Ma bande, un peu effrayée, n’osa pas franchir le seuil du portail ouvert. […] Je rôtissais d’un côté, ma joue devenait toute rouge, et avec des impatiences dans les jambes et des envies de crier, je n’osais pas bouger, pendant des heures. […] Mon père était hostile à ce projet ; mais, comme il détestait les discussions, il n’osait pas le dire franchement, répondait évasivement, gagnant du temps. […] Le ruban pourpre et or qui retenait le chignon, me paraissait particulièrement admirable et je n’osais pas bouger de peur de déranger quelque chose à ce bel appareil. […] Mon père était blême et tremblant de fureur ; il continuait à couvrir d’injures véhémentes « le misérable, qui avait osé lui offrir une somme énorme, pour louer je ne sais quoi d’idiot !
Nous osons espérer que les dissentiments auxquels aujourd’hui, comme alors, elle pourrait donner lieu, n’ôteront rien, pour les lecteurs intelligents, à l’intérêt de l’exhumation que nous avons cru devoir en faire à leur adresse. […] Nous n’avons aucune espèce de lettre ou de document qui nous indique d’une manière quelconque que Favart se soit excusé auprès de Marmontel pour lui avoir pris son idée ; mais en revanche, ce que nous avons, c’est une lettre de Marmontel, qui demande pardon à Favart d’oser, lui indigne, traiter pour le théâtre la même idée que Favart n’a pas dédaigné d’embellir de son rare talent pour la scène. […] Et comment eût-il été possible de peindre mieux cette passion, qu’en choisissant pour type un homme qui porte ou croit porter la mort dans son sein, qui observe avec inquiétude et calcule tous les progrès du mal, qui n’ose pas faire un geste, un pas, ni dire un mot, sans calculer si ce pas, ce mot, ce geste ne seront pas une imprudence qui retranchera un jour de plus d’une vie déjà trop courte ? […] C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] Si quelque détracteur obstiné de la France osait encore, à l’exemple de Schlegel, méconnaître le génie de Molière, l’admiration universelle des peuples porterait témoignage contre lui, et cette critique puérile tomberait étouffée sous un concert d’éloges.
J’ai bien osé écrire la vérité sur l’auteur du Génie du christianisme : pourquoi ne la dirais-je pas sur l’auteur du Beau, du Bien et du Vrai ? […] LXXII La Rochefoucauld a contre lui tous les philosophes grandioses : il a osé mettre le doigt sur le grand ressort du joujou humain, et on ne le lui pardonne pas. […] LXXXIX Cousin dit en parlant du livre de De Maistre contre Bacon : « Je ne lui aurais pas donné ce soufflet moi-meme, mais je ne suis pas fâché qu’il l’ait reçu. » C’est ce qu’on dirait, si on l’osait, de tous les soufflets donnés à de grands noms. […] Je ne sais si Villemain osera raconter ce trait dans son éloge académique : il le faudrait pourtant, sous peine de ne pas peindre l’homme. […] On l’a dit très spirituellement, s’il osait il écrirait poème épique en tête d’un sonnet.
Et tous ces gens qui se piquent d’ironie lorsqu’il est question d’idée pure, du culte de la beauté, du respect des héros, de toutes ces choses si sacrées, ne craignent pas d’avancer les affirmations les plus outrées, d’oser les jugements les plus ridicules quand il s’agit de louer quelqu’un de connaissance, les habitués de leur parlote, les auteurs de leur entourage. […] Depuis longtemps, ce rôle de poète populaire, personne n’avait osé le prendre. […] Il ose blâmer l’esprit de caste qui sévit dans l’armée et qui vient d’être dévoilé d’une façon lumineuse par les récentes révélations d’Urbain Gohier. Il ose réprouver cet « automatisme dédaigneux qui consiste à brutaliser des numéros humains sous le nom déshonoré de discipline ». Il ose même écrire enfin : « Quelle que soit son origine sociale, le soldat français ne garde pas du service militaire une heureuse empreinte, ni surtout une empreinte éducatrice. » Et pour qui connaît M.
Il osera dans une même phrase associer ce nom à celui de Jésus ! […] L’accent sévère, la réserve de cette révolte sonne les qualités rares de l’âme qui l’ose, — ardente et calme. […] Taine : “La forme semble s’anéantir et disparaître ; j’ose dire que c’est le grand trait de la poésie moderne.” […] J’oserais à peine dire : « célébrité ». […] Le théâtre, où sans doute, si cette civilisation ne s’effondre pas trop tôt, s’accomplira le rite de la Religion esthétique, appartient au Poëte d’abord. — Mais comment oser parler du théâtre !
Un cardinal osait dire qu’il eût manqué quelque chose à la perfection du dogme si Aristote n’avait point écrit. […] À son approche, avant même qu’il ose lever les yeux sur elle, Dante, comme au premier jour, sent l’esprit de vie tressaillir au plus secret foyer de son âme. […] Ils oseront dire que Jésus-Christ n’a pas été parfait dans la vie contemplative, et que l’esprit de vie s’est retiré de l’Église. […] L’histoire est ainsi faite : elle souffre des attardements et des invraisemblances que la plus hardie fiction n’oserait admettre. […] Dans Rome, enfin, dans sa Rome, comme il ose le dire en amant passionné, son génie s’épanouit en pleine lumière.
« Plusieurs éléments », ose dire M. […] Combien osent les dire ? […] Mais combien peu osent la regarder en face ! […] Osons dire qu’il en est besoin. […] On n’a pas osé, sans doute on n’a pas pu les affranchir complètement.
Imprudente, la femme qui ose réveiller ainsi les puissances jalouses qui défendent aux mortels d’être heureux. […] Nos romantiques ont lutté contre les excès de la raison, et ont remis à l’honneur une sensibilité qui, avant eux, n’osait plus guère s’exprimer qu’en prose. […] Parmi toutes les tâches qui incombent au poète naissant, la première est d’oser être lui-même. […] Mais il nous faut aller droit à celui qui a osé, sans précautions et sans ambages, dire ce qu’il pensait de cette futilité difficile qu’on appelait des vers. […] La Fiction survint bientôt avec les Figures : j’entends les Figures hardies, et telles que l’éloquence n’oserait les employer.
Moi, j’erre autour du bâtiment lumineux, éclairé a giorno, sans oser y entrer, attendant la fin du premier acte que je redoute, songeant à la princesse qui est dans l’avant-scène, et que je m’imagine insultée, engueulée, dans ces bouffées de bruit qui jaillissent, par instants, des portes et des fenêtres fermées du théâtre. […] Lundi 6 avril Oui, j’ose le dire, je n’admire que les modernes. […] Ç’a été, cette annonce, pour l’auteur qui s’est analysé dans le livre, un déchirement tel, que dans les premiers moments, il n’osait, dit-il, pas se mettre à sa fenêtre, de peur de la tentation de se jeter en bas. […] » Mercredi 25 novembre Les femmes juives de la société, il faut le reconnaître, sont à l’heure qu’il est, de grandes liseuses, et seules elles lisent — elles osent l’avouer — les livres honnis par l’Académie et le monde classique chic : Huysmans et les jeunes lettrés artistes.
Je n’ose presser l’avenir ni forcer les présages ; je ne veux pas regarder au plus ou moins de ressemblance ; je m’en tiens à cette pieuse et enthousiaste invocation par laquelle un fidèle, un croyant saluait à un commencement d’année la patrie absente : « (Boitsfort, 1er janvier 1856)… Oh !
Sous l’empire d’un monarque tel que Louis XIV, sa volonté devait remplacer le sort, et l’on n’osait lui supposer des caprices ; mais dans un pays où le peuple domine, ce qui frappe le plus les esprits, ce sont les bouleversements qui s’opèrent dans les destinées ; c’est la chute rapide et terrible du faîte de la grandeur dans l’abîme de l’adversité.
Mais, dix ans après, la route de l’existence est déjà profondément tracée, les opinions qu’on a montrées ont heurté des intérêts, des passions, des sentiments, et votre âme et votre pensée n’osent plus s’abandonner en présence de tous ces juges irrités : l’imagination peut-elle résister à cette foule de souvenirs pénibles qui vous assiègent à tous les moments ?
Il faut en montrer l’unité, et tirer, pour ainsi dire, d’une seule source, tous les principaux événements qui en dépendent : par là il instruit utilement son lecteur, il lui donne le plaisir de prévoir, il l’intéresse, il lui met sous les yeux un système des affaires de chaque temps, il lui débrouille ce qui en doit résulter, il le fait raisonner sans lui faire aucun raisonnement, il lui épargne beaucoup de redites ; il ne le laisse jamais languir, il lui fait même une narration facile à retenir par la liaison des faits… « Un sec et triste faiseur d’annales ne connaît point d’autre ordre que celui de la chronologie : il répète un fait toutes les fois qu’il a besoin de raconter ce qui tient à ce fait ; il n’ose ni avancer ni reculer aucune narration.