Les Pères entrent inquiets dans le temple d’Apollon ; depuis quelques jours, Tibère semble prendre à tâche de se démentir lui-même ; il élève les amis de son favori et le lendemain il met ses ennemis aux premiers postes. […] Les Pères s’alarment ; mais la ligne qui suit les rassure. Deux phrases plus loin, la même insinuation revient plus précise. « Quelques-uns, dit Tibère, pourraient représenter sa sévérité publique comme l’effet d’une ambition ; dire que sous prétexte de nous servir, il écarte ce qui lui fait obstacle ; alléguer la puissance qu’il s’est acquise par les soldats prétoriens, par sa faction dans la cour et dans le sénat, par les places qu’il occupe, par celles qu’il confère à d’autres, par le soin qu’il a pris de nous pousser, de nous confiner malgré nous dans notre retraite, par le projet qu’il a conçu de devenir notre gendre. » Les Pères se lèvent : « Cela est étrange132 ! […] Ils sondent anxieusement les profondeurs de ces phrases tortueuses, tremblant de se compromettre auprès du favori ou auprès du maître, sentant tous qu’ils doivent comprendre sous peine de vie. « Vos sagesses, Pères conscrits, peuvent examiner et censurer ces suppositions. […] Ô fils du soleil, Plus brillant que ton père, laisse-moi te baiser Avec adoration, toi et tous ces trésors, Reliques sacrées de cette chambre bénite139.
Elle m’y racontait souvent, pour me distraire, Son enfance, et les jeux de mon père, son frère, Que je n’ai pas connu ; car je naquis en deuil, Et mon berceau d’abord posa sur un cercueil. Elle me parlait donc et de mon père et d’elle ; Et ce qu’aimait surtout sa mémoire fidèle, C’était de me conter leurs destins entraînés Loin du bourg paternel où tous deux étaient nés. […] Le monde n’est pour vous, radieux et vermeil, Qu’un atome de plus dans votre beau soleil, Et l’Océan immense aux vagues apaisées Qu’une goutte de plus dans vos fraîches rosées ; Et bien que le cœur sûr d’un ami vaille mieux Que l’Océan, le monde et les astres des cieux, Ce cœur d’ami n’est rien devant la plainte amère D’un nouveau-né souffrant ; et pour vous, père et mère, Une larme, une toux, le front un peu pâli D’un enfant adoré, met le reste en oubli. […] Suis ton père et ta mère, attentif et docile ; Ils te feront longtemps une route facile : Enfant, tant qu’ils vivront, tu ne manqueras pas, Et leur ardent amour veillera sur tes pas. Puis, quand ces nœuds du sang relâchés avec l’âge T’auront laissé, jeune homme, au tiers de ton voyage, Avant qu’ils soient rompus et qu’en ton cœur fermé S’ensevelisse, un jour, le bonheur d’être aimé, Hâte-toi de nourrir quelque pure tendresse, Qui, plus jeune que toi, t’enlace et te caresse ; À tes nœuds presque usés joins d’autres nœuds plus forts ; Car que faire ici-bas, quand les parents sont morts, « Que faire de son âme orpheline et voilée, À moins de la sentir d’autre part consolée, D’être père, et d’avoir des enfants à son tour, Que d’un amour jaloux on couve nuit et jour ?
Le jeune Goethe alors met fin au dîner en disant à son père : « Cher père, si nous nous levions ? […] « Vous allez aujourd’hui dans ma loge, me dit-il, vous avez donc le temps jusqu’à six heures ; laissons les autres et restez avec moi, nous bavarderons encore un peu. » Le jeune Goethe cherchait à renvoyer la compagnie pour préparer son père à la nouvelle avant le retour du chancelier qui la lui avait donnée le premier. […] — Partez donc, dit Goethe en secouant la tête d’un air sérieux, mais je ne vous comprends pas. » Nous montâmes dans les chambres du haut avec Mlle Ulrike ; le jeune Goethe resta en bas pour préparer son père à la triste nouvelle. […] Le talent, s’il n’est pas dû aux parents seuls, demande cependant une bonne organisation physique ; il n’est donc nullement indifférent d’être né le premier ou le dernier, d’avoir pour père et mère des êtres jeunes et vigoureux, ou bien vieux et débiles.
Mon père apporte à suivre ton roman, chaque matin, une attention pleine d’angoisse. […] Mon père m’a parié quelle mourrait ; et moi, pensant que tu aurais encore besoin de la comtesse dans la suite du feuilleton, j’ai parié qu’elle se tirerait de ce mauvais pas. […] Ce fut l’époque des colporteurs, de Béranger, de Dumas père et d’Eugène Sue. […] Rouher avait remplacé Lamartine, et Belmontet Victor Hugo : c’était bien le moins que Ponson du Terrail remplaçât Dumas père, et que Xavier de Montépin prit la place d’Eugène Sue ! […] J’ai lu ainsi Erckmann-Chatrian, Eugène Sue, Dumas le père, Victor Hugo.
Aussi rien n’a-t-il égalé leur reconnaissance pour ce monarque ; les gens de lettres comme le peuple, tiennent compte aux princes des moindres bienfaits ; et, ce qui est assez remarquable dans l’histoire de l’esprit et du cœur humain, le titre de père des lettres semble avoir plus contribué à faire oublier les fautes innombrables de François Ier, que le nom bien plus respectable de père du peuple n’a servi à effacer celles de Louis XII. […] Il en est peu à qui cette entreprise ne réussisse, grâce à l’adulation qui les encense : ne fussent-ils que les pères adoptifs d’un ouvrage médiocre publié sous leur nom, cent plumes s’empresseraient à le célébrer ; depuis les héros jusqu’aux Thersites de la littérature, tout leur crierait qu’ils ont produit un chef-d’œuvre : n’eussent-ils fait qu’un almanach, on leur démontrerait qu’ils ont trouvé le système du monde. […] Je paie avec usure à votre père le bien qu’il m’a fait, disait Xénocrate à un de ses disciples ; car je suis cause qu’il est loué de tout le monde. […] Quelle leçon que l’exemple de M. l’abbé de Saint-Pierre pour certains bienfaiteurs souvent aussi avares que vains, qui se croient les pères de la littérature pour quelques bienfaits très légers, fort au-dessous de leur fortune, et qu’ils prennent même le soin de divulguer secrètement ?
En vérité, ceci est notre acte de foi : Tout procède du Père. […] Son père, un honnête gendarme de qui, plus tard, il parlait des larmes plein les yeux, et la voix tremblante d’émotion, bien qu’il fît peu de vers sur les personnes de sa famille, son père un matin, ne l’avait pas vu s’asseoir à la table patriarcale. […] Un fils va se battre pour défendre l’honneur de son père. Quelqu’un lui dit : « Ton père n’était pas un honnête homme », et fournit des preuves. « Vraiment ? […] Notre Père, hosannah du jardin de nos Limbes !
Mon père me servait de répétiteur, et c’est lui qui fut en réalité mon seul maître. […] La jeune génération le connaît plus pour l’avoir entendu chanter à ses pères que pour l’avoir chanté elle-même. […] Ém. de Girardin, il nous raconta une anecdote sur son père, pour montrer à quelle forte race il appartenait. […] Ses poumons aspirent sans danger cet air où tout autre qu’elle et son père boirait une mort certaine. […] Ce fut M. de Laberge père qui me reçut, car son fils était fort malade déjà et ne pouvait descendre.
C’est ce qui les fait paraître uniformes : mais ils se nuancent diversement selon qu’ils sont éprouvés par le père, par la mère ou par les enfants. […] « Le Père de famille est entre le genre sérieux du Fils naturel et la comédie. […] Dans Le Fils naturel et dans Le Père de famille les points suspensifs abondent ainsi que les interjections. […] Bovary est la copie conforme d’un certain Delaunay, officier de santé, élève de Flaubert le père et demeurant près de Rouen, à Bon-Secours. […] Nous parlons de leurs théories ; car leurs œuvres, Le Père de famille, Le Déserteur, furent plus timides.
Lorsque Poquelin le père se fâchait de voir son fils courir écouter les bouffons, le grand-père souriait et se disait qu’après tout le métier de comédien avait ses charmes. […] Aussi fut-il méconnu et même de son père. En 1668, le vieux tapissier Poquelin, qui jadis tenait, à l’enseigne des Singes, une riche boutique de tapisserie, « à verdures et à personnages », Poquelin le père était ruiné. […] Loyal dans Tartuffe, le maître d’armes dans Le Bourgeois gentilhomme et Diafoirus père dans Le Malade imaginaire. […] La Thorillière (François Le Noir, le père, sieur de). — Gentilhomme et capitaine de cavalerie, mordu du démon du théâtre.
Dans cette école, ce n’est pas la déviation des enfants par rapport aux pères, c’est la tradition des pères aux enfants qui représente le bien, et qui sert de gage de durée. […] C’est moins pour leur donner la foi que pour les attacher à une tradition, que beaucoup de pères incroyants envoient leurs enfants à l’école confessionnelle. […] La morale que l’école laïque enseigne n’a pas seulement échappé au contrôle des pères, mais au contrôle de l’État. […] Le plus grand, parce qu’il a reçu la tradition non seulement de son père, mais des Pères du radicalisme ; le plus grand parce que seul d’entre eux il a été un grand homme ; le plus grand, parce qu’il a été chef radical et radicalement chef à trois moments capitaux de la vie de la République. […] On ne s’étonnera point que le champion et le père nourricier, sinon naturel, de l’école unique, soit un éminent boursier normalien, M.
Son père vivait de cette industrie locale. […] Ses premiers jeux cependant avaient été de petits chefs-d’œuvre dans l’atelier de son père. Ce père, mort jeune, l’avait confié à un sculpteur de ses amis, à Venise ; le jeune homme y avait appris les rudiments d’une sculpture grossière et purement industrielle ; il était né peu à peu de lui-même, comme naît le véritable génie, qui ne sort pas de l’école, mais de la nature. […] Une tombe, on ne sait sur quel chemin du monde, loin de la tombe de ton père !
Les enfants héritant l’iniquité des pères ! […] … Ainsi de nos pères, de nos mères, ainsi de nos enfants, ainsi de nos amis, ainsi de nos contemporains, ces parents de temps auxquels nous nous attachons par contiguïté de berceau, par voisinage de sépulcre ; êtres aimés que nous espérions devoir nous survivre, et dont nous voyons les rangs s’éclaircir prématurément autour de nous, et nous laisser seuls de nos dates comme des traîneurs de la vie, dépaysés dans des générations inconnues ! […] Adieu donc, mon vieux père ! […] Père et mère à toi seul, et seul né sans ancêtre, D’où sort sans t’épuiser la mer sans fond de l’Être, Et dans qui rentre en toi jamais moins, toujours plus, L’Être au flux éternel, à l’éternel reflux !
Pierre Jeannin, l’une des gloires de la Bourgogne, né à Autun, en 1540, d’un père tanneur qualifié citoyen et échevin de la ville, et qui, bien que sans lettres, était réputé homme de très grande vertu et de très grand sens, offre par son exemple une preuve de plus qu’avec du mérite, et tout en étant du tiers état, on s’élevait et on parvenait très haut dans l’ancienne monarchie ; même avant la Ligue, il était dans une belle voie d’honneur et de considération dans sa province. […] À quoi Jeannin répondit en riant : « Oui, mon père, c’est moi, et j’en ai bien fait d’autres depuis que je ne vous ai vu : mais il faut commencer à devenir sage et à étudier. » Ce qui paraît certain, c’est que de bonne heure, et dès ses premiers exercices aux écoles publiques, il se fit remarquer, au milieu de ses vivacités, pour être d’un parfait et merveilleux jugement, « et capable de terminer un jour les différends des hommes ».