits. […] Horace et Boileau, dans leur Art poétique, sont plus parfaits, mais moins sagaces. […] Voici comment il essaye de la justifier sans y parvenir : « On peut, en comparant la tragédie et l’épopée, se demander laquelle de ces deux espèces d’imitations est la plus parfaite. […] Mais, certes, Aristote n’a rien ignoré de ce qu’enseignait Platon ; et s’il s’est décidé pour des solutions contraires, c’est à parfait escient.
Mais, quant à y trouver une divinité parfaite, c’est ce que j’ose affirmer, si l’on peut affirmer quelque chose. » C’est néanmoins de ces consolantes conjectures, et de ces magnifiques probabilités, que le monde vit depuis qu’il est né, et qu’il vivra jusqu’à son dernier jour. […] XXII « L’âme, continue-t-il, qui est immatérielle, qui va dans un autre séjour, de même nature qu’elle, séjour parfait, pur, immatériel, et que nous appelons pour cette raison l’autre monde, auprès d’un Dieu parfait et bon (où bientôt, s’il plaît à Dieu, mon âme va se rendre aussi), l’âme, si elle sort pure, sans rien emporter du corps avec elle, comme celle qui pendant sa vie n’a eu aucune faiblesse pour ce corps, qui l’a vaincu et subjugué au contraire, qui s’est recueillie en elle-même, faisant de ce divorce son principal soin, et ce soin est précisément ce que j’appelle bien philosopher ou s’exercer à mourir ; « L’âme donc, en cet état, se rend vers ce qui est semblable à elle, immatériel, divin, immortel et sage, et là elle est heureuse, affranchie de l’ignorance, de l’erreur, de la folie, des craintes, des amours déréglées et de tous les maux des humains, et, comme on le dit des initiés, elle passe véritablement l’éternité avec les dieux (les êtres divins). […] Socrate la prit avec la plus parfaite impassibilité, sans aucune émotion, sans changer ni de couleur ni de visage ; mais, regardant cet homme d’un regard ferme et assuré comme à son ordinaire : « Dis-moi, est-il permis de répandre un peu de ce breuvage pour en faire une libation ? […] Voici cette philosophie : Un Dieu suprême, unique, parfait, dont l’existence est un mystère et se démontre par soi-même ; Une hiérarchie d’êtres émanés de lui, et investis plus ou moins de sa sagesse, de sa puissance, de sa bonté, créant et gouvernant, sous son regard, les astres, les mondes, les âmes ; L’âme, ou l’esprit, distinct de la matière, mais mû par la volonté de Dieu, dans l’homme ou dans d’autres êtres pensants ; La matière périssable, l’âme immortelle ; La vertu, exercice de l’âme pendant la vie, pour conquérir une vie plus parfaite par sa victoire sur les sens.
Brahms, parfait exemple entre ses multiples confrères, est sérieux, avisé, régulier, honnête, érudit ; il excelle invraisemblablement dans l’ennui. […] Un fait évident et caractéristique : en nulle œuvre autant qu’en le Rheingold et la Walküre la partie poétique et la décorative ne sont plus importantes, plus parfaites. […] J’approche au terme ; et déjà voici cette Gœtterdæmmerung, le plus véhément sinon le plus parfait effort humain vers la toute expression musicale. […] Dans, le désir d’amour est le mobile de toutes sensations ; ce n’est plus l’essai d’une synthèse universelle ; mais, synthèse partielle, c’est maintenant avec une parfaite rigueur déductive. Dans le Parsifal la synthèse sera totale, et le drame déduit d’une rigueur parfaite.