Il ne lui manque qu'un peu plus de goût, & ce je ne sais quoi, qui ne sauroit se puiser que dans la Capitale.
L'élégance & la noblesse de l'expression n'ont pu sauver de l'oubli ses Poésies Latines, qui manquent d'imagination & de verve, qualités absolument nécessaires à un Poëte pour vivre dans la posterité.
Mais le Licurgue est manqué ; c’est une figure campée, une jambe en avant et l’autre en arrière.
L’expression, toujours saine, élevée et digne, manque un peu d’éclat. […] Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] J’espère que vous me soignerez d’autant plus qu’un de mes amis me manquera. […] Mme de Staël, dans les essais de voyages qu’elle faisait en France, ne manquait pas de le chercher au passage. […] Je suis inquiète de cette dernière148, et je vous demande d’aller de ma part savoir de ses nouvelles. — Soyez assez bon aussi pour parler de moi à M. et Mme… (Le reste de la lettre manque.)
Plusieurs choses y manquent, entre autres les polissonneries de Voltaire, le jargon nébuleux d’outre-Rhin et la grossièreté prosaïque de M. […] Nous devons avoir recours à une méthode plus puissante : nous devons varier les circonstances, nous devons noter les cas où la rosée manque ; car une des conditions nécessaires pour appliquer la méthode de différence, c’est de comparer des cas où le phénomène se rencontre avec d’autres où il ne se rencontre pas. […] Au contraire, les cas très-variés dans lesquels la rosée manque ou est très-peu abondante s’accordent en ceci, et, autant que nous pouvons l’observer, en ceci seulement, qu’ils n’ont pas cette propriété. […] Les procédés dont celui-ci compose la science sont ceux où vous excellez par-dessus tous les autres, et les procédés qu’il exclut de la science sont ceux qui vous manquent plus qu’à personne. […] Que nous puissions les trouver ou non, ils existent ; l’axiome des causes serait démenti, s’ils manquaient.
De la clarté, de la simplicité, une maniere de présenter les objets qui intéressent le Lecteur, forment son principal mérite : d’un autre côté, il manque de noblesse, de correction, de précision dans le style, & quelquefois d’exactitude dans les faits.
Desgrouais manque de méthode, de précision, de clarté ; ce n’est qu’un verbiage continuel qui dégoûte le Lecteur.
Le pouce de Loutherbourg y manque ; je veux dire cette manière de faire longue, pénible, forte et hardie qui consiste à placer des épaisseurs de couleurs sur d’autres qui semblent percer à travers, et qui leur servaient comme de réserves.
Ce peintre-ci ne manque pas de couleur, en travaillant il peut aller loin ; il faut s’y connaître pour concevoir cette espérance.
Elle manquerait étrangement d’exactitude en ne l’étant pas. […] Y avait-il une syllabe de trop ou en manquait-il une ? […] Est-ce que l’honneur manquait à Socrate et à Régulus ? […] Mais qu’il appliquât ce procédé me peinait comme un manque d’élégance. […] (Il manque un index.)
C’est ainsi qu’ayant eu communication des Mémoires, alors manuscrits, de Mme de La Rochejacquelein, revus et en partie rédigés par M. de Barante, il déclarait y avoir trouvé « la jouissance la plus vive que livre puisse jamais procurer. » Il y voyait tout ce qui constitue un morceau accompli d’histoire, « l’harmonie et la justesse d’un style partout adapté à la chose, l’art pittoresque qui met toujours et la scène et les personnages devant les yeux, l’intérêt le plus vif, le plus enthousiaste, le plus vertueux, qu’aucune période de l’histoire moderne ait jamais présenté, un intérêt qui s’attache aux personnes et qui ne se perd jamais dans les masses et les nombres abstraits, comme il arrive trop souvent. » Les Lettres de Mlle de Lespinasse, nouvellement publiées (1809), lui faisaient un effet bien différent ; c’était, pour lui, une lecture singulière qui lui laissait des impressions contradictoires, et où il se sentait quelquefois rebuté par la monotonie de la passion, souvent blessé d’un manque de délicatesse et de dignité dans la victime, mais attaché en définitive par la vérité et la profondeur de l’étude morale : « Un rapprochement, dit-il, que je faisais à chaque page augmentait pour moi l’intérêt de cette Correspondance. […] À propos de la Correspondance de Mme Du Deffand avec Horace Walpole, qui paraissait alors pour la première fois (1812), et que Sismondi lisait avec sa mère, il écrivait à Mme d’Albany, en faisant d’elle à l’auteur un rapprochement qui s’offrait de lui-même, et que nous n’aurions pas manqué de faire également : « En lisant ces lettres, permettez-moi de vous le dire, nous pensions souvent à vous ; le parfait naturel de son style, la vivacité de toutes ses impressions, l’originalité de son esprit nous faisaient comparer ; mais ce qui lui manquait surtout, c’était le caractère… Quelle dévorante activité l’ennui avait en elle ! […] Quel manque absolu d’intérêt pour la lecture, toutes les fois que cette lecture ne se rapportait pas à la société !
Il ne manque aucune séance, tandis que les académiciens sont irréguliers, vont et viennent comme au temps de Furetière, s’absentent volontiers l’été, n’arrivent qu’après le commencement des séances et partent quelquefois avant la fin. […] Auger ne manquait pas d’occasions de parler en séance publique ; il eut plus d’une fois à répondre à des récipiendaires, et il n’avait pas même attendu d’être secrétaire perpétuel pour engager fâcheusement l’Académie. […] L’Académie n’est pas encore en pleine possession et jouissance de ces deux dernières fondations Langlois et Toirac, mais elles ne sauraient lui manquer. […] … J’y ai beaucoup pensé, disait-il ; je n’ai jamais pu en saisir le sens avec certitude. » Montesquieu garda un moment le silence et répondit : « Pour faire de grands ouvrages, deux choses sont nécessaires, un père et une mère, le génie et la liberté… Mon ouvrage a manqué de cette dernière. » Noble et fière réponse !
Buffon ne manquait pas de foi en lui-même et en ses idées, mais il ne les prodiguait pas ; il les élaborait à part, et ne les émettait que par intervalles, sous une forme pompeuse dont la magnificence était à ses yeux le mérite triomphant. […] Diderot fut cet homme ; Diderot, riche et fertile nature, ouverte à tous les germes, et les fécondant en son sein, les transformant presque au hasard par une force spontanée et confuse ; moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe, et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot, passant d’une machine à bas qu’il démonte et décrit, aux creusets de d’Holbach et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s’il le veut, l’homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu’il se brise, puis tout d’un coup rentrant au sein de l’être, de l’espace, de la nature, et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibnitz auraient pu signer avec orgueil s’ils n’eussent été chrétiens84 ; esprit d’intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité, et auquel il n’a manqué, comme à son siècle, pour avoir l’harmonie, qu’un rayon divin, un fiat lux, une idée régulatrice, un Dieu85. […] Cependant la calomnie n’y avait pas manqué. […] Plusieurs de ses amis étaient morts, les autres dispersés ; mademoiselle Voland et Grimm lui manquaient souvent.