Il ne suffit pas que vos vers soient beaux, dit Horace, en stile de legislateur, pour donner plus de poids à sa décision, il faut encore que ces vers puissent remuer les coeurs, et qu’ils soient capables d’y faire naître les sentimens qu’ils prétendent exciter. […] Or il faut être né avec du génie pour inventer, et l’on ne parvient même qu’à l’aide d’une longue étude à bien inventer. […] Voilà de grandes maximes, mais l’homme né sans génie, n’entend rien au précepte qu’elles renferment, et le génie le plus heureux ne devient pas même capable en un jour de les bien appliquer. […] Un homme né avec le génie du commandement à la guerre, et capable de devenir un grand capitaine à l’aide de l’expérience, c’est un homme dont la conformation organique est telle que sa valeur n’ôte rien à sa présence d’esprit, et que sa présence d’esprit n’ôte rien à sa valeur. […] De la difference des génies, naît la diversité des inclinations des hommes, que la nature a pris la précaution de porter aux emplois, pour lesquels elles les destine, avec plus ou moins d’impétuosité, suivant qu’ils doivent avoir plus ou moins d’obstacles à surmonter, pour se rendre capables de remplir cette vocation.
Bossuet, [Jacques-Benigne] Evêque de Meaux, de l’Académie Françoise, né à Dijon en 1627, mort à Paris en 1704, le premier modele que nous ayons eu d’une éloquence égale & quelquefois supérieure à celle des plus célebres Orateurs Grecs & Latins. […] Bossuet fût né avec les plus heureuses dispositions pour l’Eloquence, son éloquence dut cependant beaucoup aux travaux assidus de sa jeunesse. […] Dans tous ses Ouvrages on remarque une plénitude de savoir qui donne du nerf à ses idées, de la vigueur à ses raisonnemens, de l’embonpoint à son style, & lui fournit ces preuves abondantes & solides qui naissent du concours des autorités. […] Bouchenu de Valbonnai, [Jean Pierre] Premier Président de la Chambre des Comptes du Dauphiné, né à Grenoble en 1651, mort en 1730, seroit inconnu dans la République des Lettres, si M. de Voltaire ne l’eût placé dans la liste des Ecrivains du siecle de Louis XIV.
DORAT, [Jean] Professeur Royal en Langue Grecque à Paris, né dans le Limousin en 1507, mort à Paris en 1588. […] Il établit chez lui une espece d’Académie, où l’on agitoit des questions de Littérature, propres à faire naître l’émulation de tous les gens d’esprit qui y assistoient. […] Il faut, pour être assuré de toujours plaire, s’attacher à des ressorts plus essentiels & plus solides, c’est-à-dire, à ce naturel qui survit à tout, à cette chaleur vivifiante, à ce moëlleux séduisant & flatteur, qui naissent de la force du sentiment, & que l’esprit ne sauroit jamais suppléer. […] Ce Poëte étoit né, sans contredit, avec les dispositions les plus heureuses.
La métaphysique dont je parle, c’était leur poésie, faculté qui naissait avec eux. […] Cette origine de l’idolâtrie étant démontrée, celle de la divination l’est aussi ; ces deux sœurs naquirent en même temps. […] Ce qui nous prouve que la poésie a dû naître ainsi, c’est ce caractère éternel et singulier qui lui est propre : le sujet propre à la poésie c’est l’impossible, et pourtant le croyable (impossibile credibile). […] Le quatrième aspect est une critique philosophique qui naît de l’histoire des idées mentionnée ci-dessus. […] Il ne peut pas dire le premier mot en fait de droit, sans prendre la Providence pour principe47. — Pour nous, persuadés que l’idée du droit et l’idée d’une Providence naquirent en même temps, nous commençons à parler du droit en parlant de ce moment où les premiers auteurs des nations conçurent l’idée de Jupiter.
Elle était née dans la finance, et se nommait mademoiselle Hesselin. […] Une note de l’éditeur porte qu’elle est née vers 1608 et morte en 1678. Segrais la fait naître en 1602. D’après une lettre de Voiture, dont la date est incertaine, mais qui est placée entre d’autres qui sont de et qui peut par cette raison être présumée de la même date, elle serait née en 1585 au plus tard. […] Voiture l’ayant revue quelque temps après, assure qu’il l’a trouvée aussi belle que 40 ans avant ; si elle avait été belle 40 ans avant 1638, il faut qu’elle soit née au moins 15 ans avant 1638, c’est-à-dire en 1583.
Les grâces dans le même temps avaient, au rapport des anciens, embelli l’esprit, le caractère et l’âme de Socrate ; il allait quelquefois les étudier chez Aspasie : il en inspirait le goût aux artistes, il les enseignait à ses disciples, et probablement Xénophon et Platon les reçurent de lui ; mais Platon, né avec une imagination vaste, leur donna un caractère plus élevé, et associa pour ainsi dire à leur simplicité un air de grandeur ; Xénophon leur laissa cette douceur et cette élégante pureté de la nature qui enchante sans le savoir, qui fait que la grâce glisse légèrement sur les objets et les éclaire comme d’un demi-jour ; qui fait que peut-être on ne la sent pas, on ne la voit pas d’abord, mais qu’elle gagne peu à peu, s’empare de l’âme par degrés et y laisse à la fin le plus doux des sentiments : à peu près comme ces amitiés qui n’ont d’abord rien de tumultueux, ni de vif, mais qui, sans agitation et sans secousses, pénètrent l’âme, offrent plus l’image du bonheur que d’une passion, et dont le charme insensible augmente à mesure qu’on s’y habitue. […] On sait qu’il était né dans cette ville où la plus étonnante des institutions avait créé une nature nouvelle ; où l’on était citoyen avant que d’être homme ; où le sexe le plus faible était grand ; où la loi n’avait laissé de besoins que ceux de la nature ; de passions que celle du bien public ; où les femmes n’étaient épouses et mères que pour l’État ; où il y avait des terres et point d’inégalité ; des monnaies et point de richesse ; où le peuple était souverain quoiqu’il y eût deux rois ; où les rois absolus dans les armées, étaient ailleurs soumis à une magistrature terrible ; où un sénat de vieillards servait de contrepoids au peuple et de conseil au prince ; où enfin tous les pouvoirs étaient balancés, et toutes vertus extrêmes. […] Ces beaux siècles de la Grèce qui produisirent les héros, firent naître aussi une foule d’écrivains pour relever leurs actions. […] De ce rapprochement ou de ce contraste, naît le ridicule que les peuples simples ignorent, que les peuples à grand caractère méprisent, mais qui est si à la mode chez toutes les nations, dans cette époque où les vices se mêlent aux agréments, et où l’esprit ayant peu de grandes choses à observer, multiplie par le loisir ses idées de détail. […] Les derniers discours de Démosthène à l’officier qui voulait lui persuader de venir à la cour de son maître, sont de ce genre d’éloquence qui naît bien plus du caractère que de l’esprit.
MOINE, [Pierre le] Jésuité, né à Chaumont, Capitale du Bassigni, dans la Champagne, en 1602, mort à Paris en 1672. […] Le Poëme de Saint Louis, ou la Couronne reconquise sur les Infideles, offre des richesses, qui, quoique barbares, ne laissent pas de faire naître la surprise & l’admiration. Quel dommage, que ce Génie poétique ne soit pas né un Siecle plus tard ?
Ce sont des esprits nés avancés et qui ont toujours eu l’âge de raison, que ces petits abbés de Pons. […] De ces deux sentiments naissent la langueur et le découragement de son esprit ; c’est ce que nous appelons ennui. […] Pour mieux raisonner, il se plaît à supposer (anticipant sur l’invention de la statue de Condillac) que les hommes sont nés sourds, créés sans l’organe de l’ouïe : « Comment auraient-ils fait ? […] Il continue de raisonner ainsi, dans l’hypothèse que nous sommes nés sourds, que nous ne notons la pensée que pour les yeux. […] Il ne fallait rien moins que cette démonstration sensible en réponse à ceux qui raisonnaient des langues comme si les hommes étaient nés sourds.
DAGUESSEAU, [Henri - François] Chancelier de France, Commandeur des Ordres du Roi, né à Limoges en 1668, mort en 1751 ; un de ces hommes qui font l’honneur de leur siecle, de leur Nation, de l’humanité, & dont le culte, s’il nous est permis de nous servir de cette expression, ne peut qu’augmenter par la succession des temps. […] Quelles que soient les matieres qu’il embrasse, il fait naître la persuasion & entraîne les suffrages. Les instructions, les idées, les sentimens naissent en foule avec la variété des tours & le choix des termes propres à les embellir. […] Quelque heureusement qu’on soit né, l’étude de soi-même, celle des hommes, l’attention à se former sur de bons modeles, sont absolument nécessaires pour se mettre en état de devenir un modele à son tour.
de] Abbé, de l’Académie Françoise, né en 17.. […] Boisrobert, [François le Metel sieur de] Abbé de Châtillon-sur-Seine, de l’Académie Françoise, né à Caen, mort en 1662. […] Boissard, [Jean-Jacques] né à Besançon en 1528, mort à Metz en 1602 Compilateur infatigable, dont les Ouvrages sont recherchés par les Antiquaires.
Ce sont des pays qui naissent ou qui renaissent. […] Quand il y a une grande œuvre à faire, elle fait naître les instruments. […] Le génie ne naît point avant les langues. […] L’humanité n’est pas une bouffonnerie ; l’homme n’est pas né pour le rire. […] Il est né pontife.
Après l’institution des auspices et du mariage vient celle des sépultures ; après Jupiter, Junon et Diane, naissent les dieux Manes. φύλαξ, cippus, signifient tombeau ; de là ceppo, en italien, arbre généalogique, φυλή, tribu, filius (et par filus, et temen, subtemen), stemmata, généalogie, lignes généalogiques. […] Apollon est le dieu de la lumière, de la lumière sociale, qui environne les héros nés des mariages solennels, des unions consacrées par les auspices. […] La comparaison des deux classes d’hommes qui composent ainsi la société naissante, fait naître l’idée de Vénus, déesse de la beauté civile, de la noblesse. […] Les enfants, nés hors les mariages solennels, étaient légalement parlant, des monstres.
Saint-Réal, [César Vichard, Abbé de] de l’Académie de Turin, né à Chambery, mort dans la même ville en 1692. […] Il faut cependant convenir qu’il a surpassé son Maître, c’est-à-dire, que, né avec plus d’esprit, ayant moins écrit, ses Ouvrages sont plus purs, plus exacts du côté du langage. […] Malgré ces défauts, on ne peut refuser à l’Abbé de Saint-Réal. la gloire d’avoir écrit en Homme d’esprit, d’avoir su répandre dans son style un prestige séducteur, qui fait regretter de ne pouvoir joindre le suffrage de conviction à l’intérêt qu’il fait naître dans l’ame du Lecteur.