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954. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Il y a dans la langue française et dans toutes les langues novolatines, trois sortes de mots  : les mots de formation populaire, les mots de formation savante, les mots étrangers importés brutalement ; maison, habitation, home, sont les trois termes d’une même idée, ou de trois idées fort voisines ; ils sont bien représentatifs des trois castes d’inégale valeur qui se partagent les pages du vocabulaire français.

955. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Par un admirable respect pour la vieillesse, on croyait que les personnes âgées étaient d’un heureux augure dans une maison, et qu’un ancien domestique portait bonheur à son maître.

956. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Ce sac plus cruel dans toutes ses circonstances que les précedens, et qui fut la cause qu’on vit des femmes patriciennes mandier à la porte de leurs propres maisons, dont les barbares s’étoient rendus les maîtres, est la véritable époque de l’anéantissement presque total des lettres et des arts, que du moins on cultivoit toujours, quoique ce fut sans beaucoup de fruit.

957. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Que la France ne redoute pas trop le reproche de se replier sur elle-même, et qu’elle ne décourage jamais ses enfants les plus marqués des signes du terroir, ceux même qu’elle croirait confinés dans l’atmosphère de la maison.

958. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

On sait que Valérius Publicola ne se justifia du reproche d’avoir construit une maison dans un lieu élevé, qu’en la rasant en une nuit. — Les nations les plus belliqueuses et les plus farouches sont celles qui conservèrent le plus longtemps l’usage de ne point fortifier les villes.

959. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Mais c’est peut-être tout simplement parce que son mari la laisse, du matin au soir, seule à la maison. […] Elle racheta pour eux la maison Borkman et leur assura de quoi vivre. […] c’est une maison où l’on s’amuse. […] Sa femme a tout de suite loué et meublé une belle maison. […] Elle vit à présent dans sa maison et aide à sa femme de charge, en attendant qu’il lui trouve un mari.

960. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il s’installe chez la pauvre folle, met sa maison au pillage, mène grasse vie, tant et si bien qu’il en meurt. […] Le soir, dans l’obscurité, des maisons apparaissent marquées d’une tache de lumière. […] Dans ces rues désertées et dans ces maisons vides les passions humaines ont fait jadis leur bruit. […] Or on n’a pas besoin d’être princesse, ni riche, ni même de vivre ; maison a besoin de vivre heureuse. […] Ce n’était entre ces maisons d’à côté qu’âpre concurrence et querelles aussi personnelles que déloyales.

961. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Voici Psyché : Psyché2 Elle passe sans bruit dans la maison déserte Tenant entre ses mains une lampe qui meurt ; Son voile safrané flotte dans la nuit verte, Y laissant le parfum nocturne d’une fleur. Elle passe sans bruit dans la maison de songe, Son visage invisible est sans doute ingénu, Et sa jambe divine, et longue et pâle, allonge, Un pied prudent et froid sur le dallage nu. […] Ce vaisseau, elle l’attend toujours ; parfois même sa maison lui paraît un vaisseau dans le port : Notre maison est un grand vaisseau dont la proue Se tourne vers la Ville éparse à l’horizon. […] C’est « le soleil, les parfums et le vent » qu’elle habite : Ma maison ? […] Elle lui reproche « de ne pas mourir à cause d’elle, inviolable, de respirer l’air de sa vie et de sa maison sans qu’il en fût bouleversé à l’image de Werther ou de Dominique ».

962. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Nous le trouvâmes, causant tranquillement avec ma belle-mère et ma femme dans le salon de la petite maison de mon beau-père, rue Nicolet, sous la Butte. […] Je ne me souviens que d’un mot qu’il « eut » à propos des chiens (celui de la maison nommé Gastineau, pourquoi ? […] Une autre fois, je le trouvai couché au soleil (d’octobre) le long du trottoir en bitume d’où s’élevait le perron de quelques marches qui conduisait à la maison. […] Des raisons à moi m’empêchèrent, par la suite, de continuer ces relations toutes bienveillantes de sa part, toutes respectueuses de l’autre, puis ma vie plus qu’accidentée m’éloigna définitivement de sa maison, devenue de moins en moins semblable à celle de Socrate. […] Certes la Maison du bonheur, rêve de perfection bien doux et bien haut, une entrevue à Solesme, bien douce et bien haute encore anecdote catholique, et les Amants de Tolède ou le sublime auteur d’Akédysseril se concentre si bien !

963. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Un sujet très sensible suivra l’hypnotiseur tout autour de la chambre ou dans la maison ; il pourra même, assis dans un fauteuil, suivre avec la tête, comme une aiguille aimantée, la marche de l’hypnotiseur autour de la maison. […] Au bout d’un certain temps Mme B… tombe en somnambulisme, sort brusquement de sa maison et marche à pas précipités ; elle avait les yeux fermés, mais évitait tous les obstacles avec adresse, et arriva sans encombre. […] Or, il faut se rappeler que, dans la perception même la plus véridique, il y a une construction de l’objet par nous : voir une maison, ce n’est point demeurer passif, c’est, réunir en un tout une multitude de signes séparés, c’est interpréter ces signes, c’est, induire la réalité d’après des apparences, juger de la situation dans l’espace, dans le temps, etc. […] Lucie 3 vient réellement au cabinet du docteur, tandis que Lucie 1 se croit réellement à la maison.

964. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Tu verras comme moi s’alarmer ta tendresse, Surtout si c’est l’enfant sorti de ta vieillesse, S’il a survécu seul à ses frères nombreux, S’il est l’unique bien que t’aient laissé les Dieux, S’il est l’appui dernier d’une maison qui tombe, Et si tous ses aïeux le suivent dans la tombe. […] O ma maison, reçois ton maître ! […] C’est tout… Et puis encor peut-être Ce petit bois plein de gazon Qui se berce sous ma fenêtre, Et semble m’attendre pour maître, Caché derrière ma maison.

965. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Elle a vu d’abord un petit chien noir qui appartient à la maison et qui aboie souvent ; c’est sur lui qu’elle a d’abord appris le mot oua-oua. […] Tous les soirs, elle voulait la voir ; quand elle l’apercevait à travers les vitres, c’étaient des cris de plaisir ; quand elle marchait, il lui semblait que la lune marchait aussi, et, pour elle, cette découverte était charmante ; Comme la lune apparaissait selon les heures à divers endroits, tantôt devant la maison, tantôt par derrière, elle criait : « Encore une lune, une autre lune !  […] Il dit maman de sa mère et de sa grand’mère, papa de son père et de son grand-père ; pendant quelque temps, il a dit aussi ce mot à propos du troisième homme de la maison, mais jamais à propos des autres hommes qu’il y voyait par accident et pour quelques jours.

966. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Ses regards se promenaient, avec toute leur intelligence, sur les façades des maisons, sur les inscriptions républicaines, sur les costumes et sur la physionomie de cette capitale, si transformée pour elle depuis quinze mois de captivité. […] Elle approchait de la maison qui lui avait été désignée dans son cachot. […] je leur ai tout donné, rang, fortune, ambition, honneur, renommée de ma maison dans l’avenir, répugnance même de la nature et de la conscience à condamner leurs ennemis !

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