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522. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

L’aspect du ciel et de la terre, à toutes les heures du jour et de la nuit, réveille dans notre esprit diverses pensées ; et l’homme qui se laisse aller à ce que la nature lui inspire, éprouve une suite d’impressions toujours pures, toujours élevées, toujours analogues aux grandes idées morales et religieuses qui unissent l’homme avec l’avenir. […] Que de réflexions profondes et terribles ne reste-t-il pas de ces Nuits d’Young, où l’homme est peint considérant le cours et le terme de sa destinée, sans cette illusion qui nous fait nous intéresser à des jours comme à des siècles, à ce qui passe comme à l’éternité !

523. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

La nuit roule de l’Est, où les pampas sauvages Sous les monts étagés s’élargissent sans fin… De cime en cime, elle enfle, en tourbillons croissants, Le lourd débordement de sa haute marée. […] Hugo : D’étranges bûcherons qui travaillent la nuit.

524. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

La mélancolie des Nuits d’Young, les effrénées et vagues effusions de YOssian de Macpherson donnent à la loi une satisfaction et un stimulant aux besoins intimes qui portent les cœurs vers les nobles rêveries et les ardents enthousiasmes. […] Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède, le marquis de Caraccioli, ambassadeur de Naples, l’abbé Galiani, le prince de Ligne, le prince de Nassau, Stedingk, Fersen sont tout Français de goûts, de langue, d’intelligence : Garaccioli est désespéré quand sa cour le rappelle pour le faire ministre et vice-roi ; il semble qu’il s’enfonce dans la nuit.

525. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Le régiment du 1er houzards est devenu sa famille  Une nuit, Wolfgang dit au trompette de seller les deux meilleurs chevaux. […] Le moribond a employé sa nuit de noces à    enseigner à sa femme sa corruption morale et sa corruption politique.

526. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Que vous appreniez comment Hermann, prince régent d’Alfanie de par l’abdication provisoire de son père le vieux roi Christian, et son frère Otto sont tués dans la même nuit, en chapitre final, le premier par sa femme Wilhelmine, le second par un garde-chasse, cela nous intéressera moins que le tragique fait-divers dont l’histoire d’une des grandes monarchies de l’Europe centrale a été éclaboussée l’autre année ; et j’aime mieux les imaginations successives qui m’expliquent, suivant le gré de l’heure, ce drame princier que l’affabulation de livraison populaire qu’y a, dans une préface qui est tout le roman, ajustée M.  […] Léo a tué une pauvre chouette, Loti l’ensevelit ; et, la nuit venue, le mari de la chouette les réveille de ses « hou !

527. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Il récite ou plutôt il improvise des fables express qui ont dû troubler les nuits de Franc-Nohain, d’une cocasserie si imprévue qu’elles emportent le rire général. […] La sortie est lente ; des groupes acharnés à discuter un point d’esthétique obstruent les couloirs et les portes avec acharnement ; et les promeneurs du boulevard Saint-Michel ne considèrent pas sans inquiétude ce grouillement insolite de gens, dans la nuit.

528. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Nous redescendons dans sa chambre, où près d’un petit lit de fer étroit, — une couche d’ascète, — il y a sur la table de nuit un couteau en travers d’un livre ayant pour titre : Le Cartésianisme. […] La nuit, pendant que les esquisses du jour sèchent, on dort comme si on revenait de la charrue, et un matin j’entends la maîtresse de Murger, au milieu d’un doux transport, lui demander ce que rapporte la feuille de la Revue des Deux Mondes.

529. (1902) L’humanisme. Figaro

Et la Tour d’Ivoire des parnassiens était du moins, elle, éclatante au soleil ; certains symbolistes amassèrent une nuit presque impénétrable autour de leur demeure, et ce fut souvent la Tour d’Ébène. […] Une mauvaise nuit est bientôt passée, et, au lieu de me mettre en peine, j’entends aller à l’aventure et sans autre souci jusqu’au bout de ce fossé où votre générosité m’annonce la culbute définitive.

530. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Histoire, chronique, inscriptions, médailles, tout s’est abîmé dans la nuit des temps, et les comédies seules ont survécu à cette destruction universelle. […] Dès longtemps l’horizon était obscurci ; c’en est fait, le siècle finit au milieu des orages, et une nuit épaisse en couvre les derniers moments.

531. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Quelque temps après la mort de Charles-Quint, dit cette légende, une nuit, un cortège nombreux d’hommes d’armes et de moines tenant des flambeaux, porta vers le sommet d’une montagne un cercueil couvert de blasons et d’insignes impériaux. […] Alors une voix dans cette nuit noire, rougie de la lueur du bûcher funèbre, prononça la plus terrible des excommunications de l’Église contre la mémoire de ce supplicié d’outre-tombe qui avait été Charles-Quint, et, chose plus terrible encore !

532. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

On conçoit que la plupart de ces orateurs ou sophistes, dont l’art et le talent était de s’affecter avec rapidité de tous les sujets, devaient avoir une imagination vive et un esprit enthousiaste ; l’un, nommé par la ville de Smyrne pour aller en ambassade vers un empereur, adresse sur-le-champ une prière aux dieux, pour qu’ils lui accordent l’éloquence d’un de ses rivaux ; un autre ne méditait jamais que la nuit. « Ô nuit !

533. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Aux Nuits de mai, d’août, d’octobre, de novembre et de décembre se joignirent d’innombrables Nuits qui avaient la meilleure envie d’être élégiaques et lyriques, mais qui ne servirent qu’à montrer combien le génie de l’auteur était inimitable. […] On nous dira que cette splendeur tardive où les nuances se décomposent, s’enflamment, s’exacerbent et triplent d’intensité, va bientôt s’éteindre dans la nuit. […] La nuit est venue. […] Dans son vaste feuillage, la nuit, brillent les étoiles, le matin, chantent les nids. […] La description de cette salle où, suivant la coutume de Lusace, la marquise Mahaud doit passer sa nuit d’investiture, n’est pas moins prodigieuse.

534. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

On parle de la nuit de Pascal et de la nuit de Jouffroy. Que dut être la nuit de Racine ? […] Mais Sarah exige une dernière entrevue, dans une serre, la nuit. […] C’est la nuit, une nuit toute bleue de lune. […] Mais, la nuit suivante, elle fait un rêve, oh !

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