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555. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Boucher » p. 103

Boucher Avant que de passer à la sculpture ; il ne faut pas que j’oublie une petite Nativité de Boucher.

556. (1893) Alfred de Musset

Le vrai succès, celui qui ne s’oublie plus et classe définitivement un écrivain, s’est fait beaucoup attendre pour lui. […] La maladie fit tout oublier. […] Je m’étais dit qu’il fallait prendre un autre amour, oublier le tien, avoir du courage. […] Ses pièces dormirent longtemps dans la collection de La Revue des Deux Mondes, pas très remarquées à leur apparition, et vite oubliées. […] Tout cela est oublié, et c’est un bonheur, car ce n’était pas une famille enviable.

557. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Le Spectateur est presque oublié. […] comment pourrais-je l’oublier !) […] Cet homme rare et modeste consacre aujourd’hui ses moments à une famille malheureuse, et les soucis paternels lui font oublier les soins de la gloire. […] Monime, au milieu des Barbares, ne pouvait oublier le doux sein de la Grèce. […] Quand la critique est juste, je me corrige ; quand le mot est plaisant, je ris ; quand il est grossier, je l’oublie.

558. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 154

Quand même il existeroit quelques défauts dans ce Livre vraiment original, ils seront toujours de la nature de ceux qu’on oublie en faveur de la justesse & de la solidité des réflexions, de la noblesse & de l’énergie du style, de la vérité des maximes qui s’y présentent à chaque page : trop heureux si la Littérature n’offroit jamais que de pareils sujets d’indulgence !

559. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 33

Quoique le peu de Prose & de Vers que nous avons de lui soient totalement oubliés, il ne faut pas croire que cet Auteur fût sans mérite.

560. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 342

Mais un Auteur sans prétention, qui travaille moins pour la gloire que par attrait, ne doit pas être jugé à la rigueur, d’autant plus que celui-ci a, par intervalles, des lueurs de talent, propres à faire oublier ses défauts.

561. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 377

Les talens n’étoient donc pas oubliés ni négligés de son temps ; un Poëme beaucoup meilleur n’auroit pas aujourd’hui le même succès.

562. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article »

Roucher, [N.ABCD] né à Montpellier, s'est fait connoître par un Poëme en douze Chants, intitulé les Mois, fort vanté avant l'impression, & oublié presque aussi-tôt qu'il a été exposé au grand jour.

563. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 398

N’oublions pas cette Anecdote à son sujet, qui fera connoître jusqu’où peut aller la manie d’un Artiquaire.

564. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

À force d’éloquence, il est vrai, l’auteur y parvient, quand il parvient à faire oublier cette horrible révélation d’une infernale nature ; mais il ne peut y parvenir dans ceux qui se souviennent en lisant de ces antécédents de tigre ; il veut vainement faire détester la société en la calomniant, il ne réussit véritablement en ceci qu’à calomnier le crime ! […] Oublier ces différences, ce n’est pas seulement oublier le respect, c’est dénaturer la nature. […] Comment un écrivain d’un si sympathique caractère que Victor Hugo a-t-il pu l’oublier ? […] Mais il sent juste, et il s’exprime en style magique, quand il oublie ses sophismes pour méditer la nuit sur l’œuvre infinie du Créateur dans ses contemplations nocturnes devant les étoiles.

565. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Mais ce que la Chambre blanche contient de précieux, ce sont les pièces où la note doucement sentimentale s’élève jusqu’à la beauté du sentiment pur : J’accueille quand il veut le souvenir qui passe Je lui dis : « Mets-toi là… je reviendrai te voir… » Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place, Mais j’oublie quelquefois de revenir le voir. […] Ils se sont résignés à ce qu’on les oublie, Et si je ne viens pas ce soir ni tout à l’heure, Ne demandez pas à mon cœur plus qu’à la vie. […] Chaque feuille qui tombe avec un lent bruit d’aile A l’air d’éparpiller un peu d’ombre autour d’elle, Et la tiédeur du parc, le charme agonisant De l’automne et la paix de la nuit qui descend Lui versent tant de trouble et de mélancolie Que, perdue en un rêve indicible, elle oublie… Le soir qui la remplit d’une molle torpeur S’incline lentement, par degrés, et, de peur D’interrompre le cours de son extase douce, On dirait qu’il s’applique à tomber sans secousse. […] Paul Souchon fut l’ami de ce grand et déjà oublié Emmanuel Signoret dont les dons lyriques promettaient une œuvre importante. […] Nous avons signalé les vrais talents, — nous en avons oublié peut-être, mais on comprendra aussi qu’il ne nous était pas possible de tenir compte ici de relations mondaines ou politiques.

566. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ecrire quatre pages sur les mathématiques en les qualifiant de jeunes vierges n’est pas la preuve d’une insignifiante personnalité, envoyer Dieu écorcher un adolescent dans un « lupanar » et faire raconter cette « atrocité » par un cheveu oublié ne serait peut-être pas venu à l’esprit de Leconte de Lisle, mais n’importe quel gilet-rouge français, avant 1830, avait employé Satan à arracher les yeux d’un nombre long de pâles jeunes filles, et écouté leur âme bianchissime lamenter cette abusive exophtalmie, Lautréamont, le premier, raya Satan et âme, et écrivit au-dessus Dieu et cheveu. […] C’est que le christianisme eut comme point de départ la conception au péché originel, fait qui fut toujours oublié ou contesté par ses détracteurs. […] En un mot, la singularité n’étonne que les hommes communs, C’est pourquoi on oublie si vite nos romans contemporains qui représentent des fous raffinés dans une ambiance de vide, tandis que nous gardons dans notre mémoire le souvenir des vieux contes sur les hommes communs dans un monde fou. […]   Les Poètes contre la guerre ah. — (Le Sablier). — Une belle et savante anthologie où j’ai retrouvé les noms de nos amis : René Arcosai, Georges Bannerotaj, Charles Bauduinak, Georges Duhamel, Edouard Dujardinal, Louis de Gonzague-Frickam, Marcel-Martinetan, Georges Piochao, Jules Romain, Jean de Saint-Prixap, Henriette Sauretaq, Charles Vildrac, et d’autres que j’oublie. […] Des vers qui font songer à Rimbaud, mais sans faire oublier cette personnalité étrange : Jean Marville, un explorateur qui pourrait bien avoir une lueur de génie.

567. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou même de l’affection : seulement alors, pour quelques instants, il faudra oublier cette affection, faire taire cette pitié. […] Un drame, même quand il nous peint des passions ou des vices qui portent un nom, les incorpore si bien au personnage que leurs noms s’oublient, que leurs caractères généraux s’effacent, et que nous ne pensons plus du tout à eux, mais à la personne qui les absorbe ; c’est pourquoi le titre d’un drame ne peut guère être qu’un nom propre. […] Dès que nous oublions l’objet grave d’une solennité ou d’une cérémonie, ceux qui y prennent part nous font l’effet de s’y mouvoir comme des marionnettes. […] Quand nous ne voyons dans le corps vivant que grâce et souplesse, c’est que nous négligeons ce qu’il y a en lui de pesant, de résistant, de matériel enfin ; nous oublions sa matérialité pour ne penser qu’à sa vitalité, vitalité que notre imagination attribue au principe même de la vie intellectuelle et morale. […] Perrichon, au moment de monter en wagon, s’assure qu’il n’oublie aucun de ses colis. « Quatre, cinq, six, ma femme sept, ma fille huit et moi neuf. » Il y a une autre pièce où un père vante la science de sa fille en ces termes : « Elle vous dira sans broncher tous les rois de France qui ont eu lieu. » Ce qui ont eu lieu, sans précisément convertir les rois en simples choses, les assimile à des événements impersonnels.

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