Son devoir est de ne louer que ce qui mérite d’être loué. […] Oui, le grand mérite de M. […] La postérité seule classe le mérite et dégage les opinions. […] Il y a là un cas de moralité qui mérite d’être étudié de près. […] Ils ont le mérite d’être supérieurement charpentés.
Pierre Jeannin, l’une des gloires de la Bourgogne, né à Autun, en 1540, d’un père tanneur qualifié citoyen et échevin de la ville, et qui, bien que sans lettres, était réputé homme de très grande vertu et de très grand sens, offre par son exemple une preuve de plus qu’avec du mérite, et tout en étant du tiers état, on s’élevait et on parvenait très haut dans l’ancienne monarchie ; même avant la Ligue, il était dans une belle voie d’honneur et de considération dans sa province. […] Jeannin, dès sa jeunesse, s’annonça par ses talents et par son mérite ; il alla étudier aux universités, notamment à Bourges sous Cujas. […] Févret, dans son dialogue latin sur les orateurs illustres du barreau bourguignon, en regrettant que Jeannin en eût été sitôt enlevé, a caractérisé son genre d’éloquence en des termes magnifiques, trop magnifiques sans doute dans leur ampleur cicéronienne, mais où il n’est pas impossible de noter quelques-uns des mérites particuliers à l’homme : il le loue de son abondance, de sa gravité, de sa véhémence, de son tour pénétrant, mais aussi de sa douceur ; il insiste sur ce dernier trait : Ce qui plaisait dans cet homme d’un souffle élevé, dit-il, c’était une majesté tempérée de physionomie et de visage.
N’enviez point le plaisir qu’il y a de faire l’aumône, puisqu’on la recevant vous pouvez avoir autant de mérite devant Dieu… Votre cœur est content pendant que votre corps travaille ; la plupart des grands ont le cœur agité pendant qu’ils nous paraissent bien heureux. […] Et toutefois, hommes ou femmes de notre siècle, il nous semble que quelque chose manque à tous ces mérites si excellents et aujourd’hui si avérés : « Peu de gens, a dit Mme de Maintenon, sont assez solides pour ne regarder que le fond des choses. » Serait-ce, en effet, que nous ne serions pas assez solides ? […] c’est précisément ce don des larmes que, même toute part faite au grave caractère d’institutrice, on regrette de ne jamais sentir, de près ni de loin, dans le cœur ni sous la raison de Mme de Maintenon ; et au milieu de tous les éloges et de tous les respects que mérite son noble, son juste, délicat et courageux bon sens, c’est aussi la seule réserve et la seule restriction que j’aie voulu faire.
Si on ne lit pas tout, presque tout, dans cette quantité de productions qui ont chacune leur qualité, si l’on a manqué le moment où elles passent pour la première fois sous nos yeux, on est en peine ensuite pour rétablir le point de vue ; un mouvement si compliqué, si divers, si fécond, et dans un genre indéfini qui menace de devenir la forme universelle, demande à être suivi jour par jour ; faute de quoi l’on ne sait plus exactement les rapports, les proportions des talents entre eux, la mesure d’originalité ou d’imitation, le degré de mérite des œuvres, ce qu’elles promettent au juste et ce que l’auteur peut tenir. […] Après quelque tâtonnement de courte durée, il trouva sa propre veine dans les jolis proverbes, la Crise, le Pour et le Contre, la Clé d’or, la Partie de dames, autant de saynètes morales et qui par là même avaient le mérite d’être neuves. […] Aussi, le lendemain, je veux dire à peu de semaines de là, Lucrèce pouvait réussir avec l’éclat de succès qu’on a vu, tant à cause d’elle-même et de ses mérites qu’à cause du contraste.
L’adversité sert à détromper sur le mérite apparent, sur ce petit mérite commun qu’il est très-facile de paraître avoir, sur cette élévation qu’on affecte en vérité sans peine, quand le sort fait tout pour nous soutenir. Ainsi, dans l’adversité, les hommes laissent apercevoir leurs faiblesses ; mais il faut les voir dans la prospérité pour connaître leur mérite.
Le xviiie commence avec Mme la duchesse du Maine et avec Mme de Staal, de même qu’on en sort par l’autre Mme de Staël et par Mme Roland : je mets ce dernier nom à dessein, car il marque tout un avénement, celui du mérite solide et de la grâce s’introduisant dans la classe moyenne, pour y avoir sa part croissante désormais. […] C’est elle qui a dit cette parole durable : « Le vrai est comme il peut, et n’a de mérite que d’être ce qu’il est. » Aussi ses Mémoires sont au contraire des romans qu’on rêve, et ils vont comme la vie, en s’attristant. […] au moment où elle apprécie le mieux le dévouement et les mérites du pauvre Maisonrouge, c’est l’autre encore qu’elle regrette ; avec une âme si ferme, avec un esprit si supérieur, misérable jouet d’une indigne passion, elle fuit qui la cherche, et cherche qui la fuit, selon l’éternel imbroglio du cœur.
Parlant, il y a quelque temps, d’Horace Walpole dans la Revue des deux mondes, et jugeant le roman et la tragédie que s’avisait de composer à un certain jour cet esprit distingué, M. de Rémusat y reconnaît bien quelques mérites d’idée et d’intention, mais il n’y trouve pas le vrai cachet original, et il ajoute avec je ne sais quel retour sur lui-même : « Le mot du prédicateur : Faites ce que je vous dis, ne faites pas ce que je fais, est l’éternelle devise des esprits critiques qui se sont mêlés d’inventer. » Si M. de Rémusat a, en effet, pensé à lui-même et à ses essais de drames en écrivant ce jugement, il a été trop sévère ; je suis persuadé que, pour être artiste, c’est-à-dire producteur d’ouvrages d’imagination, pleins d’intérêt, il ne lui a manqué que d’être un peu moins nourri dès son enfance dans le luxe fin de l’esprit, et d’être aiguillonné par la nécessité, cette mère des talents. […] C’est alors que, se voyant ainsi soumis à un régime de veilles, de jeûnes et d’austérités, il lui vint à l’esprit que, s’il était moine, il n’aurait pas à en faire davantage, et qu’il en aurait plus de mérite auprès de Dieu. […] Enfin, pour choisir le dernier et, selon quelques-uns, le plus éminent entre ces mérites d’Anselme, je dirai qu’il joignait à ses qualités de moraliste et de praticien des âmes une faculté qui en est souvent séparée, l’élévation paisible et le tour contemplatif du métaphysicien qui s’applique aux conceptions premières des choses.
Ceux qui apprennent difficilement, mais qui composent avec facilité & avec génie, attireroient une foule d’auditeurs ; & ceux qui n’ont pour tout mérite que de la hardiesse & de la mémoire, qui prodiguent le dégoût & l’ennui, céderoient enfin au talent, & ne dégraderoient plus la dignité de la chaire. […] Il seroit d’avis que, dans le cas où l’on n’excelleroit point pour la composition, on se bornât au mérite d’un déclamateur. […] Encore une fois, le succès & le mérite des ouvrages de ce grand homme viennent de ce qu’il cherche moins à instruire qu’à toucher.
Ces leçons particulières sont aussi une espèce de baromètre pour déterminer le mérite du préfet d’une classe : car lorsque ce préfet est sot ou paresseux, les parents ne sont pas assez dupes pour envoyer leurs enfants à ses leçons privées, et mon pédant reste sans pratique. […] Cette science si utile, et qui a été portée en France à un si haut degré de perfection, n’a pas encore, dans les universités des autres pays, la considération qu’elle mérite. […] J’ose recommander très-particulièrement M. le docteur Ernesti, à Leipsick, homme d’un mérite éminent, qui, ayant été toute sa vie occupé de l’éducation de la jeunesse dans toutes les espèces d’écoles, est plus capable que qui que ce soit de dresser un plan excellent.
Paul Stapfer, et nous croyons que s’il n’a pas fait entrer dans la tête des négateurs du mérite de Sterne sa démonstration, la chose qu’il a entreprise dans son livre n’en est pas moins démontrée. […] Par exemple, il hiérarchise autrement que moi les mérites des écrivains dont il parle. […] Il se contente de nous dire, d’un ton dégagé, que le mérite de Sterne n’est pas seulement d’être un piquant humouriste, mais un moraliste par-dessus le marché (nous en doutions-nous ?)
Trop de mérite peut-être causa la jalousie des médecins. […] Cette école mérite bien le titre d’académie d’anières de saint Côme. […] On mit ceux de Marot en musique : ils acquirent un nouveau mérite. […] Cet ecclésiastique, d’un mérite commun, mais d’une confiance singulière en lui-même, réfuta le père Mabillon. […] Le dialogue avoit une sorte de mérite, & le père Mabillon fut le premier à rendre justice à l’auteur.
croyez-vous qu’on mérite ces ouvrages-là, quand on en parle ainsi ? […] Je ne saurais accepter un mérite que je n’ai point. […] Je n’ai aucun mérite à cette belle résignation. […] Pour ma part, je puis sentir tout ce mérite, mais je ne le possède pas. […] Qui est-ce qui en assurera le mérite et en accéléra le fruit ?
Ce n’est pas sans un sentiment de surprise et d’admiration que celui qui n’est pas encore pleinement transformé à la religion de l’avenir, après avoir maintes fois entendu parler des qualités et des mérites du jeune apôtre qui écrivit ces lettres, ne trouve, en ouvrant le volume, qu’un petit nombre de détails indispensables sur sa personne et sa destinée. […] Tel fut Eugène ; il mérita d’être compté au nombre des premiers disciples du maître dont il embrassa la foi, et maintenant il reçoit au milieu de nous la récompense de ses mérites. » Eugène fut un théologien du premier ordre ; né dans la religion juive, il ne passa point ses premières années au milieu de cette indifférence convenue et de cette tiédeur morale qui est la plaie de tant de familles chrétiennes.