Il développa fantastiquement les contretemps, les disgrâces de sa vie, les succès aussi et les prospérités : dans toute la première partie des Mémoires, une disposition artistique fait alterner la lumière et l’ombre, l’éclat du présent et la tristesse du passé. […] La noblesse du xviiie siècle était irréligieuse ; la bourgeoisie qui se piquait de « lumières » ne l’était pas moins. […] Il va jusqu’à écrire : « Plus on approfondira le christianisme, plus on verra qu’il n’est que le développement des lumières naturelles, et le résultat nécessaire de la vieillesse de la société650 ».
Il n’est pas d’étude, quelque mince que paraisse son objet, qui n’apporte son trait de lumière à la science du tout, à la vraie philosophie des réalités. […] Quand je m’interroge sur les articles les plus importants et le plus définitivement acquis de mon symbole scientifique, je mets au premier rang mes idées sur la constitution et le mode de gouvernement de l’univers, sur l’essence de la vie, son développement et sa nature phénoménale, sur le fond substantiel de toute chose et son éternelle délimitation dans des formes passagères, sur l’apparition de l’humanité, les faits primitifs de son histoire, les lois de sa marche, son but et sa fin ; sur le sens et la valeur des choses esthétiques et morales, sur le droit de tous les êtres à la lumière et au parfait, sur l’éternelle beauté de la nature humaine s’épanouissant à tous les points de l’espace et de la durée en poèmes immortels (religions, art, temples, mythes, vertus, science, philosophie, etc.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté. […] Cela est si vrai qu’un même sentiment peut fournir de la poésie, de l’éloquence, de la philosophie, selon qu’on le fait diversement vibrer ; à peu près comme les vibrations diverses d’un même fluide produisent chaleur et lumière.
L’exécution matérielle est d’une fidélité, d’une finesse surprenantes ; l’emploi de la platinotypie, supprimant la déplaisante rousseur des photographies usuelles — qui eût été spécialement désastreuse ici — a permis une restitution complète des nuances et des lumières : à quelques-unes même des lithographies, cette reproduction ajoute le charme de lueurs plus fondues, d’on ne sait quelle plus délicieuse unité tonale. […] Voici la luxurieuse séduction des visages féminins, une blanche floraison d’appels ; une symphonie de languides yeux, de descendantes lignes chaudes, et de rondes clartés, Parsifal ; et voici l’étonnante sonate, chef-d’œuvre de l’artiste, suprême ravissement, les onduleux contours de nymphes, dans une tranquille lumière épanouie, et plus loin, sur un horizon où pointent d’angoissantes ténèbres, la fugitive figure assombrie d’un héros, Siegfried et les Filles du Rhin. […] Dans les paroles de cette scène, qui sont d’un vague admirable, il voit l’énoncé précis d’un système philosophique ; dans la musique, qui est une révélation inondant de lumière la vie de ces âmes, il voit « une page unique » mais « qui rend tout simplement les mouvements extérieurs des amants et leurs amoureux transport. »[NdA] 4.
Où est-elle dans votre tableau de la cité marchande, la déesse aux grands yeux qui eût fait briller dans le ciel d’airain la lumière d’une civilisation plus douce ? […] Il y avait pourtant un moyen de relever ces peintures africaines et de leur donner l’intérêt qui leur manque : c’était d’opposer à la barbarie orientale cette civilisation gréco-latine qui devait accueillir plus tard si naturellement la lumière de l’Évangile, et qui déjà en ces siècles sombres était le salut du genre humain. […] Flaubert connaîtra l’art du clair-obscur, il ne donnera plus la même valeur aux choses les plus disparates, il n’entassera plus tous les objets sur le même plan, et s’il trouve quelque inspiration heureuse, quelque motif ingénieux ou grandiose, il se gardera bien de le noyer au sein de cette lumière dure, âpre, métallique, qui efface toutes les teintes et confond toutes les formes.
Rien qu’une lumière dans une mansarde. […] Il se trouvait dans une chambre tendue d’un papier tout ocellé des yeux d’une queue de paon, et sur ce papier, comme illuminé d’une lumière électrique, bondissait, dans une élasticité dont on ne peut se faire une idée, une levrette héraldique faite en ces copeaux rubannés qu’un rabot enlève sur une planche. […] Il nous emmène chez lui, pour nous faire voir les porcelaines de Sèvres, les tabatières guillochées, les bibelots qu’il touche et retouche avec la fièvre des mains tâtillonnantes d’un enfant, qui aurait hérité d’une boutique de jouets. « Voyons donc, ce service gothique dont on m’a tant parlé dans mon enfance », s’écrie-t-il, et il fait sonner l’argenterie, et il déficelle le linge, et dans les fouilles que ses doigts font au hasard dans les ténèbres des fonds d’armoire, il sort triomphalement à la lumière une bouteille d’eau-de-vie qui porte, oui, qui porte la date de 1789.
Quoique nous pliions sous l’influence de Goethe qui a replacé, prétend-on, les anciens dans leur vraie lumière, nous, c’est-à-dire tous, n’avons ni pour Virgile, ni pour aucun ancien, excepté Tacite qui se rapproche de nous par la haine éternelle du pouvoir chez l’homme et l’insultante manière de juger nos maîtres, l’intérêt animé et sincère qui répond par un frémissement ou une palpitation à chaque coup de scalpel porté dans l’œuvre du grand écrivain-Les raisons de cette indifférence sont nombreuses. […] Pour cet esprit divinateur en tant de choses, le génie qu’il a essayé de pénétrer, quoique mollement éclairé dans sa partie centrale et profonde, a cependant des côtés mis heureusement en plus vive lumière, et l’un des plus frappants c’est le vieux Latin dans le doux Virgile, que Sainte-Beuve a très bien su voir. […] On n’est jamais un héros pour son valet de chambre, disait-on, même au temps où les valets de chambre pouvaient être de bons domestiques ; mais dans une société qui est rongée par l’affreux cancer de l’envie, je comprendrais encore mieux que ces êtres, pour qui on ne peut jamais être un héros, voulussent descendre leurs maîtres ou leurs maîtresses en mettant en lumière leurs misères… et, après leur mort, leurs petits papiers.
Telle est cette méditation lyrique, la Nuit sereine, à don Oloarte : « Quand je contemple le ciel paré d’innombrables flambeaux, et que je ramène mes regards sur la terre enveloppée de la nuit et livrée au sommeil et à l’oubli, l’amour et la tristesse réveillent en mon cœur une ardente inquiétude ; des flots de larmes s’échappent de mes yeux, et je dis enfin, d’une voix brisée : « Ô divine demeure, temple de lumière et de beauté, cette âme qui naquit pour ton sublime séjour, quelle malencontre la retient dans cette prison basse et obscure ? […] Associé à sa vie divine, transformé moi-même en lumière éclatante, je verrai, à la fois distinct et confondu, ce qui est, ce qui a été, et l’essence intime et cachée de toute chose… » Dans cette rêverie même, le pieux Espagnol rencontrait les enthousiasmes d’une autre poésie, ces élans de Lucrèce et de Virgile pour admirer les phénomènes de la nature et pour en pénétrer le mystère. […] là où l’intelligence, délivrée de cette prison mortelle, vivrait unie à ta lumière, libre, sans être errante !
Elle croit à la vertu des hommes, à la joie de la lumière, à l’éternelle beauté du ciel, des eaux et des fleurs. […] Si Rousseau vivait encore, il faudrait le condamner à suivre Bonvalot par monts et par vaux, afin qu’il puisse, en sa compagnie, acquérir des lumières spéciales sur l’homme « à l’état de nature ». […] Puis, elle s’est amusée à diriger des jets de lumière sur des morceaux de pays et de peuples ; elle a ramassé, dans des zones violemment éclairées, des groupes de formes étranges qui s’agitaient et dansaient comme une nuée de mouches dans un rayon de soleil. […] En 1886, nous étions enfermés, sans issue, sans lumière, pas trop malheureux, très abrutis, dans les fortes bâtisses du naturalisme. […] En des circuits successifs, qui ont parfois des complications de labyrinthe, il sonde ces profondeurs inexplorées de l’être, où grouillent et pullulent, dans une lumière de limbes, les germes de nos actions bonnes ou mauvaises.
Ainsi les cigognes de Victor Hugo : si elles venaient de Mulhouse et non du Caystre, une glorieuse strophe des mages perdrait sa lumière. […] Si la poésie est plus que rationnelle, c’est donc que la raison n’est pas la seule lumière de l’homme. […] Lisez plutôt : parce que nous avons reconnu qu’il y a, dans la poésie, quelque chose de plus que la raison, M Bremond nous attribue cette concession que la raison ne serait pas la seule lumière de l’homme. parbleu, s’il y a plus d’une lumière, il y a en bien au moins deux. […] La raison est la seule lumière pour la connaissance proprement dite : dans la poésie, la beauté s’ajoute à la raison, mais ne la nie pas et n’en est même qu’une illustration et un épanouissement. je ne vois là que des mots, et qui ne veulent absolument rien dire, s’ils ne répètent confusément ce que nous avons avancé nous-mêmes. […] Un moment il est dans la lumière et la chaleur, mais avant d’entrer, où était-il ?
Au ravissement de l’homme du Nord découvrant la lumière italienne s’ajoute, chez M. […] Il faut convenir que cette théorie ne projette pas des flots de lumière sur la vie de Napoléon. […] M. de Pomairols y peint des rondes de nymphes, dans la fluide lumière d’or des clairières, de façon à rappeler le Corrège ou l’Albane. […] À deux pas le désert, le grand pays brûlé où rien ne bouge que la lumière qui tremble, où rien ne fleurit que le thym. […] Au point de vue esthétique, il nous dit bien que l’influence de la lumière latine clarifie l’art de Jean-Christophe.
Tout bruit, la nature et l’homme dans un bain De lumière si blanc que les ombres sont roses. […] D’autre part, ceux qui reviennent à la nature, ceux que le Grand Pan possède marchent dans la lumière. […] Gregh appartient à cette famille d’esprits qu’épouvante la grande lumière de midi sur notre jardin des rythmes. […] Une lanterne borgne y agonisait, crachant plus de fumée qu’elle ne donnait de lumière. […] Il me sembla même — mais c’était sans doute un jeu de lumière ou un peu de rosée — que des larmes luisaient sur ses joues de terre cuite.
Mais, à Dijon, devant un public de petites gens de province, Bossuet rassure et console : il fait éclater en pleine lumière la compensation infinie que les affligés de la vie terrestre recevront dans le ciel.
Il appelle son œuvre : Ces vers d’un méconnu, ces vers d’un résigné, Ces vers où ma douleur devient de ta lumière, Ces vers où ma tendresse a longuement saigné Comme un soleil couchant dans l’or d’une verrière.