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848. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

On peut y placer encore le Dictionnaire historique, ou Mémoires littéraires & critiques de Prosper Marchand, publié en 1758. […] On donna un Dictionnaire historique littéraire & critique, en six gros vol.

849. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ses articles de critique littéraire recueillis et publiés par M.  […] Boissonade, dont la supériorité consistait dans la connaissance fine et profonde qu’il avait de la langue et de la littérature grecques, n’a été un critique littéraire que pendant une dizaine d’années, et encore ne l’a-t-il été qu’avec réserve et discrétion. Aussi, je ferai remarquer tout d’abord, pour décharger ma conscience, que venir le présenter comme le type et le modèle de la Critique littéraire sous le premier Empire et mettre ce second titre, comme on l’a fait, au frontispice des deux volumes qu’on publie, c’est un peu abuser de la permission qu’on se donne généralement de grossir les choses dans le passé. […] Boissonade dans le Journal de l’Empire, articles que, dans sa modestie, il signait de la dernière lettre de l’alphabet grec, d’un fi, n’ont pas et n’eurent jamais l’importance qu’on leur prête aujourd’hui après coup ; ils n’obtinrent jamais le succès et la vogue, plus ou moins mérités, qui s’attachaient dans le temps aux articles des Geoffroy, des Dussault, des Feletz, des Hoffman ; ils ne sont pas toute la critique littéraire du premier Empire ; que dis-je ? […] Lorsqu’il renonça trop tôt (1813) à ce rôle d’informateur et de critique littéraire de l’Antiquité, emploi qu’il avait plutôt effleuré que rempli, et dans lequel aucun grand incident de polémique ni aucun grand fait d’exposition n’avaient signalé son passage, il laissa cependant des regrets et de vifs souvenirs.

850. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Béranger en 1832 Dans ces esquisses, où nous tâchons de nous prendre à des œuvres d’hier et à des auteurs vivants, où la biographie de l’homme empiète, aussi loin qu’elle le peut, sur le jugement littéraire ; où ce jugement toutefois s’entremêle et supplée au besoin à une biographie nécessairement inachevée ; dans cette espèce de genre intermédiaire, qui, en allant au delà du livre, touche aussitôt à des sensibilités mystérieuses, inégales, non encore sondées, et s’arrête de toutes parts à mille difficultés de morale et de convenance, nous reconnaissons aussi vivement que personne, et avec bien du regret, combien notre travail se produit incomplet et fautif, lors même que notre pensée en possède par devers elle les plus exacts éléments. […] J’ai toujours gardé à M. de Valincour la même rancune que lui témoigne l’honnête Louis Racine pour n’avoir pas laissé quelques pages de renseignements biographiques et littéraires sur ses illustres amis, les poëtes. […] J’ai bien connu ce bonheur : c’est le plus grand de la vie, etc. » Avec l’amour, ce qui préoccupait le plus Béranger à cet âge, c’était la gloire littéraire. […] Rien de plus mûri, de plus délicat, que la variété de ses jugements littéraires, tous individuels et de sa propre façon : c’est un rusé ignorant à la manière de Montaigne. […] Bref, la chanson de Béranger se sentait un peu la protégée des genres académiques ; depuis la réforme littéraire, elle est devenue légitimement l’égale, la concitoyenne de toute poésie.

851. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Cela dit, pour nous amener au lyrique le plus pathétique de l’univers littéraire, David, disons un mot de la littérature sacrée. […] « Quand les poèmes de Moïse, de David, d’Isaïe, ne nous auraient été donnés que comme des productions purement humaines, ils seraient encore, par leur originalité, par leur antiquité, dignes de toute l’attention des hommes qui pensent, et, par les beautés littéraires dont ils brillent, dignes de l’admiration et de l’étude de ceux qui ont le sentiment du beau. » Lisons donc ces chants inspirés ; ils ont passé par des bouches humaines, et, sous ce point de vue au moins, ils ressortent du jugement humain. III Les livres sacrés ou divinement inspirés tiennent une place immense dans la géographie littéraire du globe, et surtout du globe antique. […] Plus tard cette inspiration de l’enthousiasme chanté, descendit plus bas dans les littératures purement profanes, et, de sacrée qu’elle était, cette inspiration devint purement littéraire. […] L’homme le plus capable de le comprendre par l’intuition littéraire et de le transvaser d’une langue dans une autre sans laisser perdre une goutte de cette poésie, c’est parmi nous M. 

852. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Enfin tout le monde sait combien les vrais artistes sont sobres à l’ordinaire de considérations générales, et qu’ils ne se lancent pas à l’ordinaire dans les hauteurs nuageuses de l’esthétique : ils laissent le développement littéraire aux littérateurs, et soit en enseignant, soit en jugeant, ils se jettent de prime abord dans la technique : ce n’est pas qu’elle soit tout pour eux. […] On peut remarquer qu’elle n’est pas purement littéraire : elle enveloppe une esthétique générale. Tandis que Perrault, dans ses Parallèles, se donnera bien du mal pour réduire tous les arts à son système, et les faire marcher tous du même pas dans son idée du progrès indéfini, Boileau, sans parler de peinture ni de sculpture, sans y penser, n’y entendant peut-être pas grand’chose, mais concevant la poésie comme un art, et lui donnant pour but l’imitation de la nature, va au-delà des règles littéraires, et propose vraiment une formule d’où peut sortir une théorie générale des beaux-arts. On pourrait même dire que les principes de Boileau s’appliquent plus immédiatement, plus complètement, plus aisément aux arts plastiques qu’à la poésie : ils sont en eux-mêmes plus artistiques que littéraires. […] D’autres fois, à force d’étudier les Grecs et les Latins, il se familiarise avec les formes particulières que certaines circonstances et le caractère de la civilisation antique ont données aux sentiments de l’âme et à leur expression littéraire.

853. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

C’est beaucoup plus tard, dans son Epître à Huet, qu’il nous fait cette petite confidence sur son éducation littéraire : Je pris certain auteur autrefois pour mon maître : Il pensa me gâter. […] Il renonça donc à Voiture, et probablement un peu à Marot, ce qu’il ne dit pas précisément, car il est bien certain que l’influence de Marot ne se montra pas du tout dans la plupart — je dis la plupart — de ses poèmes, de ses productions littéraires. […] Je dois de plus vous indiquer que fort avant dans sa vie littéraire et dans sa vie proprement dite, La Fontaine dit encore : Des bergères d’Urfé chacun est idolâtre. […] C’est une éducation encyclopédique quoique sans surmenage ; l’on ne voit pas La Fontaine ardent et fougueux à la lecture non plus qu’au travail de production, mais c’est évidemment un homme qui, beaucoup plus que la plupart des hommes de son temps, s’est inquiété de se donner une littérature, une documentation littéraire considérable. […] D’abord pour des raisons littéraires : La Fontaine a une langue très difficile, et croyez-en un vieux professeur, il n’y a pas d’auteur où l’on fasse plus de contre-sens que dans La Fontaine.

854. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

I En 1840, la Revue des Deux-Mondes publiait, dans un article signé d’un nom célèbre, des fragments littéraires laissés par un jeune homme né pour la gloire et mort obscur. […] Les journaux, tenus alors comme aujourd’hui par des médiocrités jalouses, et livrés aux prostitutions qui rapportent, ne dirent pas un mot de l’auteur du Centaure, et comme ces journaux, qui déshonorent la gloire en la faisant, sont, en définitive, les seuls moyens de publicité qu’ait le talent littéraire dans une époque qui ne lit plus, eux se taisant, le nom de Maurice de Guérin retomba naturellement dans l’oubli. […] C’était l’expression d’un sentiment naturel qui, à force de profondeur et de beauté vraie, a rencontré, sans la chercher, la forme littéraire la plus exquise — Maurice de Guérin avait une sœur, non pas seulement de sang, mais de génie. […] si elle avait vécu plus longtemps, si elle avait vu s’élever de sa tombe cette gloire touchante dont elle ne se doutait pas et qui maintenant est la sienne, la faiblesse des plus purs comme des plus forts est si grande qu’elle se serait peut-être enivrée à cette coupe, que les âmes, émues par elle, appellent son génie, et l’auteur, la femme littéraire qu’elle ne fut jamais, aurait bien pu commencer de poindre et d’apparaître. […] Eugénie de Guérin eut la bonne fortune de mourir immaculée de toute affectation littéraire.

855. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

L’influence de Renan a été sur lui considérable, mais presque uniquement littéraire. […] Il y voit un réveil de l’imagination et de la sensibilité, un renouveau littéraire qui était devenu indispensable. […] Faguet me paraît avoir jugé assez équitablement l’influence tant politique que littéraire de Jean-Jacques. […] Émile Henriot, est purement littéraire, comme celles de M.  […] La farouche monadologie littéraire d’aujourd’hui est un peu ridicule, et l’originalité ne se décrète pas.

856. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Introducteur qui n’introduit pas, Jourdain littéraire qui n’ose point passer le premier. […] Richardson et son admirable livre passèrent, sans y laisser de trace, à travers cet esprit ouvert, cette bouche de Gargantua littéraire qui avalait tout et qui ne s’assimilait rien. […] Or, il faut certainement plus que cela pour être un grand artiste littéraire, et il faut bien le dire, si tard que ce soit, Diderot n’est pas ce qu’on peut appeler un grand artiste. […] Il est toujours le fils du coutelier de Langres, éduqué, littéraire, un monsieur du tiers, — de ce tiers qui va naître. […] Opinion littéraire aussi dure à sa façon que son opinion philosophique.

857. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Je m’en suis donc tenu, si je puis m’exprimer ainsi, à un épisode de ce mouvement, à l’épisode littéraire. […] Elle l’est au point de vue littéraire, puisque ce n’est qu’en lui échappant que M.  […] Son bagage littéraire se composait, je crois, de quelques études sur Molière et de deux petits volumes de vers. […] Les questions de morale côtoient les questions littéraires, et il n’est pas un romancier, pas un dramaturge qui ait pu les éviter. […] Une hérésie littéraire.

858. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

L’enseigne de ce cabaret littéraire invraisemblablement blanc et or : L’Envol (sous-entendu sans doute « vers l’idéal », rien de la terre, ô que non pas !) […] Bravement lancé, en plein coup de feu commercial par le quand même littéraire Léon Vanier, bibliopole moderniste, ce livre, déjà (ou jà) fameux, fait balle et trou dans l’esprit public qu’il faut. […] Manque d’expérience de coulisses, jeunesse trop littéraire des organisateurs, maladresses bien naturelles de personnes trop délicates, pour être habiles, etc. ! […] Et qui, en effet, bien conformes au titre général du volume et à l’idéal littéraire, évoque par le nom du dédicataire des Ballades, ces Ballades elles-mêmes ! […] En 1893 il entreprit une série de conférences littéraire à Nancy, en Angleterre, en Belgique et en Hollande d’où il a rapporté un livre : 15 jours en Hollande.

859. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

L’œuvre commune des poètes romantiques fut de recréer la langue, instrument littéraire, et le vers, instrument poétique. […] Mais il utilisait, comme il fit toujours, l’actualité : actualité littéraire du romancero, actualité politique de la guerre de l’indépendance grecque. […] Musset ne s’attarda pas dans le romantisme : les disputes littéraires ne l’intéressaient guère. […] Sa critique littéraire ou artistique consiste à reproduire les œuvres par son procédé, et, sans les juger, à nous en communiquer l’impression. […] Ignorés du peuple, étonnant le bourgeois, ils n’avaient en général conquis que les ateliers et quelques cercles littéraires.

860. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Mais ces actes ne sont pas assez caractéristiques pour servir de dates dans l’histoire de l’esprit français et de la langue littéraire. […] Le caractère commun des écrits, dans ces commencements de notre langue, c’est l’imitation non du latin littéraire, mais du latin parlé. […] Un grand roi et un grand pape, Louis IX et Innocent III, l’un en exigeant du clergé plus de connaissances et de lumières, l’autre en encourageant les doctes et en fondant les premiers établissements littéraires, font faire un progrès notable à l’esprit français. […] Des grammaires comme on en faisait alors, où l’on enseignait le latin littéraire dans un latin barbare. […] Mais l’Italie touchait à son grand siècle littéraire, et Villani avait une patrie grande et glorieuse, Florence, où toutes les vicissitudes civiles et politiques avaient été déjà épuisées.

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