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28. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Avec les Anciens, on n’a pas les moyens suffisants d’observation. […] L’observation morale des caractères en est encore au détail, aux éléments, à la description des individus et tout au plus de quelques espèces : Théophraste et La Bruyère ne vont pas au-delà. Un jour viendra, que je crois avoir entrevu dans le cours de mes observations, un jour où la science sera constituée, où les grandes familles d’esprits et leurs principales divisions seront déterminées et connues. […] C’est un dernier moyen d’observation facile et commode. […] Si, après toutes ces facilités d’observation auxquelles il prête plus que personne, on pouvait craindre de s’être formé de lui comme homme et comme caractère une idée trop mêlée de restrictions et trop sévère, on devrait être rassuré aujourd’hui qu’il nous est bien prouvé que ses amis les plus intimes et les plus indulgents n’ont pas pensé de lui dans l’intimité autrement que nous, dans notre coin, nous n’étions arrivé à le concevoir, d’après nos observations ou nos conjectures.

29. (1903) Zola pp. 3-31

Du reste, aucun souci n’apparaissait en lui de se faire des idées générales ou de se munir d’observations. […] Je ne crois pas que Zola ait jamais employé un seul de ces moyens d’observation. […] On ne s’arrêta pas au non-sens de l’expression qui suppose que l’on peut faire des expériences sur les caractères des hommes, alors qu’on ne peut faire sur eux que des observations ; et l’on comprit que M. Zola voulait dire qu’il faisait des romans d’observation et fondés sur des documents, comme on en faisait depuis une centaine d’années. […] Toute raison aiguisée, toute pensée un peu déliée, toute observation même un peu pénétrante lui étaient absolument interdites.

30. (1887) La banqueroute du naturalisme

Et manque de sympathie pour autre chose qu’eux-mêmes, c’est ainsi que leur observation, quand encore ils daignaient observer, n’a pas pénétré au-delà de l’écorce des choses. […] Mais ce que je tiens à dire, parce que je n’en aurai jamais, je crois, de meilleure occasion que La Terre, c’est que ce comique involontaire s’obtient précisément grâce à l’insuffisance de l’observation. […] Cette pauvreté de l’observation dans les romans de M.  […] Mais puisqu’il sait compter, je voudrais qu’il fit une observation : c’est que ses romans se vendent d’autant mieux qu’ils sont plus obscènes ou qu’ils sont plus grossiers. […] Mais quiconque en ce temps-là se permettait d’y voir et d’y reprendre cette même grossièreté de langage, ou cette même insuffisance et banalité de l’observation, ou ce même manque enfin de sens moral, dont il semble que tout le monde s’aperçoive aujourd’hui, celui-là se faisait, en moins de vingt-quatre heures, une solide réputation d’étroitesse et de timidité d’esprit.

31. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Mais voici que, relisant les observations recueillies par M.  […] La lecture de ces observations fait tout de suite penser à quelque chose d’assez différent de la fausse reconnaissance. […] Ils ne se sont pas bornés à recueillir des observations ; ils ont, en psychologues de profession, noté ce qu’ils éprouvaient. […] Voir, en particulier, les observations recueillies par BERNARD-LEROY, op. cit. […] Observation recueillie par M. 

32. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

Il y a deux manières de juger cette comédie : ou bien l’on veut, même sur les planches, de la vérité fine, de l’observation fidèle et non outrée des caractères, une vraisemblance continue de ton et de circonstances ; ou bien on se contente d’une certaine vérité scénique, approximative, et à laquelle on accorde beaucoup, moyennant un effet obtenu. […] L’observation de la société se retrouve dans des traits spirituels et dans des détails heureux bien plutôt que dans l’ensemble de l’action et dans les caractères des personnages. […] Je ne veux plus que lui adresser une simple observation au sujet d’un personnage de la Calomnie.

33. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

En prenant pour sujet l’histoire de Venise, il se donnait une ample et neuve matière dans laquelle trouveraient place naturellement toutes les observations de sa vie publique et les fruits de son expérience sur les gouvernements et sur les hommes. […] Des savants italiens, notamment le comte Tiepolo, ont adressé à l’auteur et publié des « Observations critiques » dont plusieurs paraissent fondées sur une connaissance plus exacte des mœurs et sur l’autorité de documents particuliers, mais dont un grand nombre sont évidemment dictées par un esprit de nationalité plus louable que juste. Ces « Observations critiques », au reste, sont intégralement reproduites au tome IXme de la quatrième et dernière édition, avec les réponses de M.  […] Daru est entré dans plus de détails, et qui sont également authentiques et confirmés ; car, lorsque la première édition de l’Histoire de Venise eut paru, lord Holland offrit à l’auteur d’en faire parvenir un exemplaire au Captif de Sainte-Hélène, et les observations qui furent faites revinrent par le même canal à M.  […] Il faut toutefois, pour être juste, ne pas oublier une distinction essentielle : les observations et la statistique de M. 

34. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Quoique M. de Bonstetten n’ait exprimé nulle part ces considérations, il semble les supposer tacitement ; et les observations de détail, si ingénieuses et si vraies, qui remplissent son livre, s’y rangent. […] C’est un recueil d’observations morales faites sous ce point de vue ; et elles ont, sinon le mérite de la méthode, du moins la grâce du laisser-aller, et quelque chose de ce charme qu’on trouve aux souvenirs mêmes d’autrui. […] Je ne suivrai pas l’auteur dans les détails de ces divers chapitres ; des observations choisies, des anecdotes agréables, précisent ce qu’il pourrait y avoir d’un peu vague dans l’idée générale.

35. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Il est certain, d’après les observations de P. […] Bien que plein de confiance dans les observations de Huber et de M.  […] Je rapporterai donc mes observations personnelles avec quelques détails. […] Je puis garantir l’exactitude de cette dernière observation, parce que M.  […] Il serait même permis de supposer, d’après la divergence des observations de François Huber et de M. 

36. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Voici, en effet, les résultats donnés par l’observation. […] Le docteur Forles Winslow rapporte l’observation d’un officier d’artillerie, qui, à la suite d’une attaque de paralysie, ne pouvait plus parler lorsqu’il essayait de le faire. […] Rufz cite l’observation d’une femme qui recouvra la parole dans un accès de jalousie et la reperdit immédiatement après. […] Par ces observations, nous voulons montrer combien il est difficile de circonscrire une faculté du langage rigoureusement séparée de toutes les autres, et pouvant, par conséquent, être localisée dans un siège déterminé. […] Pour le dessin, voyez l’observation de M. 

37. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Assurément, France est trop un homme d’après Balzac pour ne pas savoir ce que la plume de Le Sage vaut, pour ne pas trouver absolument dénuées de passion, de couleur et d’observation profonde, les aventures de Gil Blas ou du Diable boiteux, ces lanternes magiques sans magie ! […] et il avait promené partout une ironie légère, native de France, et cette observation superficielle qu’il est facile à tout le monde de reconnaître, et qui n’est pas une découverte parce qu’elle s’arrête toujours misérablement à la peau ! […] Pour Le Sage, trop compté, par l’opinion badaude, parmi les grands romanciers, il ne s’agit, dans le roman, ni du développement dramatique des passions, ni de l’originalité des caractères, ni, à force d’observation, de l’invention dans la réalité humaine, ni de l’expression idéale des sentiments, ni de la beauté littéraire du langage. […] Le feuilleton, c’est le fait-Paris qui vient souffleter l’idée, le sentiment, l’observation, au nom de l’amusement des imbéciles qui ne comprennent ni l’observation, ni le sentiment, ni l’idée, et qui ne se passionnent puérilement que pour l’inattendu des circonstances et le hasard bête des événements.

38. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Dans ce nouveau livre, en effet (un roman au lieu d’être un poëme), il s’agit du même terroir et du même ciel que dans Miréio, c’est-à-dire du Midi et de ses mœurs ardentes, saisies et reproduites avec une observation passionnée dans ce qu’elles ont de vivant encore, et jusqu’à ce jour d’inaliénable… Amour et souvenance de la patrie dont les premières impressions teignent à jamais le talent et teignent bien plus fort le génie, sentiment profond des poésies du sol, recherche de la vie où elle est, c’est-à-dire dans les classes populaires, plus près que nous de la nature, préoccupation des choses primitives que tous les jours, hélas ! […] Lui, l’auteur du Marquis des Saffras, — mot patois qui dit, même avant que le livre soit ouvert, quelle est la variété de paysan à laquelle il a consacré ses facultés d’observation et de peinture, — lui donc, l’auteur du Marquis des Saffras, sait parfaitement qu’il n’y a pas plus de paysans en général que d’hommes en général, et que, quand on se sert de ce mot-là, fût-on Balzac lui-même, il faut ajouter une épithète au substantif et particulariser comme la nature. En effet, vrai peut-être, s’il avait été intitulé, par exemple : Les Paysans des environs de Paris, et que l’auteur eût renoncé à ses paysages de Bourgogne ou les eût remplacés, le livre de Balzac n’est plus, sous sa dénomination abstraite et dure, qui étreint mal ce qu’elle veut embrasser, de l’observation libre, impersonnelle et lumineuse ! […] Si pour bien voir il faut avoir le regard pur, qui l’eut jamais plus essuyé de toute écume, et de toute ombre, colère, mépris, terreur, pessimisme quelconque, que cet observateur, aux yeux clairs, qui traduit toujours son observation avec une expression de la même clarté que son regard ? […] Peut-être l’auteur du Marquis des Saffras trouverait-il par là une glorieuse voie, mais, d’un autre côté, dans un pays où le théâtre a une législation si étroite et si dure, M. de La Madelène doit-il rester dans le roman pour conserver toute son acuité de moraliste, et, comme peintre de mœurs, toute son ampleur d’observation !

39. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Il a observé les règles de tradition et de vie des sociétés, — et tout ce qu’il a écrit depuis dix ans n’est que le résultat de cette observation, — en prenant pour seule base de son éthique des circonstances de fait. […] Quelle maîtrise n’y a-t-il pas dans le développement simultané des épisodes qui composent ce roman, dans son observation directe et puissante, dans le fourmillement des personnages ? […] — des scènes tragiques, où aucun détail d’observation n’est oublié. […] En même temps que son esprit s’aiguisait d’ironie et se formait par une observation directe, l’émotion traditionaliste entrait en lui et agissait fortement sur toutes ses facultés. […] Une observation curieuse et amusée par le détail typique, une ironie un peu voilée et une sensibilité légère en sont aussi les éléments essentiels.

40. (1881) Le roman expérimental

Il en arrive à conclure que l’expérience n’est au fond qu’une observation provoquée. […] On partait d’un fait observé, on avançait ainsi d’observation en observation, en évitant de conclure avant de posséder les éléments nécessaires. […] Je m’y arrêterai un instant, car il y a là des observations précieuses à faire. […] A la place d’un théâtre de fabrication, nous aurons un théâtre d’observation. […] Ce qui nous groupe, c’est une méthode commune d’observation et d’expérience.

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