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2111. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

La section d’Ascoli du Club alpin, qui a déjà fait une visite au Mont et rendu le vestibule plus accessible, voudra peut-être s’en charger, et quelque jour de hardis explorateurs, munis de vivres, de lumières et de cordes, entreprendront la descente que les jeunes gens de Montemonaco ont jadis poussée jusqu’à la fameuse « veine de vent ». […] Pourquoi Jésus, « tout débonnaire », qui ne punit la haine de l’aveugle Longin qu’en lui donnant à la fois la lumière des yeux et celle de l’âme, aurait-il si sévèrement châtié un autre de ceux auxquels il priait son Père de pardonner, « parce qu’ils ne savaient ce qu’ils faisaient ». […] On y reconnaît une symétrie qui est troublée dès qu’on en modifie un, et qui devait s’exprimer, dans la langue primitive, par des mots mieux faits que ceux du grec pour la mettre en pleine lumière.

2112. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Grâce à elle les chefs-d’œuvre les plus connus de nos écrivains les plus commentés s’éclairent d’une haute lumière. […] Il est trop évident en effet qu’à Berlin comme à Paris, et qu’à Londres comme à Washington, l’eau se congèle à 0 degré en augmentant de volume, et qu’elle bout à 100 degrés, sous la pression normale ; — que la lumière se réfléchit d’après les deux lois enseignées dans tous les manuels : « 1º le rayon incident, la normale et le rayon réfléchi sont dans un même plan ; 2º l’angle d’incidence est égal à l’angle de réflexion. » Mais ces lois sont des résultats de la science, elles ne sont pas la science. […] À côté d’eux sont des artistes, les uns qui prisent la cocaïne, comme les peintres et les poètes du club décrit par Gautier dégustaient le haschisch, par curiosité, — les autres qui jouent aux gens du monde et considèrent comme élégante cette ébriété, dont ils deviennent les esclaves. » Esclaves pareillement, les toxicomanes de basse classe qui circulent dans l’ombre et la lumière des établissements de luxe.

2113. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

C’est un petit tableau modeste où il y a de l’air, de la lumière et de la vérité : a-t-on le droit d’en demander davantage ? […] Ce sont bien là ces lieux « muets de toute lumière », où l’espérance ne pénètre pas. […] « Que les onctions sacrées te brûlent ; qu’elles brûlent tes mains tendues aux présents de l’impie ; qu’elles brûlent ton front où devait rayonner la lumière de l’Évangile et qui a conçu de scélérates pensées ! […] Il est vraiment impatientant de voir un grand écrivain, ayant à sa disposition le plus beau style du monde, se complaire dans un cliquetis de sons, et ne pas comprendre que la lumière jaillit du choc des idées, et non du heurt de quelques syllabes baroques.

2114. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Quatrième question, la plus complexe peut-être et la plus obscure de toutes, celle où nous devrons donc le plus longuement insister ; mais aussi celle dont la solution, si nous la trouvons, nous tonnera le plus de lumières sur la question qui nous occupe, et qui est enfin la dernière que nous traiterons dans cette seconde partie du cours. […] Je m’attacherai surtout à mettre trois points en lumière. […] Pour Mme de Staël, il n’y a pas d’interruption, et encore moins de rétrogradation dans le progrès de l’humanité « vers la civilisation universelle » ; et les faits mêmes que l’on croit qui le démontreraient, prouvent justement le contraire. « L’invasion des Barbares, dit-elle à ce propos, fut sans doute un grand malheur pour les nations contemporaines de cette révolution, mais les lumières se propagèrent par cet événement même.

2115. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

C’était une réminiscence de l’art primitif, comme le dernier et pâle reflet d’un feu qui s’éteint pour faire place à une lumière plus vive. […] Je m’y qualifierai du nom de prisonnière ; Lui, du nom de mon tout, de ma seule lumière. […] Le lendemain, Europe était retapée, recopiée à peu près telle qu’elle avait été faite, sauf quelques légères corrections, et renvoyée à l’Académie par Bois-Robert, chargé d’observer aux Immortels que l’on avait profité de leurs lumières.

2116. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Oui, la Poésie, synthèse des arts divers, est à la fois saveur, parfum, son, lumière, forme. […] Ils ont entrepris de décomposer la sensation comme les impressionnistes tentent en leurs tableaux de décomposer la lumière. […] Geffroy ralentit un instant le pas, me fit remarquer ce tableau, cette foule, les silhouettes qui passaient sur les ponts et au long du canal, dans la lumière du soir, et ajouta : — Tenez, voilà la vie et l’art. […] Il riait et ses joues glabres rosissaient, ses lèvres minces frémissaient un peu, et son œil enfoui sous les barbes des sourcils s’allumait d’une lumière malicieuse. […] Pas chez de Hérédia, ce mangeur de rubis et de chrysoprases, fou de joie et de lumière !

2117. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

L’imprimé de 1809 donne ici une version différente et qui mérite d’être reproduite, parce qu’elle ne laisse pas d’être heureuse et qu’elle semble de la plume même de l’auteur : « … Alors le Chevalier n’est plus le même homme : toutes ses lumières s’éteignent ; enveloppé de ténèbres, s’il parle, ce n’est plus avec la même éloquence ; ses idées n’ont plus la même justesse, ni ses expressions la même énergie, elles ne sont qu’exagérées ; on voit qu’il se recherche sans se trouver : l’original a disparu, il ne reste plus que la copie. » Cette expression : il se recherche sans se trouver, nous paraît d’une trop bonne langue pour ne pas provenir de Mme du Deffand.

2118. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

En revenant sur un sujet si bien connu de lui, M. de Rémusat retrouverait ses jeunes impressions, ses premières flammes, et il les saurait tempérer de cette lumière plus adoucie qui naît de la perspective.

2119. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

De riches fantaisies orientales viennent s’y dérouler sans petillement d’étincelles comme dans Voltaire, mais sous une sereine et abondante lumière qui fait ondoyer les plis réguliers de leur pourpre et de leur or.

2120. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Les paysages terrestres y sont retracés avec autant de transparence, de clarté, de vérité que les sommets neigeux des montagnes, les caps sourcilleux, les falaises boisées, les collines vertes sont retracés en pleine lumière dans le miroir de la mer d’Ionie, reflétant ses bords dans ses flots.

2121. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Pitt fut remarquable ; car il n’eut, comme nous l’avons dit ailleurs, ni le génie organisateur, ni les lumières profondes de l’homme d’État.

2122. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Il finit même par regarder comme un homme sans lumières celui qui, mettant de côté la prospérité présente, recommandait d’attendre la fin de toutes choses pour les juger.

2123. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Il le rendit trop curieux de son intérieur pour n’y pas désirer incessamment la lumière d’autrui, et paresseux à l’action pour qu’il fût plus souple au conseil.

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