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718. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Ce dernier, par ses mœurs, se rapproche beaucoup de l’élan. […] Pour vous mettre mieux à même de comparer ses mœurs avec celles du troglodyte commun d’Europe (les mœurs des oiseaux ayant toujours été, comme vous le savez, le sujet de prédilection de mes études), je vous présente ici les observations que mon savant ami W.  […] Le pewee ou gobe-mouche brun Les détails dont se compose la biographie de ce gobe-mouche sont, pour la plupart, si intimement unis avec les particularités de ma propre histoire, que, s’il m’était permis de m’écarter de mon sujet, ce volume serait consacré bien moins à la description et aux mœurs des oiseaux qu’aux impressions de jeunesse d’un homme qui a vécu, longues années, de la vie des bois, en Amérique. […] C’est dans ce lieu que, pour la première fois, je vis, sous son vrai jour, toute la force de la tendresse paternelle chez les oiseaux ; c’est là que j’étudiai les mœurs du pewee ; c’est là que j’appris, de manière à ne plus l’oublier, que détruire le nid d’un oiseau ou lui arracher ses œufs et ses petits, c’est un acte d’une grande cruauté.

719. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

En 1749, l’Académie de Dijon met au concours la fameuse question : Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou épurer les mœurs. […] Le poème dramatique est imitation des mœurs sociales, et enseignement des qualités sociables. […] Voilà les principes naturels de l’état social ; et tout l’effort doit tendre, non pas à détruire les sociétés actuellement existantes, mais à les réduire au type idéal ; tous les abus, toutes les misères, toute l’oppression disparaîtraient dans cette réduction, et l’organisation politique, avec les mœurs qui en découlent, ne pervertirait plus l’homme naturel. […] Rousseau a raison : toutes les inégalités politiques et sociales sont peu sensibles, tant que l’égalité des mœurs et des esprits subsiste. […] Les autres philosophes prenaient aisément leur parti de toutes les atteintes que la mode et les mœurs donnaient à l’éternelle morale : c’est l’honneur de Jean-Jacques d’avoir jeté les hauts cris.

720. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Rousseau a beau qualifier d’avance de « menteur et d’hypocrite » quiconque osera dire « que la peinture d’une jeune personne honnête qui se laisse vaincre à l’amour, et qui, étant femme, redevient vertueuse, est scandaleuse et n’est pas utile » ; il a beau dire, dans sa correspondance, que « quiconque, après avoir lu la Nouvelle Héloïse, la peut regarder comme un livre de mauvaises mœurs, n’est pas fait pour aimer les bonnes » ; sous le coup de cette double menace, je me risque à dire, avec tout le monde, que la Nouvelle Héloïse n’est ni un livre utile ni un livre de bonnes mœurs. […] De même la morale a pu être gênée par les mœurs publiques, et la nature par l’éducation ; mais les préceptes de l’une et la voix de l’autre ont parlé toujours assez haut pour quiconque ne se bouchait pas les oreilles. Ni les mœurs publiques n’ont jamais empêché personne de vivre honnêtement, ni l’éducation n’a jamais absous celui qui outrageait la nature. […] Pour être passées dans les mœurs et dans les lois, les vérités qu’il a défendues ou revendiquées n’ont rien perdu de leur à-propos ni du feu d’éloquence dont il en a animé l’expression.

721. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Diderot faisait de Greuze cet éloge inquiétant : « Le choix de ses sujets marque de la sensibilité et de bonnes mœurs » ; le Mauvais Fils puni lui semble un excellent tableau-leçon ; dans l’Accordée du village, il relève un détail qui lui plaît, et il s’écrie : « Voilà un petit trait de poésie tout à fait ingénieux !  […] Tout porte la marque d’un siècle voluptueux, de mœurs douces et sensuelles. […] Et, comme les révolutions du costume marquent souvent des révolutions dans les mœurs, il n’est pas superflu de consulter les journaux de modes. […] Ce sont, par exemple, des noms de vêtements qui rappellent que telle influence étrangère s’exerçait au moment où ils ont reçu droit de cité : le haubert, le heaume nous reportent à l’époque guerrière où les Francs imposaient leur domination et quelques-uns de leurs mots à la Gaule vaincue, tout comme, de nos jours, redingote, raglan, mac-farlane, etc., montrent l’action de l’Angleterre sur nos mœurs nationales. […] L’œuvre de Jean de Meung sera plus tard attaquée et censurée comme contraire aux bonnes mœurs, et il est de fait que le langage de dame Raison, de Vénus et d’autres personnages encore se distingue par une verdeur et une crudité singulières.

722. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est la mauvaise humeur de l’esprit chez les hommes qui, comme Boileau ou Horace, ne font que la satire des œuvres ; c’est la mauvaise humeur de la vertu chez les hommes qui, comme Juvénal, font la satire des mœurs ; mais toujours c’est la mauvaise humeur. […] Il faut être juste envers lui ; il n’y avait, depuis le cardinal de Richelieu, ni Tibère, ni Séjan, ni Néron à supplicier poétiquement en France ; il n’y avait pas même lieu à ces orgies de style, dans le tableau des mœurs, dont Juvénal salit effrontément ses pages ; peintures plus hideuses du vice que le vice lui-même ! […] Quinzième enfant d’un père greffier du parlement, privé de bonne heure des soins et de l’affection de sa mère, opéré de la pierre à douze ans, nourri dans les collèges, ce dur et froid noviciat des enfants sevrés de leurs familles, jeté ensuite contre son gré dans des études de théologie et de jurisprudence dont les arguties lui répugnèrent, possesseur d’une petite fortune suffisant à la modestie de ses désirs après la mort d’un père laborieux ; sans ambition, sans intrigue, sans chaleur dans l’âme, mais non sans amitié ; amateur de tout ce qu’on appelle vertu par probité naturelle d’esprit et par ce penchant honnête qui est le bon goût de l’âme, il prit contre son siècle la plume de Caton le Censeur, et il écrivit des satires pour réformer le mauvais goût, comme, dans une autre fortune, il aurait pris la hache des licteurs pour réformer les mauvaises mœurs de sa patrie. […] XVII La première de ses satires, qui suivit son Épître au Roi, n’est qu’une déclamation un peu vague, calquée d’Horace et de Juvénal et appliquée aux mœurs générales du temps. […] Que maudit soit le jour où cette vanité Vint ici de nos mœurs souiller la pureté !

723. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il y a là, dans l’histoire d’un seul mot, toute une petite révolution des mœurs en raccourci. […] Mais si la religion, par hasard, avant d’être une politique, était une discipline de mœurs ? […] L’auteur des Bijoux indiscrets chargé d’examiner si les livres ne contiennent rien « contre les mœurs » ! […] Je crois volontiers, d’après eux, que Galiani dut avoir quelque peine à se refaire aux habitudes, aux mœurs, aux usages de ses compatriotes. […] Les mœurs de chaque âge sont ainsi fidèlement observées.

724. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Son livre est plein de critique ; c’est un homme d’esprit sans parti pris, qui vous mène promener à travers le monde et qui vous dit : « Regardez et concluez. » Il a aussi beaucoup d’analogie avec Voltaire dans ses Mœurs des nations. […] Il y continue l’histoire des Perses, mœurs et politique. […] Les mœurs barbares des Scythes font horreur et pitié. […] Quand cette belle femme parut, elle excita vivement l’attention de Darius, l’attirail dans lequel elle se montrait n’étant dans les mœurs ni des femmes perses, ni de celles de Lydie, ni enfin d’aucun peuple de l’Asie. […] Vous ne douterez donc pas que nous ne vous ayons traités comme vous êtes dignes de l’être, et vous pourrez rapporter au roi, qui vous envoie, qu’un Grec, actuellement simple gouverneur de la Macédoine, a su vous procurer tous les plaisirs que peuvent donner la table et le lit. » Lorsque Alexandre eut cessé de parler, chacun des Macédoniens, qu’il était facile de prendre pour une femme, alla s’asseoir à côté d’un des députés, et au moment où les Perses voulurent porter les mains sur eux, les jeunes gens, tirant leurs poignards, les percèrent de coups. » Ces Péoniens aux mœurs féroces devaient être les Albanais d’aujourd’hui : les noms changent, jamais les mœurs.

725. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Il s’agit pour nous, à tout propos, de défendre le spiritualisme dans les arts, dans l’éducation, dans les mœurs et dans l’histoire. […] Il y a mis en même temps tout ce que son époque pouvait savoir et sentir de la couleur et des mœurs homériques. […] Quand on oppose à nos mœurs la férocité païenne, c’est dans Rome qu’il faut en chercher le type. […] Peut-on équitablement englober dans la même accusation les mœurs de la décadence et celles des âges héroïques ? […] Pourquoi reprocher à Homère les mœurs bibliques, et se montrer plus exigeant pour Achille et Agamemnon que pour Abraham et Jacob ?

726. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il prodigua l’admiration aux mauvaises mœurs. […] C’est l’art qui se plie « aux mœurs et aux croyances » des contemporains de telle manière qu’il les reproduit, et en les reproduisant amuse le public. […] De petits faits significatifs d’un état d’esprit, des détails de mœurs, des analyses psychologiques : voilà son domaine. […] Enfin les démocraties comportent, selon Tocqueville, une certaine douceur de mœurs et la développent. […] Le scepticisme est donc tolérance, douceur de mœurs et civilisation et progrès ; et progrès, civilisation, douceur de mœurs et tolérance se ramènent en dernière analyse au scepticisme.

727. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

. — Chez les Lapons, mœurs et coutumes (1890). — Fleurs de jadis (1893). — Histoire tragique de la Princesse Phénissa (1893). — Histoires tragiques (1893). — Lilith (1893). — Théodat (1893). — Le Château singulier (1894). — Hiéroglyphes, poèmes autographiés (1894). — Phocas (1894). — L’Idéalisme (1894). — Proses moroses (1894). — Le Latin mystique (1894). — Les Litanies de la rose (1895). — Le Livre des masques, portraits symbolistes, 1re série (1896). — Le Miracle de Théophile (1896). — Le Pèlerin du silence (1896). — La Poésie populaire (1896). — Les Chevaux de Diomède (1897). — D’un pays lointain (1897). — Le Vieux Roi (1897). — Le Livre des masques, 2e série (1898). — Les Saintes du Paradis, petits poèmes (1898). — Esthétique de la langue française (1899). — Le Songe d’une femme (1899). — Oraisons mauvaises (1900).

728. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

C’est elle qui corrompt les mœurs & les maximes, Ravale des vertus, & couronne des crimes, Selon son intérêt regle les sentimens, Juge des actions par les événemens, Méprise un vertueux que le Ciel abandonne, Révere un scélérat que le bonheur couronne, Aux Peuples inquiets vante les nouveautés, Et leur fait un Héros d’un Chef de Révoltés, &c.

729. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

Il eut encore cela de particulier, que, malgré la pétulance de son caractere, ses mœurs furent toujours pures, sa conduite toujours conforme aux devoirs de son état, son ame toujours sensible au sort des malheureux.

730. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Les histoires de l’Ancien Testament ont rempli nos temples de pareils tableaux, et l’on sait combien les mœurs patriarcales, les costumes de l’Orient, la grande nature des animaux et des solitudes de l’Asie, sont favorables au pinceau.

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