/ 3475
1145. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’abbé Le Dieu, qui les déteste, tout en vivant chez eux et en étant assez bien traité par eux, nous livre ces secrets de ménage : Vendredi dernier, 1er février (1704), il (l’abbé Bossuet) paya le carnaval à tous les valets de chambre et à leurs femmes en leur donnant de quoi aller à l’Opéra ; et samedi, fête de la Purification, à dîner, en pleine table : « Qu’est-ce donc que j’apprends ? […] » — Et plus loin, 1er juillet : Étant à Paris, j’ai acheté par ordre de M. l’abbé Bossuet des livres pour son cabinet, et plusieurs exemplaires de ceux de M. de Meaux pour le père de La Rue, jésuite, et il a été content de ces emplettes. […] Le Dieu nous livre là, comme dans tout le cours de son journal, ses mobiles habituels. […] Mais, Boswell s’attachant à Johnson, nature puissante, colossale et elle-même grossière, l’a pu peindre à ravir et faire le livre le plus intéressant dans son genre, en s’y accordant tous ses défauts de parasite. […] Ennuyé de perdre là mon temps à voir faire des grimaces, je profitai du moment qu’il regarda de mon côté, qui était celui de la porte : je m’avançai, lui mis le livre en main en lui faisant un court compliment ; à quoi, sans me dire un seul petit mot de M. de Meaux, il me répondit par cette dureté : « Vous m’avez bien pressé », o pour me reprocher mes paroles de ma précédente visite, où certainement je n’avais pas tort de lui avoir dit que les imprimeurs pressaient, parce que le livre était demandé et attendu avec impatience par le public… Je me retirai sans répliquer, bien résolu de ne paraître jamais, si je puis, à ce spectacle.

1146. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Vaine comme doctrine, forcément incomplète comme science, elle tend peut-être à devenir simplement l’art de jouir des livres et d’enrichir et d’affiner par eux ses impressions. […] Mais cette explication des livres par les hommes, et des hommes par la race et le milieu, n’est souvent qu’un leurre. […] Et il ne fait ni leur portrait ni leur biographie ; il n’analyse point leurs livres et n’étudie point leurs procédés ; il ne définit point l’impression que leurs livres lui ont donnée en tant qu’œuvres d’art : il cherche seulement à bien expliquer et décrire ceux de leurs états de conscience et celles de leur idées qu’il s’est le mieux appropriés par l’imitation et par la sympathie. […] Ce qu’il y a d’abord d’éminent en lui, c’est précisément cette curiosité intellectuelle et sentimentale, cette aptitude et aussi cette application à connaître, éprouver et comprendre les états d’âme les plus récents, tels qu’ils se manifestent dans les livres de nos écrivains les plus originaux. […] Un de ses premiers livres, Édel, est un poème mélancolique et un peu naïf, et c’est surtout un poème très « chic ».

1147. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Il n’y a pas de livre qui nous peigne mieux le xviiie  siècle, la société d’alors et les mœurs, que les Mémoires de Mme d’Épinay. […] Ce caractère de Mlle d’Ette est admirablement saisi et rendu ; c’est par la peinture des caractères, par le développement et le naturel des conversations que les Mémoires de Mme d’Épinay sont un livre unique. […] Son livre se place entre celui de Duclos : Les Confessions du Comte de ***, et le livre de Laclos : Les Liaisons dangereuses ; mais il est plus dans le milieu du siècle que l’un et que l’autre, et il nous en offre un tableau plus naturel, plus complet, et qui en exprime mieux, si je puis dire, la corruption moyenne. […] Elle fit des livres, ce qui ne l’empêchait pas de faire des nœuds, de la tapisserie et des chansons. « Continuez vos ouvrages, lui écrivait l’abbé Galiani ; c’est une preuve d’attachement à la vie que de composer des livres. » Avec un corps détruit et une santé en ruine, elle eut l’art de vivre ainsi jusqu’à la fin, de disputer pied à pied les restes de sa pénible existence, et d’en tirer parti pour ce qui l’entourait, avec affection et avec grâce.

1148. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il avait dès l’enfance un goût passionné pour la lecture ; la bibliothèque de son père, on peut le croire, n’était guère riche ni bien fournie ; elle consistait surtout en livres de polémique religieuse. […] Il acheta quelques livres de voyages ; un peu plus tard, un volume dépareillé du Spectateur d’Addison lui tomba sous la main et lui servit à se former au style. […] Son grand souci cependant était de se procurer des livres et de se ménager du temps pour les lire, tout en faisant exactement son travail. Ayant lu vers l’âge de seize ans un livre qui recommandait de se nourrir exclusivement de végétaux, il voulut essayer de cette diète toute végétale comme plus philosophique et plus économique. […] Je ne faisais jamais de parties de pêche ni de chasse : il est bien vrai qu’un livre me débauchait quelquefois de mon travail, mais c’était rarement, c’était au logis et sans donner de scandale.

1149. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

À l’instant où il parut, le livre de M.  […] Buffon n’a rien écrit ni rien lu depuis ce moment, et ce fut l’honneur du livre de M.  […] Le livre De l’importance des idées religieuses nous avait montré dans M. Necker un esprit élevé, étendu, compliqué et fin, avec un grand fonds de moralité et d’onction ; son livre Sur l’administration de M.  […] [NdA] Avant ses dernières luttes, et dans son livre sur les Opinions religieuses, M. 

1150. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

J’ouvre l’Histoire amoureuse des Gaules, et d’abord je suis frappé de ce qui a donné idée d’écrire un tel livre. […] Le livre de Bussy donne bien cette impression mélangée. […] Il a préféré à son avancement le plaisir de faire un livre, et de donner à rire au public ; il a voulu se faire un mérite de sa liberté ; il a affecté de parler franchement et à découvert, et il n’a pas soutenu jusqu’au bout ce caractère. […] Après les bons amis, les bons livres m’enchantent. […] Il ne parle quasi que de livres, et voit plus régulièrement M. 

1151. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Je vais justifier et développer ces divers traits avec les propres récits que cet homme estimable vient de publier en dernier lieu et qu’il avait commencé à nous donner déjà dans son livre sur le peintre David et son École18. […] Delécluze dans son livre sur David, ouvrage singulièrement composé, dont une moitié est au point de vue de la biographie d’Étienne, et l’autre moitié au point de vue de la biographie régulière de David : ce sont deux moitiés de volume, collées ensemble et d’un ton tout différent. Ces critiques classiques, qui donnent de si grands préceptes sur l’unité d’intérêt et de composition, ne les suivent pas toujours dans l’ordonnance de leurs livres. […] Ce livre a fait à M.  […] Le langage, le geste de David est rendu et mimé à merveille tout cet endroit du livre est charmant.

1152. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Ainsi le bruit fait par avance au petit livre de M.  […] Pour n’être pas le livre d’un littérateur, ce n’est pas un livre de forme banale ; quant au fond de la doctrine qu’il inclut, c’est la codification logique des principes féodaux ; mais d’une féodalité moderne, rationnelle, paradoxale et amusante. […] C’est un livre d’histoire contemporaine, de la plus actuelle, de la plus urgente. […] Vingt « meneurs », dont la puissance est énorme, et dont ce livre nous dit le caractère, la valeur, la doctrine et l’influence. […] Le livre s’appelle Nos maîtres.

1153. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

De quelles sortes sont les vérités dans les Maximes, et de la pensée générale du livre. — § V. […] S’ils ne méritent pas tout l’éloge qu’en fait Bayle, qui les met au-dessus des Commentaires de César, certainement la gloire du petit livre des Maximes leur a fait tort. […] De quelles sortes sont les vérités dans les Maximes, et laquelle tient la plus grande place. — De la pensée générale du livre. […] Voilà le fond ; c’est l’intérêt, c’est l’amour-propre du petit livre des Maximes. […] Mais les Pensées de Pascal n’ont pas fait tort au livre des Maximes, et ces deux grands exemples de l’art de penser et d’écrire ont formé La Bruyère.

1154. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Comme presque tous les termes messianiques, il venait du Livre de Daniel. Selon l’auteur de ce livre extraordinaire, aux quatre empires profanes, destinés à crouler, succédera un cinquième empire, qui sera celui des Saints et qui durera éternellement 220. […] Quelques-unes de ces maximes venaient des livres de l’Ancien Testament. […] Les sentences des docteurs juifs du temps sont recueillies dans le petit livre intitulé : Pirké Aboth. […] Cet axiome est déjà dans le livre de Tobie, IV, 16.

1155. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

En effet, un livre, par exemple, est d’abord ce qu’il est ; mais il est ensuite l’œuvre d’un homme et la lecture de plusieurs ; c’est à remonter du livre à son auteur, à ses admirateurs, que consiste proprement la critique scientifique. […] L’emploi d’une forme de style, l’expression d’une conception particulière quelconque, que cet emploi soit original ou qu’il puisse paraître entaché d’imitation, est un fait ayant pour cause prochaine, comme tout le livre, la toile, la partition dont il s’agit, un acte physique de leur auteur, poussé par quelque besoin de gloire, d’argent, par un mobile, instinctif, n’importe, de faire une de ces œuvres. […] Si un auteur, comme Flaubert, par exemple, compose parfaitement ses phrases et ses paragraphes, médiocrement ses chapitres, et mal ses livres, il sera nécessaire d’admettre chez lui un commencement d’incohérence dans les idées contenues par la prépondérance artificielle, d’une forme de phrase type, dans laquelle cet auteur peinait de plus en plus à forcer le désarroi de sa pensée. […] La plupart des artistes montrent, dès l’abord, par tout l’aspect extérieur de leurs œuvres, qu’ils font ouvertement appel à la sympathie, à la sentimentalité du public ; ils usent des modes d’expression propres à causer une certaine émotion, la décrivent et la désignent clairement soit en des passages éloquents, s’il s’agit d’un livre, soit par le sujet ou le mouvement s’il s’agit d’un tableau, soit en général par quelque excès peu harmonieux de la forme. […] Il est ainsi l’auteur du livre fameux exploité par Baudelaire dans ses Paradis artificiels, Du Haschich et de l’aliénation mentale.

1156. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Je l’ai déja dit, les livres qui firent l’occupation de notre jeunesse, la vrai-semblance qu’on trouve à voir un heros secouru par les dieux qu’il adoroit, nous mettent en disposition de nous prêter sans aucune peine à la fiction. à force d’entendre parler durant notre enfance des amours de Jupiter et des passions des autres dieux, nous sommes en habitude de les regarder comme des êtres qui auroient autrefois existé, étant sujets à des passions du même genre que les nôtres. […] Il fit donc dessiner la muse de l’histoire, personnage allegorique mais très-connu, qui tenoit un livre, sur le dos duquel étoit écrit, vie du prince De Condé . […] On s’est vû réduit à mettre sur les tables de ce magnifique vaisseau des livres qui les expliquassent, et qui donnassent, pour ainsi dire, le net de ces chiffres. […] On produit tant qu’on veut de ces symboles par le secours de deux ou trois livres qui sont des sources intarissables de pareils colifichets, au lieu qu’il faut avoir une imagination fertile et qui soit guidée encore par une intelligence sage et judicieuse, pour réussir dans l’expression des passions et pour y peindre avec verité leurs simptômes. […] Il faut que le peintre applique encore à la tête qu’il fait ce que les livres disent en general de l’effet des passions sur le visage, et des traits ausquels elles y sont marquées.

1157. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Combien de fois, il y a près de quarante ans, ne l’ai-je pas rencontré dans la plaine de Vanves (il passait alors les étés à Issy) tenant un livre à la main et lisant sous le soleil ! […] Viguier, à propos de livres, la plupart assez insignifiants, qu’on lui envoyait à examiner : sans y mettre rien de trop, il y appliquait tout son savoir avec justesse. […] Pour moi, comme bienfaiteur de l’humanité, je place Voltaire bien au-dessous de l’honnête Beccaria avec son petit livre. […] C’est un bâtiment parfaitement accommodé pour une cinquantaine de cours de diverses facultés. — Je n’ai que l’embarras du choix tous sont ouverts sans nulle façon. — Sur la même place est un grand bâtiment dit Muséum qui est le casino des professeurs et des étudiants, des bourgeois et des étrangers, immense collection de journaux où règne le silence dans les salons de lecture, et qui contient une bibliothèque libéralement servie, des salles de conversation paisible, un vaste salon de concerts, institution des plus honorables (j’omets la fameuse bibliothèque de Heidelberg qui est à la disposition du public). — Enfin je me trouve ici sollicité par une prodigieuse envie de tout lire, de tout entendre, de tout voir et de tout dire, — de m’emparer de la langue la plus familière, de tous les cours, de tous les professeurs, de tous les journaux, de tous les livres, de tous les paysages et de toutes les montagnes. […] Villemain par exemple, ce grand et bel esprit, si libéral dans ses livres, ce haut et puissant seigneur qui régnait à l’Académie comme à l’Université et à qui chacun rendait sans qu’il se crût obligé à rien en retour, — à son sujet, M. 

/ 3475