Il lut aussi sans doute plusieurs des ouvrages apocryphes, c’est-à-dire de ces écrits assez modernes, dont les auteurs, pour se donner une autorité qu’on n’accordait plus qu’aux écrits très anciens, se couvraient du nom de prophètes et de patriarches. […] Il n’eut aucune idée précise de la puissance romaine ; le nom de « César » seul parvint jusqu’à lui. Il vit bâtir, en Galilée ou aux environs, Tibériade, Juliade, Diocésarée, Gésarée, ouvrages pompeux des Hérodes, qui cherchaient, par ces constructions magnifiques, à prouver leur admiration pour la civilisation romaine et leur dévouement envers les membres de la famille d’Auguste, dont les noms, par un caprice du sort, servent aujourd’hui, bizarrement altérés, à désigner de misérables hameaux de Bédouins. […] Leur nom même paraît n’être qu’une traduction grecque de celui des Esséniens [Greek : Essaioi], asaya, « médecins »).
Quand Mme Le Normand publia les Souvenirs de Madame Récamier, nous nous jetâmes tous, comme des enragés, sur son livre, attirés que nous étions par la touffe de fleurs de ce nom ! […] Voilà cependant, à peu près, le genre de lettres qu’on publie sous ce nom qui fait supposer tant de choses, sous ce nom de Mme de Staël ! […] écouterait qui voudrait le bruit conservé, lirait qui voudrait les petits papiers qu’on exhume, mais on ne s’est pas contenté de jouer simplement des grands noms dans l’intérêt d’un livre qui n’a que l’intérêt de son titre.
L’établissement de madame de Maintenon et de Louis XIV — car, ici, il faut mettre madame de Maintenon avant le grand roi, — n’a, au fond, rien de commun que le nom avec ce Prytanée de 1805, devenu une école d’officiers ; et, cependant, sous le nœud de ce nom commun qui les lie, ne dirait-on pas une même institution à double visage, autrefois visage de jeunes filles, maintenant visage de jeunes soldats ? […] Et, en effet, jamais personne plus digne des respects de l’histoire n’a été plus maltraité par elle que cette grande femme, qui fut pendant trente-deux ans reine de France sous cet étrange nom de Maintenon, qui dit presque sa destinée. […] Si, pour les hommes véritablement ambitieux, le père Joseph du Tremblay est plus beau dans sa bure de capucin que le cardinal de Richelieu dans ses flots de pourpre, si la puissance sans titre, l’influence sans nom, mais effectives, sont plus que le costume, l’éclat et l’attitude du commandement, de quel sentiment ne devons-nous pas être pénétrés pour cette admirable vieille femme que Louis XIV appelait Sa Solidité et consultait en plein conseil de ministres, et qui, majestueuse et discrète, « toujours vêtue d’étamine noire ou feuille-morte », resta toute sa vie une humble chrétienne, avec des manières de femme du monde à tout relever !
Et on en est d’autant plus surpris que les noms qui pavoisent la porte de ce livre d’un mort inconnu ne sont pas faits pour donner l’envie d’y entrer. […] Il écrivit, dans des Revues, quelques articles, sous l’X de son nom, reproduits dans l’édition actuelle, et dans le Journal des Débats un article sur le scepticisme, à propos de Jouffroy, qui, par parenthèse, est bien tout ce qu’on a écrit jamais de plus profond et de plus subtil sur le scepticisme ; mais tout cela, ce n’est pas ses lettres ! […] Il tire de l’ensemble de ses notions des certitudes nécessaires au critique, et que le mobile Doudan, moelleux comme son nom, ne connaissait pas. […] Il y a grippé tout ce qui borne son regard, tout ce qui émousse son acier ; car il a beau ne pas avoir d’r dans son nom, ce doux Doudan, il a de l’acier dans son velours.
Les noms du duc de Bourgogne et de Fénelon marchent ensemble à l’immortalité, et le genre humain reconnaissant ne sépare plus deux âmes vertueuses et sensibles qui s’étaient unies pour le bonheur des hommes. […] Votre réputation n’est plus à vous ; c’est la seule et dernière vie qui vous reste encore parmi nous ; elle appartient à la renommée ; c’est à elle d’exercer son empire sur votre nom, pour le conserver aux siècles à venir avec encore plus d’autorité que la mort n’en prendra sur vos cendres pour les détruire. On a besoin de votre nom pour faire à nos descendants l’apologie de notre siècle ; ils douteront au moins de ses excès, quand ils sauront qu’il a produit en votre personne ce que nos pères avaient admiré dans les Du Guesclin, les Bayard et les Dunois, pour la gloire des rois, le salut de la patrie et l’honneur de la vertu. » Il n’y a personne qui, dans tous ces morceaux, ne reconnaisse le ton d’un orateur. […] Cet orateur, si connu par son éloquence, tantôt persuasive et douce, tantôt forte et imposante, qui développait si bien les faiblesses de l’homme et les devoirs des rois, et qui, à la cour d’un jeune prince, parlant au nom des peuples comme au nom de Dieu, fut digne également de servir à tous d’interprète ; cet orateur, qui sut peindre les vertus avec tant de charmes, et traça de la manière la plus touchante le code de la bienfaisance et de l’humanité pour les grands, n’a pas, à beaucoup près, le même caractère dans ses éloges funèbres.
Les poésies de Mme Desbordes-Valmore sont remplies de ces grands noms ; le dernier surtout y est prodigué à un point qui frappe tout le monde et appliqué comme aucune femme ne s’en était encore avisée ; c’est que le ciel seul lui fournit des images proportionnées à une passion qui n’est qu’une perpétuelle apothéose : Dieu, c’est toi pour mon cœur ; j’ai vu Dieu, je t’ai vu ! […] Comte Robert de Montesquiou-Fezensac La vraie Valmore à édifier et déifier est une Valmore de vers, de ses vers groupés à l’entour de son nom en la délicate élite et la délicieuse prédilection d’une dédicace réversible… Telles pièces sont plus parfaites, plus délibérément réussies, mais qu’on n’oserait guère déclarer plus que d’autres adéquates à leur visée, mieux moulées sur nature. […] À ceux qui insistent, aujourd’hui, sur l’infériorité des femmes, sur leur incapacité foncière et pour ainsi dire organique, il suffit de répondre par ce nom-là, une femme tout uniquement de génie, mieux que George Sand, trop consacrée, et qui, vraiment, ne fut, elle, qu’un homme de lettres.
J’insiste encore, car, pour le littérateur, c’est tout si on le peut rattacher à un vrai moment social, si on peut sceller à jamais son nom à un anneau quelconque de cette grande chaîne de l’histoire. […] Nodier, si fait pour pratiquer ces voies et pour les suivre, et qui, jeune, en savait mieux que les noms, ne les hanta, pour ainsi parler, qu’à la traverse, et ne s’y enfonça à aucun moment en droiture. […] Le préfet Jean de Bry lui portait intérêt ; le ministre Fouché associait son nom à des souvenirs oratoriens. […] Il nous a peint plus tard son vieil ami sous le nom légèrement adouci de sir Robert Grove, dans son attachante nouvelle d’Amélie. […] Un savant article du baron d’Eckstein181 vint protester au nom des résultats et des procédés de l’école historique : il fut sévère.
Le nom de Racine se répandit par ce premier essai : cependant rien n’indiquait encore qu’un rival était né au poète vieilli du Cid. […] Mithridate, Iphigénie, Phèdre enfin, son chef-d’œuvre profane, élevèrent le nom du poète au zénith de sa gloire. […] Versailles et l’immortalité de son nom, ses monuments et sa renommée ne lui paraissaient jamais trop chers ; il voulait, comme Alexandre, des témoins des exploits de son règne, et il choisissait ses témoins parmi les poètes, ces échos éternels du temps. […] Mais pour que Mme de Maintenon, sous le nom d’Esther, fût justifiée, il fallait que sa rivale fût coupable. […] Que son nom soit béni, que son nom soit chanté ; Que l’on célèbre ses ouvrages Au-delà du temps et des âges, Au-delà de l’éternité !
… Voilà le deuil sans nom ; voilà l’ignominie ! […] La décadence (ce mot devrait-il jamais se mêler à ces noms ?) […] il est impossible de rappeler ce nom et ce souvenir sans songer à un inévitable parallèle. […] La multitude se rallie à un nom ; l’essentiel est que l’idée et le nom s’appuient et se complètent réciproquement. […] Remercions-le d’avoir rendu au crime du 21 janvier son vrai nom, le Régicide, et d’avoir inscrit ce nom en tête d’un de ses principaux chapitres.
Ce sont des historiettes inséparables du nom de Piron. […] Il aurait pu s’appeler, de son vrai nom, Noli tangere ; Gare à qui me touche ! […] Ce nom même de de Bar n’était pas le sien ; Bar était son pays natal ; elle était d’un village proche de Bar-le-Duc : elle s’appelait de son nom Quenaudon, et elle avait eu un premier mari, natif de Copenhague. […] Son nom ne réveille rien sans doute de bien délicat ni de bien pur, mais il exprime au plus haut degré la vivacité, la verve, le piquant, le nerf et la gaillardise ; ce nom, rien qu’à le prononcer, est devenu le signe représentatif assez exact et durable de tout ce qu’il y avait de viager en lui. […] On la savait, on la récitait, on la traduisait, et on ignorait le nom de l’auteur.
Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension. […] Quand Vautrin voit Rastignac engagé, il cherche une querelle au frère unique de la jeune fille et le tue d’un coup d’épée au front, sous le nom du colonel Franceschini. […] Jamais ce vieillard ne prononça mon nom. […] « Je n’aimai pas ce dernier mot, mais je demandai le nom du castel et celui du propriétaire. […] Monsieur de Chessel dit mon nom et fit ma biographie.
Elle célébrait, en lui donnant ce nom, la fête de Molière, que nous ne chômions plus. […] Et la troupe de Molière prit dès lors le nom de la Troupe de Monsieur. […] C’était peut-être là son nom de théâtre, outre ce nom romanesque de Grésinde — dont elle s’était affublée — ou parée. […] Que tous ces noms m’ont altéré ! […] Grésinde, nom emprunté à un roman, fut son nom de théâtre.
Elles se trouvent dans plusieurs Recueils & à la suite de presque toutes les éditions de la Nouvelle Méthode Latine de Lancelot, plus connue sous le nom de Port-Royal. […] Ses talens pour l’éloquence, reconnus dans l’Eloge funebre de M. le Dauphin, ses Mandemens qu’il fait lui-même, ses Lettres Pastorales qui respirent le patriotisme, & quelques autres Ouvrages où il n’a pas mis son nom, prouvent que l’Académie Françoise a moins recherché dans lui l’éclat de la naissance, que les qualités d’un Littérateur éclairé.