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706. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

Par ces divers moyens, on ferait naître des harmonies entre notre nature bornée et une constitution plus sublime, entre nos fins rapides et les choses éternelles : nous serions moins portés à regarder comme une fiction un bonheur qui, semblable au nôtre, serait mêlé de changements et de larmes.

707. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

« Par la faveur des Dieux, nous eûmes le plaisir de contempler ce combat sans nous y mêler.

708. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 11, des ouvrages convenables aux gens de génie et de ceux qui contrefont la maniere des autres » pp. 122-127

Quoique la présomption soit familiere aux peintres presque autant qu’aux poëtes, Carle Maratte, lui-même ne s’est pas crû digne de mêler son pinceau avec celui de Raphaël.

709. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de l’Évangile » pp. 89-93

Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même ; car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde : le parti de Dieu ou le parti de l’homme ; et il faut choisir !

710. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Mais aussi lorsqu’un prince humain et bienfaisant, tel qu’il y en eut plusieurs, avait cessé de vivre, et que les prêtres récitaient ses actions en présence du peuple, les larmes et les acclamations se mêlaient aux éloges ; chacun bénissait sa mémoire, et on l’accompagnait en pleurant vers la pyramide où il devait éternellement reposer… Depuis trois mille ans, ces usages ne subsistent plus, et il n’y a dans aucun pays du monde, des magistrats établis pour juger la mémoire des rois ; mais la renommée fait la fonction de ce tribunal ; plus terrible, parce qu’on ne peut la corrompre, elle dicte les arrêts, la postérité les écoute, et l’histoire les écrit.

711. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Le héros, d’abord, d’une si belle inconscience morale, mêlée de naïveté et d’une espèce de bonté. […] Dumas ait mêlé à ses anciens « hommes forts » ses hommes mystiques, ses justiciers implacables ou miséricordieux, Claude ou Montaiglon. […] J’ai vu, avec une curiosité mêlée d’horreur, l’esprit gaulois, pour qui M.  […] Il n’était point nécessaire de mêler Jeanne d’Arc à cette promenade nocturne, et il est parfaitement ignoble de la faire coqueter avec Henri IV. […] Derrière lui, dans un mouvement vertigineux, galopent d’autres petites femmes mêlées à d’autres habits noirs.

712. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Shakespeare n’a pu mêler que l’âme de son temps avec un peu des souvenirs de la Grèce antique. […] Pourquoi encore y mêler les nôtres ? […] Elle est intimement mêlée à l’action. […] Pour moi, ce rien de romanesque, mêlé à une vive esquisse de mœurs contemporaines, n’a rien qui me déplaise. […] Ce que Brichanteau aime dans Paris, c’est la liberté complète, une sorte de solitude charmante et toujours amusée, la joie de faire ce qu’il veut sans se mêler de ce que font les autres.

713. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Bourgeois et étudiants mêlés aux députés, et relativement tranquilles. […] Il se mêla, comme Forster, à tout le mouvement républicain et « français » du pays rhénan, en 1792. […] Il avait été mêlé, sous le pontificat de Célestin III, à des négociations diplomatiques très délicates. […] Elle représenta, plus que toute autre, l’esprit de sociabilité subsistant et se sauvant à travers la mêlée des partis. […] Fut-ce un supplice, fut-il exquis, fut-ce un état d’âme où beaucoup de tristesse se mêlait à un peu de joie ; fut-ce un état d’âme où, plutôt, une joie profonde se mêlait d’un peu de mélancolie, douce encore ?

714. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il y mêle par acquit de conscience un intérêt quelconque, un fil d’intrigue qui ne change pas. […] L’art, pour lui, doit se mêler à la vie, atteindre la foule et n’exalter que le bon et le vrai. […] Mêlons des voluptés à la mort ! […] Il pouvait cette fois, comme il le souhaitait, mêler les enchantements de la passion aux appétits de la tombe. […] La vie morale et la vie physique sont des manifestations égales qui se transforment et se mêlent.

715. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Les lettres qu’on a de Goethe, adressées à Kesfner pendant les mois qui suivent l’instant de la séparation, nous le prouvent aussi, tout en nous donnant assez bien la mesure de cette espèce de culte d’imagination et de tendresse idéale, mystique, pourtant domestique et familière, mêlée de détails du coin du feu. […] … » Mais chez ces deux poètes il s’y mêle une teinte de sombre ou de mélancolique que n’a pas le Werther du début. […] Puis, les années s’écoulant et la mort achevant d’épurer et de consacrer les souvenirs, le quatrième de ses douze enfants à qui elle avait transmis plus particulièrement sans doute une étincelle de son imagination et de sa douce flamme, s’aperçut qu’après tout il y avait là, mêlé à de l’affection véritable, un de ces rayons immortels de l’art que le devoir permettait ou disait de dégager, que c’était un titre de noblesse domestique, même pour son père, de l’avoir emporté sur Goethe, et que de la connaissance plus intime des personnes il allait rejaillir sur les plus modestes un reflet touchant de la meilleure gloire.

716. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Que restait-il donc à dire aux républicains contre les rois, quand celui qui se disait leur Blondel mêlait à d’emphatiques déclamations de fidélité des railleries contre ses idoles officielles ? […] « Aux rayons de la lune, qui répand une si douce lueur dans ces régions asiatiques, aux derniers bruits que la mer apaisée jette sur la plage, les filles de Scio venaient, sur le banc de pierre dressé à la porte de leur maison, écouter les plaintes et les déclarations d’amour des jeunes hommes, quelquefois mêler leurs voix aux chants passionnés, au son du téorbe ou de la mandoline. […] Les bruits de ces villages, qui sont autant de ports, s’éveillaient ; les voix des caïdgis (bateliers) se mêlaient aux cris des goélands ; le brouillard avait laissé sur chaque feuille une goutte de rosée qui étincelait au soleil ; ma promenade fut délicieuse, et je revins chargé de touffes de bruyères, de daphnés et de cistes fleurissant d’eux-mêmes au sein de ces solitudes qui touchent de si près au rivage.

717. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

De même, si la partie romanesque ou de galanterie noble, dans le théâtre de Racine, n’est pas tout à fait morte, grâce aux accents pathétiques que le cœur du poète y a mêlés, elle est du moins fort refroidie. […] Par le récit, par la narration si malaisée, comme il dit, par la description qui ne l’est guère moins, par les réflexions enjouées ou sérieuses qu’il y mêle, par ses retours sur lui-même, par cette façon de parler de soi au profit des autres, ces deux contes valent ses meilleures fables : et qui vaut plus au monde que ses fables ? […] Or tandis que ce grand homme, toujours généreux, vantait, dans l’Amour médecin, « les airs et les symphonies de l’incomparable Lulli », celui-ci travaillait sous main à déposséder la troupe de Molière du droit de jouer des pièces mêlées de chant et de musique.

718. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Il n’agit qu’entouré, à la Grecque, de la stupeur mêlée d’intimité qu’éprouve une assistance devant des mythes qui n’ont presque jamais été, tant leur instinctif passé s’isole ! […] Il est quatre heures ; le Soleil d’été brille, en plein ciel ; par les avenues ombragées, la foule est montée ; on n’entendait que le bruit des pas ; la foule confusément se mêle, errant sur la terrasse d’où l’horizon apparaît immensément. […] Le public n’existe pas consciemment à Bayreuth ; tout ce qui en moi est susceptible de répondre à l’appel de ce drame vivant, se mêla intimement à ce drame, vit de sa vie.

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