De même qu’une cathédrale gothique est le meilleur témoin du Moyen Âge, parce que les générations ont habité là en esprit ; de même les religions sont le meilleur moyen pour connaître l’huma-nité ; car l’humanité y a demeuré ; ce sont des tentes abandonnées où tout décèle la trace de ceux qui y trouvèrent un abri. […] Longtemps encore après que les modernes se furent créé des moyens d’observation plus parfaits, il resta de nombreuses causes d’aberration, qui défaçonnaient et altéraient de couleurs étrangères les contours des objets. […] Élever et cultiver les esprits, vulgariser les grands résultats de la science est le seul moyen de faire comprendre et accepter les idées nouvelles de la critique. […] Les prescriptions mosaïques, par exemple, sur l’abstinence d’animaux tués d’une certaine façon, si respectables quand on les envisage comme moyen d’éducation de l’humanité, et qui avaient toutes une raison très morale et très politique chez une ancienne tribu de l’Orient, que deviennent-elles transportées dans nos États modernes ?
ça ne fait rien, ça me fait rire… Pour moi, la littérature est un état violent dans lequel on ne se maintient que par des moyens excessifs. […] Puis, entre Flaubert et Feydeau, ce sont de petites recettes du métier, agitées avec de grands gestes et d’énormes éclats de voix, des procédés à la mécanique de talent littéraire, emphatiquement et sérieusement exposés, des théories puériles et graves et ridicules et solennelles, sur les façons d’écrire et les moyens de faire de la bonne prose ; enfin, tant d’importance donnée au vêtement de l’idée, à sa couleur, à sa trame, que l’idée n’est plus que comme une patère à accrocher des sonorités. […] Un rude homme, qui n’avait pas eu toujours sa canne sur sa chaise, et qui, dans son château de Sommérecourt, dont il fatiguait la cantonade des colères de sa voix, avait façonné et formé, à coups de canne, une domesticité, qu’il avait trouvé le moyen de s’attacher ainsi. […] L’exigence est son moyen, la patience sa force.
Après l’insurrection de juin, il ne restait, selon Hugo, qu’un moyen de sauver la République : — la livrer à ses ennemis. […] En accumulant les colères sur les individus, sur Napoléon et ses acolytes, il détourne l’attention populaire de la recherche des causes de la misère sociale, qui sont l’accaparement des richesses sociales par la classe capitaliste ; il détourne l’action populaire de son but révolutionnaire, qui est l’expropriation de la classe capitaliste et la socialisation des moyens de production. — Peu de livres ont été plus utiles à la classe possédante que Napoléon le Petit et Les Châtiments. […] D’autres recueils ont trouvé moyen de faire bénéfice sur les faveurs du ministre du roi, lesquels se sont souvenus des avantages de l’économie lorsqu’il s’est agi d’encourager un ouvrage assez maladroit pour se montrer royaliste et indépendant. » (Préface du troisième volume du Conservateur littéraire). — Cependant page 361 du même recueil on lit : « L’ode sur la mort du duc de Berry, insérée dans la septième livraison, ayant été communiquée par le comte de Neufchâteau au duc de Richelieu, président du conseil des ministres et zélé pour les lettres, qui l’ayant jugée digne d’être mise sous les yeux du Roi, sa Majesté daigna ordonner qu’une gratification (sic), de 500 fr. fût remise à l’auteur, M. […] Mémoire sur les moyens de suppléer à la traite des nègres par des individus libres, d’une manière qui garantisse pour l’avenir la sûreté des colons et la dépendance des colonies, par Genty, in-8, janvier 1818.
Le bon sens est : la moyenne rigoureuse de l’esprit humain dans tout l’univers et dans tous les temps. […] Mais entre le génie et la médiocrité il y a le vaste domaine du bon sens, la région moyenne des vérités reçues, la terre des heureux et des sages, qui ne s’élève pas jusqu’aux régions périlleuses et inhabitées du génie, qui ne descend pas jusqu’aux régions basses et ténébreuses de la médiocrité, mais qui s’étend, immense et sereine, entre les deux abîmes et qui est le séjour moral habité par les bons esprits. […] Nous avons dit que le bon sens était la moyenne de l’esprit humain dans tout l’univers ; nous avons dit que l’esprit et le goût étaient les caractères du bon sens français en littérature ; nous avons dit que le Français était l’homme d’esprit entre tous les peuples ; nous ajoutons : la capitale du bon sens est en France, la moyenne du monde est à Paris.
Les uns, au nom du progrès, nous proposent de nous rompre le cou pour arriver plus vite ; les autres, au nom du progrès aussi, voudraient nous convaincre que le plus sûr moyen d’avancer, c’est de retourner en arrière. […] La guerre peut être l’occasion de quelque bien, elle n’en est presque jamais la cause véritable et immédiate ; elle peut accidentellement se faire l’auxiliaire du progrès en renversant par la conquête les barrières qui séparent les peuples, en mélangeant les races, en propageant violemment des idées nouvelles ; mais, pour de tels bienfaits, combien plus efficaces sont les moyens pacifiques : développement du commerce et de l’instruction et surtout de l’esprit de justice et de fraternité ! […] Il n’a pas de pensées qu’il traduise au dehors, il ne combine pas des moyens en vue de fins à atteindre ; c’est la nature qui par un art inné dont elle n’a pas conscience, s’ordonne elle-même, et d’espèce en espèce, de règne en règne, poursuit et réalise le mieux. […] Cette fin n’est pas séparable des élémens qui lui servent de moyens, mais elle n’en est pas l’effet.
Plus tard, dans ses loisirs occupés sous la Restauration, il fera de même : indépendamment de ses grands travaux d’histoire, de ses devoirs comme pair de France, de son assiduité aux commissions et aux sociétés dont il était membre, des rapports et discours académiques qu’on aimait à lui voir faire et dont il s’acquittait volontiers, il trouvait encore moyen de se donner des tâches surérogatoires : il écrivait en détail des remarques, des cahiers d’observations sur les ouvrages que des amis lui soumettaient ; il y a telle tragédie qu’il examinait plume en main, acte par acte, scène par scène, comme il eût fait aux premiers temps de sa jeunesse dans sa petite académie de Montpellier. […] Ceux qui l’ont connu me le dépeignent d’une taille qui n’était pas au-dessus de la moyenne, d’une physionomie agréable et forte, la tête brune, l’œil vif, le nez aquilin et noble, le teint assez coloré, le cou plein et puissant.
Il le dit quelque part très ingénieusement (j’y rajeunis à peine quelques mots) : Il semble que pour planter et installer le christianisme en un peuple mécréant et infidèle comme maintenant est la Chine, ce serait une très belle méthode de commencer par ces propositions et persuasions : Que tout le savoir du monde n’est que vanité et mensonge ; — Que le monde est tout confit, déchiré et vilainé d’opinions fantasques, forgées en son propre cerveau ; — Que Dieu a bien créé l’homme pour connaître la vérité, mais qu’il ne la peut connaître de soi, ni par aucun moyen humain, et qu’il faut que Dieu même, au sein duquel elle réside, et qui en a fait venir l’envie à l’homme, la révèle comme il a fait, etc., etc. […] Il a le malheur, pour un chrétien et pour un homme né depuis l’Évangile, de croire à des étages différents d’esprits, à des séparations presque absolues entre le vulgaire ou le commun des hommes pour lequel il n’a que du mépris et du dédain, les esprits moyens et médiocres qui flottent un peu au-dessus sans pouvoir assez s’en détacher, et les sages qui jouissent de la douceur suprême dans un inviolable et inaccessible retranchement.
Le principe et les moyens sont toujours à peu près les mêmes : quand, par intrigue ou par audace, on s’était rendu assez important et qu’on s’était relevé de mépris du côté de la Cour, on était compté et recherché d’accommodement ; ce qui faisait le profit. […] Son dessein eût été d’agir militairement, de démanteler les petites places qui ne pouvaient tenir, et de fortifier les principales, Nîmes, Montpellier, Uzès ; « Nous avions, dit-il, des hommes assez suffisamment pour faire une gaillarde résistance ; mais l’imprévoyance des peuples et l’intérêt particulier des gouverneurs des places firent rejeter mon avis, dont depuis ils se sont bien repentis. » Dans ses remarques sur les Commentaires de César, admirant l’influence qu’eut Vercingétorix sur les peuples de la Gaule pour leur faire accueillir les meilleurs moyens de défense : Il a eu, dit-il, le pouvoir de faire mettre le feu à plus de vingt villes pour incommoder leurs ennemis, ce qui témoigne son bon sens… Son grand crédit est remarquable ; car, à des peuples libres, au commencement d’une guerre, avant que d’en avoir éprouvé les mauvais succès et dans l’espérance de pouvoir vaincre sans venir à des remèdes si cuisants, il leur persuade de mettre le feu à leurs maisons et à leurs biens, pour la conservation desquels se fait le plus souvent la guerre.
À deux pas de Coppet, au bord de ce beau lac, dans cette Suisse romande que Voltaire avait tant goûtée, Bonstetten, avant que les événements menaçants lui fissent la position trop difficile et vinssent mettre à une trop forte épreuve son caractère, avait trouvé le moyen de concilier tous ses goûts de curiosité, d’universalité, de philanthropie, de cosmopolitisme. […] L’usage presque continuel de la torture devenait quelquefois un moyen de finance.
D’une part son désir s’élance à la poursuite de Thésée, de l’autre il lui faut subir l’allure de sa monture, unique moyen de la rapidité de sa course. […] On parlait devant l’aimable compositeur Auber de l’ennui de vieillir : « Oui, dit-il, c’est fort ennuyeux, et pourtant c’est encore le seul moyen qu’on ait trouvé jusqu’ici de vivre longtemps. » 33.
Si les petites ou les moyennes choses peuvent se comparer aux grandes, je ne saurais mieux comparer ce succès de Rigault en Sorbonne qu’à celui de M. de Montalembert à la Chambre des Pairs pour son fameux discours du Sonderbund : le discours fini, le bureau et le Chancelier et la Chambre, si l’on s’en souvient, entouraient l’orateur et ne se contenaient plus. […] Il est impossible, en présence d’une exposition de jouets, de mieux raisonner, dès qu’on veut raisonner, de mieux parler morale et littérature à l’adresse de la classe moyenne, judicieuse, instruite, élégante même.
Quoi qu’il en soit, l’histoire, aujourd’hui qu’elle en a les moyens, est désormais tenue à une chose, à noter si, pour certains actes peu expliqués de la conduite de Louis XIV, par exemple de brusques retours de l’armée, des revirements de détermination dans les campagnes, il n’y a pas coïncidence d’un de ces accidents, — de ces menaces d’accidents si soigneusement relatées par les médecins du roi. […] Ô classe moyenne et aisée de nos jours, n’enviez pas l’hygiène ni le régime du grand roi dans ce qu’on appelle le plus poli des siècles.
Renan ne voit pas de contradiction nécessaire dans ces deux faits, et il nous l’explique ; il nous indique une voie moyenne. […] On y voit tout ce qui a dû manquer à Channing pour qu’il ait été amené à avoir l’idée de son rôle populaire, tel qu’il le conçut, et pour y joindre, comme il l’a fait, la force et le moyen d’y réussir.